En tournée à travers les États-Unis pendant le mois d’octobre, Steve Asheim, batteur et second pilier de Deicide, a néanmoins pris le temps de répondre à nos questions par e-mail à l’occasion de la sortie d’In The Minds Of Evil, nouvel album du groupe à paraître le 25 novembre prochain et très bon cru du genre. Les réponses sont brèves et directes mais aussi franches et honnêtes. Elles démontrent en tout cas qu’Asheim ne manque pas de tempérament ! Quoi de plus cohérent lorsque l’on joue un death metal sulfureux et sans compromis. Et, faut-il croire, c’est bien ce tempérament d’acier qui a conduit la formation floridienne au rang de groupe culte du genre, tant reconnu pour sa musique que pour ses frasques et clashs extra-musicaux.
Dans l’entretien qui suit il est bien entendu question d’In The Minds Of Evil mais ce fut également l’occasion de revenir sur l’amour d’Asheim pour le piano classique, sur le cas d’anciens collègues avec lesquels il n’y va pas de main morte ou encore sur le cas Hellfest, duquel le groupe a été déprogrammé à deux reprises par le passé.
« Dire que c’est plus mature, ça fait un peu condescendant, ne trouves-tu pas ? Comme si nous n’étions pas matures avant… »
Radio Metal : Apparemment, avec cet album vous vouliez re-capturer le feeling de l’album Legion. Qu’est-ce que cet album en particulier a de spécial ?
Steve Asheim (batteur) : Les gens semblent l’aimer. Et en plus, je pense que nous recherchions simplement un côté vieille école pour cet album et je pense que nous avons mis le doigt dessus.
En fait, jusqu’à 2010 le groupe ne jouait de l’album Legion que la chanson « Dead But Dreaming ». Qu’est-ce qui a changé depuis pour que le groupe inclue davantage de cet album dans ses concerts ?
Les gens n’arrêtent pas de réclamer des chansons de cet album, donc nous essayons de jouer en concert ce que nous pouvons de celui-ci.
Legion est d’ailleurs considéré comme étant l’album de Deicide le plus technique, et l’ancien guitariste du groupe Eric Hoffman, lorsqu’il a quitté le groupe, avait déclaré que Glen Beton n’était plus capable de jouer les riffs techniques de cet album. Est-ce que Glen a travaillé son jeu pour remettre davantage de technique dans In The Minds Of Evil ?
Ouais, Eric est fort pour accuser les autres de ses propres fautes. Il était lui-même à peine capable de jouer ces trucs. Diable, il ne pouvait toujours pas jouer plus de 40 minutes et il faisait moins de la moitié de ses solos en concert, donc il n’est vraiment pas le mieux placé pour parler du jeu des autres.
Depuis The Stench Of Redemption, et peut-être même Scars Of The Crucifix, l’aspect mélodique a été un peu plus développé dans la musique de Deicide, particulièrement dans les leads de guitare. C’est quelque chose qui est mis également en évidence dans ce nouvel album avec des chansons comme “Thou Begone” ou “End The Wrath Of God”. Comment expliques-tu cela ? Peut-on dire que c’est un signe de maturité ?
Tu peux appeler ça comme tu veux mais c’est clairement un signe de développement musical en tant que groupe et dans l’ensemble. En revanche, dire que c’est plus mature, ça fait un peu condescendant, ne trouves-tu pas ? Comme si nous n’étions pas matures avant, est-ce que c’est ce que tu insinues ? Arrête de te la jouer mon pote.
En ce qui concerne les thèmes des paroles sur ce nouvel album, tu as dis que les paroles étaient typiques de Glen Benton, « blasphématoires et un discours brutal ». Penses-tu que la musique de Deicide soit transcendées par cette agression lyrique ?
Non, je ne pense pas. Tu le crois toi ? Si c’est le cas, s’il te plaît explique moi et à tes lecteurs. J’aimerais vraiment entendre celle-là. Non, en fait je pense que les deux vont bien ensemble, ils se complémentent l’un et l’autre et aident à transporter l’autre là où il doit être, ils se donnent mutuellement du sens et une raison. Si toutefois l’un devait transcender l’autre, ce serait plutôt la musique par rapport aux paroles.
