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Blow Up Your Video   

Clips To See : cuvée août 2016


video1Cette sélection a failli ne jamais exister. La faute à un excès de barbecues, d’apéros, de moments chaleureux qui donnent tout sauf envie de se mettre devant un écran pour regarder des clips traitant de la mort ou de la guerre. Car qui irait se coltiner toute la production vidéo mensuelle de groupes de hard rock / metal tandis que les jours raccourcissent ? Qui aurait pu préférer la froide lumière des chaînes YouTube aux rayons de soleil de l’été alors que la menace de Septembre et de ses complices Rentrée et Automne résonnait déjà au loin ? Par chance (pour vous), quelques coups de fouet plus tard et le rédacteur récalcitrant est retourné dans son enclos et ainsi parvient à vos yeux avides le buffet des clips sortis en août.

Mais pas tous les clips, comme vous le savez, mais bien ceux qui méritent particulièrement d’être vus, ne serait-ce que pour l’effort et la créativité fournis pour ne pas être qu’une vidéo qui perdra en trente secondes attention et intérêt à vos regards. Ainsi sont mis de côté la masse de clips qui ne sont que montages d’images live (et puis c’est triste des concerts où vous n’étiez pas) ou de plans sur les musiciens filmés sous toutes les coutures dans un entrepôt, une cave, dans leur salle de répèt’ (rayez la mention inutile) et qui finiront comme source de fond sonore pendant que vous naviguerez parmi vos autres onglets ouverts. Rien à voir avec une quelconque volonté de dénigrer le travail sur ces derniers dont le but n’est jamais que de valoriser la musique d’artistes qui n’ont pas toujours les moyens de s’offrir une mise en scène à la Michael Bay alors qu’ils n’ont besoin que de continuer à faire vivre leurs créations par d’autres médiums que le disque. Il s’agit surtout de mettre en lumière une démarche artistique totale et d’encourager l’approche d’artistes dont le style musical n’a pas spécifiquement votre préférence mais qui pourront obtenir grâce à vos yeux par le plaisir esthétique apporté.

Bon visionnage !

Korn – Insane (album The Serenity Of Suffering ; clip réalisé par Ryan Valdez)

Korn refuse de mourir. Même si depuis des années nombre de metalleux aiment les déclarer éteints avec la vague « néo », c’est en vain qu’ils pourront espérer les regarder se décomposer. C’était peut-être bien ce que cherchait à dire leur précédent clip pour « Rotting In Vain », avec ses différents symboles du passage du temps et de l’inéluctable dépérissement des choses. Mais le groupe garde le rythme au milieu des vieilles tocantes et jaillit des feuilles mortes où on l’a balayé. Pour « Insane », son nouveau clip pour un extrait de leur prochain opus, Korn montre en outre qu’il y a de la vie, une puissante énergie au-delà de la mort. Partant d’une pratique ancienne, la photographie funéraire (qui contrebalançait le problème du temps de pose des débuts de la photographie par le choix de sujets pour qui le temps qui passe n’est plus un problème), le réalisateur Ryan Valdez a créé une histoire courte empruntant les codes de certains films d’horreur où des curieux (notamment ces hommes travaillant dans ce petit « musée du mysticisme ») trouvent accidentellement un portail sur le monde des morts à travers un petit appareil technologique a priori banal mais qui pourrait bien causer leur perte. Mettez cela dans un contexte fin du XIXe, début du XXe siècle, et l’on obtient un petit film à l’ambiance lovecraftienne.

Ultar – Azathoth (album Kadath)

Et en parlant de Lovecraft… La mythologie du sieur H.P. a depuis toujours inspiré les musiciens de metal (cf. « Behind The Wall Of Sleep » de Black Sabbath), surtout lorsque l’on cherche à sortir du satanisme tout en continuant à invoquer des puissances cosmiques démoniaques. Nyarlathotep, les Grands Anciens ou la cité de Kadath font partie de vos références littéraires préférées ? Êtes-vous friands de découvertes loin des frontières connues des musiques extrêmes ? Vous êtes donc tout désignés pour faire connaissance avec le groupe Ultar qui, en plus de poursuivre cette tradition thématique avec son album-concept contant le périple d’un jeune homme vers Kadath, cité des Dieux dans le Pays des Rêves, fait résonner son post-black metal depuis sa Sibérie natale. Certes, leur clip pour le morceau « Azathoth » n’offre pas une grande démonstration de dramaturgie (des mecs en robe encapuchonnés se baladent avec des torches pour se rendre à un rituel, fin de l’histoire…) mais le travail sur l’image et les costumes, sans oublier l’apport incontestable à l’art du pied de micro du chanteur, font que cette vidéo mérite bien que vous y colliez votre regard (sans oublier vos oreilles) pendant sept minutes.

