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Interview   

Carcass a toujours du cœur au ventre


Ils sont peu nombreux, les musiciens toujours en vie et en activité à pouvoir se vanter d’avoir ouvert la voie à pas moins de deux sous-genres du metal. Avec plus de 35 ans de bouteille, d’abord chez Napalm Death puis au sein de Carcass, Bill Steer est de ces guitaristes qui ont écrit l’histoire du metal extrême sans même s’en rendre compte – et poursuivent aujourd’hui leur bonhomme de chemin avec la même authenticité et (presque) la même philosophie qu’à leurs débuts.

À quelques semaines de la sortie de Torn Arteries, le premier album studio de Carcass depuis le retour retentissant du groupe avec Surgical Steel en 2013, nous nous sommes entretenus avec Bill pour évoquer l’aspect purement musical de cette nouvelle galette. À des années-lumière de la communication orchestrée par les maisons de disques, le guitariste reste, comme à ses débuts, concentré sur l’essentiel : les riffs et la sincérité, qui sont l’âme de Carcass.

« Il n’y avait pas non plus énormément de pression, parce que nous avions une idée précise de ce que nous cherchions à faire et du temps que cela allait prendre. J’essaie de ne pas trop penser à cet aspect des choses, aux réseaux sociaux et tout ça. Le potentiel de toxicité est trop grand. »

Radio Metal : Commençons par l’éléphant dans la pièce : votre album précédent, Surgical Steel, est sorti en 2013, ce qui fait de Torn Arteries votre premier album en huit ans. Je me souviens d’une interview de 2016 dans laquelle tu disais espérer entrer en studio et commencer à écrire et enregistrer de nouvelles chansons en 2017. Sans même tenir compte du retard dû à la pandémie, que s’est-il passé ?

Bill Steer (guitare) : Nous n’avons tout simplement pas arrêté de tourner. Dan [Wilding], notre batteur, et moi-même nous étions retrouvés en salle de répétition après environ deux ans de tournée pour Surgical, en nous disant que nous ferions un album l’année suivante. Nous n’avions pas réalisé… Il a dû y avoir un problème de communication dans le groupe, parce que nous avions encore une année, voire plus d’une année, de tournée prévue. La vision de Jeff quant à la façon dont les choses étaient censées se passer était un peu différente de la mienne. Mais c’est lui le manager, et nous devons faire confiance à son instinct. Je ne me tiens absolument pas au courant de ce qui se passe du côté business. Je dirais que la raison principale est là. Nous avons commencé à enregistrer il y a trois ans, et au moment de la sortie, cela fera deux ans que nous avons terminé.

Carcass a écrit et enregistré « l’album du comeback », Surgical Steel, dans le plus grand secret. Évidemment, cette fois-ci, il n’était plus question de secret – j’imagine que vous aviez même plus d’une personne sur le dos. Comment comparerais-tu ces deux expériences en termes d’écriture et d’enregistrement ?

C’est une bonne remarque. Les deux expériences étaient différentes, mais pour de nombreuses raisons. Pour commencer, les conditions étaient différentes, étant donné que la plus grande partie de cet album a été enregistrée à Stockholm, en Suède, alors que le précédent a été produit dans les Midlands, en Angleterre. Des conditions vraiment différentes. Je vois ce que tu veux dire, parce qu’il n’y avait pas la moindre pression quand nous travaillions sur l’album précédent. Nous aurions pu prendre tout notre temps, parce que personne ne savait ce que nous faisions. Je crois que pour celui-ci, l’information a fuité à un moment donné, mais malgré cela, il n’y avait pas non plus énormément de pression, parce que nous avions une idée précise de ce que nous cherchions à faire et du temps que cela allait prendre. J’essaie de ne pas trop penser à cet aspect des choses, aux réseaux sociaux et tout ça. Le potentiel de toxicité est trop grand.

Concernant l’écriture chez Carcass, Jeff a déclaré : « C’est une question de : ‘Qu’est-ce que nous n’avons pas encore fait ?’ » Pour un groupe comme Carcass, qui existe depuis longtemps et qui évolue dans un genre aussi codifié que le death metal, à quel point est-il difficile de répondre à cette question ?

