Ces trois dernières années, pour beaucoup la vie n’a pas été un long fleuve tranquille notamment à cause de la crise sanitaire et des conséquences de cette dernière. Évidemment, les artistes ont été particulièrement touchés puisque leur mode de vie (enregistrement d’un disque et tournée dans la foulée) a été complètement chamboulé. Deathstars fait ainsi partie de ces groupes qui ont dû repenser drastiquement leur planning en repoussant la date de sortie de leur nouveau disque et en reportant à de nombreuses reprises leurs tournées.
Dans cet entretien, Whiplasher Bernadotte (de son vrai nom Andreas Bergh) – le chanteur et parolier du groupe – nous présente le nouvel album Everything Destroys You. Plein d’humour, d’autodérision et d’humilité, il revient sur ces dernières années particulières pour Deathstars et nous décrit le lien spécial qui l’unit à Nightmare Industries (de son vrai nom Emil Nödtveidt), le guitariste/producteur du groupe et surtout sa tête pensante. L’occasion également pour lui, plus largement, de vous présenter Deathstars, un groupe majeur de la scène rock/indus/goth.
« Les chansons de Deathstars parlent des aspects sombres de nos vies, c’est assez personnel en ce sens, et plutôt sérieux, mais je ne veux pas être prétentieux, donc il y a toujours une part d’humour noir. Quand nous jouons, ça doit être une obscurité festive, pas juste de l’obscurité. »
Radio Metal : Everything Destroys You a mis du temps à venir. Comment le perçois-tu maintenant qu’il sort enfin ?
Andreas « Whiplasher Bernadotte » Bergh (chant) : Neuf ans se sont écoulés depuis le précédent album, c’est fou ! Je n’y avais pas vraiment pensé avant que je commence à donner des interviews. J’étais là : « Merde, ça fait vraiment longtemps ! » Nous n’avons pas senti le temps passer en raison des tournées, puis nous avons commencé à écrire les chansons, puis la pandémie est arrivée et tout était fermé. Malgré tout, je pense qu’il y a une énorme différence entre cet album et le précédent, The Perfect Cult. Je n’écoute jamais les albums que je fais après les avoir terminés, mais je trouve que ce dernier était très introverti. Même pour moi, il me paraissait très renfermé, très sombre, alors que le nouveau est plus ouvert, enjoué, varié et dynamique, et il a été plus gratifiant à écrire. Quand nous l’avons composé, il y avait une atmosphère plus proche de Termination Bliss. Pour moi, la boucle est bouclée. Je ne pense pas que je voyais notre précédent album comme étant le meilleur. On a tendance à dire que la dernière chose qu’on a faite est celle dont on est le plus satisfait, mais je ressens davantage ça avec Everything Destroys You maintenant qu’avec The Perfect Cult à l’époque, et même Night Electric Night.
La pandémie a-t-elle été difficile pour toi sur le plan personnel ou as-tu apprécié être à la maison ?
J’ai trouvé ça super ! Si on met de côté tout ce qui s’est passé et si on peut y voir un côté positif, c’était une pause agréable, à bien des égards. Autrement, c’était évidemment une période horrible. Je pense que tout le monde connaît quelqu’un qui est décédé. Toute la situation te faisait réfléchir à quel point tout est fragile. J’ai aussi eu un enfant durant cette période. Il était trop petit pour comprendre, mais pour les enfants de cette génération, ceux qui avaient trois ans, c’était bizarre quand tout a rouvert. On en voyait qui n’étaient pas aussi sociables parce qu’ils avaient été tout le temps chez eux. Mais maintenant, j’imagine qu’ils se sont ajustés. Bref, j’étais une bonne partie du temps à la maison à m’occuper de ma famille, écrire l’album et ainsi de suite. J’étais super isolé. Le truc, c’est qu’Emil et moi avons beaucoup travaillé sur l’album durant cette période. Puis il était censé sortir, nous devions partir en tournée, puis toutes les tournées ont sans arrêt été reportées. Finalement, nous avons commencé à réécrire les chansons et nous en avons écrit de nouvelles. C’était un album en 2020 ou 2021 et c’en est un autre un peu différent qui sort maintenant. Nous avons donc passé beaucoup de temps en studio sur toute cette période. Les tournées ne m’ont pas manqué ou quoi que ce soit de ce genre. C’était un moment assez calme, si on veut y voir du positif.
Généralement, tu écris les textes et Emil compose la musique, mais comment ça fonctionne sur ce plan ? Est-ce qu’il y a une part de travail mutuel ?