Caspian – Arcs Of Command (album Dust And Disquiet)

« La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant. » Tout aussi classique qu’une référence à un écrivain de Providence, Rhode Island, chez un groupe de metal est celle à un philosophe allemand cité le plus souvent à tort et à travers depuis le début du XXe siècle, principalement pour s’en servir contre certains peuples et certaines religions, parfois avec violence : Friedrich Nietzsche. Pas étonnant donc de le retrouver comme une influence intellectuelle chez maints artistes de metal extrême, surtout quand ceux-ci ont pour trait commun une rage contre toute forme de bon-dieuxerie. Plus rares sont cependant les citations du philosophe autour du monde de l’enfance dans celui des musiques saturées, où l’on préfère probablement passer pour de gros rebelles cultivés que pour des grands gamins qui vivent (tant bien que mal) leur rêve de rock-star, ou au moins jouent à être des rock-stars. Chez Nietzsche, l’enfant est celui qui peut réinventer le monde, réinventer les règles, inverser les valeurs, faire des idées les plus graves leurs jouets plutôt que d’être les jouets de concepts qui les dépassent, les dominent, les écrasent. Chez Caspian, dans leur nouveau clip, les enfants jouent à un jeu auquel on a tous joué : la guerre. Et même s’ils semblent y mettre un grand sérieux, c’est justement parce qu’ils savent que c’est un jeu, que ce n’est pas grave et qu’à la fin, celui qui perd se relèvera, prendra son goûter comme les gagnants, voire avec eux, et rira de ce temps de jeu. Atteindre l’âge de maturité, pour le philosophe, c’est retrouver cette sagesse de l’enfant que l’homme a remplacé par des peurs et valeurs qui en font une marionnette plutôt que de les contrôler lui-même.

Truckfighters – Calm Before The Storm (album V ; clip réalisé par Tony Perkins)

« Basé sur des faits réels. » Cinq mots trop employés, bien souvent, pour vendre un machin (cinématographique, télévisuel, littéraire, etc.) qui se contentera de l’effet sensationnel de ceux-ci. Une poignée de termes jetés ensemble au public pour rendre le spectacle qu’il va voir encore plus trépidant en ajoutant une couche de drame à la réalité qui l’entoure, en enrobant un moment de fiction d’une pellicule de violence réelle pour plus de frisson. C’est une accusation dont nous ne ferons pourtant pas souffrir les Truckfighters qui offrent, en plus d’un clip à la mémoire de Lisa Holm, adolescente suédoise de 17 ans, victime en 2015 d’un meurtre où l’absurde manque de mobiles est ici très bien dépeint, une vidéo au montage original, comme semblant chercher le moment-clé où l’innocence va se heurter à l’horreur, où le calme va céder face à la tempête qui approche.

Zakk Wylde – Sleeping Dogs (album Book Of Shadows II)

Ras-le-bol de jouer les sérieux ! A un moment donné, on est quand même là pour regarder des clips, à la cool, sans se soucier de ce qui va chatouiller notre vision des choses. Ainsi, voyons cet homme au visage fermé, comme sorti d’une catastrophe (mince, on avait dit pas trop sérieux !), marchant sur une route, mangeant sa banane et tirant sur sa clope, l’air de s’en tamponner pas mal de gêner la circulation, comme dans un salvateur moment d’oubli. Tom passait une mauvaise, très mauvaise journée, nous dit-on. Mais ça pourrait sans doute être pire, non ? Se retrouver dans un clip de Zakk Wylde où se mélangent sans complexe gag peau de banane, référence gratuite à un ancien clip à base de masques d’animaux de la ferme, poitrine généreuse, pluie de météores, cracheur de feu, etc. Tom passait-il vraiment une si mauvaise journée ou se joue-t-on de notre vision des choses ? Tom est-il vraiment en état de choc ou est-il incroyablement cool ? Réponse dans moins de quatre minutes.

Pain – Call Me (album Coming Home ; clip réalisé par Ville Lipiäinen)

Vous trouvez qu’on se prend encore trop le chou ? Qu’il y a trop de questions à des réponses que personne ne réclame ? OK, faites péter la sainte trinité : Sexe, Drogue & Rock’n’Roll ! Si tout ce qui vous intéresse c’est du gros son, du champagne qui coule ente les lolos et de la coke snifée sur des popotins bien ronds, voici du Pain bien frais pour vous repaître. Mais est-ce qu’il n’y a pas une légère réflexion à voir là-dedans ? Allez, juste une petite ! Là, est-ce bien le groupe qui profite de tout ça ? Le personnage au centre de cette débauche, n’est-ce pas ce « Kim Dotcom-esque » manager plutôt que le groupe transformé en ersatz flétris, en marionnettes qui finiront par tomber en pièces ? N’est-on pas face à une satire d’un music-business peuplé de gros parasites qui croient qu’ils peuvent vivre une vie de rock star aux dépens des artistes parce que bon, hein, on n’est jamais là que pour le fun, la coke et les p… ? Ha, oui, c’est peut-être un peu trop de cogitations pour une vidéo qui, probablement, n’avait que vocation à être un divertissement décalé.

