Quand la plupart n’ont qu’une passion, ou du moins ne se consacrent régulièrement (au mieux) qu’à une seul d’entre elles, Chloé Trujillo a toujours tout fait pour se consacrer pleinement à chacune d’entre elles et consacre, et ce depuis sa tendre enfance, sa vie à la pratique de diverses formes d’art, allant du chant à la peinture.
Une passion probablement héréditaire, entretenue par un environnement familial grouillant d’artistes en tout genre (ses grands-parents étant musiciens et ses parents designers), un goût pour l’évasion par la spiritualité qui lui a été étonnamment inspiré par son étude des sciences. « Étonnamment » car on aurait naturellement tendance à vouloir opposer art et science tandis que pour Chloé ils sont entremêlés. Les mathématiques peuvent faire travailler l’imaginaire tout comme la recherche d’une alchimie artistique peut découler d’une recherche de logique.
Le sens et la raison profonde de son art ne s’imposent à Chloé Trujillo qu’après coup. L’artiste trouve à ce titre dommage que les médias favorisent trop des hits artistiquement vides et que la créativité ne soit pas encouragée. Que ce soit par ces médias ou le système éducatif français, qu’elle oppose à celui des États-Unis, peut-être un peu moins académique, mais plus actuel et engageant.
Un discours humain dont notre société « en plastique » a bien besoin et qu’elle est peut-être même en train de retrouver petit à petit. Une simplicité qui humanise le monstre commercial inaccessible dont fait partie son mari Robert Trujillo au sein de Metallica (« la famille » telle qu’elle l’appelle). Au cours de cet entretien fleuve (1h30 !) que la très sympathique et naturelle Chloé a accepté de nous accorder, on touche de très près le mythe de Metallica, mais avec un regard décalé, celui du quotidien d’une épouse. Et, à travers de nombreuses anecdotes, on y découvre un couple charmant, une famille qui essaie de se faire discrète malgré sa notoriété. Une lecture réjouissante et que nous recommandons chaleureusement dans l’espoir d’éviter à certains de ne voir en un groupe à succès que du business.
Radio Metal : Comment vas-tu ?
Chloé Trujillo : Ça va, il est 11h30 ici et il y a un peu de fraîcheur aujourd’hui à Los Angeles, ça fait du bien ! Ces deux dernières semaines il faisait plus de 40° C.
Tu te lèves presque quand nous allons aller nous coucher…
On se lève tôt ici, je me suis réveillée à 6 heures.
On dit que Los Angeles est une ville de fêtards et que les gens se couchent tard, la réalité est différente alors ?
Certaines personnes vivent comme ça mais quand on a deux enfants qui vont à l’école de bonne heure le matin, il faut les emmener. De plus nous sommes des bosseurs, cela ne veut pas dire qu’on ne va pas sortir de temps en temps mais on se couche généralement pas trop tard et on se lève très tôt. Mais j’aime ce que je fais et ça fait plaisir d’avancer et d’être productif.
Tu donnes l’impression de ne pas t’ennuyer dans la vie. Tu fais beaucoup de choses, tu peins, tu chantes, etc. D’ailleurs, tu peins un peu sur tout : des planches de surf, des instruments de musique, des foulards. D’où vient cette volonté ? Est-ce un moyen de laisser ta marque sur le monde entier ?
Non, je ne sais pas, ça vient naturellement. Déjà toute petite, je gribouillais tout le temps. A l’école, je dessinais au crayon de papier sur la table de cours et j’effaçais ensuite. Dans les plus grandes classes, on avait tous un agenda, le mien était rempli de dessins. J’ai l’impression que cela me fait utiliser un zone de mon cerveau qui me transporte ailleurs mais j’arrive en même temps à être très présente. A l’école par exemple, on me voyait gribouiller tout le temps et certains professeurs n’aimaient pas ça mais cela me permettait d’absorber dix fois mieux la leçon que si j’étais en train de ne rien faire, en train d’essayer de me concentrer pour écouter. C’est naturel, ce n’est pas pour laisser ma marque partout, j’adore ça c’est simplement une passion. Je fais la même chose à la maison. Je suis actuellement à mon bureau et je suis face à mon ordinateur et il est gribouillé de partout, il en est de même pour mon bureau. Mon mari essaie de me freiner car j’aimerais aussi peindre la voiture. [Rires]
Ça le gêne que tu dessines partout ?
Non, mais il aime bien être discret donc il ne veut pas que je peigne la voiture. Nous avons une Jeep noire et j’imagine déjà un gros œil sur le devant… Si Robert ne me freinait pas elle serait déjà peinte.
D’où vient cette obsession pour les yeux, qui sont très présents dans tous tes dessins ?
Bonne question. Mon processus pour peindre est vraiment très mystique et spirituel. Ce sont comme des visions qui me forcent à les exprimer et les sortir de moi sur une toile ou sur tout autre support, peut-être bientôt sur la voiture, on ne sait pas. [Rires] Selon les visions, l’œil prend différentes significations. J’essaie de ne pas trop analyser ce que je fais quand je suis en train de peindre. Souvent, une fois la peinture finie, je la mets à l’envers, ne la regarde pas pendant un moment et essaie ensuite de l’analyser. C’est au moment où je commence à analyser la peinture que j’en découvre moi-même la signification car il y a toujours une histoire derrière. Cela se rapproche du domaine du rêve, il y a énormément de symboles, de choses qui ne paraissent pas évidentes, c’est une succession d’images qui, peut-être, à première vue, semblent complètement absurdes, mais lorsque tu commences vraiment à regarder, à analyser, tu comprends ce que cela signifie. L’œil peut être celui qui voit tout, il peut être un symbole pour ce que l’on peut appeler « Dieu ». J’avais fait la peinture « Dyers Eve » (ndlr : voir ci-dessous) d’après le morceau de Metallica où tu as une grosse pupille, et ça c’est l’œil qui surveille tout. Il y a différentes significations et je crois que j’ai une grosse relation avec les yeux ! [Rires] Ce n’est pas vraiment un choix.
