Artistes : Deicide[/urlb] – Samael[/urlb] – Vader[/urlb] – Devian[/urlb] – Order Of Ennead[/urlb] – The Amenta[/urlb]
Lieu : Villeurbanne (France)
Salle : Centre Culturel Oecuménique
Date : 12-01-2009
Public : 500 personnes environ

Look classique pour les australiens de The Amenta !
On commence avec un groupe de death metal industriel qui vient d’Australie, The Amenta. Des titres accrocheurs sur cd mais qu’en est-il de leur prestation scénique ? Et bien c’est une très bonne surprise puisque le show de The Amenta est à l’image du dynamisme de leurs deux opus. Les membres ont une bonne présence sur scène, notamment le chanteur qui saute de partout. Le groupe n’a pas de mal à enchaîner les titres qui sont de plus en plus violents mais qui n’arrivent décidemment pas à séduire le public. En effet, la réceptivité des spectateurs est particulièrement faible : la foule regardant les australiens de loin.
Mais cela n’empêchera pas The Amenta de nous livrer un concert réussi malgré un effort à faire sur le son. La voix de Jarrod Krafczyk étant beaucooup trop en retrait sans oublier des basses vraiment trop présentes. Un bémol étant également possible sur la présence d’un stroboscope trop puissant et mal disposé qui a clairement porté préjudice à la prestation visuelle du combo. Malgré tout, The Amenta reste sur scène un groupe efficace à ne pas manquer pour tout amateur de death metal bien burné !

Les américains d’Order Of Ennead
Prenez des anciens de Council Of The Fallen, ajoutez à cela un frappeur de chez Deicide et vous obtenez… un mélange entre Deicide et Council Of The Fallen ! Oui, c’est très étonnant vous en conviendrez ! Order of Ennead est donc un groupe de death véloce et technique mais qui n’oublie pas les gros riffs qui font bouger la tête, accompagnés d’un tapis de double et/ou de blast beat qui vont bien ! Le groupe est bien en place même si le son est moyen (ce sera une constante lors de cette soirée…) et lorsque l’on se trouve sur le devant de la scène il est difficile de distinguer la voix… Le point qui fâche et déjà évoqué ci-dessus : le stroboscope ! A part décoller les rétines du public, quid de l’intérêt d’une telle puissance ? L’ingé lumière ne s’est-il pas rendu compte que tout le public était aveuglé ?! Tout de même…restons sérieux ! Ce facteur a incontestablement gâché les prestations des groupes d’ouvertures (étonnement Deicide ne l’utilisait pas)…dommage.
Si l’on revient à l’essentiel, la musique bien évidemment, les compos d’Order Of Ennead alternent passages violents et acoustiques, le tout accompagné de bons soli. Evidemment Steve Asheim assure, comme à son habitude, derrière ses futs. D’ailleurs le son est clairement à son avantage : on l’entend très (trop ?) bien. Le groupe n’a qu’un album à son actif donc forcément le choix des morceaux est vite fait, les meilleurs sont joués : « The Culling », « As Long As I Have Myself I Am Not Alone », « Conferring With Demons » ou encore « As If A Rose I Wither ». Bref un concert cohérent sans être inoubliable.
Devian : quatre chevelus sur scène !
Passons à Devian : deux ex-membres de Mardük (et pas les moindres puisqu’il s’agit de Legion (chant) et Emil Dragutinovic (Batteur)) se sont associés pour faire un groupe de thrash/death mélodique. Quand la formation monte sur scène une grande partie du public a les yeux braqués sur Legion. Le bougre a sacrément maigri, autant pour certains la villégiature aux USA a un effet négatif (qui a dit Malmsteen ?), autant pour notre braillard l’effet est inverse ! Cependant la perte de dix ou vingt kilos justifie-t-elle le port d’une tenue moulante en cuir de « true heavy metal » ?! La question est posée mais passons…
Le groupe attaque avec un son toujours aussi moyen mais la prestation d’ensemble est réhaussée par un Legion version « Lapin Duracell ». En effet, notre homme court dans tous les sens, c’est un sacré frontman et son grain de voix est toujours aussi particulier. Mais finalement n’en fait-il pas un peu trop ? Surtout par rapport au reste du groupe qui est plutôt statique… Côté son, on a le droit à quelque chose ressemblant à du Hypocrisy saupoudré de thrash. Les nouveaux morceaux semblent plus black et plus extrêmes, on a le droit à quelques accélérations bienvenues et des riffs intéressants rappelant Mardük. Cependant le groupe lasse vite à cause d’un Legion qui a trop la bougeotte et de morceaux qui manquent d’accroche.