Daniel Lioneye – Aetherside (album Vol III ; clip réalisé par Matti Pentilla)

« Afin de prouver une fois pour toutes sa thèse controversée de l’étherspermie, le Dr. Daniel Lioneye et son équipe imaginaire de tulpas a tenté d’atteindre le bord lointain de l’univers quantique et d’enter en contact avec les êtres indicibles qui occupent ces sombres et hallucinatoires vides. Le rituel fut une réussite par-delà toute attente. En réponse à l’hypnotique appel du Dr. Lioneye, un être extraterrestre messianique a voyagé à travers les vastes océans des réalités/possibles et pénétré celle que nous habitons. L’explosion psychique de sa venue se répercute maintenant dans l’inconscient collectif de nos espèces, annonçant le début de l’ère du Verseau. Ceci est le témoignage de ces événements. » Étrange, en regardant ce clip, nous ne pensions pas voir autre chose que le weekend enfumé de serial-killers peinards, en répétition de leurs futurs meurtres rituels, entre séances de chamanisme dans la neige et narcissisme caméscopés. Mais si les mots de Mikko « Mige » Paananen ne vous avaient pas déjà incité à pénétrer l’univers de Daniel Lioneye (qui, comme le Pirée, n’est pas un homme), side-project perché tendance stoner/grunge sans prétention de membres du groupe finlandais H.I.M. c’est probablement parce que vous n’aimez pas voir d’homme à masque de cochon se tâter la cognée sous sa véranda…

Arthur Brown – The Formless Depths (album Zim Zam Zim ; clip réalisé par John Byron Hanby IV)

Attention, OVNI ! Voici LE clip qui n’a presque rien à faire ici pour la raison toute bête que ce n’est pas du metal… « Aaaaah ! Infamie ! Parler d’autre chose que de metal sur un média metal ! Vite, refilez-moi une reprise djent de Rihanna ! » Bon, sortez moi ce mécréant de la salle qu’on puisse poursuivre. Car Arthur Brown mérite tout le respect des metalleux pour être un des pères méconnus du shock-rock comme du black metal. Mais tout cela, nous vous l’expliquions déjà en long et en large en 2013, quand il préparait la sortie de son dernier album : ZimZamZim. ZimZamZim, c’est quoi ? ZimZamZim, c’est qui ? Les deux questions se valent. ZZZ (pour simplifier) est un être aussi éternel que transcendant, pouvant être, juste pour s’amuser, toutes les étoiles, toutes les galaxies, ou une seule à la fois, pouvant vivre toute son existence à tout moment car pré-scient de celle-ci toute entière comme du futur de l’univers entier. Quand soudain il voit un autre futur possible sur notre Terre, victime d’un déluge d’un niveau biblique, ce qui le pousse à s’y installer. Mais malgré sa nature particulière, ce n’est pas pour y être adoré comme un dieu, y fonder un culte autour de son être : « ZimZamZim savait vivre sans croyance, » pour citer le très long développement d’Arthur Brown autour de son album-concept sur son site (une lecture aussi profonde que divertissante pour un anglophone). « Tout ce qui se dressait devant lui était vrai. L’illusion était vraie. Nul besoin de croire en quoi que ce soit au-delà. » Il n’est donc sans doute aucun fondement à une religion quelconque, rien pour guider/mener à la baguette l’humanité dans une voie ou une autre toute en les dispensant de penser par eux-mêmes dans le livre de ZimZamZim que porte la Prophétesse enchaîné à elle dans ce clip. Et c’est sans doute pour cela que tant de personnes sont prêtes à tout pour le lui arracher (imaginez : la parole d’un être suprême qui dirait aux hommes qu’ils peuvent être libres !). Mais ZimZamZim, incarné par Arthur Brown dans sa panoplie de chaman chatoyante et chamarrée, veille à ce que nul ne prenne ainsi le contrôle total des ressources de cette planète.

Et pour finir, comme il est de tradition, on termine avec une paire de clips piochés dans l’histoire du hard/metal. Et ce coup-ci, virée en van et monstres d’Halloween en dessins animées, les tailleurs de riffs partent en mode « Scooby-gang » :

Obituary – Violence

Flayed – Monster Man

Au mois prochain !



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