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Interview   

Code Orange libère le monstre


Peut-on encore innover dans le rock, au sens large ? Quand la très grande majorité a abandonné l’idée, certains y croient encore fermement. Pour eux, c’est même une nécessité afin de redonner de la vigueur et une fraîcheur aux musiques dites « dures », que ce soit le metal ou le hardcore. Les Américains de Code Orange sont de ceux qui se sont donné pour mission de renouveler leur genre. Avec leur nouvel album Underneath, on ne peut que reconnaître qu’ils sont sur le point de gagner leur pari.

Certes Code Orange revendique toujours son appartenance à la famille du hardcore, certes les influences – comme celle de Nine Inch Nails – sont discernables et même revendiquées, pourtant il est difficile de définir ce qu’est Code Orange aujourd’hui. Jouant sur l’idée de dualité, conceptuellement comme musicalement, le quintet intègre une nouvelle strate à son art, une complexité sonore inédite, intégrant une dimension électronique moderne qui se mêle avec une facilité étonnante à l’esprit organique de ses racines. La réalité est qu’Underneath est le fruit d’un processus stakhanoviste.

Afin de mieux comprendre ce « monstre » musical que Code Orange libère des profondeurs avec Underneath, nous avons échangé avec le batteur-chanteur, mais également maître d’œuvre et concepteur du projet, Jami Morgan, qui défriche également le fond d’un album où tout est lié, pensé et délibéré.

« Musicalement, nous voyons ça comme un thriller psychologique, avec même un petit peu de science-fiction. Je pense que la musique est capable d’embrouiller notre esprit, de la même manière que le font d’autres formes d’art. »

Radio Metal : Votre précédent album, Forever, a été un joli succès. Quel est ton sentiment par rapport à ça aujourd’hui ? Est-ce que ça vous a mis un peu de pression pour son successeur ?

Jami Morgan (chant & batterie) : Forever me procure un très bon sentiment ! C’est juste un tremplin de plus pour aller dans la direction que nous voulons toujours suivre, c’est-à-dire vers l’avant. J’adore cet album. Il nous a apporté de bonnes choses et maintenant nous continuons à foncer tout droit. Mais non, la seule pression que nous avons sur nos épaules est de grandir et pouvoir aller auprès d’autant de gens que possible. Nous voulons que les gens entendent notre art. Je veux dire que la pression est seulement interne. J’ai envie être dans une situation où il y a beaucoup de pression. Je ne nous vois même pas encore comme étant dans une telle situation aujourd’hui. Je pense que ça va venir. Je vais te dire : ça va venir après cet album !

Tu as déclaré qu’avec Underneath « il s’agit d’affronter la dualité en nous en tant qu’individus et en tant que société dans un nirvana digital surpeuplé, surexposé et dévorant ». En fait, cet album est rempli de dualité : il est organique et électronique, mélodique et dissonant… L’idée de dualité était-elle au cœur de l’album, y compris dans la manière dont vous l’avez abordé musicalement ?

Oui, clairement. Déjà, chaque chanson a un double sens. Il y a le sens littéral de ce que nous ressentons et de ce que nous avons vécu, et puis il y a l’histoire qu’au final nous racontons. Et oui, on retrouve ça aussi énormément sur le côté musical. Tout d’abord, nous voulions faire cet album en mettant en avant les choses qui nous influencent et ont un aspect moderne, mais nous voulions aussi que l’album possède ce côté brut génial des musiques dures, du metal et du hardcore, ainsi que le sentiment de libération qui va avec. Il a fallu que nous jouions les funambules. Je pense que nous y sommes parvenus, parce qu’on obtient les deux aspects. C’était un vrai puzzle à assembler et pour nous assurer que le tableau que nous avions en tête prenait vie comme nous le voulions. Les thèmes vont loin et c’est peut-être pourquoi ça a pris autant de temps pour que tout fonctionne.

