Il est libre D.J. Ashba ! Voilà en effet un an que le guitariste à cédé sa place au sein de Guns N’ Roses pour le retour de Slash, après six années de bons et loyaux services. Chose qu’il a fait avec beaucoup de bonheur, comme il nous l’avoue dans l’entretien qui suit, d’abord en tant que fan lui-même du Guns N’ Roses d’Axl Rose, Slash et Duff McKagan, mais également pour le temps libre que cela lui laisse pour se consacré à son bébé Sixx: A.M..
On le sait, Sixx: A.M. est aujourd’hui sa seule et unique priorité avec le chanteur James Michael et le bassiste Nikki Sixx. Et c’est ainsi que le trio a pu entreprendre de sortir cette année non pas un mais deux albums interconnectés, Prayers For The Damned, Vol. 1 sorti fin avril et désormais Prayers For The Blessed, Vol. 2.
Après avoir parlé avec James et Nikki, c’est donc au tour de D.J. Ashba de nous livrer les secrets de ce double opus, notamment le travail de guitare particulièrement généreux et ébouriffant mais aussi les artworks réalisés par ses propres soins. L’occasion également de revenir un peu sur sa carrière, de Guns N’ Roses, évidemment, en remontant jusqu’aux méconnus et pourtant excellents Beautiful Creatures.
« Les fans ne nous ont jamais laissé tomber et c’est pourquoi nous sommes un groupe à l’heure actuelle, car ils refusent d’accepter ‘non’ comme réponse [petits rires]. »
Radio Metal : Ça fait sept mois maintenant que Prayers For The Damned est sorti. Qu’est-ce que ça fait d’enfin pouvoir montrer le package complet au monde, avec l’arrivée du second volume ?
D.J. Ashba (guitare) : C’est super ! Nous avons vraiment mis nos cœurs et nos âmes dans ces deux albums. Nous sommes extrêmement fiers de ce que nous avons accompli avec ça. J’ai hâte que tout le monde entende enfin le second volume ! Ça sera génial !
Nikki nous a dit que chaque album a été composé en ayant conscience de l’autre. Comment avez-vous procédé pour faire ça ? Comment l’écriture d’un album a-t-elle impacté l’autre et vice-versa ?
Il y a des chansons sœurs, c’est certain, sur les deux albums, où l’un a une ballade, donc essayons d’écrire une ballade encore plus grosse pour l’autre album, ou l’un a une chanson vraiment à fond portée sur les guitares, donc essayons d’en avoir une aussi pour l’autre. C’est clair qu’ils sont en concurrence l’un avec l’autre, en ce sens. Y aller et faire un double album était le but mais nous voulions le faire en ayant en tête de faire deux albums individuels qui coexistaient l’un avec l’autre. De cette façon, nous ne tomberions pas dans le piège de « mettons toutes les bonnes chansons dans un album et tous les restes sur le second album. » Nous avions vraiment conscience qu’il ne fallait pas tomber là-dedans mais nous nous y sommes mis avec pour état d’esprit « faisons un second album qui soit encore meilleur que le premier. » Et nous nous sommes concentrés à fond là-dessus, et nous avons vraiment essayé de monter notre niveau d’un cran.
L’une des choses que le premier volume n’avait pas et que le second a est une reprise, qui est « Without You ». Comment avez-vous eu l’idée de reprendre cet énorme hit pop, et vous êtes-vous basé sur la version originale de Badfinger ou bien sur celle de Mariah Carey qui est encore plus populaire ?
En fait, c’est un peu étrange ! Je n’en avais aucune idée ! Je connaissais la version de Badfinger. Nous l’avons entendue à la fin d’un film, un soir dans le bus, et nous étions là : « Wow, ça fait partie de ces chansons qui ont toujours été dans nos vies ! C’est vraiment une super chanson, elle possède une mélodie et un message vraiment entêtants. » Paul McCartney a dit que c’est l’une des chansons les mieux écrites qui soient, et je ne peux qu’être d’accord avec lui. C’est incroyablement bien écrit ! Lorsque nous avons fait notre version, je n’avais aucune idée que Mariah Carey en avait fait une version ! Donc c’était assez classe de découvrir ça après coup. Certaines personnes vont seulement connaître la version de Mariah Carey, certaines personnes comme moi ne sauront même pas que Mariah l’a faite. Je trouve que Mariah a un talent extraordinaire, j’adore sa version, mais je ne suis pas le genre de gars qui se pose pour écouter des chansons de Mariah Carey, donc je n’étais pas au courant qu’elle en avait fait une version. Je connaissais celle de Badfinger… En fait, je ne connaissais même pas la version de Badfinger, je connaissais la version d’Harry Nilsson [de 1971]. C’est avec cette version que j’ai grandi et c’est celle-là que j’ai toujours adoré. J’ai le sentiment que pour Sixx: A.M., c’était la chanson parfaite à reprendre. Au niveau paroles, musique, tout, ça ne pouvait pas mieux coller à ce groupe et j’en suis très fier. Je crois que nous avons capturé l’esprit envoûtant de l’originale, mais nous l’avons faite à notre façon, ce qui est plutôt cool.
