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Interview   

Christopher Amott (Armageddon, ex-Arch Enemy) n’est captif de rien


Si on l’oublie souvent au profit de son frère Michael avec qui il formait un remarquable duo de guitaristes, Christopher Amott n’en a pas moins marqué de manière indélébile l’histoire, la musique et l’ascension d’Arch Enemy. Il était parti une première fois en juin 2005 pour revenir en mars 2007, puis repartir en mars 2012, et même aujourd’hui, alors qu’Arch Enemy vient de sortir son premier album sans lui, Christopher ne semble jamais bien loin, revenant aider son frère et ses amis le temps de quelques concerts suite au départ précipité de son remplaçant Nick Cordle, et avant que l’ex-Nevermore Jeff Loomis ne prenne la relève. « C’était marrant de traîner avec les gars à nouveau » nous raconte-t-il à ce sujet, « Alissa [White-Gluz] est une fille sympa. Honnêtement, j’ai l’impression que rien n’a changé. C’était comme si je n’étais jamais parti. C’était pareil. Donc c’était cool. Rien d’étrange ou quoi que ce soit. » Si ce n’est effectivement le changement de frontwoman suite au départ d’Angela Gossow, fait qui ne l’as pas étonné : « Je m’étais bien rendu compte qu’elle n’était plus motivée lorsque j’étais dans le groupe, elle n’aimait pas vraiment les tournées. [Le changement] s’est fait après mon départ du groupe, mais ça ne m’a pas vraiment surpris. » Et puisqu’on est sur le sujet d’Arch Enemy et des départs, connait-il la raison de celui de Cordle ? « Oui je la connais, mais je ne vais pas te dire [rires]. C’était juste des différents personnels. Parfois les gens ne s’entendent pas, tu sais. »

Forcément, à le revoir sur scène avec le groupe, tous les fans ont fantasmé sur la possibilité de son retour : « Ouais, nous en avons parlé mais je fais d’autres trucs maintenant. J’ai mon truc à faire et ils font leurs trucs, ce n’est pas vraiment une option. Je ne pense pas à Arch Enemy, je me concentre sur ma propre musique, ma propre vie. C’est mieux ainsi. » Ce n’est donc pas à l’ordre du jour et on se souvient de son frère Michael, l’année dernière qui nous avouait que « d’un point de vue créatif, cette relation devait vraiment se terminer. Nous deux créant de la musique ensemble, c’est quelque chose qui était plus ou moins fini. Cette relation était au point mort. » Ce à quoi Christopher réagit aujourd’hui avec plus de mesure : « Ouais, c’est quelque chose qu’il a dit à ce moment-là. Nous avons écrit des chansons l’autre jour, donc… C’est juste quelque chose qu’il a dit. On va bien. Nous écrivons toujours de la musique et tout lorsque nous nous voyons. Je veux dire que peut-être que c’est devenu trop facile pour nous d’écrire dans Arch Enemy et peut-être qu’il n’y avait plus d’excitation. Donc peut-être que le groupe avait besoin d’autres apports créatifs. » Doit-on y voir le début d’un projet entre les deux frères ? Wait and see…

