Il semblerait que le ciel se soit éclairci pour Skid Row. Après les années Johnny Solinger durant lesquelles le groupe n’a jamais réussi à retrouver la gloire de ses deux premiers albums, le groupe a vécu presque une décennie à être embourbé dans les changements, enchaînant les chanteurs sans jamais trouver chaussure à leur pied… jusqu’à ce que le jeune prodige Erik Grönwall se présente à eux. A partir de là, tout s’est accéléré.
L’album qui deviendra The Gang’s All Here, déjà enregistré une première fois, se voit confié au producteur Nick Raskulinecz qui a un projet pour le groupe : les faire redevenir Skid Row. Après avoir déconstruit et reconstruit l’album sous sa direction, tout en profitant du sang neuf et de la voix d’Erik, le résultat est sans appel : on est directement transporté trente ans en arrière, en retrouvant cette fibre hard/sleaze qui a fait les grandes années du groupe. Un véritable « reboot » dont nous parle le bassiste-compositeur Rachel Bolan, confortablement installé dans son tour bus en pleine tournée britannico-européenne.
« Nous nous sommes rencontrés physiquement seulement quatre jours avant notre premier concert, et c’était pour ouvrir pour Scorpions à Las Vegas. Pas de pression ! [Rires] Erik nous dit toujours : ‘Pourquoi avez-vous fait un tel pari sur moi ?’ Je lui réponds : ‘Eh bien, tu as fait quatre gros paris sur nous.' »
Radio Metal : On dirait que le groupe a été assez malchanceux avec les chanteurs cette dernière décennie. Depuis l’EP United World Rebellion: Chapter Two, vous êtes passés par pas moins de quatre chanteurs. Comment expliquer ça ?
Rachel Bolan (basse) : Ce sont des choses qui arrivent. Dès qu’on fait un changement dans le line-up, ce n’est jamais une décision facile. C’est très dur de prendre une décision qui pourrait affecter ta vie ou celle d’autres gens. Être dans un groupe, c’est littéralement comme être marié ou faire partie d’une famille. Quand ça devient dysfonctionnel, il faut se séparer et prendre des chemins différents. Nous sommes enfin arrivés à trouver le bon line-up après trente-cinq ans ! [Rires] Avec ZP [Theart], le problème avait déjà commencé il y a un petit moment. Nous en avons discuté et nous nous sommes rendu compte que nous ne voulions pas les mêmes choses pour le groupe, que ce soit en bon, mauvais ou juste différent. Nous n’avions pas la même vision. Ça affecte ta manière de jouer et la création quand tu le fais avec quelqu’un qui a des idées et des avis différents sur la direction à prendre avec le groupe. Voilà comment ça s’est passé. Il a donc fallu que nous prenions une décision. C’était dur, mais à notre avantage, Erik [Grönwall] était là et il était disponible.
Comment l’avez-vous connu ?
Il était dans un coin de notre tête depuis qu’il a tourné avec nous en 2019. Il faisait partie d’un groupe suédois qui s’appelle Heat. Nous étions en tournée avec Skid Row et nous l’entendions dans sa loge. Nous étions là : « Ouah, ce gars est un très bon chanteur ! » J’ai regardé quelques concerts et c’était un superbe showman. J’avais toujours en tête que peut-être nous ferions un projet parallèle ou quelque chose comme ça. Puis, quand le moment est venu et que nous avons pris la décision, c’était la première personne sur notre liste – la seule, en fait – à contacter. Nous étions ravis qu’il soit disponible. Nous lui avons envoyé deux ou trois morceaux pour qu’il essaye de chanter par-dessus des voix témoins, et il nous a renvoyé ses versions en vingt-quatre heures. Rien qu’en entendant sa voix, le groupe et notre producteur Nick, nous étions tous scotchés. C’est là que nous avons dit : « Eh mec, ça te branche d’être le chanteur de Skid Row ? » Il était là : « Ouais, bien sûr ! » [Rires] Il a accepté de chanter dans le groupe, ce qui est super. Ensuite, tout s’est mis en place. Nous avons tout de suite eu confiance en lui. La façon dont nous avons rencontré Erik et dont il a rejoint le groupe, et toute son histoire avec sa carrière, c’est assez extraordinaire. C’est comme un scénario de film. Nous avons tellement accompli dans le peu de temps où nous sommes avec Erik dans le groupe, c’est vraiment extraordinaire.
