Un groupe de heavy metal suédois qui axe de manière aussi explicite son concept et son imagerie sur la Guerre de Sécession américaine, au point de le soupçonner d’appâter et flatter avec flegme l’orgueil patriotique US, a le mérite de ne pas passer inaperçu. Depuis 2012, les musiciens de Civil War partagent en musique un goût pour l’histoire tout comme Sabaton dont justement plusieurs membres firent partie voilà quelques années, et quittèrent le navire en « révoltés du Bounty » pour tracer depuis leur propre route. Le premier opus The Killer Angels était un vrai concept-album gravitant entièrement dans le folklore de la guerre civile américaine, à commencer par son titre, homonyme d’un roman de Jeff Shaara, un spécialiste de la période. Comme son prédécesseur, le groupe n’a pas poussé la recherche bien loin pour aboutir à Gods And Generals, titre identique à une autre œuvre du romancier. Toutefois, sa signature chez le label autrichien Napalm Records en poche, Civil War a su redistribuer quelque peu les cartes et mettre de la distance avec sa thématique originelle, contournant un tentant mode automatique, et propose ainsi un album plus coloré, fort d’une production améliorée à laquelle Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann), à l’enregistrement et au mixage, a apporté son crédit.
Du seul point de vue des thèmes évoqués, l’album ne manque en effet pas de références, faisant notamment la part belle à l’invasion de la baie des cochons (« Bay Of Pigs »), les batailles d’Iwo Jima (« Back To Iwo Jima ») ou Trafalgar (« Admiral Over The Oceans ») ainsi que des personnages historiques tels que William Wallace (« Braveheart »), Oskar Schindler (« Schindler’s Ark »), le navigateur islandais Leif Eriksson (« Tears From The North ») ou encore Bill Millin sur la chanson « The Mad Piper » dans laquelle le groupe dégaine une cornemuse écossaise de circonstance en hommage au courage de ce soldat britannique qui joua de cet instrument au cours du débarquement en Normandie en 1944 sur la plage de Sword Beach pendant que ses camarades avançaient sous le feu des mitrailleuses allemandes. Un remplissage thématique bien rôdé mais qui peut apparaître convenu et téléphoné, et démontre encore la difficulté de Civil War à s’extirper définitivement de l’ombre de Sabaton, passé lui aussi maître dans les références historiques dont sont truffées ses chansons.
S’agissant du volet musical, Civil War se démultiplie malgré tout, comparé à son premier opus, évitant les répétitions grâce à une variété d’ambiances richement travaillées, sous des chœurs héroïques de circonstance. Le chant de Nils Patrik Johansson, d’avantage étoffé représente bien cette progression – celui-ci oscillant toujours entre les notes chaudes d’un Ronnie James Dio ou d’un Biff Byford (Saxon) – mais moins monocorde qu’il ne l’était sur le précédent opus The Killer Angels. En touche-à-tout, la musique des Suédois mange à toutes les échoppes, tantôt versant dans un heavy metal de ce qu’il y a de plus britannique (« Gods And Generals »), puis s’aventurant dans un registre plus porté sur le speed allemand (« War Of The World »). Il n’est donc pas impossible de noter de nombreux clins d’œils et similitudes, à l’instar de ce « Braveheart » d’inspiration ‘manowaresque’ ou d’ « Admiral Over The Oceans » dont la rythmique brinquebale entre Europe (« The Final Countdown ») et Alestorm (« Leviathan »). En somme rien de révolutionnaire dans le jeu de Civil War, qui parvient malgré tout à capter l’attention et égayer l’auditeur autour de quelques mélodies et refrains. En conclusion « Gods And Generals » ne s’avère finalement pas si naïf et facile qu’il n’y paraît.
Visionner le clip pour la chanson « Bay Of Pigs » et écouter des extraits de chaque titre :
Album Gods And Generals sortie le 8 mai 2015 chez le label Napalm Records.
J’ai lu « ancien de Sabaton » je me suis dit « Oh j’vais aller jeter une oreille ». Et conclusion…
Mouai. Classique, quoi, assez plat. A reecouter peut etre mais franchement du mal avec la voix nasillarde du chanteur.
« le groupe n’a pas poussé la recherche bien loin pour aboutir à Gods And Funerals »…ce n’est pas plutôt Gods and Generals…
Il a surement enterré l’album un peu vite… 😉 C’est corrigé, merci.
Je confesse que c’est totalement involontaire, pour ne m’en être pas rendu compte ni dans l’écriture, ni dans la re-lecture ; je crains que Spaceman n’ait raison : il s’agit surement d’un lapsus littéraire^^