En une bonne dizaine d’années de carrière, Becky Cloonan a accumulé les expériences à faire pâlir d’envie tout aspirant dessinateur : auteure et dessinatrice de comics avant tout, elle a travaillé sur des licences comme Batman, Conan le barbare ou encore, récemment, Punisher ; elle a aussi accumulé les projets plus personnels – 5, la série Demo – et a même auto-édité plusieurs volumes – By Chance or Providence –, amassant au passage deux Eisner awards (la récompense la plus prestigieuse dans le monde des comics).
Mais si nous avons saisi la chance de discuter avec elle lors de la dernière édition du Roadburn, c’est aussi (surtout !) pour le fait que tout au long de sa carrière, l’artiste a flirté avec le monde de la musique, au point de voir cette union couronnée par la place d’artiste officiel que lui a offert le légendaire festival hollandais cette année. En effet, ayant roulé sa bosse dans le milieu hardcore punk new yorkais, elle a ensuite mis son talent au profit du rock alternatif de la dernière incarnation de My Chemical Romance, puis a collaboré avec de nombreux groupes de metal, notamment Clutch ou The Sword, dont elle a signé plusieurs visuels, pour enfin cette année dessiner le poster de la dernière tournée de… Black Sabbath, rien que ça.
Très disponible et amicale, elle nous a parlé autour d’un thé (!) de ses débuts et de son avenir, de super héros et de mythologie, de rencontres providentielles et de pensées négatives, de Batman, du Roadburn… et de musique, évidemment.
« Je ne fais pas vraiment partie de la communauté des comics indépendants, mais je ne fais pas que des grosses licences et des trucs de super héros non plus. Parfois, je ne sais pas trop à quel monde j’appartiens, mais apparemment ça me réussit pas mal ! »
Radio Metal : Peux-tu nous expliquer en quoi consiste l’exposition que tu organises pour cette édition du Roadburn ?
Becky Cloonan : L’exposition est éparpillée un peu partout dans le bâtiment du 013. Il y a quarante-deux œuvres exposées je crois, dix-huit sont de moi et le reste sont d’autres artistes : des gens qui viennent du milieu du tatouage, des comics, du graphisme, de l’illustration… Il y a plein de choses différentes, et où que tu ailles, tu verras de l’art ! C’est génial, le festival m’a vraiment considérée comme une sorte de commissaire d’exposition, j’ai pu choisir les artistes que je voulais, j’ai pu embarquer certains de mes amis sur le projet, des gens que je connaissais d’Internet et que j’admirais beaucoup mais que je n’avais pas eu l’occasion de rencontrer jusqu’à maintenant… C’est super de se retrouver au milieu de tout un groupe d’artistes qui travaillent ensemble.
Tu as même dessiné sur les vitres de l’entrée, c’est ça ?
Oui, complètement ! J’ai fait un dessin, mais aussi Costin [Chioreanu], Kim [Holm] et d’autres… Je sais qu’Arik Roper est dans le coin, donc je vais essayer de le convaincre de participer aussi ! [rires]
C’était lui qui avait fait l’artwork du Roadburn de l’année dernière, n’est-ce pas ? Ses dessins étaient exposé dans une galerie près du festival…
Oui, c’est ça ! Il est génial ! Nous avons fait la même école [la School of Visual Arts à New York, ndlr], nous avons plein d’amis en commun, mais je ne le connaissais pas à l’époque, nous n’avions jamais eu l’occasion de nous croiser. Je l’ai rencontré pour la première fois l’année dernière au bar du Roadburn, mais il ne s’en souvenait pas parce qu’il avait un peu bu [rires].
Comment as-tu commencé à t’intéresser aux comics ? Tu as donc fait la School of Visual Arts à New York, c’est ça ?
Oui c’est ça, comme Arik Roper, donc ! Et James Jean, et Nate Powell… C’est assez fou, mes camarades de promo étaient, en gros, tous des génies ! J’ai toujours lu des comics, depuis toute petite. Et c’est la seule chose que j’aie jamais voulu faire. Quand je suis rentrée à la SVA, c’était surtout pour étudier l’animation, mais j’ai laissé tombé au bout de deux ans. J’ai fait un peu d’animation à l’époque, mais j’ai découvert que ce n’était pas vraiment mon truc. Donc je me suis rabattue sur les comics, ce que j’aurais dû faire depuis le début d’ailleurs [rires].
