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Tribune   

Carpenter Brut : des tripes dans la péloche


« La vie en général est un film d’horreur, comme le personnage dans le film, on va finir par mourir ». Jamais avare en bons mots comme en riffs et beats ravageurs, Carpenter Brut revient avec nous sur cinq classiques du cinéma horrifique chers à son cœur qui, on le suppose, ont dû forger de près ou de loin l’esthétique ciselée du projet qui à sorti en avril dernier son nouvel album, Leather Terror, dont nous en parlions de long en large avec l’artiste dans notre interview. Bref, un top qui sent fort le magnétoscope et le sang séché.

Note : article paru initialement dans le numéro 9 du magazine Radio Metal, toujours disponible en commande dans notre boutique en ligne.

Bad Taste

« Je me souviens que ce premier film de Peter Jackson, sorti en 1987, m’avait scotché à l’époque. J’avais dû le voir sur Canal Plus à l’âge de douze ou treize ans, un après-midi chez mes grands-parents [rires]. C’était la première fois que je voyais un film aussi débridé et complètement fou, avec une image dégueulasse et aussi peu de moyens. Un des films les plus « DIY » que j’ai pu voir. Il a mis quatre ans à le réaliser, sur son temps libre, avec des collègues et amis à lui. Cela raconte en gros l’histoire de quatre mecs du A.I.D.S (Astro Investigation and Defense Service) qui vont enquêter dans un village suite à la disparition de la totalité des habitants et se retrouvent confrontés à une invasion d’extraterrestres. J’ai toujours aimé les effets gore et débiles dans le cinéma, comme dans Brain Dead, son troisième film, où il a poussé le curseur au maximum. A cause d’un budget réduit, Bad Taste ne va pas aussi loin dans la surenchère d’effets gore (c’est impossible de toute façon) mais garde un aspect artisanal qui lui donne beaucoup de caractère. Le film ne manque pas de scènes iconiques, comme lorsque Peter Jackson, qui interprète Derek et Robert (en plus de s’occuper d’à peu près tout dans le film), se remet une partie de son cerveau suite à une chute et le maintient avec un chapeau, ou lorsqu’il mange dans le crâne à moitié explosé d’un extraterrestre. Sauvage, punk, débridé et aussi très drôle, ce film est clairement un ovni et a permis à Peter Jackson de se faire repérer dans le milieu du cinéma gore. Et l’affiche du film est tellement culte, avec cet extraterrestre qui fait un doigt au monde entier en quelque sorte. Nickel. »

Evil Dead 2

« C’est le troisième film du réalisateur Sam Raimi, sorti en 1987. Je ne peux pas vraiment le considérer comme la suite du premier, mais plutôt comme une sorte de remake avec un peu plus de moyens et un peu plus d’humour également. En tout cas, c’est ce qu’on peut appeler un film culte, complètement débridé et hyper inventif. Bruce Campbell qui interprète Ash Williams en prend plein la gueule pendant une heure trente. Il découpe sa femme à la tronçonneuse, se fait mordre par cette dernière et se voit obligé de se couper la main possédée par un démon. Cette dernière finit par s’enfuir dans la maison [rires]. Il finit par modifier sa tronçonneuse pour pouvoir l’attacher à son moignon, ce qui rendra par la suite son personnage légendaire et iconique et le fera rentrer au panthéon des personnages cultes des films d’horreur. Bref, c’est ce qu’on peut appeler du grand n’importe quoi, jouissif au possible. J’adore ce genre de délire à cent pour cent jusqu’au-boutiste. On sent toute la jeunesse et la folie de Sam Raimi avec cette envie d’en mettre plein les yeux avec « quinze dollars » en poche. Je me souviens de l’anecdote qui raconte que les scènes du démon fonçant dans la forêt vers la maison ont été tournées sur une mobylette lancée à fond la caisse. C’est toujours la même chose, ce sont souvent les films d’horreur les plus fauchés qui ont les meilleures idées. La réalisation y est folle, les effets spéciaux plutôt flippants et gore. Bruce Campbell y fait une prestation exceptionnelle. Bref, du fun à l’état pur. Parfait. »

