Der Weg Einer Freiheit, en à peine dix ans, a déjà conquis les amateurs de black metal. À tendance atmosphérique, épique, extrême et au mixage parfait, les Allemands ont tout pour plaire. Der Weg Einer Freiheit (traduisez de l’allemand : le chemin vers le liberté), en est seulement à son quatrième album depuis l’éponyme sorti en 2009. Un album qui les fit jouer avec des groupes comme The Black Dahlia Murder, Primordial ou Watain. En 2015, ils signent chez Season Of Mist et se produisent même au Hellfest pour les dix ans du festival et la sortie de leur album Stellar. Suite aux nombreux remaniements de line up qu’a connu le groupe depuis 2009, Nikita Kamprad est seul maître à bord sur le disque, même s’il est accompagné de Tobias Schuler qui y tient les baguettes, et livre ici la pièce la plus mouvementée du groupe, et probablement la plus personnelle.
Le début de l’album peut rappeler le dernier Temple Of Baal par ces douces notes de guitare claire, puis le chaos ramène à certains albums de Mayhem, avec des riffs tout ce qu’il y a de plus black metal. Pour autant, Der Weg Einer Freiheit revêt un caractère addictif, presque accessible. Une force qui se gagne évidemment dans le travail du son : tous les instruments sont à forces égales et entendre une basse dans des musiques extrêmes est un vent de fraîcheur. On est loin des premières amours du black metal, ne voulant provoquer que chaos. Ici on fait attention à la production et les mélodies sont nombreuses, même si le désir de création reste inchangé. Malgré une certaine douceur apportée par l’instrumentation ou certaines voix, rien n’amoindrie la rage du combo, cela ne fait que lui apporter une autre dimension. Et c’est aussi ce qui souligne la force de l’album, quand le groupe propose des chants clairs sur du scream, ou des blasts sous du violon, ou encore de virulents trémolos de guitare en fond pendant qu’une guitare acoustique apaise l’auditeur. Et lorsque la seconde moitié de « Skepsis Part I », toute en légèreté, se montre propice à l’évasion onirique, le rouleau compresseur « Skepsis Part II » nous ramène brutalement sur terre, écrasé et piétiné.
Pour Nikita, comme l’indique le nom du groupe, sa musique fait l’effet d’un passage vers une liberté spirituelle. Les émotions sont les éléments primordiaux de sa musique, par son aspect éminemment mélancolique et violent. Finisterre nous plonge dans l’esprit d’une âme en peine, qui se défoule pour conjurer un cauchemar dont il ne parvient pas à s’extirper. On s’en rend compte par la forte présence de la batterie à la grosse caisse qui résonne comme jamais. Plus l’on écoute, plus l’album fait partie de nous, si tant est qu’on laisse nos sentiments s’imprégner. Sans vouloir apporter des notes joyeuses à la Deafheaven, Finisterre nous noie dans une tristesse somme toute positive car servant de catharsis. Un album qui sait respirer, capable de prendre deux minutes entières pour se poser avec de lents accords, à l’instar du titre éponyme et son break ambiant crépusculaire quasi jazzy, ou finir un morceau par dix secondes de guitare acoustique afin de laisser l’auditeur se reposer, tandis que des passages au chant clair permettant de beaux moments d’apothéose.
Mais pour réellement apprécier Finisterre, il faudra le prendre dans son ensemble et le décomposer le moins possible, car il se laisse avant tout apprécier d’une seule traite, comme un seul long morceau. Ainsi l’album devrait rester au chevet de beaucoup de fans, accompagnant leurs nuits et les emportant dans un long voyage.
L’album en écoute intégrale :
Album Finisterre, sorti le 25 août 2017 via Season Of Mist. Disponible à l’achat ici