En attendant Christopher Amott sort ce mois-ci son quatrième album avec son groupe Armageddon. « J’avais le sentiment que [mes deux albums solos publiés en 2009 et 2012] étaient très construits autour de ma voix », explique-t-il. « J’avais une envie pressante d’écrire du metal plus intense et me concentrer sur le jeu de guitare, à jouer des riffs et solos plus techniques et intenses, et puis avoir un chanteur. C’est pourquoi j’ai décidé de ressortir le nom Armageddon. » Un groupe qui par le passé s’est plus apparenté à un projet solo qu’un véritablement groupe, avec des line-up changeants constamment, ne lui permettant pas forcément de tourner : « Depuis le début j’ai voulu faire des concerts, pouvoir tourner et jouer la musique en live. Donc, j’ai eu besoin d’un second guitariste et… Tu sais, un groupe au complet. C’est quelque chose que j’ai toujours eu en tête depuis le début : pouvoir avoir un groupe au complet et dédié et pas juste un projet studio. » Et quand on prend connaissance du line-up, on ne peut pas dire que les noms soient familiers ou que les musiciens soient engagés dans des groupes très actifs. Une manière de s’assurer qu’ils soient dédiés au groupe : « Ouais, absolument. Je veux dire que c’est difficile de trouver de bon musiciens qui ne sont pas trop occupés et qui peuvent se concentrer sur un groupe, s’y engager. Ce sont de supers gars et de supers musiciens que j’ai trouvé dans le coin où j’habite. Je suis chanceux d’avoir trouvé ces membres. Je ne recherchais pas vraiment des gens connus mais plutôt des gens qui savaient bien jouer et avec qui je m’entendrais. » Est-ce qu’il pense qu’il retrouvera avec son nouveau guitariste Joey Conception le même genre d’alchimie qu’il entretenait avec son frère ? « [Petits rires] Je ne sais pas. Je n’en ai aucune idée. Je veux dire qu’il est dans mon groupe, il joue mes trucs. C’est complètement différent. Il a 22 ans et j’en ai 37. Il était mon étudiant. »

Notons cependant que l’album n’est même pas encore sorti que le chanteur Matt Hallquist a dû déjà jeter l’éponge : « Il avait des problèmes personnels. Il ne pouvait pas tourner. Il ne pouvait malheureusement pas rester engagé dans le groupe. On a donc trouvé Antony Hämäläinen pour le remplacer pour la tournée que nous faisons aux US en février et ensuite nous auditionnerons des gens pour le long terme. » C’est à se demander pourquoi il ne se contente pas de gérer toutes les parties vocales comme il avait pu le faire sur l’album Three de 2002. « Comme je l’ai dit, je voulais me concentrer sur mon jeu de guitare. Et puis je ne sais pas faire les voix death et j’aime avoir un mélange de chant clair et de voix death. Je fais les chants clairs et je veux que quelqu’un se charge des voix death. J’aime écrire pour ce style de voix. C’est un peu différent d’écrire dans ce style parce que lorsque tu as des chants clairs, tu te focalises sur le chant alors que lorsque tu as du chant agressif, tu peux te permettre d’avoir des riffs plus intense en dessous. »

Un line-up par ailleurs 100% américain, alors que le groupe était jusqu’alors basé en Suède. « J’ai dû déménager ici [aux Etats-Unis] » nous dit-il, « parce que j’étais marié à une femme américaine. Nous avons d’abord vécu à Philadelphie et ensuite elle a trouvé un boulot à New York alors on a déménagé. Mais je voulais vivre à New York, juste pour l’expérience. C’est une énorme ville et je trouvais que ce serait cool pour donner un coup de pouce à ma carrière musicale. […] C’est un peu différent. Dans ce quartier où je vis à New York, il y a beaucoup de gens et beaucoup de musiciens, du coup ça offre beaucoup de choix lorsqu’on a besoin de trouver quelqu’un pour devenir membre d’un groupe. En Suède, il n’y a que neuf millions de personnes, je pense qu’il y en a autant qui vivent à Manhattan. Et puis le gouvernement soutient davantage la musique et les activités artistiques ici. D’un point de vu financier la situation est un peu plus difficile là-bas en Suède. »