On dirait que la manière dont tu peins est quelque chose qui te dépasse puisque tu dis que tu ne sais même pas ce que tu es en train de peindre, que tu n’en connais pas la signification. Il y a visiblement une force supérieure qui s’exprime à travers ta peinture.
Oui, une expression dit que l’on est comme une flûte et qu’on se laisse jouer. C’est comme si je me laissais faire, ça passe par ma main mais ce n’est pas un choix, ce n’est pas quelque chose de vraiment conscient. Je vois ce que je suis en train de peindre et au moment où je fignole, où je rajoute les ombres cela devient plus du raisonnement. En revanche, tout ce qui concerne les symboles vient seul se mettre dans la peinture, c’est vraiment une expérience spirituelle. J’en sors avec beaucoup plus d’énergie, comme si cela me nourrissait.
N’est-ce jamais arrivé que tu fonctionnes différemment, que tu te dises à l’avance ce que tu pourrais faire et qu’il y ait eu une réaction préalable à une peinture ?
J’ai participé à quelques expositions qui voulaient que les artistes travaillent sur un thème précis mais même en travaillant ainsi il y a toujours quelque chose qui vient se mettre dans la peinture. Je pars d’une idée, je sais ce qu’il faut que je fasse selon le thème en question et je vais donc commencer par ça, puis, après, quelque part dans la peinture, viennent se rajouter d’autres éléments qui font sûrement l’identité de mes peintures. Chaque artiste a sa touche personnelle mais il est vrai que, en général, j’aime bien travailler en étant complètement libre. C’est un flot qui ne s’arrête jamais, je ne suis jamais tombée face à une toile blanche sans savoir quoi faire. Je commence sans me poser de questions et ça vient tout de suite, c’est automatique.
Tu parlais du fait que tu dessinais déjà beaucoup quand tu étais à l’école. As-tu apprécié la manière dont étaient enseignés la musique et les arts visuels à l’école primaire, au collège ou au lycée ? Très peu de personnes ont eu envie de se lancer dans l’art suite au cours d’arts plastiques qu’ils ont eu en cinquième.
Je pense que c’était déjà une passion ancrée en moi. Je suis née au milieu de ça, mon grand père était chanteur professionnel d’opéras. Quant à moi j’écoutais plus du metal, du death metal et du grindcore, j’étais intensément là-dedans. C’était à l’opposé du style de mon grand-père mais cela restait tout de même du domaine musical. Mes parents étaient stylistes, ma mère peignait tout le temps. J’avais donc déjà cette passion ainsi ils n’ont pas réussi à m’en dégoûter mais l’art et la musique ne sont pas des matières que l’on privilégie en France. Même si ces apprentissages font partie du programme, ils sont un peu laissés de côté. J’étais très forte en maths et mon père m’a toujours dit de les travailler. Je suis allée à la fac Pierre et Marie Curie à Paris, j’ai fait mon DEUG « Sciences et Structures de la Matière » tout en continuant à faire mes dessins en étant plus ou moins malheureuse car je n’étais pas dans mon élément. J’adore les maths mais apprendre la physique, la chimie et tout ce qui est autour me prenait des heures de travail, ce n’était plus quelque chose dont j’étais passionnée. Finalement, je suis retournée à l’art et là je me sentais dans mon élément. En ce qui concerne l’éducation aux arts, lorsque plus tard je me suis retrouvée à la fac, je trouvais ça génial de pouvoir apprendre les différentes techniques, comme celle de la peinture à l’huile, je suppose qu’en musique c’est la même chose.
Je chante et je continue à voir mon coach vocal pour être sûre d’être bien dans ma technique. Cependant, une fois que la technique est absorbée il faut presque la laisser tomber et laisser son âme ressortir. Une fois que l’on est très bon techniquement il s’agît de s’exprimer à travers la technique que l’on a apprise.
Tu disais que la France ne mettait pas spécialement l’apprentissage des arts en avant, est-ce quelque chose de plus répandu aux États-Unis ?
Je ne dis pas que c’est beaucoup plus répandu mais, par exemple, mes enfants ont huit et six ans et vont dans une école américaine. Mon fils joue de la basse, de la guitare et de la batterie, il a vu ça à l’école ! Récemment l’établissement a décidé de monter un groupe de rock avec tous les élèves intéressés, quel que soit leur niveau ou leur âge. Ils ont accepté de prendre notre fils, c’est le plus jeune. Il est très intéressé et sait déjà jouer quelques morceaux, il adore ça. Je trouve ça bien que, sans les pousser, ils écoutent les passions des élèves pour ensuite monter des projets tel qu’un groupe de rock après les cours pour leur permettre d’utiliser les instruments et les locaux de l’établissement afin de, peut-être, aboutir à un spectacle, je trouve ça génial, je n’ai pas eu ça à l’école !