À quel point est-il difficile d’innover, tu veux dire ? Oui, sans aucun doute, comme tu l’as dit, le genre est assez conservateur. Mais d’un autre côté, c’est le cas de beaucoup d’autres genres. C’est d’ailleurs pour ça qu’on les qualifie de genres et que les gens leur attribuent certaines caractéristiques. Mais il y a bel et bien un côté puriste dans la scène death metal, et quand on y introduit de nouveaux éléments, on sait qu’on va contrarier certaines personnes. Mais nous ne sommes pas le genre de groupe qui cherche à leur plaire ou à les satisfaire. S’il s’avère que certaines de ces personnes apprécient l’album, c’est formidable, mais il faut aussi être honnête avec soi-même et avec la façon dont on ressent la musique au moment où l’album est enregistré. Céder aux exigences de gens qu’on n’a jamais rencontrés, pour moi, ça n’a aucun sens. C’est comme un chien qui se mord la queue.

Le titre de l’album fait référence à une démo enregistrée dans les années 80 par le batteur d’origine du groupe, Ken Owen. Quelle est l’importance de Ken chez Carcass aujourd’hui ?

Il est toujours très important. C’est une grosse partie de notre son. Sur Surgical, il était directement impliqué, il avait enregistré les chœurs. Nous ne voulions pas être prévisibles et répéter le même scénario une deuxième fois, mais Jeff était déterminé à utiliser le titre Torn Arteries. Ça collait bien, et c’était important pour nous d’avoir un lien évident avec le passé, avec les débuts du groupe et ce que faisait Ken à l’époque. C’était un musicien et une personne tellement unique, même quand nous étions gamins. Son influence fait toujours partie de notre ADN. Nous sommes toujours très bons amis et nous sommes en contact toutes les semaines. J’ai l’impression qu’il fait toujours partie du groupe, même de loin. Il est toujours très important pour nous.

« Il y a bel et bien un côté puriste dans la scène death metal, et quand on y introduit de nouveaux éléments, on sait qu’on va contrarier certaines personnes. Mais nous ne sommes pas le genre de groupe qui cherche à leur plaire ou à les satisfaire. […] Céder aux exigences de gens qu’on n’a jamais rencontrés, pour moi, ça n’a aucun sens. C’est comme un chien qui se mord la queue. »

Dan semble en outre être un grand fan de Ken.

Et vice versa. Ken ne tarit pas d’éloges à propos du jeu de Dan, ce qui est formidable.

L’artwork pour Torn Arteries ne pourrait pas être plus éloigné des « charmantes » pochettes des premiers albums de Carcass. Jeff a déclaré qu’il ressemblait à une couverture de beau livre, et la description est assez adéquate. Quelle est l’histoire derrière ces légumes flashy ?

Honnêtement, je n’en sais rien ! Jeff a collaboré avec un ami polonais (note : Zbigniew Bielak), dont je ne sais toujours pas prononcer le nom ! Ils ont travaillé ensemble là-dessus et Jeff nous a présenté le résultat une fois qu’ils ont eu fini. C’était presque aussi surprenant pour Dan et moi que pour n’importe qui d’autre. Nous étions ravis de le suivre parce que nous avions le sentiment qu’il nous fallait une pochette différente, quelque chose qui se démarque des couvertures génériques du metal. J’imagine que ce ne sera pas du goût de tout le monde, mais j’ai été surpris par tous les compliments que la pochette a reçus.

Le communiqué de presse indique que le titre de travail de « Kelly’s Meat Emporium » était « Stock Carcass », et Jeff décrit la chanson comme « un titre de base pour l’album ». Musicalement, quelle est selon toi la « base » de Carcass ?

J’imagine qu’il faisait référence au fait que c’est le titre le moins risqué de l’album. Ce sont surtout des blast beats et des beats à la Slayer, ce que nous avions déjà aux tout débuts du groupe. D’accord, il y a un passage syncopé au milieu, mais à part ça, c’est vraiment du Carcass de base – et c’est probablement la base pour beaucoup d’autres groupes de death metal. [Jeff] a largement amélioré les arrangements sur ce titre, car ce sur quoi Dan et moi avions travaillé quelques années plus tôt était beaucoup plus direct et primitif que ça. Jeff a donné un petit coup de pied dans la fourmilière pour rendre la chanson plus intéressante.

À compter de Torn Arteries, Carcass a officiellement enregistré plus d’albums en tant que trio qu’en tant que quatuor. Le fait de ne pas impliquer de deuxième guitariste dans le processus d’enregistrement permet-il de maintenir la cohérence du son Carcass moderne ?