Tu as également déclaré que vous vouliez « créer une expérience psychologique ». Qu’est-ce que tu voulais dire par là ?

L’idée de l’album, c’est en grande partie d’affronter nos peurs, notre anxiété, notre douleur et nos regrets, d’affronter notre monstre intérieur. Je voulais qu’il y ait ce sentiment de quelque chose qui bout sous la surface et auquel on va finir par devoir faire face, et à bien des égards, il s’agit de nous-mêmes ou peu importe ce que l’on veut que ce soit. Musicalement, nous voyons ça comme un thriller psychologique, avec même un petit peu de science-fiction. Nous voulions que l’album ait des hauts et des bas. Je pense que la musique est capable d’embrouiller notre esprit, de la même manière que le font d’autres formes d’art. C’est donc ce que nous avons tenté de faire, à notre façon.

Il y a un côté très schizophrène dans cet album, surtout quand vous passez d’une chanson très accrocheuse comme « The Easy Way » à un déferlement d’agression comme « Erasure Scan ». C’est votre façon de jouer avec les nerfs de l’auditeur ?

Bien sûr ! C’est ce que nous préférons faire. J’adore les choses qui jouent avec nos nerfs. Je trouve que c’est important et ça nous maintient en éveil. Pour moi, plus que de pouvoir dire que cet album est de tel ou tel style… Evidemment, c’est un album de musique dure et heavy, évidemment c’est extrême de bien des façons… C’est pour ça que je le décris en le comparant à un film, d’horreur ou autre, parce qu’on y trouve un sentiment d’effroi et je pense qu’on peut vraiment l’entendre comme si on le regardait, et je trouve ça excitant. C’est ce que nous nous efforçons toujours d’obtenir. D’un autre côté, honnêtement, je pense qu’il correspond surtout à ce que nous voulons entendre, tout simplement, à ce qui nous intéresse, à ce que nous pensons être neuf. Il s’agit de combiner des éléments et toutes les chansons ne sont pas obligées de contenir tous les éléments. C’est un fil conducteur. Et je pense que sur Forever, beaucoup de choses étaient soit noires, soit blanches. Alors que sur cet album, les couleurs sont beaucoup plus brouillées, c’est une sorte de zone grise. C’est ce vers quoi nous voulions évoluer. Toutes les chansons ont été faites en même temps comme différentes pièces du puzzle et qui s’assemblent seulement entre elles pour créer un voyage, avec ses hauts et ses bas.

« Nous gérons tous les aspects de ce projet et je refuse que ça se passe autrement. C’est ce qui me motive, c’est ce qui me maintient en bonne santé. »

Le fait d’être prisonnier de la technologie est l’un des angles de cet album. D’un autre côté, c’est probablement votre album le plus technologique à ce jour. Du coup, quelle est votre relation à la technologie ?

C’est compliqué. Nous l’utilisons tous les jours ! Nous l’avons dans notre poche. Nous existons dans la technologie comme tout le monde. Personne ne peut vraiment y échapper. Ça fait partie de tout. C’est un peu ce que je voulais que cet album représente. Cet album ne dit pas : « Les gens ne devraient pas être sur les réseaux sociaux et ça bousille notre monde ! » Je pense que ça, c’est une manière basique de voir les choses. Il s’agit plus d’essayer d’observer le monde qui nous entoure et traduire ce que l’on voit avec des éléments musicaux. C’est un album d’introspection. Il ne s’agit pas forcément de montrer du doigt. Il y a bien des chansons qui montrent du doigt avec amertume, mais d’une certaine façon, cet album répond à cette amertume en essayant de la rejeter afin de grandir ; il faut s’en débarrasser. Ce n’est pas un album anti-technologique. C’est vraiment juste une analyse de ce qui, selon moi, se passe autour de nous et dans nos propres têtes, constatant comme nous sommes tous à la fois connectés et déconnectés.

