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Chronique Focus   

Def Leppard – Drastic Symphonies


Un challenge, un défi, une idée, une envie ? En tout cas, mêler les fleurons de son répertoire rock ou metal à de la musique classique n’a rien de très original. De Rage à Metallica en passant par Scorpions et tant d’autres, ils sont nombreux à avoir voulu accoupler leurs guitares aux archets des violons d’un orchestre symphonique, avec plus ou moins de réussite. Def Leppard a choisi d’explorer cette voie, et de mettre tous les atouts de son côté : c’est donc avec le Royal Philharmonic Orchestra de Londres et aux légendaires studios d’Abbey Road qu’il a décidé de réarranger ses hits. Pour un résultat drastiquement différent des enregistrements originaux, comme l’intitulé semble l’indiquer ?

Dès les premières mesures, un doute survient : est-ce le bon album ou plutôt la B. O. de Lawrence d’Arabie ? Eh bien non, c’est bien l’intro de « Turn To Dust », exhumé de Slang, de loin l’album le plus à part (controversé ?) dans la discographie du gang de Sheffield. La preuve d’entrée que les Britanniques assument fièrement l’intégralité de leur œuvre. Si la voix de Joe Elliot est facilement identifiable, l’orchestre prend le pas sur le reste avec des interventions pleines d’emphase. La suite est encore plus troublante : « Paper Sun » extrait d’Euphoria, album retour aux sources à sa sortie mais assez loin de s’être hissé au niveau des classiques, qui s’impose tout en lenteur avec des violons qui dégoulinent de partout et plombent le décor. Là aussi on est proche de la musique de cinéma, loin des hits hard FM de la fin des années 80. Il faut attendre « Animal » pour se retrouver en terrain connu. Reconnaissable immédiatement, même avec cette version dépouillée, il tranche cependant avec la production luxuriante de l’album dont il est tiré (Hysteria était un vrai orage électrique high-tech à sa sortie en 1987). L’ambiance symphonique remplace les bidouillages électroniques et meuble parfaitement l’espace sonore. Une bonne chanson pourvue d’une mélodie imparable le reste en toutes circonstances, en voici la preuve incontestable. Mais encore faut-il la reconnaître. Et, autant l’avouer, ce n’est pas franchement le cas de « Pour Some Sugar On Me » qui suit. L’ambiance ballade hollywoodienne et l’ajout d’une voix féminine sont surprenants, et on peine vraiment à reconnaître le hit de 1987. On s’éloigne loin, très loin du hard rock, et même du rock. « Hysteria » ou « Love Bites » reçoivent le renfort d’un bataillon de violons, mais finalement l’esprit originel est là. On finit même par avoir l’impression que Def Leppard n’a pas grand-chose de rock. En effet, les amateurs de bluettes d’un romantisme affolant retrouveront avec plaisir les « Goodbye For Good This Time », « Love », « Angels », « Have You Ever Needed Someone So Bad » ou les inévitables « Bringin’ On The Heartbreak » et « Too Late For Love », dont la proverbiale lenteur permet au Philharmonique de Londres de se promener à sa guise tant ils semblent presque avoir été composés pour lui.

Mais alors, où est la vraie prise de risques ? Quand est-ce qu’on remue la tête ? Ou qu’on tape du pied ? Pas de « Let’s Get Rocked » ni de « Photograph » en vue. Mais lorsqu’il faut se remuer un peu, les pionniers de la NWOBHM répondent présents. Avec « Switch 625 » par exemple, sur lequel les instruments à cordes se muent en arbalètes pour décocher des flèches rythmiques et harmoniques qui appuient un solo de guitare enflammé et aérien. Et puis il y a l’apocalyptique « Gods Of War », véritable pièce maîtresse dont l’orchestration saccadée et magistrale n’est pas sans rappeler « The Queen Symphony » de Tolga Kashif, joué avec le même orchestre, qui était constitué d’extrapolations de morceaux du groupe de Freddie Mercury.

Après l’écoute de ces seize morceaux (une heure et vingt-trois minutes de musique), on réalise à quel point le travail en studio a dû être colossal. Fouillé, dense, finalement à l’image de ce que Def Leppard a proposé durant toute sa carrière. Mais en privilégiant nettement les titres aux tempos lents, même s’ils sont dotés de mélodies légendaires, le groupe risque de déboussoler une partie de ses fans. Drastic Symphonies va-t-il devenir un classique ? Par nature, il l’est déjà…

Clip vidéo de la chanson « Animal » :

Album Drastic Symphonies, sortie le 19 mai 2023 via Mercury Records. Disponible à l’achat ici



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  • Moribon le hamster sans dent dit :

    Excellent album pour ma part. Je l’ai enfin écouté tout à l’heure avec une petite peur au ventre vu tous les avis négatifs que je lis partout. Vraiment pas déçu de l’achat. Contrairement au dernier album studio qui m’a laissé sur ma faim, je le réécouterai plusieurs fois. Pari réussi pour moi.

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  • Pat du 12 dit :

    À quelques jours d’intervalle j’avais le choix entre deux vétérans des années 80: Def leppard et White Lion…le second pour une réinterprétation de leurs meilleurs titres, avec le même chanteur avec 40 ans de plus au compteur et un nouveau guitariste : résultat des courses : superbe !
    Pour nos léopards, c’est une autre histoire :
    une version symphonique »radicale »( selon le titre du CD avec les mêmes membres d’origine pour une proposition très médiocre, je m’explique…
    Tout d’abord, les morceaux, dans leur majorité,sont inutilement longs ( plus de 5 minutes)sans que leur »extension » n’amène une quelconque plus-value au titres d’origine
    Ensuite, certains morceaux sont complètement « dénaturés » comme Pour Some Sugar on Me qui devient une balade sirupeuse à deux voix,pas très harmonisées ou Too Late for Love qui démarre après 1’50 d’intro pour se noyer dans un océan de violons…
    Enfin la plupart des morceaux se prêtent assez mal à l’adaptation symphonique ce qui enlève tout ce qui fait le sel de Def leppard, à savoir les harmonies de voix et les guitares cristallines…les seuls qui s’en tirent,Hysteria, Gods of War, Bringing on the Heartbreak et Switch 625, simplement parce qu’ils ne s’éloignent pas trop de leurs structures d’origine , autrement dit,les moins « symphoniques », ironie du sort…
    Au final, si vous cherchez un best-of sympa de métal FM, je vous conseille le White Lion sans hésitation…

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    Django

    La messe est dite …

  • Pat du 12 dit :

    C’est pas pour donner raison à Django mais ce qu’il dit n’est pas faux ! Après c’est toujours pareil : on écoute chaque nouvel album en espérant qu’il sera meilleur que le précédent et à chaque fois….on est déçu ! Attention ce symphonique radical mais j’y vois pas beau…

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    Django

    Exactement, on continue de leur donner une chance et d’espérer car ces gars ont sortit High n Dry, Pyromania, etc… j’écoute toujours les vieux Def lepp et garde une tendresse pour le groupe mais là …
    Et puis observer, une chute abyssale comme celle ci ce n’est pas inintéressant

  • django ….cela fait donc 30 ans que vous continuez avec obstination à écouter def lep ?

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  • « Déboussoler une partie de ses fans » ??? Cela fait 30 ans que Def Leppard fait n’importe quoi, alors vous savez on est plus à ça près, donc se boucher les oreilles une fois de plus ou moins… On n’attend plus rien d’eux , un peu comme Trust.
    Ceci étant cet album symphonique pousse le concept de la nullité à des niveaux stratosphériques

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