Oui. Je pense que quiconque joue ce type de musique depuis longtemps serait d’accord pour dire qu’enregistrer est un processus très long, surtout quand on superpose les guitares rythmiques. Dans un groupe comme le nôtre, il y a un minimum de quatre guitares en continu, et faire en sorte que tout soit carré prend très longtemps. Nous avons toujours opté pour cette approche, même quand nous avions Michael [Amott] dans le groupe. Il était parfaitement capable de jouer la guitare rythmique, c’est un excellent guitariste, mais c’était tout simplement beaucoup plus rapide de faire comme ça. Il arrivait après pour enregistrer ses solos. L’application est un autre facteur. Jeff et moi faisons partie du groupe depuis les années 80. L’arrivée de Dan est plus récente, mais il fait figure d’exception, parce que depuis le tout premier jour, il a parfaitement cerné le groupe. Si on lui lance une idée, il y répond très bien. C’est difficile à expliquer, mais il est devenu notre arme secrète. Sa présence est sans doute l’élément le plus important qui nous a permis de faire de la musique à nouveau. Alors un deuxième guitariste… Tu embauches un gars pour le parachuter dans cette situation trois mois plus tard… Ce ne sera tout simplement pas cohérent. Il n’a pas grandi avec cette musique. Il peut être parfaitement capable de jouer la musique sur scène, mais le studio magnifie les différences en termes de parcours. Il y a plusieurs raisons, mais la rapidité et la commodité sont les principales.

A propos de guitares, tu as enregistré celles de Torn Arteries avec James Atkinson, qui n’est pas exactement un producteur metal lambda. Était-ce simplement une question de confiance et de camaraderie, étant donné que vous avez déjà deux albums de Gentlemans Pistols à votre actif, ou voulais-tu donner une saveur différente aux guitares sur cet album ?

Je dirais que c’est principalement la première raison que tu as citée. Nous avons enregistré les démos pour cet album à Station House [le studio de James Atkinson], et à un moment donné, nous étions bien partis pour faire l’album là-bas. Et puis il est arrivé un imprévu : Dan a enregistré une session de batterie pour quelqu’un d’autre en Suède, et il a été soufflé par David Castillo et sa façon de travailler. Il est obsédé par l’idée d’obtenir le meilleur son de batterie possible, et cela implique de faire appel à un accordeur de batterie, d’avoir une pièce remplie de caisses claires différentes… Il est incroyablement minutieux, et c’était parfait pour Dan. Il nous a alors dit qu’il voulait enregistrer la batterie là-bas. Entre-temps, j’avais déjà décidé que je voulais enregistrer les guitares à Leeds pour les raisons que tu as énumérées. Nous avons une bonne relation de travail et j’aime beaucoup cette ville. Jeff a dit : « OK, si tu veux, mais faisons le reste en Suède. » Le reste englobant les guitares lead, tout l’overdubbing et une quantité impressionnante de chant. La plus grande partie de ce qu’on peut entendre sur l’album a été fait à Stockholm, mais je me suis bien amusé pendant l’enregistrement à Station House. C’était un environnement de travail détendu et productif.

« Bien sûr qu’il est possible que ce soit le dernier album, parce qu’à l’âge que Jeff et moi avons atteint, c’est toujours une éventualité. Avoir le même laps de temps entre deux albums est absolument impensable ! Je dirais que c’est 50/50. On verra comment on le sent [mais] je ne voudrais pas passer pour un imbécile en disant que c’est la fin, parce que quand on fait des déclarations grandioses, on finit souvent par se contredire. »

Il semblerait que tu assures davantage de chœurs sur Torn Arteries que sur l’album précédent. Dans une interview que Jeff et toi aviez donnée à l’époque de la sortie de Surgical Steel, il déclarait que te faire faire les chœurs revenait à « donner aux gens ce qu’ils veulent » – et d’après ce que j’ai pu lire ici et là depuis la sortie de l’EP et des nouveaux singles, la voix de Bill Steer est quelque chose que les gens veulent toujours. Pourquoi penses-tu que ton chant reste si important pour le public aujourd’hui, alors que Jeff est devenu le chanteur « officiel » à l’époque de Necroticism ?

J’imagine que c’est dû au fait que c’est un lien avec les tout débuts du groupe – parce que je ne suis pas très présent en tant que chanteur sur Necroticism, et pas du tout sur Heartwork et Swansong. Mais ce qui est intéressant avec ce nouvel album, c’est que cette voix très profonde qu’on entend est celle de Dan. Très franchement, il en a fait autant que moi en termes de chant. Il a une voix très grave et très sonore. Évidemment, tout ça a été mélangé et je ne pourrais pas dire qui on entend le plus, mais j’ai souvent l’impression que c’est lui qui est en avant. Parce qu’il s’est lancé là-dedans avec beaucoup d’intensité et en pleine forme [petits rires], alors que je n’étais pas en très bon état ! Mais on entend souvent un mélange de trois voix, ce qui fait que c’est assez riche.