L’une des chansons qui ressortent sur l’album est clairement « The Devil’s Coming », avec son riffing puissant, ses guitares hurlantes et sa double grosse caisse. C’est quelque chose que nous n’avons pas encore entendu de la part de Sixx: A.M…
C’était une chanson amusante ! J’en suis également très fier. C’est la toute première fois que j’ai joué de la talk box sur un album, ce qui est assez classe. Je me souviens du jour où nous l’enregistrions, nous courions partout en ville à essayer de trouver une talk box, car plus personne n’en utilise ! C’est quelque chose qui n’a pas été utilisé depuis de nombreuses années, tout du moins, je n’en ai pas vu depuis très longtemps. A une époque, elles étaient populaires, genre, avec Peter Frampton mais c’est quelque chose qu’on n’entend pas très souvent sur des albums. Je ne sais pas pourquoi mais dans ma tête, je me suis toujours entendu doubler la mélodie de chant principal à la guitare avec une talk box. C’était la chanson parfaite. Nous avons finalement réussi à en dénicher une et ça faisait de nombreuses années que je n’en avais pas utilisé, donc c’était une petite chanson bien amusante à enregistrer, c’est certain !
Il y aussi un interlude de guitare intitulé « Catacombs ». Est-ce que tu considères ça comme ton propre « Eruption », à la Van Halen ?
En fait, c’est plutôt le contraire ! Je n’ai jamais cherché à faire un solo de guitare sur l’album. C’était en fait une sorte d’erreur sympa. J’avais visité les catacombes en France, à Paris, et c’est un peu ce qui a inspiré… Tu m’as peut-être vu dans l’émission Tanked de la chaîne Animal Planet, les catacombes m’ont inspiré cet aquarium chez moi. C’est quelque chose qui m’a toujours scotché et intrigué. J’ai donc été inspiré lorsque j’étais là-bas et j’ai écrit un morceau de musique qui, plus tard, est devenu un morceau de musique sur lequel je faisais mes échauffements. Car quand j’allais jouer un concert, je m’échauffais dessus ; avant de commencer à enregistrer une chanson, je m’échauffais dessus. Nous étions au studio en train d’enregistrer Prayers For The Blessed, je m’apprêtais à enregistrer une autre chanson, donc je m’y suis mis, je me suis échauffé, j’ai joué le truc et j’ai dit : « Ok les gars, prêt. Allons-on y ! » Et ils étaient là : « Hey mec, il faut que tu viennes ici. » Et j’étais là : « Qu’est-ce qu’il se passe ? » J’ai couru dans la salle de contrôle et ils m’ont dit : « On vient d’enregistrer ce que tu viens de faire. » J’ai dit : « De quoi tu parles ? » Et ils me l’ont rejoué, et ils étaient là : « On pense avoir capturé la magie là, on adorerait mettre cette chanson sur l’album. » Et c’était un peu l’idée de James et Nikki, ils voulaient vraiment la mettre sur l’album. Ma plus grande peur était : « Oh, non, je ne veux pas que les gens pensent que j’essaie de faire un ‘Eruption’ partie deux. » Et Nikki a dit : « Tu sais quoi ? Tu es un guitariste tellement inspirant. Les gamins ont besoin de quelque chose à admirer. » Et j’ai pensé que c’était assez cool, et j’ai dit : « Ok. Si un gamin trouve l’inspiration pour jouer de la guitare comme je l’ai fait lorsque j’étais jeune, j’ai entendu « Eruption » et j’ai pris la guitare, alors tu sais quoi ? Qu’il en soit ainsi. » Avec un peu de chance, ça inspirera vraiment des gosses. Ceci dit, c’est vraiment quelque chose dont je suis fier. Ils ont capturé quelque chose que je faisais, et je n’avais aucune idée qu’ils enregistraient, donc c’est un morceau plutôt cool.
