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Chronique Focus   

Devildriver – Dealing With Demons II


Devildriver revient de loin. Après avoir enregistré deux albums en même temps avec pour dessein de les faire paraître à un an d’intervalle, Dez Fafara et ses camarades de jeu ont dû composer avec la pandémie. Le frontman a été durement touché par le Covid-19, au point de se voir mourir. Le virus a ensuite dégénéré en problème cardiaque que le chanteur a surmonté naturellement. Sur le plan musical, si Dealing With Demons I a vu le jour en pleine pandémie, ces problèmes sanitaires ont repoussé le second volume jusqu’à aujourd’hui. Dez est pratiquement de nouveau à cent pour cent (il lui est encore déconseillé de faire de trop longs voyages en avion) et Devildriver peut reprendre son chemin tambour battant. Le contenu de Dealing With Demons II est d’ailleurs parfaitement adéquat : le groupe veut en découdre, porté par une vigueur inédite.

Le groupe a de nouveau connu des changements de line-up avec l’arrivée du nouveau batteur Davier Pérez et un nouveau guitariste en la personne d’Alex Lee, et enregistre surtout le retour d’un membre absent depuis onze ans, le bassiste-compositeur Jon Miller. Des modifications qui n’ont pas eu d’influence réelle sur la conception de l’opus, déjà écrit au moment du premier volume. La production est toujours l’œuvre de Steve Evetts assisté du guitariste Mike Spreitzer pour l’ingénierie. « I Have No Pity » lance les débats tout en tension, en laissant progresser délicatement une mélodie de guitare avant d’atterrir sur un riffing en béton. Très vite le groupe fait varier ses rythmiques entre binaires plombés et accélérations. Ce premier titre démontre que Devildriver cherche à éviter l’écueil d’une dynamique trop restreinte. Dez Fafara se montre plus hargneux et n’hésite pas à écorcher encore un peu plus sa voix. « Mantra » entretient une certaine parenté avec le black metal en se laissant aller à une tonalité lugubre et du riffing en trémolo. Certes, le groupe en revient très vite à ses affects pour la lourdeur d’un Pantera, mais ces accélérations bienvenues rompent avec l’étiquette convenue du « groove metal ». « Mantra » est d’ailleurs l’une des réalisations les plus violentes et sombres de la discographie du groupe. Un véritable regain d’intensité qui lui sied parfaitement.

Dealing With Demons II se permet en réalité de varier les plaisirs. « Nothing Lasts Forever » lève légèrement le pied pour embrasser un riffing plus proche d’un néo-metal sous stéroïdes avec un refrain mélodique (presque) taillé pour les ondes et des plages d’accalmie au parfum post-rock soulignant la mélancolie du titre. Devildriver est certes moins à l’aise lorsqu’il s’agit de broder ; il parvient tout de même à éviter une trop grande homogénéité dans son écriture sans tomber dans un contraste clair-obscur grossier. Parfois le groupe surprend – peut-être malgré lui – par certains choix d’arrangement. « Summoning » laisse paraître lors de son refrain des lignes de guitare lumineuses qui tranchent avec l’atmosphère mystique de l’introduction, complètement brisées ensuite par une élancée qui doit à nouveau son lexique au black. Le groupe ne semble pas s’être imposé de restrictions quant à ses développements, ce qui est en l’occurrence une vertu plutôt qu’un écueil. « Through The Depths » entérine ce fait et Devildriver ne se cache plus : il témoigne de son amour pour le riffing grandiloquent, les progressions athlétiques et les breaks abrupts. Certains titres ont une exécution plus automatique, à l’instar de « Bloodbath » et « It’s A Hard Truth » qui appliquent la formule Devildriver à la lettre sans déplaire ni se démarquer. Pour être franc, la formation de Dez est bien plus convaincante lorsqu’elle se débride complètement : le riffing sans cesse mouvant et les accents dissonants de « This Relationship Broken » impliquent bien davantage l’auditeur que le déroulé des clichés éculés depuis Pantera.

La noirceur de Dealing With Demons II fait toute sa force. Devildriver a lâché les chevaux et n’hésite plus à étirer sa recette parfois trop étriquée ou téléphonée. Sa puissance retrouvée doit beaucoup à un vocabulaire proche du black, qui est conjugué subtilement avec le sens de l’accroche et du riff de la formation. À l’instar du dernier effort de Lamb Of God, Devildriver parvient de nouveau à dégager réellement de la puissance et n’applique plus automatiquement des procédés qui l’artificialisent.

Clip vidéo de la nouvelle chanson « If Blood Is Life » :

Clip vidéo de la chanson « Through The Depths » :

Album Dealing With Demons II, sortie le 12 mai 2023 via Napalm Records. Disponible à l’achat ici



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