Vous êtes trois – Snake, Scotti et toi – à être dans ce groupe et amis depuis plus de trente-cinq ans, en ayant sans doute une vision assez claire de ce qu’est ce groupe et de ce dont il a besoin. Est-ce difficile d’entrer dans ce gang pour un chanteur ?
C’était le cas pour tous sauf Erik, car on dirait que c’est le chanteur que nous attendions durant toute notre carrière. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous avons le même sens de l’humour et les mêmes goûts musicaux. Nous sommes tous des passionnés de musique avant tout et nous avons tous les mêmes objectifs en tête. Erik est un talent qui, au-delà de Skid Row, convient parfaitement à nos personnalités. A aucun moment il n’a montré un manque de confiance par rapport à sa place dans le groupe. Le changement s’est fait vraiment sans accroc. Nous nous entendons tous très bien, et ce dès le début. Pourtant, nous le connaissions à peine avant notre premier concert. Nous avons juste parlé lors de quelques réunions de groupe par Zoom, car il a enregistré ses parties pour l’album à distance, chez lui en Suède. Nous nous sommes rencontrés physiquement seulement quatre jours avant notre premier concert, et c’était pour ouvrir pour Scorpions à Las Vegas. Pas de pression ! [Rires] Il nous dit toujours : « Pourquoi avez-vous fait un tel pari sur moi ? » Je lui réponds : « Eh bien, tu as fait quatre gros paris sur nous. » Ça aurait pu aller dans un sens comme dans l’autre, mais tout s’est mis en place en douceur. Ça se passe super bien. Ça peut paraître théâtral ou forcé de dire ça, mais on dirait vraiment qu’il est dans ce groupe depuis des décennies.
« Rien n’est aussi simple dans ce business. Nous avons eu de la chance et nous avons décroché le jackpot. »
Quelle était sa relation avec la musique de Skid Row avant qu’il ne rejoigne le groupe ?
Il connaissait très bien Skid Row parce qu’il a grandi en fan du groupe. Il connaissait certaines chansons mieux que nous [rires]. Nous étions probablement dans son top cinq de ses groupes préférés quand il était gamin. Ce qui nous a convaincus, c’est quand il a fait une vidéo d’une reprise de « 18 And Life ». Ça nous a montré qu’il collerait parfaitement au groupe. En lui parlant au téléphone et tout, nous avons su qu’il pensait comme nous. Et ce n’était pas difficile, car nous étions préparés. Ça faisait une éternité que nous jouions les chansons et nous étions tellement prêts quand nous nous sommes réunis pour la première répétition à Las Vegas que nous savions que tout allait bien se passer.
Ça donne l’impression que c’était tellement simple…
Oui ! Enfin, il y a eu tellement de changements. Nous avons enregistré l’album une fois sans lui. Nous avons changé de producteur, nous avons changé de management, nous avons changé de maison de disques, nous avons changé de tourneur et finalement, nous avons changé de chanteur, et tout s’est arrangé. C’était très stressant, mais quand on y repense et qu’on y réfléchit, c’était assez simple. Je crois que rien n’est aussi simple dans ce business. Nous avons eu de la chance et nous avons décroché le jackpot.
Les EP United World Rebellion étaient censés être une trilogie – vous aviez même vendu un coffret prévu pour accueillir les trois CD –, mais finalement, vous avez changé vos plans et avez renoncé au troisième au profit du nouvel album. Quand et comment avez-vous décidé ça ?