« Lorsque tu joues les chansons qui viennent de ton âme, […] tu vois tes chansons se connecter à ta fan base. C’est complètement différent, et l’argent ne peut pas acheter ça. C’est un sentiment indescriptible. »
Il y a toujours eu des influences de Queen ici et là dans Sixx: A.M. mais jamais de l’ampleur de « Riot In My Head » avec les chœurs typiques et même le solo de guitare qui sonne vraiment comme Brian May. Doit-on considérer ceci comme un genre d’hommage ?
Brian May a toujours été une grande influence sur ma façon de jouer de la guitare. Eddie Van Halen, Randy Rhoads et Brian May seraient probablement mes trois guitaristes préférés. Et j’adore Scotty Moore du groupe d’Elvis. C’est super quand tu peux t’approprier ce avec quoi tu as grandi et y mettre ta patte, lui donner un côté moderne. Je pense que c’est ce qui permet à l’évolution de la musique d’avancer sans cesse. Par exemple, j’étais inspiré par « Eruption », j’ai sorti une chanson qui s’appelle « Catacombs » qui pourrait inspirer un jeune gamin, et un jour il fera sa propre interprétation de « Catacombs » et avec un peu de chance, il enregistrera un autre morceau de musique qui inspira un autre gamin. C’est ça la beauté de la musique ! Et ça remonte de Jimmy Page jusqu’aux plus jeunes. Je ne sais pas du tout pour cette chanson en particulier si nous avions Queen en tête mais, évidemment, on peut entendre ces influences ressortir parce que ça fait partie de notre style de jeu. Nous avons grandi avec des groupes comme Queen, Van Halen et David Bowie. C’est ce qui était si cool avec le fait de faire Modern Vintage, c’est-à-dire que nous avons eu l’occasion de plonger dans « pourquoi est-ce que nous sonnons comme nous sonnons ? Pourquoi jouons-nous de la musique ? » Nous avons pu vraiment explorer nos influences. Nous avons appris énormément en faisant Modern Vintage et maintenant, nous comprenons pourquoi cette chanson, effectivement, sonne probablement comme un solo à a Brian May, car on creuse dans nos influences, et tout ce qu’on apprend dans notre vie, et on y rajoute notre propre patte, et ça devient l’ingrédient qui fait que Sixx: A.M. sonne comme Sixx: A.M. et ce qui fait que D.J. Ashba sonne comme moi lorsque je fais des solos. Ce qui te donne ton propre son, c’est toutes les différentes combinaisons d’influences.
La chanson la plus émotionnelle des deux albums est certainement la dernière chanson, « Helicopters », et cet incroyable solo de fin. Est-ce que tu te mets dans un mode ou un état d’esprit particulier lorsque tu enregistres quelque chose comme ça ?
Effectivement, vraiment. Et le truc, avec moi, c’est que je ne travaille jamais les solos avant d’aller enregistrer un album. En fait, les solos sont la toute dernière chose dont nous nous soucions. Dans ma tête, ça se produit naturellement. En gros, ce que je fais, c’est que nous écrivons un arrangement d’accords et de choses pour le solo, et j’ai à peu près une idée mais je ne pré-travaille jamais sur aucun solo. Lorsque je vais en studio, j’aime que James simplement appuie sur le bouton d’enregistrement, j’écoute les paroles, j’écoute le feeling de la chanson et j’essaie vraiment de me mettre dans le moment. Le solo de guitare, à mon avis, est quelque chose de très important lorsqu’il est fait correctement. On ne devrait jamais jouer pour soi-même, on devrait toujours jouer pour la chanson. C’est là où j’ai le sentiment que le chanteur, quel qu’il soit, te tend la mélodie de la chanson, et tu récupères l’audience pour l’emporter dans un voyage vraiment épique, et tu fais le tour de la montagne et tu retends la mélodie au parolier. Je trouve que c’est un rôle très important dans une chanson. Et j’ai toujours été totalement porté sur la mélodie. En fait, je me souviens de celle-ci, « Helicopter », j’avais enregistré un solo différent dessus et j’étais en vacances en train d’écouter, je n’arrêtais pas d’appeler James en disant : « Mec, ce n’est pas le bon solo pour la chanson. Il faut que j’aille au studio faire autre chose. » Et il était là : « T’es sûr ? C’est vraiment bon ! » Et j’ai dit : « Je sais que je peux faire quelque chose de mieux. » Je savais au fond de moi que ce n’était pas ce qu’il fallait à la chanson. Je lui ai fait envoyer la chanson au Ashbaland Studios et il m’a envoyé les pistes pendant la nuit, j’ai été à mon studio tout seul et je me suis vraiment mis dans le moment, j’ai réenregistré le solo – c’était à la dernière minute, lorsque l’album était en train d’être mixé ! -, je l’ai renvoyé à James et Nikki et ils m’ont appelé, disant : « Bordel de merde, mec ! C’est ça ! C’est le solo pour la chanson. » Tu le sais ; si tu restes honnête avec toi-même, tu sauras si c’est la bonne chose, ça te touchera, tu auras la chair de poule lorsque tu seras en train de le poser, tu le sentiras dans ton âme. Tant que tu es difficile avec toi-même, tu peux être le meilleur juge. Il n’y a pas de meilleur juge que ton propre cœur.