En France, on a la flûte !
Oui. [Rires]
Peut-être est-ce une question de différence des cultures, la culture européenne vient des siècles passés alors c’est peut être la raison pour laquelle la musique y est enseignée de manière très académique tandis que celle des États-Unis est plus récente, ils baignent dans la culture pop, le rock, cela doit avoir une influence…
Oui, l’année dernière par exemple ils ont refait les Tambours du Bronx… La prof de musique a cherché de vieilles casseroles et de vieux objets désaffectés et les enfants tapaient dessus en rythme avec des bâtons. Chacun avait sa partie et ils ont monté tout un ensemble. Les parents ont été invités à venir voir le show et c’était génial ! Cela donne un goût de la musique un peu plus frais, les enfants s’éclatent et apprennent davantage. Les profs jouent un rôle sur ce que tu peux préparer pour le futur d’un enfant. C’était vraiment génial, il y avait plein de vieux morceaux, ils avaient même repris un morceau d’Infectious Grooves. Cette professeur est cool et les élèves sont ouverts à beaucoup de choses. Elle passe par le jazz, le funk, le blues, le rock, le hard rock, le hip hop, le rap, tout est enseigné. Le blues et le jazz sont plus enracinés dans la culture américaine mais ils prennent vraiment une approche plus fun, donc les enfants sont attirés et prennent plus de plaisir dans leurs cours de musique. En ce qui me concerne, je me souviens à quel point on s’éclatait avec les cours de flûte… [Rires]
Peut-être qu’en France on ne met pas assez en avant la richesse des instruments. Le plus souvent à la télé on ne voit que des chanteurs alors qu’aux États-Unis la culture du groupe est privilégiée. La différence se ressent dans des émissions telles que « La Nouvelle Star » dont l’équivalent outre-Atlantique est « American Idol ». En France les invités ne sont que des chanteurs alors que dans « American Idol » il y a eu des guitaristes tels que Slash, Zakk Wylde ou encore Brian May…
Les médias jouent un rôle primordial. Je n’ai pas la télé, c’est plus simple. [Rires] Je n’aurais pas le temps de la regarder. En outre, tu n’as pas besoin de regarder les informations pour savoir ce qui se passe dans le monde, tu l’entends dans les conversations. Si quelque chose d’important se passe, quelqu’un t’en parlera automatiquement à un moment ou à un autre. Il est vrai qu’en France, lorsque j’allume la télé pour voir ce qui se passe, je ne vois pas énormément de changement. Je viens une fois par an et je trouve qu’il n’y a peu de renouveau. Peut être y-a-t-il de nouvelles émissions mais c’est toujours plus ou moins les mêmes présentateurs et les mêmes têtes. Aujourd’hui nous sommes également beaucoup dans l’éphémère. Cela se perçoit à travers la télé réalité où des jeunes font leur truc pendant six mois avant d’être dégagés puis remplacés. Il n’y a plus d’animateurs charismatiques, ils sont tous identiques. La France a aussi tendance à se gargariser avec les anciens artistes qui ont eu leur passé mais qui sont pour certains vieillissant, c’est dommage. Nous sommes dans une tendance du jetable, de l’interchangeable et du vite consommé.
J’espère que cela va changer et que les gens découvriront des artistes qui ont plus de profondeur et un vrai sens. Tout ce qui est produit vite comme dans « American Idol » revient presque à traiter les gens comme des produits. On leur dit ce qu’ils doivent faire, quel look ils doivent avoir pour essayer de gagner. Ce sont un peu comme des produits finis qui seront vendus peut-être pendant un petit laps de temps. A l’opposé, il y a des artistes qui peuvent être des poètes, des musiciens ou des peintres et qui possèdent un sens plus profond ; c’est de l’art à proprement parlé. Je n’écoute pas non plus vraiment la radio. Tout ce qui est vite fait et qui n’a pour seul but que de créer de l’argent rapidement, d’être soit joué dans les boîtes ou sur les radios s’apparente à du lavage de cerveau. Ce ne sont pas vraiment des choses de qualité, elles n’ont pas de sens derrière, il est simplement question de faire un hit pour gagner de l’argent. J’espère que l’on est en train de changer et que les gens découvrent qu’il y a des choses qui ont un peu plus de profondeur.
Le divertissement s’est dégradé depuis ces vingt dernières années. Musicalement, la pop des années 1960 était représentée par les Beatles alors qu’aujourd’hui ce qui vend le plus n’est pas forcément ce qui est de meilleure qualité. Peut-être que ce sont des choses plus faciles à produire et à formater, ça doit être globalement plus rentable.
J’espère que c’est en train de changer. En sortant ma collection de foulards, j’ai fait quelques interviews pour des blogs de mode et souvent on m’a fait la réflexion que c’était facile d’écrire un article sur moi et ma collection car j’avais une histoire à raconter. Mes foulards viennent de mes peintures, il y a un sens. Les journalistes sont souvent obligés d’inventer des trucs pour raconter une histoire car, même dans la mode en général, ils ont atteint un stade de grosses productions : on retrouve partout les mêmes choses, il n’y a plus de personnalité. J’espère que l’on va changer, nous sommes tous uniques et nous avons tous quelque chose à exprimer. C’est la même chose au niveau de la nourriture, on nous empoisonne, il se passe toujours quelque chose quand ce n’est pas la vache folle, c’est un autre aliment qui est concerné, tout est traité, tout est synthétique alors j’espère que l’on revient à un monde qui soit un peu plus organique et où chacun peut retrouver son authenticité. Cela a plus de valeur que d’être un produit. Une de mes amies a auditionné pour « The Voice », elle a univers blues, elle n’a pas présenté ce qu’ils attendaient, donc elle a été recalée. Elle a constaté que ceux qui avaient été sélectionnés étaient les candidats les plus malléables, ceux qui étaient d’accord pour être transformés. Ce n’est plus authentique et c’est ça qui est dommage.