Vendredi 13

« Premier film d’une longue, bien trop longue série à mon avis, sur le personnage culte Jason Voorhees, un des tueurs en série les plus connus du cinéma horrifique. Réalisé par Sean S. Cunningham en 1980, il raconte l’histoire de jeunes qui rouvrent un camp de vacances à Crystal Lake, un vendredi 13, dans lequel un jeune s’est noyé et deux moniteurs ont été tués vingt et un ans auparavant. La chose amusante avec cette histoire, c’est que – attention spoil – c’est la mère de Jason Voorhees, Pamela, qui tue tout le personnel du camp. Jason est mort depuis longtemps (1957). Mais dans les suites, Jason est le tueur, chose qui n’a pas plu au scénariste Victor Miller qui considérait que Jason était un enfant et non un tueur. Il est clair que si l’histoire s’était arrêtée là, on aurait eu droit à un film unique et donc exceptionnel. Mais l’avidité des studios n’étant plus à démontrer, on s’est retrouvé avec des suites toutes plus claquées les unes que les autres, dénaturant le propos du premier film pour en faire des slashers bas du front. En tout cas, je reste persuadé que l’histoire est mille fois plus intéressante que celle des suites. Au final on se retrouve avec un excellent slasher aux morts toutes plus cool les unes que les autres, sublimées par les effets spéciaux parfaits de Tom Savini et la musique iconique de Harry Manfredini et son fameux « tchiiii tchaaa aaaa aaaa aaaa » – hyper difficile à retranscrire ici évidemment, mais tous ceux qui l’ont vu savent forcement de quoi je parle [rires]. Un incontournable donc, mais étrillé par la critique à sa sortie, comme d’habitude j’ai envie de dire, ce qui finalement apparaît comme un gage de qualité. »

Massacre à la tronçonneuse

« Obligé de parler de ce monument du film d’horreur. Réalisé par Tobe Hooper en 1974, Massacre à la tronçonneuse est sûrement le film qui m’a le plus marqué. Je n’étais pas bien vieux lorsque je l’ai vu et j’ai été tellement traumatisé que je ne l’ai revu qu’une fois depuis [rires]. Cela ne m’empêche pas de le classer dans mon top cinq all time. Tout y est parfait : le personnage principal, Leatherface, forcement iconique avec son masque de peau inspiré par Ed Gein, son costume et sa tronçonneuse. Sally la final girl, le grand-père, la scène du crochet de boucher, etc. Bref, tout sent la mort dans ce film. Les conditions de tournage, une de fois de plus limitées par le budget, ont poussé toute l’équipe dans ses derniers retranchements. Les éléments comme la chaleur du Texas faisant ressortir les odeurs des carcasses faisandées qui servaient de décor sur le plateau ou la fatigue des acteurs qui manquent de se blesser sérieusement plusieurs fois ont contribué à ce que tout le monde déteste Tobe Hooper à la fin du tournage. Ce dernier d’ailleurs avait pris le soin de ne pas mélanger les acteurs entre eux au début du tournage, afin qu’ils aient réellement peur en découvrant Leatherface par exemple. Ce jusqu’au-boutisme du réalisateur participera au réalisme du film, à la tension des acteurs qui transparaît sur l’écran. Cette façon de procéder sera en partie utilisée dans le « Projet Blair Witch » où les acteurs seront livrés à eux-mêmes, privés de nourriture et de sommeil, suffisamment pour les faire rentrer dans un état second. En tout cas Massacre à la tronçonneuse aura marqué des générations de réalisateurs par sa radicalité et son non-conformisme et évidemment de spectateurs, jusqu’à ce bon vieux Johnny Hallyday qui déclarait à un journaliste à Cannes que c’était son film préféré. »

The Thing

« Impossible de terminer sans un film de John Carpenter, évidemment. J’ai choisi The Thing sorti en 1982, qui est sûrement mon film préféré dans la carrière de Big John. Des scientifiques en Antarctique découvrent un vaisseau duquel s’est échappée une créature qui a la capacité de parasiter et prendre possession du corps dans lequel elle se trouve. Les scientifiques ne sachant pas qui elle a contaminé tombent dans la paranoïa et deviennent tous suspects. Chose assez rare pour être précisée, John Carpenter fait appel à Ennio Morricone pour composer la musique du film, et je crois même que c’est la seule fois où il fait appel à un autre compositeur. Le film est d’une rare efficacité, la réalisation et la photo sont exceptionnelles et pour une fois Carpenter a un budget plus que raisonnable pour ce type de film. Les effets spéciaux profitent d’une enveloppe conséquente et Rob Bottin, aidé par Stan Winston, nous offrira quelques effets horrifiques devenus cultes, comme la transformation de Norris durant laquelle le Docteur Copper se fait dévorer le bras par le torse de Norris devenu une bouche géante. Mais le film sera boudé à sa sortie, souffrant de la concurrence avec E.T. de Spielberg où l’extraterrestre a une image plus sympathique que dans le film de Carpenter. Les critiques aussi démonteront le film, comme à leur habitude, allant jusqu’à critiquer le côté excessif et repoussant des effets spéciaux. Bref, il aura fallu plusieurs années pour que le film soit enfin apprécié à sa juste valeur, celui d’un film culte, tout simplement. »



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