On se serait attendu à ce que Prayers For The Blessed soit une sorte de reflet de Prayers For The Damned, comme le titre et l’artwork semblent le suggérer. Mais en réalité, c’est davantage une continuation et les deux ont leurs spécificités. Etait-ce important d’avoir un second volume qui donne vraiment l’impression d’être frais et neuf, même en comparaison du premier volume ?
C’est la seconde partie d’un plus grand tableau, en gros. Donc lorsque j’ai réalisé l’artwork de l’album, je l’ai fait de sorte qu’il colle à la musique et l’atmosphère. Et il n’y a pas de secret, avec toutes les tueries et l’élection de dingue que nous avons traversée… Nous ne sommes pas du tout un groupe politique mais nous sommes des artistes, nous reflétons notre environnement. Donc c’est de ça dont nous parlons dans les chansons, des choses comme le fait de se mettre debout et hausser la voix, on ne sera pas calme, on va défendre ce en quoi on croit… Et avec l’élection, qu’on aime ou pas le résultat n’est pas ce qui importe. Ce qui importe, c’est que pour la première fois dans l’histoire, davantage de gens sont allés voter, davantage de gens ont utilisé leur voix, davantage de gens se sont levés… Comme sur notre chanson « Rise », c’est exactement ce qu’elle prêche. Tu vois cet ange abimé qui regarde en dessous de lui ce qui semble être un monde dans le chaos, un monde en flammes, ce ciel orange-jaune semble indiquer qu’il y a du feu en bas dans le chaos, mais l’ange a toujours de l’espoir, en grande partie comme les chansons sur l’album. Malgré toutes les vraies merdes dont nous parlons, il y a toujours cet espoir dans les chansons de Sixx: A.M., et l’ange regarde en dessous avec des fissures dans ses bras et ses pieds mais il a quand même de l’espoir, il prie au-dessus d’un monde au sein duquel il voit encore de la lumière. Et je pense qu’il y a quelque chose de vraiment puissant dans l’imagerie de Prayers For The Damned. Et pour Prayers For The Blessed, lorsque tu mets les deux pochettes d’albums l’une à côté de l’autre, ça produit un tableau encore plus grand ; tu vois ce monde maintenant que l’élection est passée, le monde est un peu… Je veux dire que ouais, tout est encore chaotique mais le monde est un peu plus paisible dans Prayers For The Blessed, je suppose. Et tu regardes, tu vois cette statue de gargouille diabolique abimée qui refuse de prier sur un monde qui ne semble pas tellement avoir besoin d’espoir. Nous laissons ça libre à l’interprétation, c’est [le jeu entre] le bien et le mal, c’est un mélange sympa.
Et c’est pareil avec l’album, musicalement. Comme tout grand film, Prayers For The Damned a un super début et une super fin, pareil avec Blessed, mais lorsque tu les rassembles, l’histoire se poursuit et le grand huit fonce à travers l’enfer, pour ainsi dire [petits rires], avec Prayers For The Blessed. C’est pourquoi nous avons relié « Rise Of The Melancholy Empire » à « Barbarians ». Ils sont super à écouter [l’un après l’autre]. Comme je l’ai dit au début, nous avons cherché à faire deux albums individuels qui déchirent et qui coexistaient l’un dans l’autre. Même si nous savions que nous allions faire un double album, nous savions que nous allions les sortir à deux moments séparés. Donc nous voulions que les gens s’imprègnent vraiment du gros travail que nous avons mis dans ces albums.
