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Interview   

Chimaira s’est construit dans le changement


Mark Hunter ne voit pas une seule seconde les nombreux changements de line-up de Chimaira depuis la fondation du groupe il y a quinze ans comme quelque chose de négatif. S’il est le seul rescapé de l’aventure originelle, il a réussi à maintenir un état d’esprit et une vision du metal, qui fait que l’entité existe toujours aujourd’hui. Après deux albums où l’on a vu le groupe aller dans des directions différentes, à la fois plus sombres et plus variées que le metalcore pratiqué par le groupe au début des années 2000, Chimaira est de retour en 2013 avec Crown Of Phantoms, et qui réunit, comme nous le raconte Mark dans l’interview qu’il nous a accordé, le passé de Chimaira, l’expérience acquise grâce aux deux opus précédents et une volonté toujours présente de proposer une musique plus intense.

De l’intégration des nouveaux éléments dans le groupe, les ex-Daath, à leur rôle grandissant et essentiel dans Chimaira, jusqu’au procédé d’écriture et les thèmes évoqués de ce septième album du groupe… Mark Hunter fait le tour complet avec nous de la bouillonnante question Chimaira en 2013.

« Nous voulons être des pionniers, nous voulons faire des choses qui sortent un peu de l’ordinaire, peu orthodoxes. Et je crois que c’est nécessaire, rien qu’en tant qu’artiste. »

Radio Metal : Tu as récemment dit que quand tu as démarré ce groupe, tu avais le désir de faire un metal extrêmement lourd et éclectique. Est-ce que le style de Chimaira aujourd’hui rejoint tes attentes des débuts ?

Mark Hunter (chant) : Je crois. Je pense que cela suit une certaine tradition, dans le même état d’esprit que j’ai toujours eu et toujours dans les bases du style et du groove que je préfère. Et je crois que cette expérimentation doit être éclectique, tout en ayant toujours la possibilité de faire évoluer notre son, ce qui est excitant.

Quand tu dis que le groupe « a traversé l’enfer » pour en arriver là, visais-tu spécifiquement quelque chose ou quelqu’un ?

C’est en référence aux différents revers du groupe à travers les années, dans une industrie en constante évolution, avec les labels, les différends, les changements de line-up… Et il semble qu’à chaque fois qu’un mur se met en travers du groupe, le groupe décide de faire tomber ce mur. Parfois ce sont des membres de l’équipe qui s’en vont, mais le but est toujours de gravir et de démolir les obstacles.

Comment avez-vous réussi à garder une cohérence et une continuité après avoir changé si souvent de musiciens ?

Je crois que c’est largement dû au fait que l’essence de Chimaira a toujours été que chaque musicien amène son propre flair artistique et, combiné avec l’apport d’autres personnes, cela crée un son hybride. Et ce n’est pas essayer d’être sur un style spécifique. C’est essayer d’être abstrait. Et en étant abstrait, cela s’imbrique… de l’ordre au chaos, de la façon dont l’univers fonctionne. Cela tourne finalement en s’organisant tout seul, en ayant un style qui convient à tout le monde qui y met son cœur et sa propre intégrité. On ne s’inquiète pas vraiment d’avoir un son ou d’être dans un genre particulier. On se contente de jammer ensemble et de voir ce qui se passe, d’écrire avec notre cœur et que ça sonne le plus lourd possible ! Nous avons suivi cette tradition depuis le premier titre écrit en août 1998 jusqu’au dernier que nous avons fait au début de l’année 2013.

Jeremy (Creamer), Emil (Werstler) et Sean (Zatorsky) viennent tous du même groupe (Daath). Est-ce plus une coïncidence ou quelque chose de totalement voulu ?

C’est principalement venu d’une tournée avec Daath, c’est comme cela que sont nés le lien et l’amitié avec Jeremy, Emil et Sean. Nous nous sommes vraiment bien entendus, y compris au niveau des goûts musicaux, de l’organisation et de l’engagement dans la musique. Nous pouvions simplement dire qu’il y a eu une alchimie d’emblée, et travailler ensemble avait semblé être ce que nous voulions faire. C’était mon idée, mais c’était sur la base d’une alchimie et d’une vibration, autant que d’un désir de travailler ensemble sur une capacité musicale, grâce à leurs formidables compétences.

Certains fans ont été surpris par les deux derniers albums, qui sont plus lourds et sombres, ont un tempo plus lent et vont dans des directions musicales différentes, comme le death metal, par exemple, laissant un peu de côté le style metalcore que l’on avait l’habitude de vous entendre jouer. Crown Of Phantoms semble réunir les riffs rapides et la spontanéité du vieux Chimaira avec le récent style plus lourd et sombre. Partagerais-tu cette analyse ?