Ça fait près de trente ans qu’Emil et moi écrivons des chansons ensemble, depuis que nous sommes gamins, et ça a toujours fonctionné pareil. Il peut me montrer une ébauche, je fais des arrangements vocaux et des paroles, puis il ajoute différentes couches et au final, nous obtenons quelque chose. Ça commence donc avec lui qui me présente quelque chose et moi qui apporte des arrangements, nous décidons de poursuivre sur cette idée et ainsi de suite. Voilà comment nous obtenons une chanson. C’est ainsi que ça se passe depuis que nous avons environ douze ans. En plus, nous vivons dans la même ville, donc pour cet album, nous nous sommes posés dans notre studio, à faire des esquisses au piano, je pouvais chanter dessus, etc. Globalement, nous ne disons jamais : « Voilà ce qu’on va faire. »
Est-ce qu’il y a des frictions parfois entre vous dans ce processus ?
Quand nous nous posons tous les deux pour travailler sur différentes parties d’une chanson, ça peut effectivement être difficile, mais nous avons besoin l’un de l’autre. Parfois, il peut m’arriver d’écrire un arrangement que je trouve bon, nous enregistrons, et finalement, une semaine plus tard, ça ne semble plus aller. Pareil avec Emil, quand il m’envoie des fragments de chansons ou peut-être juste trente secondes d’un thème, et il veut que j’écoute et voie si je peux faire quelque chose. Il y a donc toujours ce dialogue, mais il peut nous arriver d’être très irrités l’un envers l’autre si nous avons des avis divergents sur une chanson, des structures, les arrangements, etc. Emil est le patron, c’est le producteur du groupe. Tous les groupes sont des démocraties avec un dictateur. Il faut que ce soit comme ça. Emil est super important, c’est le cœur du groupe. Donc quand il insiste, genre : « Tu dois vraiment faire en sorte que ça fonctionne » et que je sais que ça ne sera pas aussi bien que mon idée, alors c’est galère. Il faut donc beaucoup travailler, et au final, celui qui a raison ou tort, c’est du cinquante-cinquante entre lui et moi.
« Nous suivons juste notre instinct. Il n’y a aucun grand plan d’ensemble. Ce sont juste deux idiots qui font de leur mieux [rires]. »
Voyiez-vous déjà quand vous étiez jeunes que vous aviez une très bonne alchimie ?
Oui, mais nous étions amis avant de faire de la musique ensemble. Nous venons de la même ville, vers la frontière ouest de la Suède, presque en Norvège. Ensuite, nous avons dû déménager dans une autre ville et je l’ai emmené là-bas, car je répétais avec un groupe de death metal merdique à l’époque, et il jouait la basse ou la guitare. A ce moment-là, il a dit : « Ce groupe ne m’impressionne pas tellement. Pourquoi est-ce qu’on ne se poserait pas pour faire quelque chose, tous les deux ? » C’est là que nous avons commencé à écrire des chansons ensemble. C’était très spontané, je suppose, vu que nous faisions d’autres trucs en dehors de la musique quand nous étions gamins.
Placez-vous le fait de tourner et le fait d’être ensemble en studio à faire de la musique sur le même plan ?
C’est un cliché, mais ce sont des parties très différentes du processus, mais bien sûr, c’est amusant de tourner ; quand ça se passe bien, c’est fantastique. Je pense que dans le groupe, nous aimons tous tourner, même si certains plus que d’autres. Skinny, en particulier, adore ça. Il est clair que tu composes de la musique parce que tu as envie de t’éclater. Mais je ne peux pas vraiment comparer. Les chansons de Deathstars parlent des aspects sombres de nos vies, c’est assez personnel en ce sens, et plutôt sérieux, mais je ne veux pas être prétentieux, donc il y a toujours une part d’humour noir. Puis quand nous montons sur scène, je ne prête pas attention à cette partie, car alors, nous sommes un groupe de rock extraverti. Personne dans le groupe n’a de problème avec le fait de monter sur scène et d’essayer d’exprimer l’essence de la chanson, t’es là : « Boom, c’est parti ! » C’est tout. Quand nous jouons, ça doit être une obscurité festive, pas juste de l’obscurité. J’aime les groupes de rock comme MC5 et Iggy Pop, donc on doit retrouver cette atmosphère mais de façon plus sombre.
Aviez-vous dès le début cette approche de la musique qui se doit aussi d’être du divertissement ? La musique est-elle même écrite avec le côté spectacle en tête ?