C’est quelque chose que l’on voit beaucoup dans la musique : de plus en plus d’artistes commencent à exprimer leur ras-le-bol face à la musique surproduite, trop recalée en studio et qui commencent à revenir à un son plus organique, plus brut, quitte à laisser les défauts d’interprétations d’enregistrements.
J’ai l’impression que l’on revient un peu à ça dans tous les domaines. Nous ne sommes pas des robots. Il est vrai que dans les vieux albums enregistrés en une prise, on aime entendre les petites erreurs. Peut-être qu’il y aura une note qui ne sera pas juste mais c’est justement cet élément qui va donner une touche d’authenticité et d’humanité. Je pense que nous en avons besoin.
Un auditeur de Radio Metal souligne le fait que dans la version polonaise de « The Voice » Nergal, un chanteur de death metal, est un des membres du jury. Cela prouve aussi que les choses sont en train de changer…
Je le pense aussi, en tout cas je mets beaucoup d’espoir là-dedans. On ne peut pas aller plus loin avec toutes ces choses surproduites que l’on a faites, cela devient vraiment plastique… J’espère que l’on est sur la bonne voie.
Tu as enregistré une reprise de « The Torture Never Stops » de Frank Zappa, que peux-tu nous en dire ?
Gail Zappa, la veuve de Frank Zappa m’avait demandé si je voulais faire une reprise d’un de ses titres. Je pouvais choisir le morceau de mon choix mais étant donné qu’elle avait déjà invité plusieurs artistes à faire des reprises, il fallait que j’essaie de trouver un titre qui n’avait pas été déjà repris par quelqu’un. J’étais super contente mais ensuite j’ai essayé de visualiser le nombre de morceaux qu’il y avait dans le catalogue « Frank Zappa » et là je me suis demandée comment j’allais réussir à choisir. J’aurais en premier adoré travailler sur le titre « Willie The Pimp » mais malheureusement quelqu’un d’autre l’avait déjà fait. Mon deuxième choix s’est porté sur « The Torture Never Stops » parce que j’adore sa musicalité et son histoire. Il faut préciser que c’est un morceau qui dure onze minutes, cela représentait donc aussi un challenge. A la première écoute, c’est une chanson qui paraît simple mais quand je me suis vraiment mise à l’apprendre et à la ressentir, j’en ai compris la complexité. Lorsque j’ai fait part de mon choix à Gail, elle était assez étonnée mais on s’y est mis. Il fallait maintenant trouver des musiciens qui seraient intéressés pour participer à cette reprise. A l’époque, nous habitions dans la région de San Francisco et je travaillais avec pas mal de musiciens différents mais je n’étais pas sure qu’ils auraient le temps de travailler un tel morceau. J’ai donc demandé à mon mari s’il voulait jouer les lignes de basse car la musique de Frank Zappa n’est pas si évidente mais Robert a la capacité d’apprendre assez vite. Pour le reste, Gail m’a proposé de faire appel aux musiciens de Dweezil [ndlr : Zappa, son fils] car ils connaissaient par cœur les morceaux et étaient prêts à enregistrer. Gail est basée à Los Angeles et l’enregistrement avait donc lieu là-bas. Nous avons pris un vol et en une heure nous étions sur place. Nous l’avons enregistrée en une prise. Pour la deuxième, il n’y avait que moi en train d’enregistrer un monologue sur la partie instrumentale, c’est allé très vite. Au moment de l’enregistrement, j’avais une toux et je ne savais même pas si j’arriverais à chanter sans tousser, je ne pouvais même pas parler mais Gail me dit que puisque j’allais chanter « The Torture Never Stops » en étant malade, les conditions étaient parfaites ! [Rires]
Finalement j’ai réussi à chanter d’un bout à l’autre sans tousser, c’était génial mais en même temps je me retenais, alors il y a des moments où c’était vraiment la torture, c’était complètement associé comme si cela devait se passer exactement comme ça. En ce qui concerne le monologue, la partie instrumentale originale était vide, il y avait seulement des bruits de torture. Gail m’a alors dit que ça serait intéressant d’improviser un texte où je passerais par le français et l’allemand.
Ils ont mis le micro en marche, m’ont passé ce passage instrumental dans les oreilles et j’ai improvisé. Je n’ai absolument pas compté le nombre de mesures avant la reprise du chant mais au moment où je me suis dit que j’avais fini, les paroles ont repris. C’était totalement improvisé et c’est tombé parfaitement juste. Certains moments sont magiques et tu te demandes comme cela peut arriver. Si j’avais voulu calculer et mettre en place un monologue écrit auparavant je pense que j’y aurais passé quelques heures avant que ça ne tombe bien et là en une prise c’était fait, c’est quand même incroyable ! Je suis retournée une deuxième fois au studio afin d’être là pour le mix et le mastering et aussi donner mon avis. C’était vraiment quelque chose de génial et de magique à faire. Je me suis bien amusée, j’espère qu’il y en aura d’autres.