Pour moi, ton art a toujours été lié à la musique parce que j’ai découvert ton travail par l’intermédiaire de tes collaborations avec My Chemical Romance à l’époque. Mais en réalité, même si tu as travaillé avec quelques groupes, tu es avant toute chose auteure de comics. Comment as-tu commencé à travailler dans le monde de la musique ? C’est quelque chose qui t’attirait particulièrement ?
J’ai habité à New York de mes 18 à mes 32 ans, et sur cette période, je suis allée à beaucoup de concerts punk et hardcore, je participais un peu à la scène, et juste comme ça, à force d’avoir plein d’amis dans des groupes, sans être moi-même une musicienne, je me suis vite retrouvée à bosser sur des flyers, des motifs de t-shirts, et de fil en aiguille… J’adore bosser avec des groupes, ce sont de super collaborations. J’ai pas mal bossé avec Clutch, par exemple.
C’est vrai que tu travailles souvent en collaborations avec d’autres artistes : pour tes projets de comics, parfois tu dessines, parfois tu écris, et tu es souvent en tandem avec un autre auteur ou dessinateur…
C’est vrai ! J’aime beaucoup travailler de cette façon, c’est très enrichissant. Mais ce qui est lié à la musique, c’est un peu à part. C’est presque un hobby, c’est l’une des formes qu’a pris ma carrière. J’adore collaborer avec des musiciens que j’admire, ou même des artistes dans d’autres domaines aussi en effet. Sur les projets communs il y a une émulation qui se forme, c’est très inspirant. Pour résumer, j’aime surtout travailler avec des gens que j’aime sur des projets intéressants [rires]. Je suis à un moment de ma carrière où je peux me permettre d’accepter un projet pas seulement pour l’argent, mais pour la direction qu’il va donner à ma carrière. Je peux vivre des comics maintenant, donc tout ce que je fais en plus, c’est par choix et par plaisir. Je ne pouvais pas me permettre ce genre de choses il y a cinq ou dix ans ; quand tu commences, tu acceptes des projets parce que tu as besoin d’argent pour payer les factures. Maintenant, je peux me permettre de choisir des choses qui me plaisent vraiment et d’être plus sélective. Je me demande comment tel ou tel projet va affecter ma carrière, si le travail va vraiment me plaire, si d’un point de vue créatif c’est épanouissant…
« J’ai bossé sur pas mal de projets en rapport avec Dracula au cours de ma carrière, parfois je me dis que c’est lui, l’homme de ma vie [rires]. »
Est-ce que c’est un peu pour ces raisons aussi que tu édites toi-même certains de tes projets ? Tu travailles sur de très grosses licences comme Batman ou récemment Punisher, et à côté de ça tu fais des choses très personnelles, comme le recueil By Chance or Providence par exemple… Ça doit être complètement différent de travailler de manière indépendante et de s’occuper de l’intégralité d’un projet, non ?
Complètement ! Ça te permet de découvrir plein de choses et de faire des choses que tu n’aurais jamais pensé faire. Quand tu t’auto-édites, c’est toi qui doit trouver ton public et être en contact direct avec lui pour lui vendre ce que tu fais, trouver comment te financer, j’ai donc dû faire ça moi-même, et puis partir à la recherche de magasins qui voudraient bien me distribuer… Toutes les librairies ne prennent pas de livres auto-édités comme ça. Ce qui a joué pour moi, c’est que j’avais déjà pas mal de publications à faire valoir. Bref, j’ai été en contact avec énormément de revendeurs, j’ai appris comment se fait la distribution… C’est passionnant. Ça prend énormément de temps donc je ne le fais plus trop, mais j’ai publié trois comics et un roman graphique de cette façon ces dernières années. J’ai énormément appris, et je crois que ça m’a permis de progresser en tant qu’artiste et de renforcer mes liens au sein de la communauté des comics parce que j’ai dû vraiment m’y investir. Mais comme à côté de ça je travaille beaucoup avec Marvel et DC, j’ai parfois l’impression de n’avoir ma place nulle part. Je ne fais pas vraiment partie de la communauté des comics indépendants, mais je ne fais pas que des grosses licences et des trucs de super héros non plus. Parfois, je ne sais pas trop à quel monde j’appartiens, mais apparemment ça me réussit pas mal !