Non. Nous ne pensons pas comme ça. Nous n’avons jamais eu de discussion du genre : « Voilà comment on devrait écrire de la musique. Notre plan, c’est d’aller dans cette direction. » Ça n’est jamais arrivé. Nous sommes beaucoup trop stupides pour faire ça ! Nous suivons juste notre instinct. Il n’y a aucun grand plan d’ensemble. Ce sont juste deux idiots qui font de leur mieux [rires]. C’est tout. Tout est centré sur la chanson dans l’instant présent. J’imagine qu’on ne peut pas prendre de raccourcis pour faire un bon morceau, donc nous essayions d’y arriver. Ensuite, nous sommes très difficiles, c’en est ridicule tellement nous faisons d’esquisses. Cette fois, nous avons enregistré d’autres chansons potentielles pour l’album, mais nous les avons mises de côté et l’album est meilleur justement parce que nous ne les avons pas incluses. Il s’agit juste de déterminer si la chanson est bonne ou pas au moment où nous l’écrivons et ensuite, nous poursuivons sur la lancée. Tiens, d’ailleurs Emil est en train de m’écrire. Il faut que nous discutions du prochain clip – nous devons en filmer un nouveau dans environ deux semaines, et nous devons aller à Malte pour faire un concert, ce sera notre premier pour le nouvel album. Ce sera super intéressant de partir en tournée, vu que ça fait longtemps. Avant, nous pouvions faire dans les deux cents concerts voire plus par an, et maintenant, nous n’avons pas vraiment tourné depuis… Notre dernier concert était en Amérique du Nord, je crois, aux US et au Canada, et c’était il y a peut-être six ans. Ça fait donc un bon bout de temps. Ce sera intéressant.
En termes de visuel, sur la pochette, on te voit regarder le ciel et tendre la main vers celui-ci…
C’est l’idée des graphistes. En fait, aujourd’hui, le visuel est aussi très important pour moi. J’avais des idées pour la mise en page du livret et peut-être pour les clips, mais je n’ai pas non plus trop envie d’interférer avec ça parce que ça peut vite devenir le bordel. Nous avons fait la musique et maintenant, c’est au tour d’une autre personne d’en donner sa vision. Nous ne planifions pas non plus tellement la partie visuelle, en fait. Il s’agit juste d’essayer de visualiser comment le groupe sonne, ou peut-être même pas, parce que comme je l’ai dit, nous nous voyons avant tout comme un groupe de rock. C’est important qu’il y ait plusieurs dimensions. Ce serait pathétique de… Nous ne nous prenons pas trop au sérieux, nous ne cherchons pas à avoir l’air les plus misérables possible sur toutes les photos. Peut-être que ça nous permet de ne pas trop tomber dans des clichés.
« Je ne verrais pas ça comme un but en soi de venir plus gros juste pour devenir plus gros. Je pense que j’ai laissé cette ambition derrière moi à un moment donné. »
Dans cette scène électro-rock, avec des festivals comme le M’era Luna ou l’Amphi en Allemagne, on peut voir que les gens font très attention à leur apparence et à leur corps, et il y a un côté très sexuel. D’où ça vient d’après toi ?
Oui, je ne sais pas. Tu as le truc ou tu ne l’as pas, j’imagine, mais le rock n’ roll en général, c’est très centré sur les plaisirs de la chair et, bien sûr, il y a un côté anti-chrétien, donc tout là-dedans est un peu sexuel. Tout tourne autour du plaisir et de la destruction. Ceci dit, je n’ai jamais vraiment écrit de chanson sur ce thème ou quelque chose qui s’en rapprochait. C’est étrange parce que quand nous jouions du death metal dans les années 90 et que nous tournions, par exemple en Allemagne, quand nous faisions des tournées européennes, il n’y avait que des mecs dans le public. Puis nous avons commencé Deathstars et nous étions là : « Bordel, mais qu’est-ce qu’il se passe ? » car quatre-vingts pour cent de filles venaient aux concerts. Les petits copains nous détestaient [rires]. Quelque chose s’est passé quand nous avons changé de musique, et je suppose que c’est venu avec ça. Je ne sais pas trop pourquoi.
Vous êtes influencés par la tradition rock suédoise : quels sont les premiers groupes qui te viennent en tête et qui ont été très importants dans ta vie ?
Le punk rock suédois a été très important, comme Strebers. Personne ne connaît ce groupe en dehors de la Suède, et presque personne même en Suède, mais ce genre de groupe a été très important. En fait, je n’écoute pas du tout de sleaze. C’est plus ce genre de vieux punk rock, le death metal, le thrash metal et le death rock. Il y a plein de bons groupes en Suède. Je pourrais aussi citer Bathory et un tas de groupes d’amis, comme Entombed, Dissection avec qui nous avons grandi… Tous ces groupes ont été très importants.
