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Metalanalyse   

Chickenfoot : pourquoi en demander plus ?


Être ce que l’on qualifie de « super groupe » est peut-être davantage une tare qu’une bénédiction. Entre ceux qui attendent de vous plus que vous ne voulez en faire et ceux qui prêtent de mauvaises intentions à votre existence, rares sont ceux qui abordent votre œuvre sans préjugé. Ce n’est pas ce que vous proposez qui est apprécié mais ce que vous auriez dû proposer. Ce ne sont pas vos réelles motivations qui sont prises en compte mais celles que vous avez peut-être ou n’avez peut-être pas eues. On vous juge pour ce que vous n’êtes pas, pour ce que vous ne serez sûrement jamais ou pour ce que vous ne voulez surtout pas être. En même temps, un rassemblement de grands noms d’une scène ça fait toujours de la publicité de manière implicite, alors il faut accepter son statut et les préjugés du peuple qui vont avec.

Chickenfoot a compris ça et d’ailleurs se contrefiche de son statut. Au contraire, il s’en amuse. Preuve en est ce nom ridicule (« pied de poulet » en français) ou cette vidéo stupide pour le dernier single « Big Foot » où un homme déguisé en poulet géant s’échappe d’un poulailler, vole une voiture puis un vélo, se bat avec Big Foot et fini par se faire renverser par une camionnette en rencontrant une charmante créature. Un humour léger et décalé dont fait preuve le groupe depuis le début, comme pour dédramatiser ce line-up composé de pointures du rock.

Joe Satriani – doit-on le présenter ? – nous affirmait à propos du terme « super groupe » : « Je sais que tu dois l’utiliser parce que tu es journaliste et que tu dois bien nous qualifier de quelque chose ! […] Avec ce mot, « super-groupe », c’est plus facile pour toi de présenter ton histoire à tes lecteurs, au lieu de dire : « Ce nouveau groupe composé de… », et de développer une phrase super longue décrivant tout le monde. Ça ne va pas plus loin, on ne prend pas ça au sérieux. On est juste un groupe, c’est tout. » Alors ne tombons pas dans la facilité et parlons de ce nouveau groupe composé de Sammy Hagar, chanteur rouquin à la voix chaude ayant officié au sein de Montrose et Van Halen sans compter une riche carrière solo, une marque de tequila prestigieuse et un club-restaurant le Cabo Wabo Cantina, Joe Satriani, guitar-hero au feeling inimitable, connu pour avoir été le professeur d’un certain Steve Vai au début de sa carrière et ayant influencé pléthore de guitaristes à travers le monde, Michael Anthony, ancien bassiste de Van Halen mais aussi connu pour ses chœurs aigus immédiatement reconnaissable, et Chad Smith batteur au groove imparable des Red Hot Chili Peppers, aussi à l’aise dans un contexte rock que funk. C’est trop long comme description ? Alors parlons plutôt de ce groupe de quatre mecs doués qui se font plaisir en jouant du rock. Voilà, c’est mieux.

L’humour était évoqué un peu plus haut et l’humour encore est à l’origine du nom du second album de Chickenfoot : sobrement intitulé III. III ? Mais n’a t-il pas été dit qu’il s’agissait du second album ? « Le titre est une plaisanterie. On est comme ça, on aime bien s’amuser et ne pas se prendre au sérieux » avoue Joe. Mais ce titre était aussi, selon le chanteur Sammy Hagar, une occasion de mettre en avant l’évolution de la musique du groupe : des titres nettement plus solides qui lui procurent la sensation d’avoir sauté un album. Musicalement, l’espace séparant III de son prédécesseur n’est peut-être pas aussi creusé que le veut Sammy. Après tout, le premier album était déjà bien abouti et, fait assez rare aussi tôt dans la carrière d’une formation rock, voyait le quatuor établir un style propre et immédiatement reconnaissable. On parle donc bien de continuité. Cependant une tournée est passée par là, ce qui a permis aux musiciens de mieux se connaître et mieux définir où ils souhaitent emmener leur musique. Le résultat est un album moins spontané mais plus travaillé. Là où le premier disque proposait de nombreux moments semblant tout droit sortis de sessions d’improvisation, ce III offre dix chansons bien cadrés et visant l’essentiel. Dix chansons élaborées dans ce style entre groove et accroche mélodique qui fait le caractère de Chickenfoot.

Citons « Last Temptation » entre ses phrasés à la Soundgarden dans le couplet et un refrain entêtant à souhait ; un « Alright Alright » léger faisant écho au « Oh Yeah » du premier album ; la ballade « Come Closer » qui dévoile la part de David Coverdale en Sammy Hagar pour la sensibilité – voire sensualité – touchante dont il fait preuve ; le pesant « Three And A Half Letters » alternant couplets orageux et parlés où Sammy se met dans la peau de personnes socialement en difficultés et un refrain bien rock où Sammy hurle désespéré « I need a job, I need a job, I’m willing to work, but I need a job ! » (la crise est passée par là) ; ou, bien entendu, le single « Big Foot » au groove infectieux.

Voilà ce que représente l’album III sorti la semaine dernière : une compilation de dix chansons bien distinctes et identifiables à l’ère où les albums de rock ont trop souvent une tendance à se répéter et se noyer dans l’homogénéité. Mais aussi le travail de recentrage sur l’essentiel pour exploiter au mieux les talents individuels au service de la musique. Ainsi Sammy exploite au maximum ses diverses facettes vocales. Joe se contente de jouer les bons riffs aux bons moments, les bons solos là où les chansons les réclament. Le pourtant réputé discret Michael prend une place prépondérante non seulement dans son jeu de basse mais aussi dans ses chœurs davantage exploités qu’ils ne l’étaient sur le premier album – voire dans Van Halen. Et puis il y a Chad et son groove… que dire de plus ?

Au final, la force de Chickenfoot et de second album est assurément le plaisir palpable que prennent les musiciens à faire de la musique ensemble et le condensé des personnalités fortes qui s’en dégage. Ce n’est pas grand-chose mais, « super groupe » ou pas, en faut-il plus ?



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  • super son en tout cas! contrairement à ce que dit XnX je trouve ce groupe vachement prenant pour: la simplicité et l’efficacité
    c’est le rock que j’aime parce-qu’il y a de la puissance de l’aisance et du smile, je ne parle même pas des couleurs magnifiques et différentes de chaque morceaux… bref pas de tête de mort, ce rock là à enterrer les planches de ouija et autre tatouage tribale à la con.

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  • super groupe ne signifie pas super album.
    C’est propre , carré, bien joué mais…c’est tout . Mou du genou et incroyablement chiant.
    Un album que l’on oublie aussitôt l’écoute terminé. Le premier était boring au possible et celui ci guère mieux.Pour ma part,c’est une déception.
    Je passe.

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