C’est une discussion que nous avons eue quand nous avons signé chez Ear Music. Ils ne voulaient pas continuer sur quelque chose qui avait été fait dans le passé, et nous étions d’accord. Ils voulaient commencer sur du neuf. Ça ne veut pas dire que nous ne ferons pas un jour le troisième volet, mais pour l’instant, nous voulions faire table rase du passé, commencer avec du nouveau et revenir comme un groupe flambant neuf, pour ainsi dire.
Ce qui est frappant à l’écoute de The Gang’s All Here, c’est que l’album est celui qui sonne le plus comme du Skid Row classique depuis des années, voire des décennies, probablement depuis Slave To The Grind. Était-ce dès le début votre vision pour cet album ?
Il faut savoir que nous avons enregistré avec Nick Raskulinecz à Nashville, or c’est en grande partie lui qui nous a poussés à revenir sur nos pas et à redécouvrir nos racines. C’est plus facile à dire qu’à faire quand on a trente-cinq ans de carrière et qu’on n’est plus des gamins de vingt-trois ans. Il faut quelqu’un comme Nick pour nous guider. Nick était fan du groupe avant d’être producteur et ce qu’il a fait, c’est qu’il nous a rendus plus Skid Row. Nous avons apporté un paquet de chansons et nous avions confiance en Nick et en ses opinions sur tout. Nous prenions une chanson et nous la décortiquions complètement. Nous avons écrit toutes les parties, mais il nous a aidés à les renforcer, à travailler sur les arrangements et ce genre de chose. Il y a des chansons qui se rapprochent de leur forme d’origine, mais nous avons démonté la plupart d’entre elles jusqu’au squelette pour ensuite les reconstruire. Notre style musical a changé en trente-cinq ans, rien que par rapport à notre façon de jouer, notre technique, et il nous a ramenés à notre style passé. Il disait des trucs comme : « Joue dans la veine de ce que tu as fait sur ‘Piece Of Me’. Pense dans cette direction » et il te ramenait à l’état d’esprit de l’époque. Nous avons donc reconstruit les morceaux comme ça, mais les structures étaient plus ou moins là. Nous avons arrangé beaucoup de choses et pendant que nous étions en préproduction, il nous a dit : « Les gars, il faut que vous soyez plus Skid Row. Pas que vous sonniez plus comme Skid Row, mais que vous soyez plus Skid Row. » C’est comme si un interrupteur s’était enclenché dans notre tête. Nous étions là : « D’accord, on a compris. » Ça a énormément aidé. Il était un peu comme un thérapeute [rires].
« [Le producteur Nick Raskulinecz] nous a dit : ‘Les gars, il faut que vous soyez plus Skid Row. Pas que vous sonniez plus comme Skid Row, mais que vous soyez plus Skid Row.’ C’est comme si un interrupteur s’était enclenché dans notre tête. »
Penses-tu que vous vous soyez trop éloignés de ce qui vous a propulsés au départ ?
Peut-être. De l’eau a coulé sous les ponts. Nous avions vingt-trois ans quand nous avons fait le premier album et nous en avons maintenant cinquante-huit. Il y a eu beaucoup de vécu entre cette époque et maintenant, sachant qu’on a toute sa vie pour écrire son premier album. Comme je l’ai dit, notre style musical a un peu changé et nous avons essayé différentes choses. Je dirais que c’est bien d’expérimenter. Je pense que tous les groupes le font. Nous l’avons fait avec Revolutions Per Minute. Nous sommes allés dans toutes les directions possibles avec cet album. Parfois, il faut qu’on ait le mal du pays pour ensuite revenir là où on a commencé, et Nick nous a aidés à faire ça. Certains groupes feront la même chose durant toute leur carrière et c’est super, mais avec Skid Row, nous avons besoin de dévier un peu de temps en temps. Heureusement, il y a des gens comme Nick Raskulinecz. Il voulait faire l’album de Skid Row ultime, celui qu’il voulait entendre en tant que fan. C’est ce qu’il nous a dit. Nous avons complètement fait confiance à son opinion et à ce qu’il voulait faire avec les chansons.