Au-delà de l’idée de dualité, est-ce que le titre, Underneath, signifie que pour toi, cette musique cherche à percer à travers les couches pour atteindre le cœur véritable et le plus vulnérable des gens ?

Absolument. Je pense qu’il y a plein de manières de voir ça. On peut voir ça comme une nécessité de faire un voyage sous la surface. On peut voir ça comme le fait de se retirer la peau, d’aller sous cette peau, et de voir ce qu’il y a vraiment à l’intérieur. Underneath marche si on pense à l’enfer, si on pense à la peur, si on pense aux choses que l’on met de côté. Ça marche sur divers plans. Dès que nous avons trouvé ce concept et ce titre, et même son rapport avec les deux derniers albums, I Am King et Forever, tout a eu beaucoup de sens. Ceci dit, je ne serais pas arrogant au point de dire : « Je veux que cet album vous affecte et vous fasse vous sentir de telle manière », car c’est surtout de l’auto-thérapie, de l’auto-méditation, de l’introspection. Donc j’espère que les gens peuvent s’y identifier et que l’album leur fait ressentir quelque chose, qu’il leur fait regarder ce qui se passe avec notre santé mentale dans la voie que nous avons tous choisie en tant que culture. A savoir si c’est une bonne chose ou une mauvaise chose… Il s’agit de bien se regarder, tout comme je me suis bien regardé en écrivant cet album.

Tu as dit qu’il s’agissait d’« affronter notre monstre intérieur » et d’introspection. A quoi ressemble ton propre monstre intérieur ?

Il peut ressembler à de la frustration, il peut ressembler à de l’amertume, il peut ressembler à de la haine, il peut ressembler à un manque d’assurance, il peut ressembler à de la jalousie, à un manque d’amour-propre, à du regret… Tout ça, ce sont des choses dans lesquelles tout le monde peut se retrouver, et il est clair ces choses resurgissent constamment, et elles ont resurgi sur cet album. C’est ce que je trouve intéressant. Ma mère me disait toujours : « Être capable de l’exprimer est la première étape. » Donc je l’exprime et je l’exprimerai toujours. C’est ça la musique et c’est ce que tous les artistes essayent de faire. On est évidement enracinés dans l’agressivité et la colère, donc ça sera toujours là, mais c’est bien de l’affronter et d’essayer de se débarrasser de ce dont on n’a pas besoin. Mais l’album n’a pas une fin prédéfinie. Il n’a même pas de de fin concrète. La finalité est un peu dans l’histoire elle-même, dans les décisions qu’on choisit de prendre.

Ceci est clairement votre album le plus complexe à ce jour, dans la mesure où il mélange une complexité musicale et une complexité sonore. Ça a dû représenter un énorme boulot ! Peux-tu nous décrire le processus ?

Oui, ça a nécessité une quantité faramineuse de travail. C’est même dur à résumer. Nous avons fait seize démos, voire plus, totalement étoffées, que nous avons mixées, qui contenaient des centaines de pistes, tout ça dans le simple but de montrer à quiconque allait travailler sur l’album : « Voilà ce qu’on veut faire. On veut passer un palier. On ne veut pas que ce soit modifié. On ne veut pas de compromis. » Il fallait que nous montrions vraiment ce que nous voulions. Ce processus a donc pris énormément de temps et ensuite, nous avons dû refaire et reconstruire tout le truc, en mieux. Honnêtement, ça nous a réellement accaparés chaque jour durant au moins les deux dernières années, voire plus. Ce n’est donc pas comme si nous allions en studio pour un petit moment et jammer… On n’improvise pas là-dessus. Chacun sait ce qu’il a à faire et ça requiert probablement environ dix à douze heures quotidiennes de travail concentré. Et c’est sans parler du fait que nous fabriquons notre propre merch, nous envoyons notre propre merch, nous créons tous nos propres visuels, nous avons écrit des scripts détaillés de tous les clips et nous sommes impliqués dans tous les aspects de ces derniers, nous fabriquons nos propres accessoires, nous fabriquons une bonne partie de nos propres vêtements ! Nous gérons tous les aspects de ce projet et je refuse que ça se passe autrement. C’est ce qui me motive, c’est ce qui me maintient en bonne santé.

