ENVOYEZ VOS INFOS :

CONTACT [at] RADIOMETAL [dot] FR

Live Report   

La chaleur d’Heaven Shall Burn


De passage en France dans le cadre de la tournée européenne de Korn, Heaven Shall Burn en a également profité pour faire quelques dates, plus intimistes, en tête d’affiche. La veille de leur concert à Paris, les Allemands sont ainsi venus à Lyon pour fouler les planches du Ninkasi Kao. Un passage très attendu par la communauté des fans du groupe car, soyons clairs, le public de Korn n’est pas forcément le même que celui d’Heaven Shall Burn et la musique des Américains semble d’ailleurs bien gentillette par rapport à l’agressivité mélodique des Allemands. C’est donc face à son public que la bande de Marcus Bischoff honore des fans lyonnais prêts à en découdre.

Initialement, les Parisiens de Deep In Hate devaient ouvrir la soirée. Mais à cinq jours de la date, nous apprenons que les musiciens ne peuvent finalement pas se produire et qu’ils seront remplacés par le groupe lyonnais In Arkadia. Un mal pour un bien car le style d’In Arkadia semble être un peu plus cohérent avec celui de la tête d’affiche du soir. De plus, les musiciens jouent chez eux, ce qui est souvent un avantage et se remarquera une nouvelle fois dans leur prestation.

Artistes : Heaven Shall Burn – In Arkadia
Date : 19 mars 2017
Salle : Ninkasi Kao
Ville : Lyon [69]

In Arkadia

19H30, les six musiciens débarquent pour la première fois de leur carrière sur la scène du Ninkasi Kao avec une intro électro. Le tout devant un public encore peu nombreux et une fosse éparse. Cette dernière peut observer de la peinture sur le visage des vocalistes (et un des guitaristes), un visage légèrement caché et capuchonné pour le bassiste, un masque pour le second guitariste sans oublier une capuche casquette pour le batteur. Avec ce style vestimentaire, les musiciens semblent hésiter entre le metal extrême et le hardcore mais, au final, cela colle bien avec le registre musical exploité. Avec un death assez moderne d’une part, concocté avec de nombreux breakdowns assassins, et quelques touches de black, la musique des Lyonnais est incontestablement percutante.

La recette fait rapidement mouche avec un public qui commence à s’agiter sous les ordres d’un des deux chanteurs qui demande à ce que les spectateurs « se pètent la bouche ». Les chanteurs feront preuve d’une aisance scénique assez remarquable et d’un charisme certain, communiquant de manière familière entre les morceaux, au point de se demander s’ils ne se voient pas eux-mêmes en tête d’affiche de la soirée ! Le pic d’intensité gagnera la foule lors de la reprise « People = Shit » de Slipknot. Heureux de voir l’engouement d’une bonne partie du public sautant lors de ce titre, le chanteur se rassure et fait un trait d’humour : « on pensait que vous n’écoutiez que Rhapsody » (tout en précisant qu’il aime bien le groupe par ailleurs). In Arkadia en profitera pour présenter « We Are Lions », un titre qui figurera sur le prochain album à paraître cette année, annonçant d’ailleurs quelques touches électroniques supplémentaires. Et c’est au terme d’un set dynamique, sans défaut et avec un son qui tâche que le public du Ninkasi exécute un circle pit assez franc du collier.

Une belle façon de dire au groupe qu’ils sont sur une pente créative ascendante et une manière élégante d’accueillir Heaven Shall Burn.

Setlist :

Head Towards Back
Greetings From The Ground
Litany
Gangbangers
Orgasmophobia
People = Shit (reprise de Slipknot)
Auswers
Perfect Bliss
We Are Lions
Recurrence

Heaven Shall Burn

Heaven Shall Burn est réputé pour être un groupe fracassant en live. Il suffit de surfer sur les plateformes vidéos et regarder les compilations des « plus gros circle-pit, wall of death, etc. » pour s’en rendre compte, le groupe y faisant régulièrement apparition. Quand bien même la salle n’affiche pas complet en ce dimanche soir de mars, on sait que la fosse ne sera pas de tout repos. Alors que les lumières s’éteignent, on peut entendre les premières notes qui démarrent le set. Et quel début. Ce n’est autre que sur le hit « Hunters Will Be Hunted » du précédent album Veto que les Allemands commencent leur prestation. Alors que le public chante déjà et s’énerve dans la fosse, les musiciens apparaissent dans leur style habituel, c’est-à-dire de manière sobre. Le chanteur Marcus, vêtu d’une chemise noire et une coupe de cheveux de l’étudiant modèle, n’est pas en réserve de démontrer qu’il n’est pas si sage qu’il n’y parait. Malgré un chant un peu en retrait en début de set, le son est dans l’ensemble correctement dosé. Scéniquement parlant, le groupe a également misé sur la simplicité avec un fond de scène présentant le logo d’Heaven Shall Burn, et quelques effets de fumée, et un jeu de lumières chaudes, donc assez éloigné de ce qui avait été proposé par exemple lors de leur passage au Hellfest l’année dernière. 