Est-ce que Dweezil Zappa a joué sur cette reprise ?
Non.
Apparemment, tu aurais une petite anecdote concernant Robert à nous raconter quant à la préparation de l’enregistrement de ce morceau…
Comme à l’époque nous habitions encore dans la région de San Francisco nous avions pris un hôtel sur place pour passer la nuit avant d’aller enregistrer le lendemain matin en studio. Pour la petite histoire, il faut savoir que Robert a travaillé le morceau en boucle pendant une grosse partie de la nuit allongé par terre dans la salle de bain, c’était assez intense.
La salle de bain est son lieu de prédilection pour travailler ?
On était dans un hôtel donc il n’y avait que la salle de bain ou la chambre mais comme j’étais fatiguée je me suis couchée, alors il s’est gentiment mis dans la salle de bain. Tout en dormant, je l’écoutais en train de bosser en boucle et je pense que c’est pour ça que le morceau m’est si bien rentré en tête. Le lendemain Robert était complètement prêt, il m’a fait halluciner. Tout ces musiciens ne se contentent pas de jouer une partition, ils mettent de leur âme dans les notes. Ces notes expriment quelque chose, c’était une super expérience.
Tu nous disais hors antenne que Robert avait tendance à ne jamais quitter sa basse…
Oui, il l’a toujours autour de lui ! [Rires] Quand il se balade, elle est sur son épaule. Il peut faire quinze mille activités en même temps : donner le bain aux enfants et jouer avec sa basse, faire la cuisine et jouer. Je pense que c’est une seconde nature. Il s’endort aussi parfois sur le canapé avec sa basse ! Ça fait complètement partie de lui.
En fait tu n’as pas seulement épousé un homme, tu as épousé un homme et une basse !
Oui, un homme et son instrument…
Il semblerait que vous vous soyez rencontrés alors qu’il passait les auditions pour Metallica…
Non, je l’ai rencontré quand il était dans Suicidal Tendencies, ça fait très longtemps que je le connais. Suicidal jouait très souvent en France et notamment à Paris alors à chaque fois qu’ils passaient j’allais les voir. J’étais plus pote avec Rocky George et Mike Clark et je traînais avec eux à chaque fois qu’ils venaient jouer. Je voyais Robert tout le temps. En emménageant à Los Angeles, j’ai complètement perdu contact avec lui et c’est par nos amis communs qu’il a demandé à me revoir et qu’il m’a retrouvé. Il y a quelques années, un pote m’a filé une photo de Robert et moi en train de danser à l’Élysée-Montmartre juste après avoir soi-disant joué le dernier show de Suicidal, il y avait, après ce dernier show, une fête et c’est à cette occasion que la photo avait été prise, cela doit remonter à 1996, j’ai cette photo avec moi. Qui à l’époque aurait cru que des années plus tard on serait mariés avec des enfants et que l’on vivrait ensemble à Los Angeles ? C’est vraiment marrant comment l’univers fonctionne des fois.
Avant qu’il n’intègre Ozzy Osbourne puis Metallica, Robert était surtout connu pour sa ligne de basse slappée et son côté très funk, il était l’un des bassistes les plus réputés de funk metal. Depuis quelques temps, on ne l’entend plus faire ce genre de lignes de basse, connais-tu son ressenti par rapport à ça ? Est-ce quelque chose qui lui manque et qu’il aimerait remettre un peu plus au goût du jour dans son jeu régulier ?
Il est très content d’être dans Metallica, il y a une super entente entre tout le monde, ça se passe très bien mais il est vrai que quand il joue à la maison il va toujours sortir des lignes un peu plus funky, je pense que c’est quelque chose qui lui manque. J’imagine que le groupe va certainement bientôt se mettre à écrire un nouvel album, je ne sais pas exactement quand, je ne suis pas au sein du groupe pour savoir ce qu’il s’y passe. Cependant, à chaque fois qu’il y a ce genre de choses, Robert est assez actif, il aime beaucoup écrire et je sais qu’il adore tout ce côté funky. Il écoute du metal, plein de groupes différents, même des plus récents, mais il est aussi à fond dans tout ce qui est funk. Je sais que quand il a sa basse tout le temps sur lui, il joue un max de slapping et de lignes de funk, donc c’est quelque chose qu’il a quand même en lui.
Dans une interview de vous deux, Robert disait que la vie pour lui c’était le heavy metal, le funk et le surf.
Oui, c’est un peu ça.
On parle souvent de l’influence des femmes de politiciens, en est-il de même pour les femmes de musiciens, as-tu toi-même une influence sur lui ? Est-ce que tu le pousses à faire certaines choses comme mettre un peu de slap dans Metallica ?