« Parfois tu sors de ton lit, tu peux à peine nouer tes chaussures parce que ton corps te fait tellement mal après avoir joué trois heures et demie la veille. Ce n’est pas aussi facile que les gens peuvent le penser. »
Ce que tu dis renvoie un peu à ce que James Michael nous a dit il y a plusieurs mois, le fait que ce n’était pas une époque pour être calme, et vous avez justement une chanson qui s’appelle « We Will Not Go Quietly » sur cet album, qui fait un peu écho à « Rise » sur le premier volume. Est-ce que ça signifie que vous aviez, pour ainsi dire, prédit l’élection de Donald Trump, d’une certaine manière ?
Bon, nous ne l’avons pas prédit, et il est certain que nous n’avons dit à personne pour qui voter, car, comme je l’ai dit, nous ne sommes pas du tout un groupe politique. En fait, tout le monde dans notre groupe n’était pas pour les mêmes personnes. J’aime une certaine personne… Nous laissons nos opinions politiques en dehors de ça et nous n’essayions de prêcher pour personne, mais le truc, c’est que ce n’est pas tant qui a gagné que le fait que tout le monde, pour la première fois, s’est uni et a utilisé sa voix. Personne n’a pensé que Donald Trump allait gagner mais tu vois le pouvoir que les gens ont lorsqu’ils s’unissent. Un mouvement s’est produit. Tout le monde s’est levé et a utilisé sa voix, et c’était très puissant à regarder. Nous ne sommes que des artistes, tu sais, nous ne faisons que mettre des choses dans nos chansons, mais voir les gens vraiment se lever, « nous ne nous tairons pas », voir les gens faire enfin vent debout contre le système, c’était assez puissant ! Qu’on aime ou pas le résultat, c’est sans pertinence, mais c’est vraiment super de nous voir enfin tous nous unir et utiliser notre voix.
Au niveau guitare, tu es vraiment en ébullition sur cet album, peut-être même plus que sur Prayers for The Damned. Est-ce ta façon de ne pas rester calme et hausser la voix aussi ?
Oui ! Je veux dire que j’essaie vraiment de monter d’un cran avec la guitare. Ces chansons ne sont pas des chansons joyeuses et j’y mets vraiment toutes les émotions que je ressentais, toute la colère et la peur, tout dans la façon dont je joue de la guitare. Evidemment, une guitare est remplie de plein de belles notes mais c’est ma voix, tu sais, c’est la façon dont j’exprime mes sentiments. Et je pense qu’effectivement, on entend beaucoup de cette colère et ces… Ces deux albums sont des albums très chargés en guitare et sont probablement les deux albums les plus chargés en guitare que nous ayons faits. Je veux dire que des chansons comme « Barbarians », c’est juste de la brutalité de premier choix. Je suis vraiment fier. Je pense que la façon dont je joue de la guitare sur ces albums, ça cadre vraiment avec l’atmosphère des paroles et des chansons.
Tu nous as parlé des artworks que tu as créés pour les deux albums. Quel est ton background en matière d’arts graphiques ?
Dès que j’ai été tout petit, je dessinais sur des nappes et des assiettes en papier, j’étais l’enfant qu’ils choisissaient parmi toutes les classes pour concevoir les logos pour l’école et les décors de bals de promo, et je peignais les logos et mascottes sur sol du gymnase, je concevais les albums de promotion, et puis j’ai eu ma propre bande dessinée dans le journal local, et j’ai commencé à gagner un paquet de récompenses artistiques… Plus tard dans ma vie, j’ai profité de ça pour en faire une société qui s’appelle Ashba Media et maintenant, nous rencontrons énormément de succès à Vegas. Nous faisons des environnements 3D et des trucs de dingue comme des accessoires, c’est une grande fabrique d’accessoires où nous avons des sculpteurs et peintres, plein de trucs cools.
Ca fait plus d’un an maintenant que tu as quitté Guns N’ Roses. Comment est la vie sans Guns N’ Roses ?