« Mon espoir est que nous puissions influencer d’autres artistes, de la même manière que nous sommes influencés par d’autres artistes, et que nous engendrerons une nouvelle vague – même toute petite – dans la musique heavy qui secouera le système et le rafraîchira. »

Vous avez ajouté une nouvelle strate à votre son, en développant largement le côté électronique et programmation du groupe. A quel point ceci a changé ou façonné le processus ? Prenez-vous en compte ces effets et cassures de post-production dès la phase de composition ?

Tout a été échafaudé dès le départ, car si nous ne l’avions pas fait ainsi, nous n’aurions pas pu rendre l’album aussi finement détaillé. Nous avons beaucoup appris du dernier album : une bonne partie de l’électronique avait été ajoutée à la fin, et nous savions en commençant l’album que nous allions faire ça, mais nous ne savions pas exactement comment nous allions le faire. Donc pour celui-ci, nous avons tout construit un peu comme si c’était un grand orchestre. Ce n’est pas un groupe avec de l’électronique, c’est quelque chose de global qui comprend tout et les limites sont très floues. Donc quatre-vingts à quatre-vingt-dix pour cent était déjà là sur les démos et ensuite, à mesure que nous avancions, évidemment, nous trouvions de nouvelles idées, il y a certaines choses qui ne s’avéraient finalement pas nécessaires, etc. Et nous savions que certains trucs allaient rebuter des gens, mais ça avait du sens pour nous par rapport au récit. Nous ne voulions pas que ce soit juste des effets spéciaux. Nous voulions que ça fonctionne en corrélation avec le récit, avec ce que je dis dans le texte au moment où ça se passe, ainsi que lorsque nous voulions réveiller les gens, et ces éléments sont de super outils pour ça. Donc oui, les démos avaient déjà ces cassures que nous essayions de mettre dans l’album ; celles des démos peuvent même parfois être meilleures, honnêtement [petits rires]. Tout ça, c’est du développement. A mesure que nos compétences se développent, nous sommes capables d’apporter de nouveaux éléments à notre son et peindre cet univers que nous essayons de créer, et ça le rend encore plus grand et détaillé. J’ai l’impression que c’est très important pour notre santé mentale, car nous avons toujours besoin de nous développer, d’être contents et d’être satisfaits.

Une partie de la programmation a été l’œuvre de Chris Vrenna, ce qui pourrait expliquer pourquoi on a parfois un parfum de Nine Inch Nails. Quelle a été sa contribution exactement ? Comment cette collaboration a-t-elle fonctionné ?

Je pense que le parfum de Nine Inch Nails vient juste de notre inspiration puisée chez eux et pas vraiment de lui directement. Il est clair qu’il a apporté des sons géniaux et qu’il est absolument extraordinaire, mais son rôle était surtout de travailler avec Shade [Eric Balderose], sur le plan technique, pour l’aider à arranger les chansons de façon à ce que quand les choses se retiraient et revenaient, ça ne donnait pas l’impression d’être vide ou d’un groupe qui se faisait bouffer par l’électronique, à moins que ce soit l’effet voulu. Il fallait éviter que ça fasse trop vide quand il n’y avait plus d’électronique ou quand le groupe se retirait. Ils ont donc passé beaucoup de temps sur l’aspect technique, et ensuite Chris a pu pimenter les chansons grâce à quelques petits sons sympas. Mais pour ce qui est de Nine Inch Nails, c’est incontestablement l’un de nos groupes préférés, à Shade et moi. Nous sommes évidemment influencés par eux et c’était vraiment un honneur de travailler avec Chris, mais ce n’est pas à lui que j’attribuerais ça. Je ne pense pas qu’il ait essayé d’imposer des trucs là-dedans. C’est juste que ça fait partie de nos influences. Tout le monde devrait être influencé par ce groupe.