Je pense que l’on a tous une influence sur les proches. Je lui donne parfois des conseils au niveau de la musique ou d’autres choses. Alors, oui, j’ai une petite influence. Je vois également qu’il a parfois envie de créer, il a le funk dans son cœur et je pense que ça lui manque. Il est en train de finir un documentaire sur Jaco Pastorius dans lequel il a écrit deux petits morceaux. Cela l’a remis à faire des trucs plus funky donc il s’éclate un peu. Le batteur Brooks Wackerman (Suicidal Tendencies et Infectious Grooves) qui joue maintenant pour Bad Religion, a invité Robert à venir jouer avec lui au Drums Art, un concours de batteurs auquel il participait et, à cette occasion, ils ont joué de vieux morceaux d’Infectious Grooves mais aussi d’autres titres qu’ils avaient écrit comme ça. Je pense que ce genre d’activités lui fait toujours plaisir, il adore évidemment être dans Metallica mais il adore aussi faire des choses différentes. D’ailleurs, il me dit qu’il regarde un peu mon exemple, à être un peu libre de faire des choses très variées, et je crois que ça l’inspire sans que j’ai besoin d’en parler. Quand il y a des petits concerts qui viennent ici et là, cela lui permet d’avoir aussi ses petits échappatoires. Il écrit également à chaque fois pour Metallica des solos différents en y ajoutant son côté un peu funky et là, souvent, il me demande ce que j’en pense.
Es-tu de bon conseil ?
Je ne sais pas, il faut le lui demander. Je ressens quand il y a quelque chose chez lui qui le frustre. Les hommes, en général, ne s’ouvrent pas forcément et ne dévoilent pas tout ce qu’ils ressentent au niveau de leurs sentiments. Mais je sens quand ça ne va pas même, par exemple, dans la préparation de ce film. Je pense que je dois être d’assez bon conseil puisqu’il me demande assez souvent ce qu’il devrait, par exemple, faire dans telle ou telle situation. De plus je pense que le fait d’avoir un avis extérieur est toujours bénéfique.
A-t-il une influence sur toi et ton art ? Te donne-t-il son avis et en tiens-tu compte ?
Il est plus musicien qu’artiste-peintre. Il va faire un compliment sur la peinture ou me poser des questions dessus mais il me donne surtout son avis sur la musique que je fais. Cela n’arrive pas très souvent car il est super occupé et n’a pas forcément le temps de s’asseoir et d’écouter .
Cela fait un an et demi que je suis en train de fignoler un album et Robert a notamment joué sur deux des morceaux qui le composent, il les a donc écouté et m’a donné son avis. Il m’inspire vraiment parce qu’il suit aussi beaucoup ses passions. S’il est en route pour un meeting important mais qu’il a un créneau de libre entre la chose qu’il devait faire avant et le meeting, il ira surfer. Il profite vraiment de la vie à 100% et en même temps il travaille dur. Dans sa préparation à l’audition pour Metallica, par exemple, il travaillait le catalogue dans son intégralité car, même si tu connais les morceaux, il faut apprendre les lignes de basses et sur des albums comme …And Justice For All on ne les entend pratiquement pas. Il va vraiment falloir y passer des heures et des heures pour apprendre à faire des notes. Parfois à trois ou quatre heures du matin, je me réveille et il est encore en train de bosser. C’est quelque chose qui le passionne et qui lui plaît, donc, quand tu fais quelque chose que tu aimes, tu as de l’énergie, tu es super content de le faire et ça te nourrit.
Tu as peint certaines de ses basses qui sont notamment visibles sur ton site internet. Comment ça se passe pour customiser une basse ? Travailles-tu directement avec la marque Warwick ?
Les premières basses que j’ai faites n’étaient pas Warwick, c’est arrivé pratiquement par accident. Robert avait une basse en bois complètement vierge, il me l’a donné en me disant de faire quelque chose dessus et comme nous étions à Paris, j’avais encore à disposition dans la cave chez mon père tout mon matériel de pyrogravure. J’ai donc commencé cette basse à Paris avec mon vieux matériel et, vu que c’était pour Robert, je voulais faire quelque chose par rapport à lui alors, comme pour mes peintures, je n’ai rien planifié, j’ai simplement commencé à penser à lui et tout de suite le calendrier aztèque m’est venu à l’esprit. Nous louions à ce moment là un petit appartement à Paris, nous y sommes restés trois mois, et c’est au cours de cette période que j’ai terminé ma première basse. Il a adoré le résultat et m’en a repassé tout de suite une autre. Après cela, il trouvait que les Warwick sonnaient mieux alors il m’en a passé une et de là, à chaque fois, il m’en filait une autre.
J’ai rencontré Warwick au NAMM Show (la convention de musique de Los Angeles). Ils nous ont invité et ont gentiment offert une basse à notre fils. Ils m’ont demandé si je serais intéressée pour peindre d’autres guitares. Ils m’en ont envoyé deux qui étaient sur la tournée de Metallica pour les shows au Canada et au Mexique. Depuis j’ai reçu un nouveau mail de leur part et ils vont m’envoyer deux autres basses que je prévois de peindre. Cette aventure a commencé totalement par hasard à Paris et s’en est suivi un effet boule de neige.
Peut-on alors aujourd’hui commander chez Warwick une basse que tu aurais peinte ?
Je ne sais pas. Je crois qu’elles sont sur le site alors je pense qu’en les contactant ça doit être possible. J’ai reçu un e mail me confirmant que les deux basses étaient prêtes à m’être envoyées. Je pense que leur but est d’en faire un modèle qui va être vendu sur leur site. Je sais que celles que j’ai déjà faites sont sur leur site mais je ne sais pas si elles sont disponibles à la vente. Je pense que si on leur demande gentiment ils vont nous répondre…
Un auditeur se demandait si un jour il serait possible que tu réalises un artwork pour un disque de Metallica…
Pour moi c’est envisageable. S’ils me demandent je dirais oui mais je ne vais pas forcer les choses. Je ne suis pas tellement opportuniste, si l’idée vient d’eux, je ne dirais jamais non, ce serait vraiment un immense honneur. Récemment j’ai dessiné deux nouveaux médiators pour Robert mais c’est venu de son technicien qui m’a dit qu’ils avaient besoin de nouveaux médiators et qu’il voulait savoir si je pouvais en faire le design. Ça m’a fait tellement plaisir ! C’est quelqu’un que je connais depuis des années, il sait que je suis artiste mais c’est seulement à cette occasion qu’il m’a demandé de participer. Je n’ai aucunement forcé la chose, je préfère que l’on me demande et j’accepterai avec grand plaisir, j’aime bien quand les choses viennent naturellement.