Je crois, oui. Je pense que c’est sur les deux derniers albums où on a commencé à vraiment se dire qu’il ne fallait pas trop s’inquiéter, et mettre plus… Je ne sais pas comment expliquer ça… C’était plus improvisé et moins élaboré, et je crois que c’était impératif d’apprendre à faire quelque chose en partant de rien. Mais avec Crown Of Phantoms, il y avait forcément des moments d’improvisation, mais beaucoup avait été prévus, ce qui correspond plus à ce que l’on faisait avant dans Chimaira. Je crois qu’en sortant un peu des sentiers battus sur les deux précédents albums, en étant un groupe plus improvisateur, en prenant cette connaissance et cet apprentissage, et revenir après d’une manière plus préparée, réfléchie et calculée, la combinaison a résulté en quelque chose comme tu l’as décrit, une mixture de ce que vous aviez l’habitude d’entendre, avec ce qui était dans les deux albums précédents, mais également quelque chose de complètement nouveau.

« Être capable de travailler avec des gars qui sont tous ce que je considère être des virtuoses avec leur instrument est assurément un défi et une amélioration. »

Il y a beaucoup d’influences sur cet album, venant de styles de metal très différents. Est-ce que les nouveaux et les anciens membres du groupe partagent toujours ta vision d’un metal éclectique et diversifié ?

Je crois. Je pense que la majorité d’entre nous dans le groupe, qui sommes des fans de metal et adorons le genre, recherchons définitivement le changement et à ne pas suivre un format, tu vois ? Nous voulons être des pionniers, nous voulons faire des choses qui sortent un peu de l’ordinaire, peu orthodoxes. Et je crois que c’est nécessaire, rien qu’en tant qu’artiste. Je veux dire, il y a des groupes qui sortent des albums qui sonnent de manière très similaire d’un bout à l’autre, et ça ne me pose pas de problème. Nous ne faisons tout simplement pas partie de ces artistes. Et tout le monde dans le groupe vient d’un endroit avec des racines très diversifiées, que ce soit de la musique populaire comme le rap, la pop, électronique ou plus avant-gardiste comme le jazz, le classique ou le jazz gitan… Cela, mélangé au metal traditionnel et à la lourdeur, apporte encore plus de couleur au spectre.

Pourrais-tu nous en dire plus sur le procédé d’écriture du dernier album ? Est-ce que les idées principales viennent de toi et sont développées ensuite par les musiciens, ou mettez-vous en place les voix et les paroles une fois que la musique est faite ?

Le procédé d’écriture a été fait avec une méthode très intéressante. En fait, nous avons utilisé la technologie avec les riffs de guitare et tout le reste sur un ordinateur portable, et nous avons envoyé les pistes par e-mail à tout le monde. Nous avons construit les chansons de cette manière. J’écris la majeure partie des paroles et des parties vocales une fois que la chanson est arrivée à un point où je me sens capable d’y raconter une histoire entière et d’y mettre des parties qui se répètent et dont on peut se souvenir. Cela vient donc forcément après, et je dirais que la majorité des riffs lourds, l’écriture des riffs en général, a été faite par Emil et tout le monde a contribué en apportant sa propre touche et son grain de sel ensuite. Si nous construisions une maison, nous dirions qu’Emil a fait les fondations, et Austin (batterie) est venu pour poser les cloisons sèches, puis la peinture, etc. Tout le monde a fait sa part et sa section de la maison pour réaliser un produit complet.

Un élément frappant de ce nouvel album est le jeu de guitare d’Emil et de Matt qui est encore plus rapide et plus technique que tout ce qui a déjà été fait dans Chimaira. Est-ce que cette progression technique musicale a été importante pour toi, et d’une certaine manière le moyen d’atteindre un nouveau palier dans la carrière de Chimaira ?

Eh bien, je le pense. Je crois assurément que nous sommes dans une ère musicale où tu ne peux plus faire semblant. Nous sommes à une époque tellement transparente qu’il faut que tu sois excellent au niveau instrumental. Être capable de travailler avec des gars qui sont tous ce que je considère être des virtuoses avec leur instrument est assurément un défi et une amélioration. Je le ressens comme si nous avions amélioré le système d’exploitation, si nous étions un ordinateur. C’est ce que je ressens, il a tous les nouveaux logiciels et hardwares, mais au bout du compte ça reste un ordinateur. Mais si je le ressens comme une amélioration et une évolution musicale, c’est parce que les gars sont extrêmement talentueux, mais ils savent aussi… Tu sais, je ne suis pas fan de ces albums où le groupe est si talentueux que tout ce qu’ils font c’est se mettre en valeur ! Parfois c’est cool, juste de se défouler ! C’est ce que j’aime sur un titre comme l’éponyme « Crown Of Phantoms », où les gars se contentent de jouer ! Ce n’est vraiment pas le titre le plus technique d’aucune manière que ce soit, mais c’est juste une bonne chanson. Alors je pense que cela est vraiment parlant quant au côté complet des musiciens, quand tu peux commencer un album avec une chanson comme « The Machine », qui est vraiment rapide et technique avec des tonnes de changements et de parties folles et après, avoir un titre comme « Crown Of Phantoms » qui, dans mon opinion, est comme une version lourde de Nirvana ! Donc c’est vraiment cool de pouvoir avoir les deux casquettes tout en restant les mêmes.