J’ai remarqué que dans ces comics que tu publies toi-même justement, tu empruntes beaucoup esthétiquement à de vieilles légendes et au folklore européen, pour le dire vite. Dans le monde du metal, certaines scènes puisent aussi beaucoup à ces sources. Est-ce que tu t’y retrouves d’une certaine manière ? Quels sont tes styles de prédilection ?
J’ai des goûts très éclectiques, j’écoute du black metal mais je peux aussi écouter de l’electro, du hip hop ou du r’n’b, et beaucoup de bandes originales de films. Donc c’est très vaste. J’ai grandi dans le New Hampshire, une région très boisée. Ce n’était pas vraiment la forêt, mais il y avait des biches, des lacs… Je crois que tout ça a pas mal influencé mon imaginaire, je suis un peu une fille de la campagne. Emménager à New York a été un gros changement dans ma vie ! J’ai toujours aimé les contes de fée, les légendes folkloriques… J’aime beaucoup l’histoire aussi. Je ne suis pas une spécialiste, je n’ai aucune qualification dans le domaine, mais ça me passionne, j’adore lire des bouquins sur l’histoire et apprendre. Je voyage beaucoup, ce qui aide aussi : je reviens juste de Stockholm où j’ai participé à une convention à Uppsala. J’ai pu aller visiter des cimetières viking avec une amie dessinatrice, c’était passionnant. Ça aide beaucoup je trouve de pouvoir s’immerger dans une culture et rencontrer des gens pour apprendre son histoire. Tout ça ressort dans mon travail, clairement !
Justement, est-ce qu’on peut rapprocher le fait de travailler à partir de motifs folkloriques ou historiques avec le fait de travailler avec des personnages comme Batman ou Punisher qui font partie de la culture populaire depuis un moment et avec lesquels les enfants grandissent aussi de nos jours ? Tu as même travaillé sur Dracula il me semble !
Oui, j’ai illustré Dracula récemment ! Globalement, j’ai bossé sur pas mal de projets en rapport avec Dracula au cours de ma carrière, parfois je me dis que c’est lui, l’homme de ma vie [rires]. Mais en effet, les comics, c’est un peu la mythologie moderne. Batman a 78 ans je crois, ça fait quasiment 100 ans ! Tout le monde connaît Batman et son histoire, on peut presque dire que ça fait partie de notre inconscient collectif maintenant. En ce qui concerne les légendes et les contes folkloriques, je crois que personnellement, je suis moins intéressée par le principe de raconter une histoire folklorique que par les personnages de l’histoire en question. Dans la plupart de ces légendes, le propos est une morale, ou du moins dépasse grandement la simple histoire ; on suit les péripéties des personnages, c’est vraiment ça qui est mis en avant, leur personnalité importe peu, il y a beaucoup de tropes, de situations standards… Moi, ce qui m’intéresse le plus, ce sont les personnages, leur caractère, leur propre histoire… Quelque chose qui a l’atmosphère d’une légende folklorique, mais qui a une dimension plus humaine qu’un conte de fée, peut-être. J’aime beaucoup les contes de fée, je trouve ça très beau, mais d’un point de vue émotionnel, je trouve que ça a moins d’impact. C’est un peu comme une très belle peinture très bien faite qui pourtant ne te parle pas vraiment. Mon objectif est vraiment d’insuffler quelque chose d’humain dans ces histoires.
Il y a un point commun évident entre le monde du metal et celui des comics : ils restent quand même très largement masculins…
Oui tu peux le dire, ce sont de vraies foires à la saucisses [rires] !