À ce sujet, les gens qui suivent un groupe avec un historique tendent à avoir certaines attentes en termes de musique. À quel point prenez-vous cela en compte lorsque vous écrivez de nouvelles chansons ? Comment parvenez-vous à réconcilier le désir d’explorer de nouveaux territoires en tant que groupe et les attentes dont s’accompagne le statut « culte » de Carcass ?

Je dirais que nous sommes… quel est le terme… [il réfléchit] J’allais dire « ignorants » ou « inconscients ». Je ne suis pas sûr du mot à utiliser, mais nous ne passons pas tellement de temps à y réfléchir ou à en discuter, parce que ça peut très vite conduire à jouer la sécurité et à se laisser entraîner dans une certaine direction par des gens qui n’étaient pas là à la création du groupe et qui ignorent tout de nos motivations. À un certain niveau, nous sommes conscients de ce qui est acceptable dans le cadre du groupe et nous aimons repousser un peu les limites. Cet album comporte certains éléments qui n’apparaissaient pas sur les précédents. Ça nous semblait être la bonne chose à faire, mais il y en a d’autres que nous n’envisagerions jamais, car nous savons que ça n’irait pas bien avec notre style. C’est très difficile à quantifier. C’est juste un ressenti. C’est tout ce qu’on a, un instinct. Et même comme ça, certaines personnes trouveront certains éléments de cet album beaucoup trop éloignés de ce que le death metal traditionnel est censé être.

Quelqu’un s’est beaucoup amusé avec les titres des chansons, qui regorgent de références à vos vieilles démos et compilations, et même aux Beatles. En êtes-vous arrives à un point où vous vouliez faire le bilan de votre carrière ?

Je pense que, d’une certaine façon, Jeff a toujours fait ça, car il a toujours tenu à maintenir une espèce de fil rouge dans tout ce que nous faisons. De ce point de vue, il est beaucoup plus rigoureux que je ne le serais. Mais je trouve que ça fonctionne, parce que… En fait, certaines des paroles qu’il a écrites pour cet album (et pour le précédent également, d’ailleurs) sont un peu éloignées de ce que les gens pourraient attendre de la part de Carcass. Certains se sont contentés de jeter un œil aux titres des chansons de Surgical et se sont dit : « Oh, c’est toujours la même chose, c’est dégoûtant et anatomique ». Mais au-delà des titres, les sujets étaient assez larges. Ils couvraient beaucoup de choses, de l’histoire à la politique, en passant par des choses personnelles. Il est allé encore plus loin cette fois-ci. Je trouve que sa façon de faire est très intelligente. C’est un moyen subtil d’introduire ces idées. Tout le monde ne lira pas les paroles, mais ceux qui le feront pourront les trouver intéressantes et enrichissantes, parce que ce qu’il écrit fonctionne toujours sur plusieurs niveaux.

Étant donné la dimension humoristique de certains titres, penses-tu qu’il soit important de glisser un peu d’humour dans un genre musical qui se prend parfois un peu trop au sérieux ?

Je ne devrais pas parler pour Jeff, mais j’imagine que je n’ai pas le choix dans le cas présent [petits rires]. Je pense qu’il dirait que oui. C’est son type d’humour, assez sombre et borderline. Ça se retrouve bien dans ses paroles, qui sont une représentation assez fidèle de la façon dont il voit le monde.

« Les adolescents naïfs qui voulaient faire l’album le plus choquant de tous les temps ne sont plus là aujourd’hui ! [Petits rires] En toute honnêteté, ce serait un peu inquiétant si des types d’âge mûr cherchaient toujours à faire de la provocation et à perturber les gens. »

Comme je l’ai mentionné, il y a beaucoup de références aux débuts de Carcass dans les titres des chansons (« Torn Arteries », « Flesh Ripping Sonic Torment Limited », « Wake Up And Smell The Carcass »…), et le communiqué de presse indique : « Torn Arteries vient compléter le côté moderne de la discographie de Carcass et établit un lien direct avec là où tout a commencé il y a 30 ans ». La boucle semble bouclée, et de ma position, on dirait que vous essayez d’annoncer subtilement que ce dernier album pourrait bien être le dernier de Carcass. Peux-tu me dire que j’ai tort, s’il te plaît ?