Peter, seul rescapé du phénomène Vader !
Tout fan de metal se doit, au moins une fois dans sa vie, d’assister à un concert de Vader. Les polonais savent jouer et ont l’habitude de ne pas décevoir leurs fans une fois sur scène. C’était par exemple le cas de leur passage au Rail Théâtre à Lyon en 2004 pour l’occasion de la fête de la musique : un concert mémorable. Mais pour ce soir c’est différent puisque le line-up a sensiblement changé : il ne reste plus que le vocaliste et guitariste, Piotr Wiwczarek. Mais attention, il est très bien accompagné ! On retrouve en effet le terrible guitariste de Decapitated, Vogg, qui va en impressionner plus d’un. Vader a choisi de nous jouer des vieux classiques et ça marche ! On passe de « Silent Empire » à « Black To The Blind » sans oublier le très efficace « Wings ». Cette fois-ci le public se lâche et le pogo prend du terrain. Le leader du groupe est toujours aussi content d’être sur scène et communique plus que jamais avec ces fans.
Beaucoup de personnes se sont déplacées pour voir, une fois de plus, le spectacle très professionnel des polonais. Evidemment, la présence du guitariste de Decapitated sur scène ajoute du charme à la prestation, même après l’évènement malheureux qui a récemment privé Vogg de son frère et batteur (NDLR : Vitek est décédé dans un accident de bus en 2007). Vader dégage une aura positive et remonte le niveau des trois groupes précédents. Les titres s’enchaînent facilement, la foule en redemande et Peter n’hésite pas à lui donner ce qu’elle souhaite ! Le son de la voix est bien réglé mais le point négatif est peut-être là encore le son des basses qui est tellement présent qu’on a du mal à faire la distinction entre la grosse caisse et la basse de Reyash. Dans l’ensemble, Vader prouve une fois de plus l’étendu de son talent, même avec des membres qui n’ont rien à voir avec les musiciens des débuts. Samael n’a qu’à bien se tenir…

Vogg, le fameux guitariste de Decapitated en pleine forme !
De magnifiques lumières rouges accompagnent les premiers pas des Samael lorsque ces derniers montent sur scène avec, comme à leur habitude, une musique électronique en guise d’apéritif. Et les suisses démarrent fort avec le terrible « Black Trip » extrait du très grand Ceremony Of Opposites sorti en 1994. Très vite on s’aperçoit que la set list du combo s’adaptera aux formations extrêmes qui l’accompagnent ce soir.

Mas (basse) et son groove unique !
D’ailleurs Vorph, le chanteur du combo, affirmera qu’aucun titre d’Above, le prochain album des Samael prévu pour le 6 mars, ne sera interprété ce soir. Vorph, puisque on en parle, a d’ailleurs du mal à être dans le tempo au début du concert. Sa voix est affutée mais éprouve des difficultés à suivre le phrasé rapide et varié des albums. Plusieurs fois, Vorph ne chante d’ailleurs pas dans le micro notamment sur un titre comme « Reign Of Light ». Mais le frontman se rattrape bien au fil du set et parvient à délivrer une prestation comme à son habitude carrée et cohérente. Dans cet ordre d’idée Xy, le compositeur principal de Samael, se lâchera de plus en plus au fur et à mesure du concert en sautant sur ses machines.

Xy derrière ses machines !
En fait, les musiciens ont peut-être été surpris au début du show par l’attentisme assez incroyable d’un public qui ne participera que très peu aux concerts des six groupes présents ce soir. Etonnant. Pourtant les Samael assurent ! Mas, le bassiste, est toujours aussi impressionnant de dynamisme et de légèreté. Il est particulièrement agréable de voir ce musicien sur scène. On a toujours l’impression qu’il a le sourire aux lèvres…surtout quand vous comparez avec Glen Benton de Deicide !