L’album s’intitule Everything Destroys You. Alors, qu’est-ce qui détruit le plus Andreas dans sa vie ?
Moi-même ! Je suis absolument le plus gros obstacle dans tous les aspects de ma vie. Je suis mon propre problème. Mais le titre, je trouvais qu’il sonnait un peu à la Iggy Pop, et effectivement, tout finit par nous détruire à un moment donné. Il y a donc une part d’humour là-dedans, mais aussi de vérité. Je crois que c’est un thème qu’on retrouve souvent dans Deathstars : tu te développes en même temps que ce qui te détruit, c’est comme la catharsis, le conflit, sans le conflit il n’y a pas de progrès. Il est question de trouver de la valeur dans les recoins les plus sombres de la vie, parce que d’une certaine façon, ça nous fait progresser.
Beaucoup de choses peuvent aussi détruire un groupe, à plein de niveaux. Ça fait des années que vous évoluez dans cette scène, mais j’imagine que pour un nouveau groupe, ça ne doit pas être simple de se développer aujourd’hui. De nombreux artistes doivent avoir un boulot à côté et faire ça pour le plaisir. Et même si on regarde un groupe comme Gojira, ils jouent maintenant devant dix-sept mille personnes, mais c’est après près de trente ans de carrière, si on remonte à l’époque Godzilla…
C’est un super groupe ! Ils jouent devant dix-sept mille personnes en France ? C’est extraordinaire pour ce genre de musique. Tout d’abord, il y a trop de groupes. Il y a des groupes partout ! Ensuite, je dirais qu’il faut tout le temps jouer ; en tout cas, c’est le genre de groupe que j’aime, ceux qui tournent et font des concerts. Avec Deathstars, avant, nous vivions juste de la musique, grâce au groupe, mais ensuite, nous avons commencé à faire différentes choses, par exemple je produis des émissions de télé et ainsi de suite. Une route alternative s’est donc présentée et maintenant, j’ai deux facettes de ma vie quotidienne. Le groupe n’est plus aussi important aujourd’hui qu’il était dans le temps. Même si nous faisions une carrière de trente ans, je ne verrais pas ça comme un but en soi de venir plus gros juste pour devenir plus gros. Je pense que j’ai laissé cette ambition derrière moi à un moment donné. Même quand j’étais plus jeune, je n’ai jamais eu ces rêves de succès et d’être important. Je sais, c’est une réponse ennuyeuse [rires]. Je connais Till [Lindemann] de Rammstein, nous avons beaucoup tourné avec eux, et nous sommes de très bons amis. Lui voulait vraiment ça en jouant de la musique, mais je ne pense pas que j’avais ça en moi à ce point-là. Ceci dit, c’est incroyable ce qu’ils ont fait. C’est vraiment fantastique. Je n’ai qu’une montagne de respect pour ce qu’ils ont accompli. C’est unique et c’est l’un des plus gros groupes de rock aujourd’hui.
Tu parles de Rammstein, or quand j’écrivais mes notes sur les chansons de l’album, j’ai marqué plusieurs fois à propos de certains riffs : « Style à la Rammstein, très efficace. »
Oui, ils ont un peu kidnappé tout ce style ! On ne peut plus faire ce genre de riff maintenant à cause de Rammstein [rires]. Mais c’est compréhensible.
« Même moi je me pose des questions sur Deathstars, car je ne sais même pas ce que c’est. Peut-être que ce groupe a du sens pour d’autres gens en tant que paradoxe. Ce groupe est aussi là pour essayer de nous comprendre nous-mêmes. »
Vous avez un son très spécifique, avec une approche très accrocheuse qui a vraiment le potentiel de fédérer les gens. Au fil des années, depuis que Deathstars existe, avez-vous vu le public goth, rock, metal, etc. se rassembler autour du groupe ?
Oui, j’ai pu le voir. C’est totalement différent aujourd’hui de ce que c’était quand nous jouions du death metal dans les années 90. Le public de Deathstars est constitué de fervents et fidèles fans qui nous suivent depuis longtemps. C’est bizarre, mais c’est aussi fantastique. Le groupe a des supporteurs dévoués. Même moi je me pose des questions sur Deathstars, car je ne sais même pas ce que c’est – disons que je ne nous vois pas comme un groupe gothique, nous sommes vraiment un groupe de rock, c’est très important pour moi. Peut-être que ce groupe a du sens pour d’autres gens en tant que paradoxe. Ce groupe est aussi là pour essayer de nous comprendre nous-mêmes ; c’est un forum pour se comprendre. Je n’ai pas de page Facebook ou Instagram où je communiquerais avec des gens qui écoutent le groupe, car ce n’est pas pour moi, donc je ne peux pas… Enfin, en tout cas, j’ai vraiment l’impression que les gens restent fidèles au groupe. On peut le ressentir quand nous faisons des concerts et ainsi de suite. Certaines personnes viennent nous voir depuis des années.