« Il y a toujours ce genre de réflexions qui me font me dire qu’il y a toujours des gens qui pensent que je ne suis où j’en suis que parce que je suis une femme. Il faut vraiment faire attention à se protéger de ce genre de pensées, parce qu’elles s’insinuent en toi et tu finis par les garder dans ton inconscient. »
Est-ce que tu as un ressenti particulier à ce propos ? Quand il a été annoncé que tu allais travailler sur Batman par exemple, il y a eu plein d’articles sur le fait que c’était la première fois qu’une femme avait ce rôle, même le site d’Oprah Winfrey en a parlé !
À vrai dire quand j’ai commencé à travailler sur Batman, je ne savais pas du tout que j’étais la première femme à le faire. C’est après coup, quand les gens ont commencé à m’en parler, que je me suis demandée ce que ça voulait dire. Honnêtement, je ne sais pas trop, ça ne me fait pas grand-chose. C’est vrai que quand j’ai commencé dans le milieu des comics, les femmes se comptaient sur les doigts d’une main, nous étions vraiment très peu. J’ai rencontré quelques mecs bizarres, mais très peu de misogynie frontale. Par contre, ce qui m’arrive bien plus souvent que je le voudrais, c’est qu’on me dise : « Tu ne crois pas que c’est parce que tu es une fille qu’on t’a filé ce contrat ? » On m’a proposé Wonder Woman il y a quelques années, quelques numéros seulement, je ne l’ai pas fait mais on m’a fait ce genre de réflexion. Je réponds toujours : « Non, je pense que c’est parce qu’ils aiment ce que je fais ! », mais au fond de moi, je ne peux pas m’empêcher de penser : « Oui, peut-être ? Et si on m’avait proposé ça parce que je suis une femme ? » Ce genre de pensée est très négatif, tu te dis que tu n’es pas assez douée, que tu ne mérites pas d’être où tu es arrivée… Ce sont des conneries, mais ce n’est pas toujours simple de s’en défaire. J’ai pas mal changé ma manière de voir les choses avec le temps et j’essaie de penser de manière plus positive, et je trouve que ça porte ses fruits. Plus tu es positif, mieux tu te sens, plus de bonnes choses t’arriveront. Donc vraiment, j’essaie de ne pas me perdre dans ce genre de pensées négatives. Mais même pour Punisher des gens sont venus me dire : « Oh, tu ne crois pas que c’est parce que tu es une femme et qu’ils veulent que plus de femmes bossent pour eux que tu as eu le contrat ? » Et je leur ai chaque fois répondu : « Non, c’est parce qu’ils aiment ce que je fais ! » Au cours de ma carrière, on m’a aussi dit des choses du genre : « Ce mec t’a embauché juste parce qu’il veut te mettre dans son lit » et même : « J’aimerais tellement être une fille parce que c’est beaucoup plus facile pour vous, j’aurais plus de contrats comme ça ! » J’ai répondu : « Tu es sérieux ? Tu n’imagines même pas la quantité de merde qu’on doit traverser et qu’on se prend constamment dans la gueule ! » Même si j’estime que je n’ai jamais été victime de sexisme et que j’ai toujours pu obtenir ce que je voulais en dépit de quelque déterminisme que ce soit, il y a toujours ce genre de réflexions qui me font me dire qu’il y a toujours des gens qui pensent que je ne suis où j’en suis que parce que je suis une femme. Il faut vraiment faire attention à se protéger de ce genre de pensées, parce qu’elles s’insinuent en toi et tu finis par les garder dans ton inconscient. Je pense que ce serait ça, mon conseil à une fille qui commence dans un milieu très masculin : ne laisse pas ce genre de réflexion avoir prise sur toi, et quand tu rencontres ce genre de problèmes, n’hésite pas à en parler, tu n’as pas à le garder pour toi. Ça se fait de plus en plus dernièrement, notamment dans le monde des comics et de la musique : les gens le font savoir quand il se passe des choses qui ne devraient pas se passer. Ça ouvre le dialogue, ce qui est très sain, je trouve.