Vorph en maître de cérémonie !
Makro est impeccable dans son registre, bien que plus réservé, et si les quatre musiciens ont des jeux de scène très personnels, cela ne nuit pas à la prestation d’ensemble du groupe. Cette dernière se révèle très compacte et intense. Côté set-list on a même le droit à des trésors qui font plaisir comme le remarquable « Into The Pentagram » extrait de Worship Him, le premier album des suisses sorti il y a déjà…18 ans. Passage, l’opus qui a révélé Samael au grand public, est particulièrement mis en avant avec quatre titres dont le très bon « Rain » qui marque les esprits. Au bout de cinquante minutes qui sont passées bien vite, c’est d’ailleurs sur « My Saviour », un autre titre extrait de Passage, que Samael quitte la scène du CCO sous les applaudissements d’une salle qui aura été bien peu démonstrative.
Il y a une anecdote que j’aime à raconter. Il fut un temps, deux jeunes adolescents du New Jersey, fans de Deicide, un soir, isolés dans leur chambre, écoutaient un LP de leur groupe favori. C’est alors que, dans la fournaise du death metal, ils décidèrent subitement de prendre l’air et partir en ville promener leur chien. Quelques sombres ruelles plus loin, les deux mômes croisèrent un terrain vague délabré et miteux. L’ambiance blafarde et malsaine des lieux les saisirent à la gorge. Comme envoutés par d’obscures forces, la tête encore emplie d’incantations diaboliques, sans concertation ils prirent leur chien et au bout d’une corde crasseuse le pendirent. Un bref et strident couinement s’échappa dans la nuit noire. Le chien se tenait là, balançant tel un pendule pendant 6 jours, 6 heures et 6 minutes, avant de tomber à terre, le cou brisé par la liane cisaillant jour après jour la chair en décomposition.
Lorsque nous demandâmes à Glen Benton s’il condamnait ces actes, il répondit simplement : « J’aime tuer ».
Telle est la philosophie de Deicide et plus généralement de vous, chers amis lecteurs et auditeurs de Radio Metal. Telle était également la philosophie du concert, ce lundi 12 Janvier 2009 au CCO de Villeurbanne… plus ou moins.

Deicide sur scène
Entrée en scène fracassante. Les lumières de la salle encore allumée, des roadies sur scène enfourchent les instruments, vraisemblablement pour préparer le matériel à la venue du maître des enfers. Cependant, dans le public des interrogations s’élèvent bien vite : « mais c’est eux ? », « nan, ce sont des techniciens », « mais si, on dirait Benton le gros bedonnant là ! ». Bien avisés étaient ces jeunes loups (sont-ce nos deux jeunes adolescents du New Jersey ?) puisque en effet, Deicide était bel et bien monté sur scène comme on entre dans un supermarché de grande surface, sans classe, sans tact, ignorant une foule perplexe. Lamentable.
Aller, on passe outre cette entrée en matière déplorable et, sous une lumière rouge qui pigmentera tout le concert, on se met en condition pour savourer la moulinette brutale qui nous pend au nez. Et ils la feront bien la moulinette, très bien même. Trop peut être ? En effet le set s’enchaîne sans répit, avec les titres des morceaux pour seul dialogue ou presque.

Ca envoie lourd…comme Glen Benton !
Un air de dédain se dessine sur le visage de chaque musicien. Le public est quasiment ignoré tels des esclaves sur lesquels on crache et que l’on entasse comme des bêtes dans une fausse infâme. Il est indéniable que cette attitude, sans conteste condamnable dans d’autres circonstances, a ici joué un rôle prépondérant à créer une ambiance toute particulière, faisant monter une haine stimulante au sein de l’assistance. Deicide a toujours compris que plus il se ferait détestable plus le public se délecterait de sa musique.
Mention particulière pour ce poseur de Ralph Santolla qui sous son air nonchalant, voir je-m’en-foutiste, s’autorise tout de même à communiquer avec le public. Certes pour envoyer des doigts d’honneur ou autres « motherfuckers » mais c’est déjà trop de considérations, nous ne sommes pas dignes !
Dans le maelstrom de blasphèmes, les titres tirés des deux derniers albums se révèlent redoutables, ne serait-ce que pour une accroche mélodique souvent plus développée. Sera surtout retenu le titre « Stench Of Redemption » avec sa partie instrumentale orgasmique et le jouissif enchaînement « Desecration / Serpents Of The Light ». Inutile de s’attarder sur les classiques « Once Upon The Cross », « Kill The Christian », « When Satan Rules His World », etc. qui sont des passages obligés, forcément attendus mais sans surprises.

L’imposant Glen Benton !
Certains auront certainement retenu un bref épisode amusant lorsque Ralph se mit à jouer le riff de « Highway To Hell » mais se faisant vite cloué (à la croix ?) le bec par le seigneur Benton. Ce dernier trace en effet la route d’une setliste à allure métronomique, sans écarts de conduite.
Un bon concert dans l’absolu, mais décevant si l’on s’attendait à quelque chose de plus fort, plus saisissant voir même plus provocateur. Mais que voulez vous ? Le sieur Benton, qui rappelez vous devait se tuer à l’âge de 33 ans, vieillit malgré tout. Même le seul coup de pied au derrière qu’il a tenté de distribuer à un slammer a manqué sa cible…
Satan n’est plus ce qu’il a été !