Comment raviver cette énergie juvénile à ce stade votre vie, tant d’années plus tard, maintenant que vous avez changé en tant que personnes et musiciens ?
Tout ce qu’il a fallu, c’était de faire une première chanson exactement comme nous la voulions et alors, les vannes étaient ouvertes. Il y a eu plein de premières fois avec cet album. Nous n’avions jamais composé dans une pièce tous ensemble en répétition – il y a peut-être eu des idées ici et là au fil des années qui ont émergé comme ça, mais nous ne nous étions jamais posés pour composer une chanson, or nous l’avons fait pour plusieurs d’entre elles sur cet album. Et avec Erik, c’était presque comme s’il lisait dans nos pensées, il savait instinctivement ce que nous voulions qu’il fasse. Comme je l’ai dit, il n’a fallu qu’une chanson pour ouvrir les vannes, et à ce moment-là, nous avons retrouvé la forme que nous avions en 89-90.
Erik est assez jeune ; il n’avait que deux ans quand vous avez sorti le premier album de Skid Row. A quel point a-t-il participé à revitaliser les vétérans du rock n’ roll que vous êtes ?
Il a apporté énormément d’énergie et vocalement, il a tout apporté. Tous les quatre, nous lui avons dit : « Sois toi-même, aborde chaque chanson comme tu le ferais naturellement. Fais ça, travaille avec Nick et ce sera parfait. » C’est ce qu’il a fait. Nous avons juste attendu qu’il ait son bac pour le recruter pour être notre chanteur [rires]. En toute franchise, il a apporté beaucoup de créativité. Les chansons étaient écrites avant qu’il n’intègre le groupe, mais peu importe qui compose une chanson, que nous le fassions à deux ou seul, ça reste une chanson. On l’apporte aux autres et quand on quitte la pièce, ça devient une chanson de Skid Row. Si tu écoutes ce qu’Erik a fait par le passé, par exemple avec Heat, c’est un chanteur et un talent incroyables. C’est le premier chanteur que nous avons qui est capable de jouer d’un instrument, et le fait qu’il ait récemment survécu à un cancer le pousse peut-être à vivre encore plus à fond et à donner encore plus de lui-même. Il a d’ailleurs dit qu’il avait abordé quelques chansons en tirant parti de son vécu. Il a fait un boulot extraordinaire et sous énormément de pression, car nous devions avoir fini à une date donnée et il fallait encore que nous répétions quelques jours avant de faire une résidence avec Scorpions à Las Vegas. C’était stressant, mais ça valait vraiment le coup. Nous avons travaillé très dur.
D’un autre côté, n’y a-t-il pas un écart générationnel entre vous, dans votre comportement ou dans votre vision des choses ?
Non, pas jusqu’à présent. Il écoute de la musique qui est plus vieille que certaines des musiques que nous écoutons, car son père écoutait du Little Richard et un tas de musiques des années 50 et 60, alors que notre background musical commence plus ou moins au milieu des années 60, même s’il y a aussi quelques trucs des années 50. Il est tout aussi passionné de musique que nous, et nous avons tous des liens dans nos goûts musicaux, avec quelques trucs qui bifurquent et que nous nous faisons découvrir. Il n’y a donc pas eu le moindre écart générationnel parce que… Je ne sais pas pourquoi, mais il n’y en a pas. Il n’a jamais dit quelque chose qui nous aurait fait le regarder en disant : « Oh, c’est gamin. » Ça n’est pas arrivé [rires].
« Nick disait sans détour : ‘Non, je n’aime pas. Je trouve que cette idée est nulle.’ D’abord, t’es un peu pris de court, mais personne dans ce groupe n’a vraiment d’égo. »
Nick a dit qu’il y a eu pas mal d’introspection lors de la création de cet album : qu’avez-vous découvert sur vous-mêmes ?