Cela dit, je n’aime pas du tout parler de ce sujet sur Internet. Face à face, ce n’est pas un problème, mais sur les réseaux sociaux, ça a vite fait d’engendrer des retours de flamme et des réactions violentes complètement disproportionnées. Personnellement, j’essaie de garder ma présence en ligne en dehors de toute considération sociale ou politique. Je n’ai pas le temps de m’engueuler avec des gens sur internet. Sois tu prêches des convaincus, ce qui n’est pas très utile, soit tu parles à un mur parce que les gens vont camper sur leurs positions et tu ne les feras pas changer d’avis. Ça peut très vite m’affecter, tant de négativité peut vite me pourrir ma journée, ruiner ma créativité, donc j’essaie de faire attention. J’ai pas mal d’amies qui peuvent partir en croisade à propos de ce genre de problèmes, j’adore ça, je trouve ça admirable, mais je ne veux pas m’en mêler. L’une d’entre elles me disait il y a quelques années : « Tu ne représentes pas vraiment les femmes dans l’industrie des comics parce que tu ne parles pas vraiment de ça… » et je lui ai répondu : « En effet, je ne suis pas ‘les femmes’, je suis moi-même et je ne parle qu’en mon nom ! » Et je pense que faire ça peut aussi encourager des filles plus jeunes à se lancer dans les comics par exemple, ou à suivre leur vocation, quelle qu’elle soit ! Je ne représente que moi-même et je ne parle qu’en mon nom, je trouve ça plus sain. J’ai travaillé sur des licences très macho comme Batman, Conan ou Punisher justement, et il y a deux trois personnes qui sont venues me dire : « Super, j’espère que tu vas faire de Punisher un féministe ! » C’est tellement absurde et étrange comme réflexion ! Les gars n’ont pas à gérer ce genre de trucs ! [rires]
Je préfère utiliser les réseaux sociaux pour poster mes dessins ou des choses plus légères. J’aime beaucoup instagram notamment parce que c’est une plateforme très visuelle, je peux y poster des trucs marrants, des jeux de mots foireux [rires]… Et puis les posts ont les dimensions idéales pour poster des petits strips de quatre cases, et en quatre cases il y a suffisamment de place pour faire quelque chose de drôle. J’ai beaucoup de projets très sérieux, mais j’aime bien faire des trucs marrants de temps en temps !
L’année dernière donc tu étais présente au festival en tant que festivalière, et cette année tu es en charge de sa partie artistique. L’année prochaine, ce sera le festival de Becky Cloonan ? [rires]
[Rires] Voilà ! En réalité, c’est énormément de travail. L’année dernière, Kim Holm qui travaille beaucoup avec le Roadburn [il fait des dessins des concerts notamment, ndlr] m’a présentée à Walter Hoeijmakers [directeur artistique du Roadburn, ndlr]. Avec Kim, nous nous sommes rencontrés en Norvège en 2009. Bref, il m’a présentée à Walter, qui ensuite est allé voir ce que je fais, et voilà ! On ne sait jamais trop qui on va rencontrer, quelle rencontre va être déterminante, voire laquelle va changer notre vie !
« Je viens de faire une affiche pour Black Sabbath. C’est complètement dingue ! Je me dis presque que je devrais prendre ma retraite : qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire après ça ? [rires] C’est complètement fou ! »
Est-ce qu’il y a un projet qui t’a apporté spécialement de satisfaction dans ta carrière ? Un personnage ou un artiste que tu aimais spécialement et avec lequel tu as été amenée à travailler par exemple…
Il y a pas mal d’artistes dont j’étais très fan et que maintenant je connais voire avec qui je suis amie, ça, je ne m’y ferai jamais, c’est incroyable ! Sinon j’aime beaucoup les mangas, et l’un de mes livres va être traduit en japonais : Gotham Academy va sortir au Japon dans le cours du mois… C’est vraiment fou. Quand j’étais petite, je ne me serais jamais imaginé ce genre de choses. Je me disais que ça pourrait être cool, mais sans vraiment y penser. Et puis à force de travail, et avec le hasard des rencontres… Même pour le Roadburn par exemple : l’année dernière quand j’y suis allée en tant que spectatrice un copain m’a dit pour rigoler : « Tu vas voir, l’année prochaine ce sera toi qui sera exposée partout », et je lui avais répondu : « Mais enfin, ne sois pas ridicule ! » Alors qu’en fait, quelques semaines plus tard, j’en parlais en effet avec Walter… Souvent, on ne s’imagine pas tout ce qu’on peut faire. Et finalement, ça se produit avant même qu’on ait pu se l’imaginer !
