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Interview    Le Son D'Histoire   

Conception : retrospective avec Tore Østby


Il y a quelques semaines nous vous proposions une interview pour marquer un des événements – si ce n’est l’événement – de 2018 dans la scène metal progressif : le retour de Conception avec un EP de musiques toutes fraîches, les premières en vingt et un ans, intitulé My Dark Symphony. En ce début d’année, le groupe continue de prendre ce retour étape par étape et vient d’annoncer leurs deux premiers concerts de reformation, qui auront lieu en avril dans leur ville de Gjøvik.

En attendant la suite des hostilités, nous avons profité d’avoir le guitariste Tore Østby sous la main pour revenir sur les quatre albums de Conception et recueillir ses sentiments et souvenirs sur ceux-ci. Une bonne occasion pour replonger dans la discographie du groupe ou faire plus ample connaissance pour ceux qui le découvrent aujourd’hui.

The Last Sunset (1991)

« C’était une époque excitante quand nous avons fait le premier album. C’était peut-être la période où nous avons essayé de trouver une direction et, à la fois, explorer différents styles de musique. Ce sont grosso modo les balbutiements où l’identité de Conception a commencé à apparaître. C’était aussi une période où nous avons essayé différentes constellations et enfin, avec The Last Sunset, et ce line-up, c’est là où nous avons pensé : “D’accord, on tient quelque chose.” C’est un album plein d’inspirations différentes et d’essais pour aller dans différentes directions. La musique a en partie été écrite avant que Roy [Khan] ne rejoigne le groupe. La chanson éponyme sur cet album, je pense que c’est la première où Roy a pu vraiment faire son propre chant, où nous avons pu créer ensemble. C’est aussi la chanson sur cet album qui est la plus annonciatrice de ce qui allait arriver ensuite. Je crois que seul Ingar [Amlien] avait enregistré des albums avant, et à cette époque nous faisions déjà les choses comme nous les faisons aujourd’hui : à la débrouille, par nos propres moyens. Nous étions sur notre propre label… En revanche, à cette époque, nous n’avions pas d’équipe, donc nous devions aussi envoyer des CD à travers le globe et à peu près tout faire nous-mêmes. C’était une belle expérience et nous avons beaucoup appris. »

Parallel Minds (1993)

« Après The Last Sunset, nous avons été signés, et je pense que nous nous sommes beaucoup développés. Cette période entre The Last Sunset et Parallel Minds, c’est là que nous avons vraiment pu commencer à écrire ensemble. Roy et moi sommes devenus une équipe de composition plus forte. C’était peut-être moins expérimental que The Last Sunset. Nous avons commencé à davantage façonner les chansons. Nous avons beaucoup mûri. Nous étions assez jeunes, je crois que j’avais dix-huit ou dix-neuf ans quand nous avons fait The Last Sunset, et bien sûr, durant ces premières années, on apprend énormément. Donc sur Parallel Minds, nous avons commencé à apprendre à mieux maîtriser l’art de la composition. Les chansons étaient mieux ficelées. Ça restait expérimental jusqu’à un certain point mais en mettant mieux en évidence une direction donnée. C’est le premier album où nous avons eu un producteur extérieur, vu que nous avions produit The Last Sunset nous-mêmes. Pour la première fois, nous sommes allés en Allemagne pour travailler avec Tommy Newton en tant que producteur, ce qui était également un processus très palpitant et a aidé à développer notre son. »

In Your Multitude (1995)

« C’est sans conteste l’album le plus progressif. D’une certaine façon, c’était même le début d’Ark. Un morceau comme “A Million Gods”, c’est grosso modo là qu’Ark a repris les choses en développant davantage le style. C’était plus progressif et, encore une fois, un peu différent de ce que nous avions fait avant. Nous avons étendu nos influences, pas seulement venant du metal mais de la musique classique, de la folk, du jazz, de la fusion… Al Di Meola, par exemple, a été une grande influence pour moi et peut-être y avait-il plus d’influences jazz-fusion dans cet album. Et puis il y a la chanson éponyme que j’aime encore beaucoup, elle a cette énorme atmosphère. Les harmonies et les mélodies aussi ne sont pas très typiques. Il y a une assez grande diversité d’ambiances dans cet album que j’aime vraiment. Il y a même des influences ethniques… Le spectre des influences est énorme. »

Flow (1997)

« Nous avons énormément mûri entre In Your Multitude et Flow. C’est un album résolument plus concis et accrocheur, et c’était une évolution naturelle pour nous, dans notre développement en tant que compositeurs. Ce n’était pas forcément une direction consciente, car quand nous créons, nous nous contentons de créer la musique que nous voulons créer. On peut dire que ça commence avec la volonté de créer pour soi ou, dit autrement, nous laissons la musique ruisseler à travers nous en fonction de ce que nous ressentons. Voilà pourquoi nous évoluons constamment. C’est toujours un témoin de l’époque où nous composons et enregistrons, de ce que nous ressentons et voulons exprimer. D’abord nous créons la musique et ensuite nous la travaillons jusqu’à ce que nous soyons tous vraiment contents de chaque détail. Mais ensuite, nous présentons ça au public, et c’est très gratifiant quand les gens adhèrent à ce que nous faisons. C’est un réel bonus, car on n’a pas envie de juste exprimer quelque chose soi-même, on veut s’exprimer aussi à travers les autres.

Puis nous étions tellement contents quand la production de Flow était finie. Tommy Newton a fait un boulot fantastique pour obtenir ce son. Nous trouvions que c’était assez moderne pour l’époque. On en a la preuve aujourd’hui, car c’est un album qui a vraiment vécu, alors même que nous étions inactifs. Etrangement, on dirait que cet album est encore mieux apprécié aujourd’hui qu’il y a vingt et un ans. Nous avons assurément trouvé notre son avec cet album mais ce n’est pas genre “ceci est notre son, on va rester là-dessus”. Nous continuons à progresser à partir de là. Mais il est certain que le son de cet album est davantage lié à ce que nous faisons aujourd’hui qu’aux albums précédents. Nous avions une nouvelle base pour aller plus loin, je dirais. Et maintenant, j’ai le sentiment que nous avons encore plus mûri entre Flow et My Dark Symphony. »

Propos recueillis par téléphone le 19 décembre 2018 par Nicolas Gricourt.

Site officiel de Conception : www.conceptionmusic.com

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