Personnellement, en tant que musicien, Nick m’a rappelé que j’étais capable de jouer mieux que ce que je faisais [rires]. Il était là : « Oh mec, tu pourrais faire quelque chose de mieux que ça. Donne-moi une bonne ligne de basse, quelque chose que tu aurais fait sur Slave ou quelque chose que tu aimerais entendre sur cette chanson », et alors je m’exécutais. Quand nous avons fini de travailler, j’avais l’impression d’être devenu un meilleur bassiste. C’est très important, ça fait partie du boulot du producteur, c’est-à-dire te donner l’impression que, grâce à ta prestation, tu es meilleur que sur ton dernier album. Même en tant que groupe, surtout d’un point de vue créatif, nous avons découvert que nous pouvions nous poser tous ensemble et composer un morceau à la vieille école. Habituellement, quand nous nous mettons sur un album, nous avons tous des chansons qui sont déjà faites du début à la fin, or là c’était différent. C’était comme ils faisaient des albums dans les années 70. J’avais lu des histoires sur Rod Stewart, par exemple, et pour l’un de ses albums, ils ont composé au fur et à mesure, ils enregistraient et composaient en même temps. Tu dis : « Ouah, ça doit être très stressant », mais nous l’avons fait et ça a bien fonctionné. C’était une énorme découverte.
Vous aviez autoproduit les EP United World Rebellion. Est-ce que The Gang’s All Here est la preuve que le fait de travailler avec un producteur peut être très précieux pour un groupe ?
Oh, absolument. Surtout du point de vue des chansons. Il y a plein de chansons que nous avons amenées et pour lesquelles Nick était là : « Je n’aime pas. Travaillons sur autre chose. Peut-être qu’on reviendra dessus plus tard. » Nous respections son opinion et nous appréciions son honnêteté. Il fallait laisser notre égo de côté, car il disait sans détour : « Non, je n’aime pas. Je trouve que cette idée est nulle. Ça ne sonne pas comme Skid Row. Qu’est-ce que vous avez d’autre ? » D’abord, t’es un peu pris de court quand il te dit ça à propos de quelque chose que tu as écrit, mais je ne pense pas que ça nous blessait. On s’attache à ce qu’on crée, mais personne dans ce groupe n’a vraiment d’égo. Nous avons fait avec. Quand tu entends ce genre de réflexion, ça te pousse à travailler plus dur. Il est plus jeune que la plupart d’entre nous, pourtant nous le respectons tout autant. Evidemment, son palmarès et son CV parlent d’eux-mêmes. Donc, à aucun moment nous n’avons douté que ce qu’il disait était pour le bien des chansons et du groupe.
Était-ce nécessaire de vous autoproduire à un moment donné pour réaliser que vous aviez besoin d’un producteur ?
Nous l’avons fait simplement pour économiser de l’argent ! [Rires] Je vais être franc, nous avions un tout petit budget avec ce label, donc il fallait que nous fassions des économies.
Vous avez travaillé sur The Gang’s All Here durant la pandémie : penses-tu que ça ait eu le moindre impact ?
La pandémie a eu le même impact sur nous que sur tout le monde. Nous avions beaucoup de temps à notre disposition pour être créatifs, c’est certain. Ça a surtout impacté les tournées et notre capacité de nous réunir. Nous avons trouvé le moyen de contourner ça. Nous composions par Zoom, Skype et ce genre d’outils. Nous avons essayé de rester autant occupés et créatifs que possible, mais c’était difficile par moments. Du point de vue thématique, il y a des choses qui peuvent facilement se rapporter aux situations qu’on connaît aujourd’hui dans le monde, mais nous avons toujours écrit comme ça. Il y a toujours des choses qui trottent dans un coin de notre tête et qu’on met sur papier. Cependant, j’aime dire que nous fournissons la peinture et le pinceau, et c’est ensuite à l’auditeur de peindre le tableau.