C’est un choix de ta part de ne pas être sur les réseaux sociaux à cause de la négativité qui y règne ou est-ce juste parce que tu n’as pas le temps ?
Ça ne m’intéresse tout simplement pas. Ce n’est pas mon truc. Je ne vais pas non plus sur les réseaux sociaux d’autres groupes. J’aime les magazines, je suis très conservateur. C’est un peu énervant pour certaines personnes et d’autres gars officiant dans des groupes, parce que je me fiche royalement de ça. J’aime écrire des chansons avec Emil et les jouer, et c’est tout.
Est-ce que vous avez des gens qui suivent Deathstars sur plusieurs dates ? Quel est votre rapport aux fans en tournée ?
Oui, il y a des gens qui voyagent pas mal avec nous, qui ont des tatouages, etc. Il y a ce genre de dévouement. C’est fantastique. Pour moi, le groupe, c’est le groupe. C’est assez noir ou blanc. Quand je ne travaille pas pour le groupe, je n’y pense pas. Comme je ne suis sur aucun réseau social, j’imagine que j’ai la chance que les autres gars s’en occupent. Mais quand nous sommes en tournée, nous essayons de traîner autant que possible avec les gens, c’est amusant. C’est gratifiant quand tu es posé tout seul chez toi à écrire, puis tu pars en tournée et ça se passe comme ça. C’est aussi la raison pour laquelle on écrit de la musique, je suppose, car le processus démarre avec rien, ensuite tu emmènes ça sur scène et tu communiques avec des gens. Tu pars avec tes amis et tu joues de la musique ; être en tournée, c’est une structure quotidienne très simple. D’un autre côté, ça peut t’user et tu peux être super fatigué à cause de tout. Généralement, tu peux être dans la pire de tes formes en tournée, mais ce n’est pas trop compliqué non plus.
As-tu besoin de temps pour t’en remettre sur le plan émotionnel et physique quand tu reviens de tournée ?
En fait, je dors pendant trois ou quatre jours, presque tout le temps. Tu es aussi déshydraté, donc tu peux boire genre dix litres d’eau tous les jours avant d’aller aux toilettes [petits rires]. Ça prend effectivement un peu de temps de revenir. Bien sûr, j’ai connu des tournées où tu te dis : « Je ne vais pas sortir après les concerts », où tu ne fais pas la fête toute la nuit, sauf peut-être quand tu es à Berlin, Paris et Londres, juste pour éviter de te sentir mal. Dans ce cas-là, tu reviens à la maison et t’es là : « Ouah, je me sens bien ! » Mais ce n’est généralement pas ainsi que ça se passe ; généralement, tu es mort pendant quelques jours. C’est aussi sympa quand tu rentres à la maison et que tu retrouves certains amis, et qu’ils te demandent comment tu vas, etc. car en tournée, c’est plutôt [en criant] : « C’est quoi ce bordel ? Tu ne vas pas le croire, il a fait ça ! Quel enfoiré ! » Voilà le niveau des communications en tournée [rires].
En termes de marché, est-ce équivalent d’un pays à l’autre ou bien êtes-vous plus importants en Suède ?
Oui, je pense que c’est relativement équivalent. La Suède n’est pas un marché si important pour nous. Quand nous y jouons, c’est seulement à Stockholm et Göteborg. C’est ainsi pour de nombreux groupes suédois. C’est un peu comme un pays en développement pour les groupes de rock et de metal. Peut-être que Sabaton est gros, ils jouent dans plein d’endroits en Suède, mais pour la plupart d’entre nous, on fait deux ou trois concerts ou peut-être un festival, c’est tout. En fait, nous jouons plus en Finlande, si on regarde les pays voisins. Curieusement, peut-être est-ce à cause de leur culture avec Sisters Of Mercy et ce genre de chose, là où nous avons vraiment décollé, c’était en Grande-Bretagne. Nous avons parfois l’occasion de tourner deux semaines là-bas. C’est assez différent, je suppose, pour un groupe suédois. Autrement, je pense que c’est à peu près pareil partout en termes de public.
Interview réalisée par téléphone le 30 mars 2023 par Amaury Blanc.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Deathstars : www.deathstars.net
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