Cet album a été produit par Jason Suecof. Ce qui est intéressant à ce propos c’est qu’il est surtout connu pour produire des groupes très modernes comme Trivium, Devildriver, August Burns Red, etc. Dans la mesure où vous vouliez revenir à un son dans une veine plus vieille école, pourquoi avez-vous choisi de travailler avec lui ?
C’est un mec très cool et on s’amuse bien à travailler avec lui. Il est juste ici en Floride. Et en plus il a grandi en écoutant Deicide, tous nos vieux trucs. Il voulait faire cet album avec nous, il était impatient. Il disait qu’il savait comment cet album devait sonner, et je le croyais. Et nous avions tous les deux raison et je penses que le résultat parle de lui-même.
Peux-tu nous en dire plus sur cette fascinante peinture de Simon Cowell, intitulée Power Of The Mind, qui sert d’illustration à In the Minds Of Evil ?
Je trouve qu’elle colle parfaitement au concept de l’album dans l’ensemble. Nous ne l’avons pas commandée, Glen l’a trouvé telle quelle sur le web, a contacté le mec et a arrangé l’affaire. Pour une coïncidence, en quelque sorte, ça s’est bien goupillé.
« Ralph [Santolla] n’est pas plus chrétien que moi, il a juste une grande bouche et pense que c’est amusant de susciter l’intérêt de la presse pour son propre compte. »
In The Minds Of Evil est le premier album avec Kevin Quirion à la guitare. Kevin fait partie de ton autre groupe Order Of Ennead et a tourné sporadiquement avec Deicide depuis 2008. Il semblait donc être un choix évident. Mais comment cela se fait-il qu’il n’a pas remplacé Ralph Santolla pour de bon lorsqu’il est parti en 2007 et enregistré l’album To Hell With God ?
Kev n’était tout simplement pas vraiment prêt à s’aligner sur le niveau de jeu lead dont nous avions besoin à l’époque, mais pendant les deux ans qui ont suivi, il s’est entraîné comme un malade et ça a porté ses fruits. Il a assuré, c’est un super guitariste lead maintenant et nous ne pourrions être plus heureux de l’avoir en tant que membre permanent.
Ralph Santolla était connu pour être chrétien et, pour ça, il était surprenant qu’il n’ait ne serait-ce que fait partie du groupe à un moment donné. Y a-t-il déjà eu eu des frictions entre lui et Glen Benton à cause de leurs croyances religieuses opposées ?
Non, tu vois, Ralph n’est pas plus chrétien que moi, il a juste une grande bouche et pense que c’est amusant de susciter l’intérêt de la presse pour son propre compte. Il est un excellent guitariste en studio, c’est pourquoi nous l’avons gardé sous la main. Pour le reste, ce n’était pas vraiment ça.
J’ai lu que vous aviez été signé sur Roadrunner Records en premier lieu parce que Benton a débarqué dans le bureau de Monte Conner et lui a présenté la démo, disant, « signe nous, espèce de putain de trou du cul ! » Le jour d’après, les contrats ont été délivré au groupe. Est-ce vrai ?
Oui, tout ça est 100% factuellement juste et véridique. Il y a eu des déclarations de jurés et des dépositions au tribunal pour le prouver. Tu peux les chercher.
Tu joues de la batterie, de la basse et de la guitare, mais tu joues aussi du piano classique. Peux-tu nous en dire plus sur ton goût pour la musique classique ?
Oui, je suis simplement fasciné par le fait qu’une seule personne et un piano soient capable de faire ce que tout un groupe peut faire. La ligne de basse, la ligne mélodique, les éléments de percussion, tout à la fois. Tu peux toucher n’importe quel humeur et n’importe quel type de sentiment et, honnêtement, le niveau d’habileté de certains de ces pianistes ne peut pas être mesuré avec précision. J’ai le plus grand respect pour cet instrument et ceux qui composent de grandes œuvres d’art dessus. Lorsque je joue, je sens que mon cerveau s’allume et tout un monde musical s’ouvre. Pour moi, c’est vraiment incroyable.
Est-ce que ton expérience du piano classique t’influence d’une façon ou d’une autre pour écrire de la musique extrême ?
J’avais pour habitude de croire que ça pouvait être le cas mais, de bien des façons, c’est une distraction. Les riffs heavy sont supposés être composés sur des guitares pour des guitares. Le piano peut aider à résoudre des problèmes théoriques, bien sûr, mais il n’y a pas beaucoup de place pour le compromis lorsque le but est d’être aussi heavy que possible.