C’est génial ! Je n’ai pas été aussi heureux depuis un bail ! Jouer dans les Guns c’était vraiment un truc cool. J’ai appris beaucoup de choses, je serai toujours reconnaissant envers Axl qu’il ait cru en moi et m’ait offert cette opportunité, mais mec, c’est comme avoir le beurre et l’argent du beurre ! J’ai la moitié d’un de mes groupes préférés qui s’est remis ensemble et je ne peux être plus heureux pour les fans car il ont attendu, comme tu le sais, environ trente ans que ça arrive. Je suis comme un dingue que Slash, Axl et Duff soient à nouveau ensemble sur scène, je trouve ça super pour eux, super pour les fans, et à la fois, c’est super pour moi parce que je peux me poser et, d’un, avoir la moitié d’un de mes groupes préféré qui est de retour et, de deux, aller faire ce pour quoi je suis vraiment là, c’est-à-dire jouer mes propres chansons pour ma fan base. Je suis simplement extrêmement heureux d’être là où j’en suis aujourd’hui.
Est-ce que tu te sens soulagé de ne plus avoir cette énorme pression qui vient avec le fait d’être dans un groupe aussi gigantesque ?
C’était une énorme pression mais ça m’a rendu plus fort, ça m’a donné la peau dure, et pour ça, j’en suis reconnaissant. Ça te fait vraiment devenir un homme très rapidement [petits rires]. Mais ouais, je veux dire que j’ai toujours la même quantité de pression parce que je me l’inflige moi-même avec Sixx: A.M.. J’essaie toujours de m’efforcer d’être le meilleur possible. Je ne pense pas que ça ait été un énorme relâchement de pression, pour ainsi dire. Je suis content de jouer ma propre musique. Je n’ai jamais été aussi heureux, car il y a une différence : lorsque tu es sur scène à jouer pour Guns N’ Roses, c’est une chose, c’est génial ! Tu joues des chansons emblématiques, comme « Sweet Child ‘O Mine » et tout, c’est super. Mais lorsque tu joues les chansons qui viennent de ton âme, comme « Life Is Beautiful », « Stars », « Lies Of The Beautiful People » et tous ces super hits, tu vois tes chansons se connecter à ta fan base. C’est complètement différent, et l’argent ne peut pas acheter ça. C’est un sentiment indescriptible.
Qu’est-ce que tu as appris de ton expérience avec Guns N’ Roses ?
Tu apprends à avoir la peau dure ! [Petits rires] Ecoute, tu peux aller dans une salle de répétition et répéter pendant un mois d’affilée, chaque jour, avec ton groupe, et tu n’apprendras pas autant que tu en apprendras en jouant un concert. Nous avons joué trois à quatre cent concerts, et chaque concert durait trois heures et demie, donc tu peux imaginer la quantité de choses que tu apprends en jouant trois heures et demie de show, ne parlons même pas de lorsqu’il y en a trois ou quatre cent ! Donc tu apprends vraiment énormément. Tu apprends à contrôler un public, tu apprends à bouger sur scène, comment encaisser les coups, le signal du système sans fil s’arrête ou tu casse une corde ou tu trébuches et tu tombes sur scène, simplement tu apprends, tu apprends tout. Tu apprends où te placer lorsque la pyrotechnie se déclenche, où ne pas être. Il y a juste tellement à apprendre dont les gens ne se rendent pas compte. C’est vraiment un sport en soi. Même si c’est du rock n’ roll, nous massacrons physiquement nos corps. Parfois tu sors de ton lit, tu peux à peine nouer tes chaussures parce que ton corps te fait tellement mal après avoir joué trois heures et demie la veille. Ce n’est pas aussi facile que les gens peuvent le penser. Beaucoup de gens pensent : « Oh, c’est rock n’ roll ! C’est plein de fiesta et c’est l’éclate et bla-bla-bla… » Alors que c’est en fait beaucoup de travail ! C’est vraiment beaucoup de travail d’aller là-dehors et de jouer tous les soirs, voyager, se réveiller dans des bus… C’est beaucoup de travail, mais c’est quelque chose que j’aime plus que la vie ! Et je suis reconnaissant de pouvoir faire ce métier. Je veux dire que tu apprends énormément en jouant en live ! Mon conseil pour tous les jeunes artistes, c’est clairement de sortir de leur salle de répétition et d’aller dans un environnement live, aller jouer dans autant d’endroits que possible, jouer dans tous les bars qui existent, jouer partout, car à chaque fois que tu joues en live devant des gens, avec l’adrénaline qui montre, tu joues naturellement des choses que normalement tu ne penses pas possibles de jouer, et alors tu es là : « Wow ! D’où est-ce que c’est venu ça ?! » Ou tu peux faire une gestuelle que tu ne pensais pas possible. Donc ouais, tu apprends énormément !
