On ne va pas encore jouer comme au temps de la cour de récréation mais au moins là , on tient un groupe qui connait le sens du mot « humilité ». Il s’agit d’un petit groupe qui ne paie pas de mine comme ça mais qui tourne depuis trente ans. Ils nous viennent de la proche banlieue londonienne, il s’appelle… Iron Maiden.
Oui, je sais moi non plus je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce que je tombe sur une interview[/urlb] donnée par Jannick Gers (guitariste) à Phil Freeman pour le blog de ce dernier sur la section musicale du site de MSN. Au milieu d’un entretien, somme toute conventionnel, où les questions ne bouleversent pas le genre mais auxquelles on est tout de même content d’obtenir des réponses intéressantes apparat une information dont nous avions absolument besoin : leur dernier album studio sorti à l’heure de l’interview, c’est-à -dire A Matter Of Life And Death, est disque d’or dans une quinzaine de pays.
Et c’est après une telle information, qu’on se prend sa leçon d’humilité car immédiatement après Jannick Gers nous dit ceci : « ce qui n’est pas mal pour un groupe comme nous, un groupe underground »… Underground ? Underground ! Prends-moi pour une quiche je ne te dirais rien ! Iron Maiden remplit des salles immenses, des stades, tous leurs concerts sont sold-out des semaines à l’avance mais c’est un groupe underground ! Tu es d’accord avec moi, lecteur ? Quand un groupe gagne des disques d’or, c’est un vendu, un groupe commercial, la vache à lait des majors. Ne te pose pas de questions, lecteur, hoche la tête comme si j’avais raison. Oui, j’ai raison car je suis le Super Journaliste De Radio Metal qui va choper un mot dans une phrase, le sortir de son contexte, le malaxer et te le rendre avec un commentaire tellement chiadé que tu devras ressortir ton encyclopédie en dix-huit volumes pour comprendre comment je t’embrouille.
Non, je ne suis pas le Super Journaliste De Radio Metal. J’ai vraiment eu droit à ma leçon d’humilité car Jannick Gers ne s’est pas arrêté là , il a même rajouté ceci : « nous ne passons pas à la radio, nous ne faisons pas de télé, nous ne touchons pas beaucoup de médias » et c’est VRAI ! The Final Frontier, le nouvel opus de Maiden est sorti avant-hier et j’ai autant entendu parler dans les médias de cette sortie que du dernier EP du p’tit groupe de grind local. Non, non, j’exagère à peine. Iron Maiden a beau être un de ces groupes qui parviennent à connaître un véritable succès commercial, ils n’appartiennent pas moins à une scène underground : le metal, par Héphaï stos ! Et ce au même titre qu’un Watain -si ça c’est pas de l’underground trve – qui occupe par exemple une bonne partie d’un reportage sur le Hellfest 2010 diffusé par TF1, à une heure de forte audience.
Watain au Hellfest 2010

On se retrouve avec deux schémas ici mais qui nous ramènent encore au même état. D’un cà´té, nous avons un groupe à forte notoriété internationale, ayant vendu des millions de disques au cours de sa carrière, influent mais boudé, pour ne pas dire méprisé, par une grande partie des médias en raison du genre qu’il représente.
De l’autre, nous avons un groupe pouvant presque être qualifié de marginal même dans son propre genre mais qui a droit à une soudaine exposition médiatique face au grand public, exposition courte, presque anecdotique, mais grà¢ce à un média de premier plan.
Néanmoins ces deux groupes, ces deux exemples, appartiennent à un même monde qui dans l’ensemble est marginal : notre bonne vieille aciérie musicale. Je ne cherche pas à entretenir le culte de cette marginalité que certains aiment brandir comme un noble étendard (comme s’il était plus noble de rester dans sa cave) mais simplement à souligner que même en remplissant des stades on peut encore penser appartenir à cet état, même avec les foules amassées devant sa scène. L’humilité de l’homme aux yeux ouverts.
Et pour finir, pour que vous mettiez au moins un instant de cà´té l’idée que la Vierge de Fer est un groupe commercial voici un autre extrait de cette même interview : « Nous ne faisons que ce que nous avons envie de faire […] dès l’instant où tu changes pour jouer ce que les gens aiment, tu deviens une parodie ».