« Avec Snake et Scotti, nous sommes littéralement comme des frères. Nous avons passé plus de temps les uns avec les autres qu’avec notre propre famille, notre épouse, etc. Aujourd’hui, rien ne peut briser cette relation. »
Il y a évidemment cette idée de gang derrière cet album, que ce soit avec son titre ou l’album sur lequel on vous voit tous les cinq marcher dans la rue tel un gang. Penses-tu que vous avez retrouvé cet esprit de gang ? L’aviez-vous même perdu à un moment donné ?
Tu sais quoi ? Je ne pensais pas que nous l’avions perdu jusqu’à ce que nous trouvions Erik et qu’il ait rejoint le groupe. A ce moment-là, nous avions vraiment l’impression d’être une équipe, un gang. Toute l’idée de ce titre, The Gang’s All Here, c’est pour dire : « C’est bon, tout le monde est là. Allons faire quelque chose. » C’est un peu ce que ça signifie. Quand il est arrivé, c’était véritablement : « C’est bon, faisons quelque chose. On va botter le cul de tout le monde avec un album et une tournée. » C’est notre état d’esprit. Je ne sais pas pourquoi nous avons peut-être à un moment donné perdu cet esprit de gang. Personne n’abandonne dans ce groupe. Nous relevons tous les défis qui se présentent à nous, et c’est ce que nous avons fait. Surtout avec Snake et Scotti, nous sommes littéralement comme des frères, vraiment. Nous avons passé plus de temps les uns avec les autres qu’avec notre propre famille, notre épouse, etc. Tous les trois, nous avons passé plus de temps ensemble qu’avec n’importe qui dans notre vie. Aujourd’hui, rien ne peut briser cette relation. Il y a des fois où c’était plus difficile que d’autres, mais là où nous sommes aujourd’hui, c’est là que le groupe doit être et là que nous voulons être.
Dans le clip de « Tear It Down », on vous voit jouer sur le site de démolition d’une maison. Evidemment, l’idée de la destruction fait vraiment partie de la légende du rock n’ roll. De nombreux musiciens parlent du côté cathartique et thérapeutique de cette musique, mais est-ce qu’il y aurait aussi de ça dans le fait même de détruire des choses ?
Je ne vais pas te mentir, cette vidéo était bizarre [rires]. Ça nous a plus ou moins été imposé. Je comprends ce qu’ils essayaient de faire, mais pour moi, il n’y a aucun message caché dans ce clip. Nous ne faisions que jouer dans une rue animée du New Jersey pendant qu’ils étaient en train de démolir une maison funéraire derrière nous. C’était plutôt cool à regarder et d’en faire partie, mais je ne sais pas. Il n’y a pas du tout de sens profond là-derrière. « Tear It Down », c’est surtout une chanson qui parle d’abattre les barrières et de ne pas laisser des gens nous monter les uns contre les autres, ce qui est très courant aujourd’hui. La chanson parle de prendre ses propres décisions, de ne pas laisser quelqu’un t’influencer à ne pas aimer ou ne pas t’entendre avec quelqu’un d’autre. Tu détruis les barrières ; n’érigez pas des murs, démolissez-les.