Captivity & Devourment, c’est le nom du nouvel album d’Armageddon, le premier en treize ans, le premier avec un line-up complet et dédié, le premier depuis le transfuge géographique du groupe… Ça fait beaucoup de premières ! Alors, peut-on y voir un nouveau départ ? Par forcément… « C’est juste du metal fait comme je veux l’entendre et l’écrire, donc ce n’est pas un début ou une fin de quoi que ce soit. Je continue juste à faire la musique que j’aime, comme je l’ai toujours faite depuis les années 90. C’est juste une autre partie de ma carrière musicale. J’ai jamais arrêté d’aimer le metal ou commencé à faire autre chose, c’est simplement une continuation. » On pourrait d’ailleurs presque penser à un retour aux sources avec des références comme At The Gates ou Carcass, mais encore une fois rien de prémédité : « Je n’avais pas en tête de revenir à mes racines. Je ne pense jamais à ce genre de chose. Honnêtement [petits rires], j’ai arrêté d’écouter les nouveaux groupes de metal dans les années 90. Je veux dire que j’ai arrêté avec Vulgar Display Of Power de Pantera, Slayer, Metallica, Megadeth… Les albums qu’il y avait à l’époque. A cette époque je commençais à être très occupé à travailler avec Arch Enemy et à écrire notre propre musique. Je ne voulais pas me laisser influencer par d’autres groupes. Les autres nouveaux groupes ne m’intéressaient pas. Je n’ai donc jamais écouté d’autres groupes depuis lors, vraiment, qui soient populaires et contemporains d’Arch Enemy. Donc si ça sonne old school, c’est probablement parce que c’est le metal avec lequel j’ai grandi et que ce sont mes influences. »

Si on comprend bien qu’Armageddon reste avant tout son bébé, les autres membres du groupe ont-ils tout de même été impliqués dans la conception de l’album ? « J’ai écrit la majorité de la musique et Sara [Claudius], la bassiste, a écrit la majorité des paroles. On peut donc dire que c’est Sara et moi qui avons écrit l’album ensemble. J’ai commencé à écrire l’album il y a plus de deux ans, en essayant différents batteurs ; j’ai essayé trois ou quatre batteurs différents en Amérique. Sara s’est impliquée un peu plus tard. En réalité elle est guitariste mais elle a dit vouloir jouer de la basse dans ce groupe. Ça a mis du temps pour rassembler les membres et faire les démos des chansons. Je joue toutes les guitares sur l’album. Joey, l’autre guitariste, n’a pas joué sur l’album. » On est encore loin de l’idée de groupe à proprement parler.

Pour finir, puisque la raison principale de son départ d’Arch Enemy était de pouvoir poursuivre sa carrière solo, qu’est-ce qu’Armageddon lui apporte que son ancien groupe ne lui apportait pas ? « C’est un peu plus libre » nous répond-t-il. « Il n’y a pas d’idée ou de style préconçus. C’est très libre. Je peux faire tout ce que je veux. J’ai vraiment la possibilité d’exprimer n’importe quelle idée qui me vient à l’esprit. C’est très épanouissant de pouvoir avoir son propre groupe. » Une envie de liberté, qui coïncide peut-être avec une envie de se diversifier, comme avec ses deux albums solos sortis respectivement en 2010 et 2012 : « Ouais, évidemment ! Je veux dire que ce n’est pas si varié. Ce sont toujours des guitares heavy, ce n’est pas comme si je faisais du reggae. Je ne dirais donc pas que c’est si varié. Par contre, j’aimerais faire des choses plus vairées dans le futur. J’aime tout style de musique. Je veux pouvoir avoir l’opportunité de créer un album avec beaucoup de musiques et le partager avec autant de gens que possible. Et puis de nos jours, il est si facile d’enregistrer des albums. L’atmosphère est différente de lorsque j’ai commencé, lorsqu’il fallait forcément aller dans un studio pour enregistrer tout un album. De nos jours tu peux enregistrer un album chez toi et ça sonnera super. Et on a besoin de procéder ainsi parce que les ventes de disques ne font que chuter et les labels ne peuvent plus fournir d’argent en avance comme ils le faisaient auparavant. »

Interview réalisée par téléphone le 2 janvier 2014 par Philippe Sliwa.
Retranscription, traduction et texte : Nicolas Gricourt.

La page Facebook officielle d’Armageddon : www.facebook.com/armageddonbandofficial.
La page Facebook officielle de Christopher Amott : www.facebook.com/christopheramottofficial.



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