L’album a été produit par toi et Nick Raskulineczs, ainsi que le coproducteur Will Yip. Cette musique était-elle si complexe, d’un point de vue sonore, que vous aviez besoin de trois cerveaux pour travailler sur la production ?

Oui, enfin, il y a vraiment plus que trois cerveaux, car il y a Reba [Meyers] et Shade qui ont aussi travaillé sur plein d’éléments. Evidemment, je supervise tout et il y a plein de… Par exemple, le concept de l’album est le mien, donc je suis tout le temps assis là à superviser. Et Nick a énormément apporté. C’est lui qui a fait que ça semble sonner énorme et que ça envoie comme un simple groupe quand il le fallait. Will a passé quinze heures par jour rien que sur le mixage, avec nous regardant par-dessus son épaule pendant des jours et des jours. Il y a eu au moins vingt mix de faits sur chaque chanson de l’album pour trouver celui qui était exactement comme il faut. Et puis Andrew Dawson, qui a beaucoup travaillé avec Kanye West, sa production de la chanson « Underneath » a été aussi une grande influence et très utile. Nous sommes énormément influencés par le hip-hop et un paquet de trucs que lui-même a fait, donc j’ai voulu faire appel à lui pour cette chanson. Donc il y a eu plein de cerveaux impliqués ! Mais au final, ils travaillent tous pour l’objectif que nous avons défini et nous travaillons plus que n’importe qui, chaque jour, les weekends, entre les sessions, etc. Et nous adorons tous ça, c’est pourquoi nous sommes disposés à travailler dur. Je pense que nous avons seulement besoin de gens pour nous aider à concrétiser notre vision dans un délai raisonnable.

Non seulement tu as supervisé la production toi-même, mais Eric Balderose a géré le mix avec Will Yip. N’est-ce pas difficile pour les gens extérieurs de travailler avec un groupe qui est autant dans le contrôle et aussi investi et méticuleux ?

Oui, c’est sûr. C’était même encore plus dingue que ça parce que Reba, Eric et moi étions là durant tout le mixage. Eric a mixé lui-même ses trucs électroniques, ce qui explique pourquoi il est crédité, et Will était celui qui faisait le véritable boulot sur le mixage, mais nous étions tous les trois là durant toute la durée du mixage. Donc oui, nous sommes là derrière ces gars à leur souffler dans le cou et presque leur faire vivre un enfer, mais nous nous en sortons tous et je pense qu’au final nous n’en sommes que meilleurs, car on se retrouve avec quatre personnes faisant attention au moindre détail, on ne loupe rien et tout est délibéré. Je pense que c’est très important. Mais Will est notre ami et nous avons un grand respect pour lui et nous le traitons avec beaucoup de respect, et nous prenons vraiment son opinion en considération. S’il a un avis tranché au sujet de quelque chose, il est très probable que nous le suivions, car je lui fais confiance. Et j’ai ressenti la même chose avec Nick après l’avoir rencontré. Nous avons donc un bon environnement. Ce n’est pas : « Tu fais ça ! » C’est plutôt : « D’accord, voilà ce qu’on veut obtenir. » Et une fois que nous nous sommes mis d’accord : « Du coup, comment on l’obtient ? » « Est-ce que tu as entendu ça ? » « Non, je n’ai pas vraiment entendu. » « Réécoute, pour voir si tu entends. » « D’accord, personne n’entend, alors on laisse tomber, on oublie ça. » Voilà un peu comment ça fonctionne.

« Quiconque dit qu’on ne peut pas innover est sur le point d’avoir la preuve qu’il a tort. »

Comme je l’ai mentionné, il y a beaucoup d’effet et de cassures électroniques : comment allez-vous aborder ça en live ? Ça ne va pas causer des difficultés de reproduire les chansons telles qu’elles sont sur l’album ?