Après, il y a bien des fois où j’ai cassé quelque chose et ça m’a fait du bien… Je ne suis pas en train de dire que nous n’avons jamais rien détruit. Nous avons cassé des guitares et autres pour un concert, mais s’il fallait véhiculer un message, il est clair que nous jetterions des télévisions par la fenêtre d’une chambre d’hôtel plutôt que de démolir une maison en arrière-plan [rires]. Mais ça aurait été dans nos plus jeunes années, car nous ne savions pas qu’il fallait ensuite payer pour les dégâts que nous occasionnions. Je me souviens quand Pantera a ouvert pour nous, Dimebag avait pour habitude de saccager toutes les loges. C’était leur première grande tournée et nous c’était notre troisième. J’entrais dans leurs loges et tout était cassé et renversé, et ça le faisait marrer. Je lui dis : « Mec, tu sais que tu vas devoir payer pour ça, n’est-ce pas ? » Il est là : « Quoi ? » « Tu fais ça un concert sur deux. A la fin de cette tournée, tu vas recevoir une facture à la place d’un chèque de salaire. » Il me regarde et dit : « Tu déconnes ?! » Je lui dis : « Oui mec, je t’assure ! » Je savais par expérience, en ayant moi-même fait des trucs stupides, qu’il y a toujours une facture qui t’attend. Si tu casses quelque chose, tu dois le payer. Simplement, ils ne te le disent pas tout de suite. La plus grosse facture que nous ayons eu à payer dans le temps, c’était probablement quatre mille dollars. Une chambre d’hôtel, des objets dans le hall d’entrée, un cendrier cassé dans l’ascenseur… Ça finit par s’accumuler.
« Je me souviens quand Pantera a ouvert pour nous, Dimebag avait pour habitude de saccager toutes les loges. Je lui dis : ‘Mec, tu sais que tu vas devoir payer pour ça, n’est-ce pas ? A la fin de cette tournée, tu vas recevoir une facture à la place d’un chèque de salaire.’ Il me regarde et dit : ‘Tu déconnes ?!’ Si tu casses quelque chose, tu dois le payer. Simplement, ils ne te le disent pas tout de suite. »
On retrouve dans l’album des chansons intitulées « Not Dead Yet » et « Resurrected » : doit-on les voir comme des commentaires sur le groupe ?
C’est à l’auditeur de décider ce que c’est. « Not Dead Yet » est une chanson qu’Erik rapporte à sa maladie et, en gros, au fait de la vaincre, de lui dire d’aller se faire foutre. C’est ce que cette chanson signifie pour lui. Je pense que chaque morceau a un sens un peu différent pour chacun de nous, comme pour l’auditeur. Donc, « Resurrected », oui, sur le papier, ça dit probablement : « On est là, on est de retour, on renaît de nos cendres. Les gens nous ont considérés comme étant finis, mais on est encore là. » C’est ce que ça veut dire pour moi. Ça peut vouloir dire autre chose pour Scotti ou pour Rob. Chaque chanson est une interprétation.
Evidemment, à chaque fois que vous vous êtes séparés d’un chanteur, les fans et les médias ont espéré que vous vous réconciliiez avec Sebastian Bach. Sebastian lui-même l’a espéré visiblement, mais vous avez toujours été inflexibles, rejetant systématiquement l’idée, même ne serait-ce que pour une célébration. Ça fait plus de vingt-cinq ans maintenant : sans même parler de reformation, mais de simplement renouer une forme d’amitié, est-ce que les rancœurs sont toujours là ?
Il n’y a pas de rancœur. Les gens pensent qu’il y en a, mais c’est juste qu’il y a deux entités qui ne marchent pas bien ensemble. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête et je m’en fiche. Honnêtement, je n’en ai rien à foutre. Nous sommes Skid Row. Erik est Skid Row. Ceci est Skid Row aujourd’hui et à jamais, c’est tout, et c’est génial.
Interview réalisée par téléphone le 4 novembre 2022 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Chuck Arlund (2, 6, 7), Jenny Risher (1, 5) & Vic Chalfant (3).
Site officiel de Skid Row : www.skidrow.com
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Ce Erik est très grand chanteur avec une voix de tête puissante l album est très bon par rapport aux precedents!Mais je suis convaincu que le prochain sera meilleur il sera fait en groupe!!il est enfin le digne remplaçant de Bach!
En plus il joue de la guitare un plus non négligeables pour les prochaines compos!pas besoin de savoir si il a gagné un concours pour voir qu il est bon juste tendre l oreille.J aurais adoré faire des reprises avec ce type.Excellente recrue.
Pour Bach il a perdu de sa voix..mauvaise hygiène de vie La voix est un instrument fragile.
Merci pour l interview mon nico
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