C’était un communiqué de presse du label ? Je ne l’ai pas lu [rires]. Bien sûr qu’il est possible que ce soit le dernier album, parce qu’à l’âge que Jeff et moi avons atteint, c’est toujours une éventualité. Avoir le même laps de temps entre deux albums est absolument impensable ! Je dirais que c’est 50/50. On verra comment on le sent. Je sais que nous sommes parfaitement capables de continuer et d’écrire de nouvelles chansons, mais je pense que cela dépendra, petit 1, du temps que nous allons passer à tourner, et petit 2, du temps que durera cette phase. Si tu ne fais pas attention, ça prend le pas sur tout le reste, parce que tu rentres à la maison une semaine ou deux ici et un week-end là, et il faut une discipline incroyable pour travailler de façon efficace pendant ces périodes. Généralement, tu es sur les genoux, ton cerveau ne fonctionne pas et tu es physiquement épuisé. Donc je ne voudrais pas prédire quoi que ce soit [petits rires]. Je ne voudrais pas passer pour un imbécile en disant que c’est la fin, parce que quand on fait des déclarations grandioses, on finit souvent par se contredire.

Carcass a beaucoup évolué musicalement depuis 1986. Avec le recul, quel est ton regard sur les débuts de Carcass ?

Aujourd’hui, je dirais que c’est un regard attendri. Nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait. Nous n’étions qu’un groupe d’amis, trois types qui prenaient plaisir à ce petit hobby de luxe. Nous avons tellement fait de musique dans cette petite pièce sous les combles chez mes parents, et c’était avant tout pour nous. Nous étions ravis de pouvoir envoyer quelques cassettes et recevoir des réactions positives, mais nous n’avions jamais envisagé que les choses prendraient un tour mondial et que nous en ferions, si j’ose le mot, une carrière. C’est dingue, mais nous sommes très reconnaissants de la façon dont les choses ont tourné.

Malgré l’énorme différence musicale entre la démo Flesh Ripping Sonic Torment et Torn Arteries, penses-tu que Carcass soit resté fidèle à la même philosophie et au même état d’esprit ?

Oui et non. Je dirais oui dans le sens où la philosophie est exactement la même : il s’agit avant tout d’obtenir le son et le ressenti que nous nous sommes fixés pour objectif d’obtenir. Mais les adolescents naïfs qui voulaient faire l’album le plus choquant de tous les temps ne sont plus là aujourd’hui ! [Petits rires] En toute honnêteté, ce serait un peu inquiétant si des types d’âge mûr cherchaient toujours à faire de la provocation et à perturber les gens.

Nous avons mentionné Atko et Gentlemans Pistols un peu plus tôt. Y a-t-il des nouvelles à ce sujet ? Quel est le statut actuel du groupe ?

Le groupe est au repos, c’est sans doute la meilleure façon de le décrire. Mais nous avons évoqué l’idée de sortir de la nouvelle musique, parce qu’Atko a quelques chansons pour lesquelles nous avons fait des démos et qui sont formidables. Ce serait vraiment dommage de ne pas les enregistrer correctement et de faire un album. Nous avons parlé de faire quelque chose, dès que les choses se seront normalisées dans ce pays. Ce serait vraiment sympa. J’ai toujours beaucoup apprécié jouer dans ce groupe, donc j’ai hâte que ça se fasse.

Au milieu du désastre 2020, tu t’es associé à Monty’s Guitars pour sortir tes propres pickups signature. Contrairement à beaucoup de guitaristes, tu n’as jamais eu de guitare, ni même de pédale signature avant. Je crois même me souvenir d’une interview où tu disais ne pas être un grand amateur des endorsements. Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

C’était assez naturel, parce que j’utilise ces pickups depuis un moment. J’ai un ami luthier, et il m’est arrivé d’avoir besoin de remplacer les pickups sur certaines de mes guitares. Il m’a présenté les pickups Monty’s, ainsi que Matt [Gleeson]. Je les ai utilisés pendant un moment, et [Matt] a fini par me demander : « Ça te dirait d’en faire une série de pickups signature ? » Je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Ç’aurait été bizarre que je sois contre. Ce sont vraiment les pickups que j’utilise dans mes guitares pour Carcass, donc j’étais ravi de l’opportunité.

Interview réalisée par téléphone le 22 juillet 2021 par Tiphaine Lombardelli.
Retranscription & traduction : Tiphaine Lombardelli.

Facebook officiel de Carcass : www.facebook.com/OfficialCarcass

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