La foire aux Vins de Colmar est, comme son nom le laisse supposer, le haut lieu de l’œnologie alsacienne. Mais pas que. La salle de spectacle de plein air accueille, comme tous les ans, près de dix mille spectateurs par soir et des artistes de renom. Et cette année le metal n’est pas en reste ; jugez par vous-même : Karelia, Stratovarius, Apocalyptica, Sepultura et Judas Priest, tout ça le même soir à l’occasion de la deuxième édition de la « Hard Rock Session ». Miam ! Après un passage explosif et très remarqué en 2001 et 2009, Scorpions est de retour en Alsace en ce 5 août 2011. Soit quelques jours plus tôt que les groupes précités.
Est-il nécessaire de présenter le légendaire groupe allemand qui ouvre ce festival de la Foire aux Vins 2011 ? Un petit rappel pour les plus jeunes : le groupe se forme il y a presque cinquante ans (!) et évolue dans un style hard rock old-school. Mais ce sont surtout leurs nombreuses ballades qui les propulseront au sommet des charts dans les années 80. Qui n’a jamais emballé (voire plus si affinités) sur « Still Loving You » ? Après une carrière honorable et remarquable, l’heure de la retraite a sonné et Scorpions entame sa dernière tournée mondiale qui s’achèvera en 2012. L’occasion de les saluer était trop belle, nous voici fébriles devant le guichet, prêt à en découdre avec le quintet emblématique de toute une jeunesse.
Artiste : Scorpions
Date : 5 août 2011
Lieu : Colmar
Salle : Théâtre de Plein Air
Depuis deux ans, le théâtre de plein air qui nous accueille se trouve totalement couvert ; et ce n’est pas un luxe quand on voit la tempête qui fait rage à l’extérieur. La toile centrale remplie d’eau décidera d’ailleurs de se vider en plein milieu de la fosse quelques minutes avant le concert, les infortunés tassés en dessous n’ont pas très bien compris ce qui leur arrivait (mais vu d’en haut c’était très drôle). Bon, nous ne sommes pas là pour parler météo et ça tombe bien car il est 21h15 lorsque les lumières s’éteignent :
« Let the show begin ! »
Installé derrière son imposante batterie surplombant la scène, James Kottak lance les hostilités avec un « Sting In The Tail » tiré du dernier album et ses acolytes font leur entrée sous les ovations d’un public tout acquis à leur cause. Clairement, leur passage sur cette même scène deux ans plus tôt a laissé des traces et Scorpions arrive en territoire conquis. Dès les premières minutes, un lien sacré se crée entre le groupe et son public et cette relation de confiance ne faiblira pas de tout le show. Car un concert de Scorpions est avant tout un spectacle : les animations en arrière plan, les musiciens qui ne tiennent pas en place plus de trente secondes, la batterie qui s’élève de plusieurs mètres, sans parler des déguisements et des fumigènes ; tous les ingrédients sont là pour nous en mettre plein les yeux.

Les morceaux s’enchaînent sans accrocs et on sent que le groupe prend du plaisir à être là, à l’instar du chanteur Klaus Meine qui sollicitera le public sur quasiment tous les refrains. Sur le titre « The Zoo », c’est une véritable tempête qui s’élève des gradins car c’est certainement le morceau le plus apprécié en live. Rudolf Schenker, le guitariste à l’origine du groupe, ne ménage ni ses efforts ni son style et redouble d’énergie sur scène, faisant tournoyer sa guitare autour de lui et sautant dans tous les sens. En parlant de ses guitares, on en compte près d’une dizaine, toutes fabriquées sur mesure par un luthier allemand de renom (il exhibera d’ailleurs fièrement sa pièce maîtresse aux couleurs de la marque Ferrari).
Au milieu de la setlist rock, un petit interlude appréciable pour nous rappeler qu’ils s’y connaissent aussi en ballades : « The Best Is Yet To Come » qui ne pouvait pas mieux décrire le reste de la soirée, suivi de « Send Me An Angel » et « Holiday ». Mais le répit sera de courte durée et c’est l’excellent « Tease Me Please Me » qui déboule avec son lot de riffs musclés, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Soudain, la lumière s’éteint, les musiciens s’éclipsent.
Tous ? Non, et les coutumiers de Scorpions savent à quoi s’attendre : It’s time for « Kottak Attack » ! Durant plus de dix minutes, le batteur haranguera la foule par ses solos endiablés et défiera tantôt le côté gauche, tantôt le droit, parfois même le fond des gradins un peu plus timide. C’est un joyeux bordel qui envahit la salle et file la banane à tout ce beau monde, la communication (ou devrait-on dire la communion) avec le public étant clairement le point fort du concert. Le groupe émerge de sous la batterie (!) et prend position pour les trois derniers morceaux, avant d’achever le set sur un « Big City Nights » où Colmar remplace New York sur les animations de fond. Particulièrement amusant quand on connaît un peu la ville et sa taille… modeste !
Déjà terminé ? Impossible. De tête, le calcul est vite fait : il manque au moins trois morceaux incontournables. C’est donc sans grande surprise (mais avec le sourire jusqu’aux oreilles) que le groupe se plie au jeu du rappel. « Still Loving You », « Wind Of Change » et « Rock You Like A Hurricane » viendront clôturer ce concert mémorable. Les Allemands salueront le public durant de nombreuses minutes et les cigognes en peluche commenceront à pleuvoir sur scène, symbole de l’Alsace oblige. Chaque fleur, drapeau ou dessin de fan est d’ailleurs soigneusement ramassé et brandi dans un geste de reconnaissance. Avant de quitter le feu des projecteurs, c’est une pluie de médiators et de baguettes qui s’abattra cette fois sur la fosse, où les fans hystériques se jetteront pour obtenir la précieuse offrande…
Après quelques vingt morceaux et près de deux heures de show, le calme retombe petit à petit sur le théâtre, et c’est l’heure du bilan qui se résume en un seul mot : MERCI. Merci pour l’émotion, la joie et l’énergie que vous avez partagées avec le public ce soir. Merci de nous avoir prouvé que les années passées n’ont rien gâté de cette passion qui est la nôtre. Les doutes de certains ont été effacés dès la première minute : les papys du rock sont toujours vaillants et capables de dispenser des prestations exceptionnelles.
Chapeau bas messieurs.
Setlist :
Sting In The Tail
Make It Real
Bad Boys Running Wild
The Zoo
Coast To Coast
Loving You Sunday Morning
The Best Is Yet To Come
Send Me An Angel
Holiday
Raised on Rock
Tease Me Please Me
Dynamite
Kottak Attack
Blackout
Six String Sting
Big City Nights
Rappels :
Still Loving You
Wind Of Change
Rock You Like A Hurricane
When The Smoke Is Going Down
Live report par Philippe Ehrhart
Source photos Benoît Facchi : www.foire-colmar.com