Oui les conditions climatiques peuvent également affecter le milieu des concerts ! À cause de la fameuse crue de la Seine, notre péniche favorite qu’est Petit Bain se retrouve inaccessible. Pour accueillir cette soirée sold-out avec Rotting Christ, Carach Angren et Svart Crown, le Trabendo est donc notre refuge. Tous ces groupes ne nous sont pas inconnus puisque le public parisien a pu voir en 2017 les Grecs de Rotting Christ avec Inquisition, Carach Angren avec Fleshgod Apocalypse et Svart Crown avec Benighted. Trois dates qui s’étaient d’ailleurs tenues à Petit Bain.
On démarre avec le groupe français Svart Crown dont la réputation n’est plus à faire, notamment à l’étranger où la formation enchaîne des festivals prestigieux et partage des affiches avec des groupes comme Marduk. Si leur ouverture pour Benighted avait manqué d’énergie, ce ne sera clairement pas le cas ce soir. Il faut dire que leur quatrième album Abreaction est une belle réussite qui passe haut la main l’épreuve du live.
Artistes : Rotting Christ – Carach Angren – Svart Crown
Date : 4 février 2018
Salle : Trabendo
Ville : Paris [75]
Ne révolutionnant pas le genre, Svart Crown joue néanmoins à la perfection. L’ambiance est macabre, sombre, avec des lumières rouge sang, dans laquelle bouge énergiquement les membres du groupe. On attend avec impatience le moment où Svart Crown passera en tête d’affiche car leur black/death metal brut est d’une efficacité remarquable. Ce chaos constant, et ces sonorités propres aux rituels, nous faisant penser à Ulcerate. Svart Crown est une valeur sûre aussi bien en live qu’en studio. Un bon concert avec des lumières épileptiques et des musiciens sans cesse en mouvement qui auront pris plaisir à dialoguer dans leur langue avec leur public.
Setlist :
Lwas Nganda
Ascetic Purification
Revelation : Down Here Stillborn
In Utero : A Place Of Hatred And Threat
Nahash The Temptator
Colosseum
Transsubstantiation
Orgasmic Spiritual Ecstasy
Ce soir, on a l’impression que le public s’est d’abord déplacé pour Carach Angren. Ayant un univers visuel unique, aussi théâtral que peut l’être une pièce de théâtre, leur musique n’est pas en reste. Mettant en avant un genre bien peu exploité ces dernières années : le black metal symphonique. On pourrait voir le groupe comme un Avatar dans un univers plus morbide. En résulte, sur scène, une grande présence de corpse paint, un frontman énergique s’égosillant et un claviériste dynamique, optant entre marche militaire et jeu avec son clavier se mouvant dans tous les sens grâce à un pied mécanique. Bien plus de samples utilisés ici, et davantage de mise en scène avec un chanteur qu’on ne quitte pas des yeux, mettant tout son cœur dans la prestation, notamment sur « When Crows Tick On Windows », où un sentiment de mélancolie gagne fortement les esprits, à entendre cet homme crier et pleurer pour les morts.
Le groupe est rapidement devenu un nom important dans le milieu du black metal, avec un public passionné, connaissant les paroles par cœur. Cela est probablement dû à cet aspect d’opéra rendu par ces morceaux entre cinq et huit minutes. Le tout proposant une vision du genre plus classieuse avec de beaux costumes, tout en incluant l’évident spectre de la mort autour. Une démarche artistique que l’on peut voir de plus en plus dans le metal extrême en citant notamment les Italiens de Fleshgod Apocalypse. Tout cela est positif et original, surtout au vu de la qualité des compositions.
Setlist :
Charlie
The Carriage Wheel Murder
When Crows Tick On Windows
Pitch Black Box
Bitte Tötet Mich
Blood Queen
Lingering In A Imprint Haunting
Sir John
In De Naam Van De Duivel
Charles Francis Coghlan
Bloodstains On The Captain’s Log
Place à Rotting Christ dans le cadre de la promotion de son best-of, The Greatest Spells. Rotting Christ est un groupe dont l’efficacité n’est plus à mettre en doute avec un discographie solide, et un album en 2016, Rituals, d’une grande intensité. Le début de leur set se fait néanmoins doucement, avec un morceau majoritairement instrumental et aux lumières sombres nous installant dans une ambiance assez pesante. Malheureusement, le reste du concert ne semble pas vraiment décoller. Si les musiciens mettent toujours autant d’énergie sur scène et se rapprochent au maximum du public, les morceaux joués en live sont loin d’avoir le même impact qu’en studio. Pourtant la setlist laissait présager du bon : « Kata Ton Demona Eautou », « Apage Satana », « In Yumen-Xibalba » et même la reprise du groupe Thou Art Lord (dont certains membres du groupe ont fait ou font partie de Rotting Christ) « Societas Satanas ». En fait le groupe propose une prestation un peu convenue, surtout après avoir savouré l’énergie de Svart Crown et la prestation atypique de Carach Angren.
Difficile alors de motiver l’audience pour Rotting Christ qui joue, pour sa part, dans un registre plus lent et martial. Et même si les riffs font lever du poing, et les chants rappellent les armées d’un ancien temps que l’on appelait sur un champ de bataille, l’audience paraît avoir du mal à rentrer dans le set. Cela sans remettre en question la passion exprimée par les musiciens sur la scène du Trabendo, toujours à vouloir donner tout ce qu’ils peuvent physiquement, intenables sur la scène. Au final, la prestation de Rotting Christ laisse un peu sur sa faim, même si une majorité du public semble toutefois ressortir heureuse. La victoire principale pour Rotting Christ et ses deux collègues du soir.
Setlist :
Devadevam
Kata Ton Demona Eautou
Demonon Vrosis
Elthe Kyrie
Apage Satana
The Sign Of Evil Existence
The Forest Of N’Gai
Societas Satanas (reprise de Thou Art Lord)
In Yumen-Xibalba
Non Serviam
Report et photos : Matthis Van der meulen