Ce qui fera la force de leur prestation est le sens de la communication de Marcus envers le public, par des mouvements de bras marquants le tempo, ou jouant au air guitar (pouvant parfois paraître tendancieux si vous avez l’esprit mal tourné). Sa présence est telle qu’elle efface complètement les autres musiciens, en particulier le batteur qui paraît comme quasiment invisible, tellement l’attention se porte exclusivement sur le leader en mouvement constant. Il n’aura donc aucun mal à faire taper des mains le public pour lancer l’incisif « Land Of The Upright Ones », qui aura un effet ravageur dans la fosse alors que l’on aperçoit déjà les premiers spectateurs dévêtus. Le groupe parcourra ce soir l’ensemble de sa discographie, en mettant un accent particulier sur « Wanderer » paru en septembre dernier. Ainsi ils quitteront la scène quelques instants pour laisser le logo s’éclairer lors de l’intro de « Corium », qui semble être le titre phare de ce dernier album. Marcus, avec un second degré assumé, en profite pour embrasser son biceps d’un air séducteur/kéké des plages. Mais séducteur il l’est certainement. Ayant remarqué « de belles filles » dans le public, il invite les femmes à slammer et à venir sur scène sur le morceau « The Weapon They Fear », qui verra un jeu de lumière violet des plus chaleureux.

Heaven Shall Burn

La température monte donc, et dans tous les sens du terme. Le chanteur est complètement trempé, et avec son style vestimentaire il rappellera l’image de certains anciens ministres français en visite dans les DOM-TOM. Il jettera quelques bouteilles d’eau dans le public et dira d’un air bienveillant « vous avez besoin d’eau », tandis que parallèlement un courant d’air agréable rafraîchira la salle. L’audience ne faiblit pas d’énergie même avec la température ambiante, et cela grâce à une prestation vitaminée, carrée et sans aucune fausse note. « A l’allemande », pourrait-on dire. Le jeu de batterie aura été ce soir un véritable matraquage, les guitares et la basse se seront faites tantôt mélodiques tantôt lourdes et collent d’ailleurs parfaitement à l’ambiance puissante dégagée du studio.

Le chant growlé semble lui bien plus constant et maîtrisé sur le long terme par rapport à ce qu’on pouvait entendre par le passé. En illustre le titre culte « Endzeit » qui verra apparaître spontanément un wall of death relativement conséquent pour la taille de la salle, et ce sans que le groupe n’est à dire quoi que ce soit. C’est sur des « ahou !! » et des provocations des deux camps opposés que le mur se referme pour former une foule uniforme chantant à tue-tête et en chœur le refrain fédérateur de ce morceau qui conclut la première partie du set. En guise de rappel, le groupe interprète le titre « They Shall Not Pass » issu du dernier album, ainsi que la puissante « Black Tears », composition la plus heavy de leur discographie pour achever cette soirée en apothéose.

Fidèles à eux-mêmes, les musiciens n’ont pas économisé leurs efforts pour singulariser cette date. Certes les mélodies dévastatrices d’Heaven Shall Burn ne sont pas taillées pour les oreilles de l’auditeur lambda, mais chacun y reconnaîtra une intensité propre brillamment retranscrite pour le live, appuyée par l’engouement des musiciens et la sympathie qu’ils dégagent. Alors qu’importe la notoriété du groupe qui est sûrement en deçà de ce qu’elle devrait réellement être, en tout cas en France. Il n’en reste pas moins qu’Heaven Shall Burn est incontestablement un groupe de partage.

Setlist :

Hunters Will Be Hunted
Bring The War Home
Voice Of The Voiceless
Land Of The Upright Ones
The Only Truth
Corium
Counterweight
Downshifter
The Omen
Combat
Passage Of The Crane
The Weapon They Fear
Godiva
Awoken/Endzeit

They Shall Not Pass
Black Tears

Live reports : Jean-Florian Garel.
Photos : Damien Renard.



Laisser un commentaire

  • Arrow
    Arrow
    Metallica @ Saint-Denis
    Slider
  • 1/3