Lorsqu’on annonce la présence de Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantômas, Tomahawk…) au sein d’un énième projet, on s’attend à nouveau à ces lignes de chant à la fois uniques et loufoques au sein d’un projet à moitié barré. Puis on ajoute son vieil ami Dave Lombardo (Slayer, Grip Inc, Fantômas…) accompagné de deux membres de Retox, le bassiste Justin Pearson et le guitariste Michael Crain et on change la donne. Dead Cross n’est pas un super-groupe à proprement parler. Pas de frime, pas de démonstration. Le propos est simple : frustration et colère sont les mots d’ordre. Dead Cross est avant tout brutal. En 28 minutes.
Il faut l’annoncer d’emblée, Dead Cross puise son inspiration dans les groupes de punk et de hardcore, sans délaisser une once de l’agressivité des deux genres. Pour reprendre les dires de Dave Lombardo, il s’agit tout simplement de l’un des albums les plus violents qu’il ait enregistré. À l’image de la formation du groupe, survenue en 24 heures après le split d’une précédente formation avec laquelle le batteur s’apprêtait à enregistrer. Profitant de la disponibilité du célèbre producteur Ross Robinson (Korn, Sepultura, Slipknot…) et de la présence des deux membres de Retox, Dead Cross était né, avec une direction musicale évidente. La venue de Mike Patton, a priori improbable, est ce qui démarque le plus Dead Cross dans le genre. Ce dernier pratique un chant plus direct et épuré que ses précédentes œuvres (enregistré dans son sous-sol), nous rappelant ses prouesses en chant hurlé à l’image de l’éphémère « Grave Slave ». Dead Cross rappellera parfois les classiques « slayeriens » à l’image du riff d’introduction de « Seizure And Desist » ou d’ « Obedience School » avant de s’illustrer dans un registre plus punk à l’instar d’ « Idiopathic » ou « Shilelagh ». Dead Cross écorche agréablement l’oreille et à ce titre la production ajustée lui fait honneur. Les guitares accrochent sans baver, la batterie de Dave Lombardo est organique mais ne cherche pas à sonner « roots » via un son de caisse claire atroce ou des toms sans profondeur. Celui-ci nous gratifie d’un des pans les plus efficaces de son jeu, en témoigne la rythmique survoltée avec cet aspect « bas-du-front » de « The Future Has Been Cancelled ».
Il ne faut cependant pas se leurrer, si on connaît les prouesses de Dave Lombardo dans ce style musical, ce sont celles de Mike Patton qui viennent littéralement créer la profondeur de Dead Cross. Ce dernier profite parfaitement des innombrables variations rythmiques et breaks abrupts pour moduler sa voix, entre crooner et beuglard punk sur « Gag Reflex » et qui rappelle cette ambivalence permanente que l’on trouvait dans les premières heures de Faith No more. Bien que cherchant à respecter au plus près l’esprit des compositions, Mike se permet tout de même de doubler voire tripler certaines voix en conférant un côté presque orchestral aux titres, ne serait-ce que pendant quelques secondes au sein du tumulte. Dead Cross se permet ainsi des compositions pratiquement « mises en scène », telle « Church Of The Motherfuckers » et ses arrangements de guitare quasi-cryptiques ou encore les voix gutturales de « Bela Lugosi’s Dead », reprise du titre de neuf minutes de Bauhaus. Celui de Dead Cross en fera deux minutes trente. À bon entendeur…
Avec l’apparence d’un super-groupe de thrash-punk revival, Dead Cross pourrait tromper sur la marchandise. Dead Cross va surprendre. Si l’on est coutumier de la violence musicale et du propos rentre-dedans que prône le groupe, on l’est beaucoup moins de sa folie et du foisonnement de détails qui parcourt un album pourtant très court. Dead Cross renouvelle presque inopinément une formule qui paraissait éprouvée. Rien que ça.
Clip vidéo de la chanson « Seizure And Desist » :
Chanson « Grave Slave » en écoute :
Album Dead Cross, sortie le 4 août 2017 via Ipecac Recordings. Disponible à l’achat ici
pas du tout ma came . Et ce ne sont pas les noms de Lombardo et de Patton qui vont m’obliger à penser que c’est génial.
On dirait plus un délire qu’autre chose . Je préfère de loin le travail de Lombardo avec Grip Inc.
Après , chacun son truc …
[Reply]
D’accord avec toi sur GRIP INC. Cependant quand il donne dans ce regitre Lombardo déchire toujours et là je prends mon pied du même genre que quand j’ai écouté le premier SOAD, la surprise en moins j’avoue, mais c’est le pied à écouter DEAD CROSS aussi, je suis fan !
Cet article met l’eau à la bouche, la bave aux lèvres, l’écume…
J’ai hâte de me faire « uppercuter » la gueule en toute confiance avec ces zikos qui n’ont plus rien à prouver.
[Reply]