Est-ce qu’en ce moment il y a justement quelque chose que tu adorerais faire sans que ça te semble possible du tout ?
Je ne sais pas trop, j’ai tellement de boulot en ce moment que je n’y ai pas vraiment réfléchi ! Peut-être plus d’auto-édition, des histoires courtes comme j’ai déjà fait. C’est vraiment ce qui me rend le plus heureuse et dans quoi je m’investis le plus. Pour le moment, je travaille sur un opéra rock avec Mike Hardin d’American Sharks. C’est complètement dingue, et il y a un an, je ne me serais jamais imaginé faire ce que je suis en train de faire. Donc on ne sait jamais ce qu’on va être amenés à faire. Par exemple, je viens de faire une affiche pour Black Sabbath. C’est complètement dingue ! Je me dis presque que je devrais prendre ma retraite : qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire après ça ? [rires] C’est complètement fou !
Et en termes de musique, avec quel groupe rêverais-tu de travailler ?
Iron Maiden ! J’adorerais faire un dessin d’Eddie pour eux, ce serait génial. Mais vraiment, je ne pense pas que ce soit faisable.
Est-ce qu’il y a des concerts que tu attends avec plus d’impatience que les autres au Roadburn cette année ?
Oui ! Déjà, j’adore Neurosis, c’est vraiment l’un de mes groupes favoris, donc j’ai hâte de voir leurs deux sets. Je suis aussi très curieuse de voir l’Ulfmessa qui aura lieu vendredi soir. Walter m’a dit : « Vraiment, tu ne dois pas rater ça ! » Maintenant que nous en parlons, je viens de me souvenir que je suis censée faire le DJ à la soirée Bitches Brew, zut, j’espère que je vais pouvoir me débrouiller pour ne pas rater ça ! En réalité DJ est un bien grand mot, je vais proposer une playlist en gros, peut-être que je vais pouvoir me débrouiller comme ça.
Tu sais déjà un peu ce que tu vas passer ?
Je pense mettre pas mal de stoner rock, puis aller vers quelque chose de plus thrash. Je pense commencer avec une reprise de « Night Of The Vampire » de Roky Erikson. En tout cas, pour revenir à ta question, tous les groupes programmés sont potentiellement super de toute façon. L’année dernière, j’ai vu pas mal de groupes et même ceux dont je n’avais jamais entendu parler étaient géniaux ! Le Roadburn sait vraiment cumuler à la fois les très grosses têtes d’affiche et faire découvrir les groupes qui vont faire parler d’eux les années suivantes. La sélection des groupes est très bien faite. J’ai vu The Body à Austin il y a quelques semaines, j’ai hâte de les revoir, ils sont géniaux, super heavy, et j’ai aussi hâte de voir Pentagram, le set Jane Doe de Converge… À vrai dire, récemment j’ai acheté une œuvre originale de Jacob Bannon qui a exposé à la Mondo Gallery à Austin il y a peu, il exposait une douzaine de pièces et j’en ai acheté une. Prochaine étape : collectionneuse ! [rires] Je suis arrivée à une étape dans ma vie où je peux me permettre de commencer à acquérir des œuvres, donc pourquoi pas !
Interview réalisée par téléphone le 14 avril 2016 par Chloé Perrin.
Retranscription & traduction : Chloé Perrin.
Site internet officiel de Becky Cloonan : www.beckycloonan.net
Génial ! Cela sort des groupes qui font leur promo de leur dernier génial album enregistré comme ça avec tel ingé, telle technique !
[Reply]