Nous avons répété comme des malades ! Donc je ne crois pas que ça posera de problème, parce que nous jouons sur un tout nouveau système et que nous nous arrêtons à la microseconde près sur ces parties. Evidemment, il y aura un côté plus humain et ce sera un petit peu plus brut que sur l’album, et de toute façon c’est aussi ce qui est amusant avec le live, mais nous voulons quand même être ultra-précis sur ces parties et les faire comme elles sont sur l’album. Je trouve que ça s’en rapproche beaucoup. Enfin, je ne sais pas si tous les soirs ça sera au top, mais nous faisons un effort plus que maximum pour que tout soit au plus proche. Si le coronavirus nous permet de tourner, alors ce sera excitant à voir pour les fans. Je pense qu’ils vont adorer !

Cette musique est tellement expérimentale que c’est presque impossible à classifier : est-ce votre but sur le long terme, de vous libérer des considérations de style et être votre propre style ?

Nous adorons toutes sortes de styles, donc je ne dirais pas qu’il s’agit de se libérer. Enfin, notre esprit sera toujours celui du hardcore, et le hardcore influence notre musique y compris sur cet album ; il y a plein d’influences hardcore dans ces chansons. Si nous devions nous associer à quoi que ce soit, ce serait au hardcore, c’est sûr, mais il est clair que, selon moi, nous existons sur notre propre plan maintenant. Je pense que nous traçons notre propre chemin. Nous avons adopté un tas d’éléments que, selon nous, la musique heavy, le rock et le hardcore se devaient d’adopter, et nous avons réfléchi à quelle serait notre utilité là-dedans. C’est un peu ce qui nous a nourris. Nous voyons un gros trou dans l’équation et nous essayons de le combler à notre façon. Mon espoir est que nous puissions influencer d’autres artistes, de la même manière que nous sommes influencés par d’autres artistes, et que nous engendrerons une nouvelle vague – même toute petite – dans la musique heavy qui secouera le système et le rafraîchira. C’est quelque chose dont, selon moi, la scène a grandement besoin. Je pense que cet album sonne neuf. Il sonne comme ci et comme ça, et comme ci et comme ça, mais à la fois, il ne sonne comme rien de particulier. Je pense qu’il représente ce que la musique heavy a besoin qu’on fasse pour être excitante. Tout le monde n’aimera pas, évidemment, mais j’espère que les gens en tireront quelque chose.

Certains disent que tout a été inventé dans le rock, le metal et le hardcore, et qu’on ne peut plus innover…

Je pense que ceux qui disent ça ont besoin de poser une oreille sur cet album et alors ils découvriront à leurs dépens que ce n’est pas vrai. Je pense que ça nécessite qu’on aille chercher des choses ailleurs, mais à la fois, il faut… Pour notre part, nous voulions aller chercher d’autres choses mais tout en conservant l’âme de la musique dure et en faisant que les parties dures soient vraiment dures et en cognant comme le meilleur des groupes de musique dure, faire que la guitare ait ce putain de son qu’on adore tous, ne pas s’en débarrasser et essayer de dire : « Oh, on évolue, donc on se débarrasse de ces trucs. » Non ! Je veux dire que cet album contient parmi les parties les plus dures que nous ayons jamais écrites et j’en suis très fier. Je pense qu’il faut qu’un tel album honore les traditions et les meilleurs aspects de la musique heavy, tout en apportant de nouveaux éléments. Selon moi, c’est exactement ce que nous avons fait sur cet album. Je suis surexcité à l’idée de voir ce que les gens en pensent. Mais même, peu importe ce qu’ils en pensent, l’album est ce qu’il est. Je sais que ce que je dis est vrai. Donc quiconque dit qu’on ne peut pas innover est sur le point d’avoir la preuve qu’il a tort.

Interview réalisée par téléphone le 26 février 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Tim Saccenti & Jimmy Fontaine (5)

Site officiel de Code Orange : www.codeorangetoth.com.

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