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Chronique   

Delain – Apocalypse & Chill


Les Néerlandais de Delain bénéficient aujourd’hui de l’engouement constant pour la scène metal symphonique, comme en témoignent les performances live de ténors tels que Within Temptation ou Nightwish. Eux aussi s’interrogent quant à la nature de la partie « symphonique » de la musique, à l’instar de Within Temptation qui a révisé la place et l’approche de celle-ci sur son dernier album Resist. Delain n’a aucunement renoncé à l’aspect grandiloquent de ses compositions qu’on pouvait retrouver par endroits sur Moonbathers (2016). En réalité, la philosophie de Delain est toujours la même à chaque nouvel album, et ce malgré le départ de la guitariste Merel Bechtold : « plus lourd, plus rapide, plus gros », avec la volonté de surprendre les habitués. Tout un programme auquel doit répondre Apocalypse & Chill, leur sixième effort.

La principale innovation sur Apocalypse & Chill concerne les rôles attribués aux musiciens. Cette fois-ci, le travail de Timo Somers ne concerne plus seulement les arrangements de guitare, il a participé au songwriting de l’album. Ce qui en ressort est l’agressivité du riffing plus marquée, à l’instar des guitares graves de « To Live Is To Die » ou de l’introduction massive de « Creatures ». Delain se permet en outre de marcher sur les plates-bandes de Rammstein via le riffing indus de « Chemical Redemption ». Mais dans l’ensemble, s’il durcit le ton par endroits, Delain se contente de reprendre les ingrédients qui ont fait son succès. Le groupe embrasse la constance, que cela plaise ou non. Le véritable apport d’Apocalypse & Chill réside dans la qualité de la plupart des arrangements. Delain conserve évidemment toujours son penchant pour les éléments pop, parfois issus des sonorités des années 80, comme en témoigne surtout le break de « We Had Everything » avec son jeu de clavier, ses chœurs, sa rythmique binaire sautillante, suivi d’un soli cheveux au vent. « Let’s Dance » trahit rapidement son introduction hachée, presque djent, pour se muer en hymne de soirée. Composition qui a déjà dévoilé son potentiel en concert, avec une mélodie de refrain à cheval entre la pop eighties et la dance des années 90, créant un contraste saisissant avec le reste, plus sombre, de la chanson. Surtout, c’est le recours à un véritable chœur qui permet d’élever les compositions. La voix de Charlotte parvient à se mêler aisément à l’opulence des voix présentes sur « Masters Of Destiny », tandis que « Burning Bridges » prend toute son ampleur lors de son pont homérique quand le growl laisse place à la grandiloquence orchestrale. Dans l’ensemble, Delain s’est efforcé de respecter une science du placement pour ne pas justement donner raison aux clichés sur le genre.

La force de Delain reste évidemment son sens mélodique, et en particulier la capacité qu’a Charlotte à ciseler des refrains particulièrement entêtants. En revanche, si elle excelle sur des titres plus ténus tels que « Ghost House Heart », accompagnant délicatement les notes de piano, le placement de certaines lignes les voit parfois presque submergées sur les passages les plus agressifs de « Chemical Redemption » et « Creatures », où l’intention de la chanteuse peut trancher avec celle des autres musiciens – quand bien même certains soutiendraient que ce type de contraste fait justement le caractère du groupe. En sus, Delain propose pour la première fois deux duos. L’un, « One Second », avec le guitariste Timo Somers qui se conjugue parfaitement avec Charlotte comme s’ils se trouvaient tous deux sur un plateau de télé-crochet. L’autre, né d’une collaboration avec Yannis Papadopoulos de Beast In Black : « Vengeance » fait preuve d’un certain classicisme en appliquant tous les codes du power metal et du metal symphonique, jusqu’à l’amorce du solo on ne peut plus téléphoné. Toutefois, « Vengeance » illustre l’audace de Delain quant à l’ampleur désirée sur certains morceaux. « Vengeance » et « Legions Of The Lost » ont une vocation presque cinématographique, sorte de surenchère de l’épique supportée par les chœurs, cordes et cuivres. L’instrumental « Combustion » clôt les débats de manière mielleuse, laissant apprécier le sustain du lead de Timo Somers, avant de privilégier un riffing hérité du metalcore.

Personne ne pourra nier la qualité d’exécution de Delain dans son registre. Les parties symphoniques sont suffisamment subtiles dans leur intégration, sachant se faire discrètes lorsqu’elles n’ont pas une utilité de premier plan. Le riffing, qui gagne globalement en lourdeur et en hargne, profite de quelques variétés et permet aux accroches mélodiques de faire leur office. Apocalypse & Chill répond parfaitement au cahier des charges Delain. Quant à savoir si l’album surprendra les auditeurs, cela paraît délicat. En dépit de quelques ajustements de forme, Delain reste dans des sentiers balisés, certes moins étroits, mais loin d’être sauvages. Mais l’essentiel est là : un savoir-faire mélodique, à la croisée du heavy et de la pop, des plus addictifs.

Clip vidéo de la nouvelle chanson « Ghost House Heart » :

Clip vidéo de la nouvelle chanson « One Second » :

Clip vidéo de la nouvelle chanson « Burning Bridges » :

Album Apocalypse & Chill, sortie le 7 février 2020 via Napalm Records. Disponible à l’achat ici



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