« En toute franchise, je pensais que la France se faisait davantage que ça la championne de la liberté de parole. »
Deux fois Deicide a été programmé à l’affiche du Hellfest, et à chaque fois le groupe a fini par être retiré. Es-tu déçu par ça ? Espères-tu pouvoir être à l’affiche du Hellfest un jour ?
Eh bien, parfois tu gagnes, parfois tu perds. Aucun mauvais sentiment et si ça doit arriver un jour, super. Nous serions plus qu’heureux de le faire.
Chaque année le Hellfest est sujet à des pressions venant d’associations catholiques qui mettent en avant les paroles de groupes qui incitent à la haine contre les chrétiens, comme ce que l’on peut entendre dans certaines chansons de Deicide. Et selon eux, des chansons comme « Kill The Christian » constitue un délit d’un point de vue de la loi. Que penses-tu de cela ?
En toute franchise, je pensais que la France se faisait davantage que ça la championne de la liberté de parole et j’ai été très surpris lorsque j’ai entendu que ceci était la raison pour laquelle nous avions été retiré de l’affiche. Mais, peu importe, vous ne voulez pas de nous là-bas, nous irons ailleurs.
Peux-tu nous donner des nouvelles sur le futur de ton autre groupe Order Of Ennead ?
Merci d’avoir demandé. Nous avons l’équivalent d’un album de chansons prêt à être enregistré, nous avons juste besoin d’un label et nous avancerons à partir de là. Nous aimerions partir sur la route plus souvent aussi, alors nous ferons notre possible pour que ça arrive.
Interview réalisée par e-mails, reçue le 6 novembre 2013.
Questions : Spaceman et Metal’O Phil.
Traduction : Spaceman.
Introduction : Alaceman.
Deicide sur Facebook.
Album In The Minds Of Evil, sortie le 26 novembre 2013 chez Century Media Records.
@ Seb : J’arrive un peu après la bataille, mais je tenais à rajouter mon grain de sel, surtout qu’une partie des questions sont de moi.
Je ne prend pas mal ni pour moi les réponses de Steve Asheim. En revanche, ce qui m’énerve profondément, c’est qu’il m’a tout l’air de faire partie de ce conglomérat extrêmement puissant et peuplé qu’est ce que j’appelle le conglomérat des franc-wannabees.
Être franc, pour moi c’est dire ce qu’on pense, point. Mais pour le conglomérat des franc-wannabees, être franc c’est être vénèr’ tout le temps, c’est tout prendre mal et systématiquement répondre comme on répondrait à une agression, se justifiant de cela en disant « ah mais moi je suis un mec cash » par opposition à d’autres mecs qui sont tout aussi francs mais qui peuvent exprimer un désaccord sans forcément vouloir hurler et rentrer dans le lard de tout le monde à chaque prétexte.
Tu n’as pas envie de répondre à des journalistes qui vont essayer de chercher plus loin, tu ne fais pas d’interviews, c’est tout. Parce que c’est le boulot d’un journaliste. De la branlette de journaliste ? Mais c’est précisément ça le boulot de journaliste, de se branler. Alors pas à outre mesure, bien entendu, mais il n’y a rien de bien choquant par exemple à demander à un groupe comme Deicide si sa musique a besoin d’être inspirée par des paroles vraiment agressives pour gagner en violence.
Et s’il n’y a pas de seconde lecture, eh bien tu répond qu’il n’y a pas de seconde lecture dans ton oeuvre, que c’est du spontané (et ça n’a rien de mal, bien au contraire) et basta.
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Je trouve cette interview formidable, certes Steve ne prend pas de pincettes pour remettre Spaceman à sa place, mais il faut arrêter de vouloir placer une « maturité » à tout prix ou une « transcendance »…
C’est de la BRANLETTE de journaliste les gars !
Si jouer plus mélodique était un signe de maturité : Sonata Artica c’est plus mature que The Dillinger Escape Plan alors ?
« Ooooh ouiii, on a foutu un peu de claviers et on a utilisé des gammes arabes, c’est l’album de la maturitéééé… »
Connaissant un peu le personnage, c’était la dernière chose qu’il aurait pu dire.