« J’ai reçu un appel de Jeff Blue, à l’époque, qui a signé Linkin Park, et il a dit : ‘Je n’ai jamais vu qui que ce soit dire à Warner Bros. d’aller se faire foutre’ [rires]. Eh bien, tu vois, c’est simplement comme ça que je suis, je suis quelqu’un de très loyal pour ces choses-là. Je mets mon cœur et mon âme dans les choses et c’est ainsi. »
As-tu le sentiment que Sixx: A.M. a ce qu’il faut pour un jour atteindre le statut que Guns N’ Roses et Mötley Crüe ont atteint avec les années ?
Absolument ! Et le truc, à ce propos, c’est que Nikki et moi – surtout Nikki – avons été dans deux des plus grands groupes au monde et nous savons exactement ce que ça requiert d’en arriver là. C’est le genre de chose qui, ouais, demande beaucoup de travail. Nous ne nous attendons absolument pas [à y arriver en nous reposant sur nos lauriers], nous sommes prêts à abattre énormément de travail, c’est pour ça que nous tournons toute l’année avec ce groupe. Nous voulons amener ce groupe partout où nous le pouvons. Nous avons hâte d’aller en Amérique du Sud, nous avons hâte d’aller en Australie, j’ai hâte de jouer en Colombie, au Brésil, en Europe… Partout ! Moscou… Partout dans le monde, nous voulons apporter ce truc. Aujourd’hui, nous jouons dans des arènes partout aux Etats-Unis. Je crois vraiment que dans quelques temps nous serons en co-tête d’affiche dans des arènes, c’est probablement la prochaine étape, et avec un peu de chance, nous passerons au niveau supérieur et serons en tête d’affiche dans des arènes. C’est notre but ! Nous n’arrêterons pas tant que nous ne serons pas en tête d’affiche dans des arènes et des stades, c’est notre but.
Comment se fait-il que ça ait pris jusqu’à ce que tu fondes Sixx: A.M. pour qu’enfin que tu aies vraiment ton propre groupe stable ? Je pense notamment à Beautiful Creatures qui était un super groupe mais ça n’a pas duré…
Ouais, le premier groupe stable était Beautiful Creatures dans lequel je suis resté quelques années. C’était le premier vrai groupe que j’ai monté avec Joe Lesté. Nous avons eu un contrat avec Warner Bros. et nous nous sommes bien amusés. Mais je n’ai fait qu’un album… C’était un truc difficile, tu sais. J’ai mis mon cœur et mon âme là-dedans. Warner Bros. nous a donné un contrat et puis, deux ans plus tard, nous sommes parti faire Ozzfest et d’autres trucs, et Tom Whalley est arrivé à Warner Bros. et, à l’époque, il n’aimait pas vraiment le groupe, pour ainsi dire. Donc, en gros, il nous a lâchés. Ils nous ont réunis dans une pièce, nous étions tous assis là et ils ont lâché le groupe. En même temps, juste en face du groupe que j’ai aidé à construire, ils ont déposé un nouveau contrat uniquement pour moi, et ils voulaient me signer en tant qu’artiste solo, mais ils l’ont fait juste en face du groupe au complet ! Et par loyauté envers mon groupe, je leur ai dit d’aller se fourrer le contrat dans le cul parce que je trouvais ça offensant. Même s’ils voulaient lâcher le groupe et seulement me prendre, j’ai aidé à construire Breautiful Creatures de zéro, donc je l’ai pris très à coeur. Et j’ai reçu un appel de Jeff Blue, à l’époque, qui a signé Linkin Park, et il a dit : « Je n’ai jamais vu qui que ce soit dire à Warner Bros. d’aller se faire foutre » [rires]. Eh bien, tu vois, c’est simplement comme ça que je suis, je suis quelqu’un de très loyal pour ces choses-là. Je mets mon cœur et mon âme dans les choses et c’est ainsi.
