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Metalanalyse   

Dark Tranquillity à la recherche d’un nouveau souffle


Le son Dark Tranquillity, cela fait des années que le groupe suédois en marque ses albums de son empreinte inaltérable. Car Dark Tranquillity est un groupe historique dont la longévité et la solidité assurent la production d’albums de qualité depuis la création du groupe en 1989. Les derniers albums des Suédois, bien arrimés sur les bases d’un death mélodique qui s’est forgé en même temps que l’identité du groupe, en sont la démonstration. En 2010, Dark Tranquillity sortait « We Are The Void » pour porter une inflexion plus sombre et dépressive à leur discographie. En 2013, vingt ans après leur premier album Skydancer, les Suédois ne dérogent pas à leur productivité musicale et présente leur dixième opus : Construct.

Un fourmillement médiatique et promotionnel a entouré la nouvelle sortie de ce groupe emblématique. Le son de cloche est donné par le premier morceau dévoilé au public et le discours qui l’accompagne : « For Broken Words » est là pour annoncer un album différent, une évolution majeure dans la musique de Dark Tranquillity. Et, effectivement, les riffs du premier morceau de Construct annoncent un ton au premier abord rafraîchissant. L’atmosphère est sombre, marchant dans les traces de We Are The Void, mais plus aérée. En fond, les synthés prennent quelques libertés discrètes mais notables. Même si le morceau reste bien death avec son chant hurlé caractéristique, il se dégage une certaine sérénité de l’ensemble.

Après la série Damage Done, Character, Fiction et We Are The Void, Construct est présenté comme un nouveau cap dans la discographie de Dark Tranquillity. Une première chose est sûre : la volonté du groupe au niveau de la promotion de démontrer ce changement de direction est bien là. Ce qui vient confirmer qu’après quatre albums dans la même lignée, la formation suédoise est consciente ou a en tout cas envie d’évoluer de manière plus radicale. Le groupe commentait d’ailleurs récemment sur Blabbermouth que « bien qu’il porte la marque reconnaissable de Dark Tranquillity, le [nouvel] enregistrement est probablement notre offrande la plus différente et diversifiée depuis Projector en 1999. »

Après le succès de The Gallery sorti en 1995 qui le déposait au sommet du death métal mélodique aux côtés de leurs compatriotes de Göteborg, le groupe avait lâché une petite bombe avec Projector. Très différent des productions précédentes du groupe, Projector était un recueil un peu décalé d’expérimentations du groupe et un tournant majeur dans leur discographie. Un certain nombre de ces nouveaux éléments allait même devenir partie intégrante du son Dark Tranquillity : du chant clair, des synthés, une structure traditionnellement formée autour de couplets et de refrains. Alors forcément, la déclaration attire l’attention. Est-ce que Construct représente une fracture aussi profonde ?

Visuellement parlant, l’artwork de Construct, conçu par Niklas Sundin (guitariste) comme de coutume, tranche incontestablement avec ceux des autres albums. Il s’agit de la pochette la plus géométrique et la plus sombre de la discographie de Dark Tranquillity et qui fait bien écho au thème « construct », « construction ». La musique en revanche ne suit pas cette tendance, bien au contraire. Fiction était bien plus intransigeant et complexe au niveau de ses riffs que Construct ne cherche à l’être. We Are The Void était déjà un peu moins dense que Fiction : Construct épure encore le contenu des morceaux au niveau des rythmiques et de la saturation pour laisser respirer davantage les guitares et le synthé, tout comme il confirme le ralentissement général du tempo, en apportant une touche mélancolique.

Sur le fond, les chantres du death mélodique continuent de prodiguer leurs mélodies parfois lissées, au chant qui se promène entre le hurlé et le clair selon le feeling de Mikael Stanne. Ce qui peut aussi bien donner une chanson très accessible dont on peut chantonner le refrain qu’un morceau plus agressif, aux riffs toujours mélodiques mais noyés sous les blasts et quelques hurlements dont les couches demandent à être épluchées. Construct contient donc ses quelques morceaux plus « pop » tels que « State Of Trust » et « Uniformity », tout comme il y avait « Her Silent Language » sur « We Are The Void ». Un peu à part, le lent et dépressif « None Becoming » conclut l’album avec un décalage semblable à celui produit par « Iridium » sur We Are The Void.

Aussi, sur l’ensemble, Construct est loin de produire l’effet que Projector avait pu avoir en son temps. Même si le groupe se plaît à décrire un processus de composition et d’enregistrement très différent, il est difficile de sentir une réelle rupture avec ce nouvel album. Pourtant, à y regarder en détail, Construct est effectivement un album qui joue avec des éléments nouveaux et varie les ambiances. Mais l’impression de fraîcheur laissée par « For Broken Words » a tendance à s’estomper sur la longueur de l’album, encore trop étouffée peut-être par les patterns récurrents du groupe. Il faudra manifestement un effort supplémentaire de la part de Dark Tranquillity pour déconstruire plus franchement la charpente qui sous-tend leur musique depuis tant d’années.

Album Construct, sortie le 27 mai 2013 via Century Media



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  • C’est surprenant, je trouve, parce que cet album m’a fait un tout autre effet… Enfin, c’est une affaire de goût, mais j’ai été embarqué : je le trouve sombre et super original. Chacun son ressenti ^^

    [Reply]

    arroway

    éternel débat… 🙂

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