Le premier single « No Mercy » est musicalement sans compromis et montre que la colère que tu avais au début du groupe n’a pas diminuée. A qui ou quoi n’accordes-tu aucune « pitié » dans cette chanson ?

Cette chanson est à propos de la mort de l’ego et toutes les couches de l’ego que nous avons, quand nous faisons constamment de la réflexion personnelle et trouvons parfois qu’il y a une partie du soi qui s’accroche juste un petit peu trop longtemps. Cela peut-être un aspect négatif, et nous essayons de complètement changer cela, le voir comme si c’était un problème psychologique, du système et du cerveau, et tuer ces parties d’ego, pour essayer d’être des humains plus équilibrés et empathiques.

Le titre “The Transmigration” est remarquable sous différents aspects : il est vraiment différent du reste des autres titres, mais il montre également une capacité du groupe à faire des chansons ambiantes et aériennes. D’où est venue l’idée d’un tel titre?

Emil voulait avoir une intro au titre éponyme, et je sais que l’inspiration est venue de l’album de Testament, The Gathering, de la façon dont l’album commence. En dehors du fait qu’Emil l’aimait vraiment, il voulait faire son propre truc, pas identique, mais qui avait une forme d’essence proche de cette intro. Donc en fait, lui et Zat (Sean Zatorsky) se sont échappés dans un coin sombre du studio un jour, et environ douze heures plus tard, ils avaient refait surface et c’était le résultat final.

A propos de leur campagne de crowdfunding : « C’était vraiment cool, et une leçon d’humilité à la fois, que nous ayons doublé notre but initial. Je crois que ça parle énormément à tous ceux qui pourraient avoir des doutes sur le groupe. Cela leur ferme vraiment le caquet ! (Rires)

Vous avez lancé une campagne de financement participatif pour soutenir la sortie d’une édition spéciale en CD/DVD pour les fans. Est-ce une façon pour vous de réunir les forces et de ramener une forme d’unité des fans autour du groupe ?

Je crois que c’est important, je crois assurément que c’est une bonne raison, oui. Mais également, nous sommes tellement dans une ère où c’est le « Far West » dans l’industrie musicale, où tout change, que c’est un nouveau débouché que notre public nous a présenté, qu’ils avaient expérimenté avec d’autres groupes et voulaient que nous fassions de la même manière. Je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce que nos fans nous le suggèrent. Et c’était vraiment cool, et une leçon d’humilité à la fois, que nous ayons doublé notre but initial. Je crois que ça parle énormément à tous ceux qui pourraient avoir des doutes sur le groupe. Cela leur ferme vraiment le caquet ! (Rires) Mais c’était une manière géniale d’étendre l’expérience de l’album et faire quelque chose qui pourrait être un petit peu “ancienne école”, le fait de faire des clips et un documentaire, en le faisant de manière novatrice.

Quels sont vos plans de tournée pour soutenir cet album ? Viendrez-vous en Europe une fois que la tournée américaine de cet été sera terminée ?

Oui, c’est sûr. Je crois que nous allons tourner au moins un an avec cet album, et nous voulons aller aux quatre coins de la planète. L’Europe est à l’horizon, nous visons pour cet automne, et j’espère franchement que nous y serons.

Nous savons que tu es un grand fan de Nine Inch Nails et Trent Reznor. Comme lui, tu fais une carrière avec des musiciens différents sans perdre de ta route. Est-ce une comparaison que tu accepterais que l’on fasse ?

Je suis assurément un fan, c’est absolument une source d’inspiration, et je crois franchement que c’est génial que chaque album qui est produit avec un line-up différent maintienne l’intégrité originelle, mais je n’essaie franchement pas de l’imiter ! Les changements de line-up sont quelque chose que je n’ai jamais anticipé, cela arrive, et plutôt que de les laisser me dicter la fin de ma carrière en tant que musicien, je m’en sers pour l’améliorer.

Es-tu enthousiaste à l’idée de la réunion de Nine Inch Nails et du nouveau line-up du groupe ?

Je suis intéressé, je ne peux pas dire que j’ai été ravi par le premier titre qui est sorti, mais cela ne me dissuade pas d’écouter le reste de l’album. Je suis toujours enthousiaste ; je n’ai simplement pas été fan du nouveau titre et du nouveau clip.

Interview réalisée par téléphone le 22 juillet 2013 par Amphisbaena
Retranscription et traduction : Amphisbaena

Site internet officiel de Chimaira : www.chimaira.com

Album Crown Of Phantoms sorti le 12 août 2013 chez eOne Music.



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