Pour beaucoup révélé grâce à la tournée accompagnant Rammstein, Combichrist, mine de rien, fait de plus en plus de grabuge en dehors du cercle purement industriel. Une performance en soi dans le monde du metal si l’on considère le fait que le groupe n’utilisait, jusqu’alors, aucune guitare. Mais force est de constater que les performances live du maître à penser et fronmtan Andy LaPlegua et ses acolytes sont parvenus à marquer les esprits. C’est ainsi que le bouche-à-oreille fait son œuvre. Nous sommes ici prêts à parier que le soufflé ne retombera pas de si tôt tant le groupe bonifie ses prestations live avec le temps.
C’est en tout cas ce que démontre le passage du groupe au CCO de Villeurbanne le 9 juillet dernier, un an après leur déjà très bonne prestation au Ninkasi Kao de Lyon.
Artistes : Combichrist – V2A
Date : 9 juillet 2012
Lieu : Villeurbanne
Salle : CCO
Parlons brièvement de la prestation de V2A en première partie. Une très bonne mise en bouche, avec son électro-industriel gothique. Un côté kitsch d’ailleurs particulièrement prononcé par les dégaines (maquillages, cuir, New-Rock sur-compensées, drapeaux) et l’exagération des membres de la formation dans leur interprétation. Mais ce petit côté cirque n’était pas pour déplaire et offrait un véritable divertissement en attendant Combichrist.
Le show de V2A se clôture en parfaite cohérence avec son set, le groupe poussant le public à scander le refrain de son ultime titre, soit les mots suivants : « Love like an angel, fuck like a bitch ! ». Peu subtil, vous en conviendrez, mais ça a le mérite de mettre le cerveau de côté et de défouler.
Dans un concert, il y a deux moments cruciaux à ne pas rater pour un groupe : le début et la fin. Alors, bien entendu, le reste a aussi son importance mais l’expérience montre qu’une fin ou un début raté peuvent suffire à donner une mauvaise impression ou, au contraire, s’ils sont particulièrement réussis, à marquer les esprits. Ceci pour dire que ce soir, Combichrist a su se mettre ses spectateurs dans la poche rien qu’avec ces deux moments clefs. Mais comme Andy LaPlegua et sa bande n’aiment pas faire les choses à moitié, ils sont également parvenus à maintenir la pression d’un bout à l’autre. Vous vous en doutez, on pourra ici parler de concert d’exception.
Tout commence de manière presque dramatique avec un « Intruder Alert » qui résonne telle une alarme dans la salle. Ce titre de 2003, issu des débuts du groupe (le premier album The Joy Of Gunz), est des plus répétitifs, à la fois jouissif et irritant. Il se fait l’annonce d’un danger imminent qui met immédiatement la pression sur les spectateurs. A partir de là, le concert est orchestré en progression : ce premier titre et le suivant, « Like To Thank My Buddies », se voient interprétés avec seulement LaPlegua accompagné d’un premier claviériste-percussionniste à gauche. Z Marr rejoint la scène à droite sur le titre suivant : « Are You Connected? ». Au milieu de « Blut Royale », c’est au tour du batteur Joe Letz de prendre place. C’est à partir du sixième titre que la troupe est complétée par Abbey Nex investissant un poste fraîchement inauguré dans le groupe : celui de guitariste. Une vraie bonne idée que cette manière d’agencer la première partie de set, permettant non seulement de faire monter la température mais également de maintenir la surprise des spectateurs qui découvrent chaque musicien à tour de rôle.
Et tout se termine de manière on ne peut plus jouissive avec le batteur qui vient placer son tom basse au dessus des spectateurs pour exécuter un rythme tribal, avant de s’écrouler à terre, en chaussettes, le tom entre ses jambes. La débauche est à son paroxysme pendant l’ultime appel à la démence « What The Fuck Is Wrong With You? », face à un public en transe, suant, souriant, satisfait et comblé.
Et au milieu, demandez-vous ? C’était sale. Sale et décadent. Andy LaPlegua est possédé, gratifiant l’audience de sourires et de grimaces et n’hésite pas à jouer avec elle. Incessamment il vient au contact des premiers rangs pour leur chanter au visage ou leur tendre la main. Il y a véritablement quelque chose de très tactile dans la prestation offerte par le frontman, entretenant un véritable échange avec son public. Si tactile, qu’il en vient à donner, avec un grand sourire taquin, des coups de pieds aux fesses des slammer qui se jettent dans la foule. C’est également avec la scène que LaPlegua s’amuse. Il vient à la rencontre de ces collègues, s’assied sur le plateau de la batterie, tape dans le malheureux tom basse qui n’a cessé de se retrouver à terre. D’ailleurs qu’a-t-il cherché à faire en emportant ce dernier pour le poser à l’envers sur une enceinte en demandant au roadie de ne pas y toucher avant la fin du titre ?
Un roadie qui décidément avait du pain sur la planche ! Entre les éléments de batterie qui ne tiennent pas debout et le batteur qui, non seulement asperge sa batterie d’eau pour l’effet visuel, mais également s’amuse à balancer à la chaîne ses baguettes en l’air, que ce pauvre roadie part récolter tel les oiseux derrière le Petit Poucet. Un batteur véritablement fou (on a des raisons de croire qu’il avait pris le temps de se poudrer le nez avant de venir… dans les deux sens du terme) qui se donne à deux cents pour cent derrière ses fûts avec une gestuelle désarticulée des plus visuelles. Les deux claviéristes-percussionnistes sur les extrémités de scène font preuve de plus de discrétion mais jouent les apollons noirs avec leurs maquillages cradingues et leur poses, soit en balançant leur clavier, soit martyrisant d’une main une cymbale empoignée de l’autre.
La nouveauté, elle a été mentionnée un peu plus haut : ce guitariste androgyne, à l’allure gothique malsaine au possible. Grand, maigre, cheveux gras et vêtu de collants déchirés, il a passé tout le temps de sa prestation la bouche grande ouverte. Une attitude et un look vraiment dérangeants qui feraient passer Marilyn Manson pour une gentille écolière bien rangée. D’ailleurs sa présence est davantage justifiée par son allure que son jeu de guitare simpliste. « Inexistant » diraient certains dans le fond qui ne l’entendaient absolument pas. Pourtant il jouait bel et bien et ses rythmiques en power-chords passaient bien à travers son amplificateur.
Pour finir, il reste l’essentiel : les titres interprétés. Aucun temps mort, les tubes s’enchaînent sans relâche en faisant à chaque fois un peu plus monter la pression auprès de l’audience. Il suffit de voir la setlist : elle parle d’elle-même. Disons simplement que les « Fuck That Shit », « Get Your Body Beat », « Electrohead » et autre « What The Fuck Is Wrong With You? » restent des moments de pure jouissance. Le terme est bien choisi, car la dimension sexuelle n’est jamais bien loin avec Combichrist. « Shut Up And Swallow ! »
Setlist (sous réserve) :
Intruder Alert
Like To Thank My Buddies
Are You Connected?
Blut Royale
Fuck That Shit
Deathbed
Get Your Body Beat
Electrohead
Shut Up And Swallow
Scarred
Get Out Of My Head
Just Like Me
Follow The Trail Of Blood
Throat Full Of Glass
They
Rappels :
Never Surrender
What The Fuck Is Wrong With You?
Photos : Nicolas « Spaceman » Gricourt
A voir également :
Galerie photos du concert de Combichrist.
Découvrant ce groupe au Sonisphère 2012 à Amnéville, ça a été une sacré claque et une très bonne découverte ! Ce groupe est vraiment énorme en live !