C’est comme tous ces profs qui se plaisent à penser que tel auteur a écrit ça et utilisé tel champs lexical pour exprimer ça…
TA GUEULE ! Tu en sais quoi ? Sauf si c’est un exercice de style, clairement dit (genre « La disparition »), t’as aucune preuve qu’untel ou untel est fait exprès, c’est juste une interprétation d’un pauvre trou de balle qui vaut n’importe quelle autre interprétation un tant soit peu étayée par une réflexion.
Ce mec est simple, à l’ancienne, c’est un des rares parmi les anciens de la scène death à ne pas s’être endormi sur ses lauriers, à avoir travailler et progresser depuis le début, rien que pour ça RESPECT.
Alors c’est sur, il est pas très fin, il n’aime pas faire semblant d’utiliser des concepts fumeux pour décrire une musique finalement assez directe, tout ça fait que pour le français moyen, sûr de sa supériorité « bah koi les américains cé dé con », ça lui semble brut.
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Il y a des dizaines de raisons pour lesquelles un groupe de death qui se met à mieux intégrer de la mélodie, de l’harmonie, etc. (et quand je dis mieux, ça ne veux pas dire plus complexe) dans sa musique soit un signe (parmi d’autres) de maturité. Parce qu’après tout, c’est de la musique et quels sont les éléments de langage de la musique si n’est la mélodie, l’harmonie et le rythme ?
Mais, tu sais, Seb, au bout du compte ce ne sont que des questions que je lui ai posé. Je ne cherche pas nécessairement à ce qu’il acquiesce à mes propositions/suppositions, mais à ce qu’il me donne une réponse intéressante. Et ses réponses m’ont plutôt plu, dans la mesure où elles mettent en avant sa personnalité. Donc ça me va bien, je n’ai vraiment pas de problème d’ego sur ce coup là. 😉
Après, pour ce qui est d’analyser de la musique, ce qui va un peu au delà de l’exercice de l’interview, et ton « TA GUEULE ! Tu en sais quoi ? » à l’égard du prof qui essaye d’expliquer une oeuvre, pourquoi ne pourrait-on pas tenter de trouver des explications, ne serait-ce que pour donner un angle de vue sur une oeuvre ? Chercher des éléments de compréhension basés, essentiellement, sur des éléments factuels ? Bien sûr que n’importe qui d’un minimum réfléchit et ayant un peu de temps devant lui peut, dans une certaine mesure, le faire. Et alors ? La critique est elle même encore plus facile, et pourtant ça fait des décennies qu’elles remplissent les pages des magazines. 😉 Au final, c’est juste une question de partager des idées, des visions, de parler musique, d’amener le débat, etc. On est un site qui parle de musique, alors si on ne parle pas de la musique elle même et si on ne tente pas un minimum de la décortiquer, d’essayer de la comprendre, on fait quoi ?
Alors pour clarifier ma réponse, ce qui me fait « rire », ce n’est pas tes questions, ce sont les réactions de « vierges effarouchés » qu’on a ci-dessous.
Les mêmes qui se plaignent de « la langue de bois », du « meilleur album jusqu’à présent », « paroles philosophiques » (philosophie de comptoir), etc… se plaignent de réponses franches et sans pincette…
Effectivement ses réponses sont intéressantes, tes questions étaient bonnes, mais pompeuses eu égard au personnage et au groupe.
Etre cash? Vous rigolez! J’appelle pas ça etre cash, c’est plutot péter un plomb pour pas grand chose. Il peut se permettre de parler comme ça d’anciens membres si ils le méritent mais la façon dont il parle à Spaceman c’est n’importe quoi. Le coup du »Arrete de te la jouer mon pote », je pense qu’on peut lui retourner la replique, il n’y a rien de mal à dire qu’un groupe est plus mature qu’avant. Il a du mal à garder son sang froid le Steve.
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je dirai pas que c’est un trou duc, mais en tout cas, il est cash le mec.
il a peut être même une petite tendance à monter dans ses tours assez vite… c’est peut être ça qui explique certaines histoires, comme celle avec broken hope.
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putain comme Spaceman s’est pris du clash dans la gueule…. pas sympa le Steve
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il a pas l’ai super sympa comme mec …
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C’est pas un peu un trou du cul, ce mec ?
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