Tu sais, réussir dans cette industrie n’est pas facile. J’ai eu plein de choses sympas, comme le fait de produire plein de groupes, comme Neil Diamond, Mötley Crüe et différents groupes comme ça, et écrire des chansons pour tous ces mecs. Et finalement, Nikki et moi, nous avons fait équipe au Funny Farm Studio pour devenir partenaires de composition et de production, et c’est là que nous avons commencé à travailler et produire des choses pour Drowning Pool et différents groupes. Et au bout du compte, nous avons commencé à écrire des chansons qui ont fini par devenir The Heroine Diaries. C’est un peu arrivé de manière accidentelle. Nous n’avons jamais cherché à être un groupe. En fait, nous n’avons jamais voulu être un groupe au cours des huit dernières années. Sixx: A.M. est un travail passionné. C’était le genre de truc qui nous permettait de nous échapper en douce de Guns N’ Roses, Mötley Crüe et tous les grands drames de l’industrie musicale et de seulement être vrais artistes. Nous nous fichions d’être à la radio, nous nous fichions d’écrire un hit pour la radio, c’était plus quelque chose de thérapeutique. Nous pouvions nous évader et être des artistes, en étant simplement libres avec notre art. Le fait que « Life Is Beautiful » soit allé directement au sommet des classements et que tout, à partir de là, se soit fait très rapidement… Tu sais, les fans ne nous ont jamais laissé tomber et c’est pourquoi nous sommes un groupe à l’heure actuelle, car ils refusent d’accepter « non » comme réponse [petits rires]. Donc à ce stade, après tant de hits, nous avons le sentiment que, non seulement nous nous le devons à nous-même et à la musique, mais nous le devons à nos fans qui sont restés à nos côtés pendant les dix dernières années, n’abandonnant pas le fait qu’ils voulaient que nous soyons un groupe. Voilà donc pourquoi nous essayons de rattraper le temps perdu et amener cette musique à autant de gens que nous le pouvons, et sortir autant de musique que nous le pouvons.
Seulement sept mois après la sortie de Modern Vintage, Nikki annonçait déjà que le groupe travaillait sur ce qui allait devenir Prayers For The Damned et Prayers For The Blessed. Du coup, avez-vous déjà commencé à travailler sur le successeur de ces albums ?
Nous avons déjà commencé à composer des chansons pour le prochain album, nous avons déjà un titre pour celui-ci, et nous sommes constamment en train de parler à propos de tout ça. Nous parlons toujours en détail de tout. Tout ce que nous faisons est très bien réfléchi et très bien planifié. Voilà un peu où nous en sommes. Nous parlons déjà du prochain et ajustons des idées. Nous sommes surexcités à l’idée de nous y remettre ! Nous allons assurément retourner en studio en 2017 et faire un nouvel album, et c’est ça le plan.
Sais-tu déjà où vous emmènerez votre musique maintenant ?
Plus nous jouons en live, plus il semble que notre musique prend la forme de quelque chose dont je suis incroyablement fier. Comme ces deux nouveaux albums, j’adore vraiment la direction que prend Sixx: A.M.. J’adore les guitares heavy, j’adore les solos de guitare de dingue, j’adore où nous nous dirigeons musicalement et avec les paroles. Je suis tout simplement fier ! Des chansons comme “Barbarians”, “Everything Went To Hell”, “I’m Sick”, “Devil’s Coming”… Il y a tellement de super chansons ! “Rise Of The Melancholy Empire”, “Helicopters”, la reprise, “Catacombs”… Il y a tellement de surprises avec toutes ces différentes chansons. Je suis vraiment fier de là où nous avons emmené ces ceux albums et j’espère que nous continuerons pendant un petit moment dans cette voie.
Interview réalisée par téléphone le 16 novembre 2016 par Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Dustin Jack.
site officiel de Sixx: A.M. : sixxammusic.com
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« j’ai mis mon coeur et mon âme » Ca sera son épitaphe. Il nous l’a casé autant de fois qu’il le pouvait
Il ne savait pas que Mariah Carey avait repris « without you ». MENTEUR !
La question n’était pas de savoir s’il se posait pour écouter du Mariah (limite, ça serait honteux. Pour lui alors).
Tu peux être plus branché rap, tu sais qui sont Metallica, Marilyn Manson, RHCP, Lenny Kravitz, U2… Gros artistes, gros hits. Tout le monde a forcément entendu une chanson ou vu un clip.
Un metalleux qui ne connaîtrait pas au moins Eminem, Whitney Houston Rihanna serait juste un menteur. C’est une chose que ça ne soit pas ta came, mais il y a des artistes, des hits pour lesquels il est impossible de passer à côté.
Sympa l’anecdote sur « catacombs ». Une erreur sympa. Bref du remplissage.
Puis paye ta contradiction. Un coup il n’a pas cherché à faire son « eruption » car « catacombs » était un solo d’échauffement, ensuite « eruption » lui a inspiré « catacombs »
Bref, il m’a gonflé.
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