Ce n’est pas forcément être opportuniste que de proposer un visuel…
Non, bien sûr, mais je préférerais que cela vienne d’eux. Je m’entends super bien avec tout le monde dans le groupe, c’est comme une grande famille et il est sûr que je ne me sentirais pas mal à l’aise à leur proposer quelque chose mais, dans mon optique, je préférerais que ça vienne d’eux. Ce n’est pas opportuniste de proposer mais je préfère attendre que ça aille dans ce sens-là.
Est-ce que des artistes t’ont déjà contacté pour faire leurs artworks ? Ton travail pourrait, par exemple, totalement correspondre à ce que Steve Vai met sur ses artworks.
Récemment il était question de collaborations dans la mode pour des chaussures, des boucles de ceintures et différentes choses qui vont sortir prochainement. On me contacte régulièrement mais je reconnais être très occupée à bosser sur mes propres projets. J’essaie d’être disponible pour les choses sur lesquelles cela m’intéresse vraiment de travailler. Je suis ouverte à toute proposition. J’ai tout le temps des messages de personnes qui souhaiteraient que je travaille avec elles sur différents supports et différents projets. Je trouve que c’est intéressant de découvrir ce que d’autres gens font, que cela soit en musique ou sur leurs projets de design, c’est vraiment cool.
Un auditeur demandait si la musique, et plus particulièrement le metal, t’influencent dans ta manière de dessiner, de peindre et de créer ?
Sûrement, ça fait partie de moi. Je pense que tout ce qui est dans notre entourage nous influence. J’ai eu une période, quand j’habitais encore en France, où je mettais souvent un album en fond sonore quand je peignais. Maintenant, lorsque je peins je suis presque dans un état de méditation, alors, quand les images me viennent, je n’ai pas tellement de musique dans le fond. Je pense que le metal doit m’influencer quelque part puisque c’est ce que j’écoute le plus dans la vie de tous les jours.
Tu as baigné dans une famille d’artistes et tu as fini par faire des études de sciences alors que tu es artiste toi-même. En général on a tendance à considérer que les artistes sont plutôt anti-sciences, anti-concret, peux-tu nous expliquer ce goût que tu as pour les sciences ? Y a-t-il un paradoxe entre l’art et la science ?
J’ai été passionnée de mathématiques au moment où elles sont devenues abstraites. C’est là où je trouve que ça se rejoint un peu avec l’art. On utilisait notre imagination pour essayer de concevoir tous les problèmes mathématiques et physiques qui nous étaient posés. Aujourd’hui par exemple la physique quantique rejoint vraiment le monde spirituel parce qu’elle interroge sur ce qu’est la réalité. Tout a une vibration, tu peux créer ta propre réalité selon tes pensées. Alors, qu’est-ce qui est vrai ? Est-ce qu’un arbre qui tombe dans une forêt vierge où il n’y a personne fait du bruit ou est-ce seulement parce qu’il y a une oreille pour le recevoir que l’on entend quelque chose ? C’est ce monde scientifique qui me passionnait. Les mathématiques sont très précises et servent à résoudre des problèmes spécifiques mais j’avais une certaine passion à essayer de concevoir une réalité. J’ai une approche similaire quand je suis devant une toile, chaque couleur a une vibration, j’utilise énormément de symboles et ils ont tous aussi une vibration, cela crée une certaine alchimie. C’est essayer de comprendre notre univers et comment il fonctionne. J’ai lu et fait énormément de recherches à ce sujet et je trouve que tout cet aspect est passionnant. L’état un peu transcendant dans lequel je me trouve quand je peins rejoint pour moi ce côté physique quantique et mathématique en même temps, j’ai un esprit très logique. J’adorais résoudre les problèmes et trouver les solutions. Ce n’est pas forcément complètement à part. En revanche, je détestais les maths quand elles étaient du style « une goutte d’eau de tel volume tombe dans une baignoire toutes les 0,3 secondes en combien de temps la baignoire sera-t-elle remplie ? »
Les vraies mathématiques sont abstraites, quand on les applique à quelque chose de concret, cela devient de la physique. Les profs pensent peut-être qu’il faut d’abord des situations concrètes pour que les élèves puissent aborder les mathématiques.
En ce qui me concerne, c’est quand les mathématiques sont devenues abstraites, que les x et les y ont fait leur apparition, que j’ai commencé à m’ouvrir à un monde que je trouvais passionnant.
La question sur ce qu’est la matière se rejoint aussi avec l’art. Les couleurs, par exemple, ont une certaine vibration. Des gens utilisent la thérapie des couleurs parce que le bleu va avoir tel effet sur toi ou ton esprit soit calmant ou le rouge excitant. C’est aussi sous ce parallèle de ce qu’est la nature, la physique, l’art qui permet de s’ouvrir à un monde dont on est conscient. Une table a l’air dur, solide, il y a plein d’objets posés dessus mais, en réalité, c’est l’énergie qui est si dense qui la rend comme ça. C’est une perception de ma réalité et il est possible que ma perception vue par quelqu’un d’autre soit différente. Dans le même genre, une peinture peut toucher, te remémorer des choses, cela peut être la représentation d’un simple pré mais cela t’enverra quelque part, touchera quelque chose en toi et tu vas l’adorer, alors que pour quelqu’un d’autre, ce sera juste un pré…
Il y a quelques siècles de ça la philosophie, l’art et les mathématiques étaient très imbriqués…
Bien sûr ! Je pense que les religions ont un peu dégradé les choses. Même si je suis plus dans le spirituel que la religion. Je ne suis pas anti-religion mais je pense qu’il y a des moments dans l’Histoire où la religion a interdit beaucoup de choses. Il y a eu des séparations dans tous ces domaines. A l’époque, même la médecine se rendait compte que l’esprit, le corps et la pensée étaient connectés. Tout est parti d’un et on est plus ou moins en train de revenir à ça.
Il est vrai qu’avec la physique quantique les questions philosophiques resurgissent.
Oui, complètement.
Peux-tu faire un point sur ton actualité ?
Je suis en train de développer le projet sur mes foulards aux États-Unis puisque j’ai déjà pas mal travaillé avec l’Europe à ce niveau là. Parallèlement, je termine un album de musiques. Je n’ai pas encore de date puisque nous sommes en train d’enregistrer les musiciens live, j’aurais ensuite les voix finales à faire. Je suis impatiente qu’il sorte car même si l’on dit « mieux vaut tard que jamais », cela fait déjà un an et demi que l’on travaille dessus. J’ai quatorze morceaux à présenter donc c’est un album assez gros. Je bosse aussi sur plusieurs collaborations et certaines choses sortiront au début de l’année prochaine. Je finis également une collection de planches de surf que j’espère pouvoir exposer bientôt mais comme il faut deux mois pour finir une planche et que j’en ai encore cinq ou six à faire, ça ne sera pas pour tout de suite. Ça arrive mais c’est du boulot. J’essaie assez fréquemment de mettre à jour ma page Facebook ou mes deux sites internet donc c’est le meilleur moyen pour être tenu informé de mes actualités.
Quels sont les musiciens qui jouent sur ton album ?
Je n’ai pas vraiment de musiciens pour l’instant puisque je n’ai pas vraiment de groupe alors il y a différentes personnes. Robert a joué sur deux morceaux et c’est un autre bassiste qui joue sur le reste de l’album. Une amie participe également sur quelques titres. Il y a différents batteurs dont Brooks sur l’un des morceau. Ce sont donc principalement des musiciens que je connais et cela représente donc une palette de gens différents pour enregistrer l’album. Une fois le moment venu de jouer live il faudra que je trouve des musiciens qui resteront avec moi et donc, à ce moment-là, soit je ferai des auditions, soit ce seront des gens que je connais déjà et qui seront disponibles, ce qui serait cool. J’espère que ce sera pour bientôt car la scène me manque énormément.
On peut s’attendre à quoi musicalement ?
Mes influences sont évidemment rock mais j’ai voulu inclure des éléments des différentes cultures dans lesquelles j’ai grandi. J’ai grandi à Paris mais ma mère était allemande, mon père est français. A travers le travail de mes parents et grand-parents, nous avons toujours eu autour de nous des gens de différentes cultures, liés à différentes musiques. Ainsi, il y a certes de la guitare électrique et de la distorsion mais aussi des instruments traditionnels venant de diverses origines. En outre, quand j’écris, mes mélodies sont très bluesy ce qui fait un mélange d’un peu de tout.
J’espère qu’il va sortir bientôt. Je pense dans un premier temps sélectionner quatre morceaux, les finir et les sortir afin de voir ce qui se passe.
Ce qui était aussi super intéressant et passionnant était le fait de travailler avec un producteur français habitant à Los Angeles et que j’ai connu suite à ma participation à un opéra-rock à San Francisco. Le CD de cet opéra-rock a été enregistré chez lui, c’est comme ça que je l’ai rencontré. Il est multi-instrumentiste et a une collection de plus de deux cents instruments dans son studio. Il sait jouer de tous. Je peux lui chanter les mélodies et il sera capable de me les reproduire sur pratiquement n’importe quel instrument qu’il possède. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle ça a pris autant de temps car nous avons expérimenté beaucoup de choses, on a bien travaillé mais on s’est aussi bien amusé.
Comment s’appelle-t-il ?
David Bergeot.
Interview réalisée par téléphone en direct sur notre antenne le 25 septembre 2012
Questions : Spaceman et Metal’O Phil
Transcription : Isabelle
Sites internet de Chloé Trujillo : chloetrujillo.com et chloeinart.com
super ptite soirée j’aime bien ce ptit bout de femme avec son homme ils representent vraiment un complement rock art interview super simpa merci a vous culturelement parlant soft lol bonne nuit
Elle est vraiment mignonne en plus, je ne savais pas que gRobert était marié à une française.
Faudrait juste lui apprendre la langue parce que c’est pas encore ça lorsqu’il est interviewé en France 😀 .
Putain c’est génial comme interview, amusez vous bien.
C’est génial d’écouter cette interview ! J’adore sa voix en plus !! Je suis bercé 🙂