C’est en cette troisième et ultime date française de la tournée de Devin Townsend Projet accompagné de Leprous et Between The Buried And Me, que l’on s’est donné rendez-vous dans la cité phocéenne en ce dimanche 5 février pour faire honneur à cette superbe affiche résolument orientée metal progressif. Arrivés vers 18H devant la salle du Moulin, le temps de d’apercevoir que la queue est déjà bien longue dehors et que les metalleux du coin sont venus en nombre pour cette date unique dans le Sud, il faut vite rentrer dans l’enceinte afin de ne pas rater une seule seconde des premières parties.
18h59 précise, entrée en matière du groupe norvégien Leprous devant une salle au trois quart pleine. Dès les premières notes, la performance vocale du chanteur Einar Solberg est éblouissante.
Artistes : Devin Townsend Project – Between The Buried And Me – Leprous
Date : 5 février 2017
Salle : Le Moulin
Ville : Marseille (13)
Sa voix est réellement le point fort du groupe, elle occupe absolument tout l’espace disponible. Pas une seule seconde, elle n’a semblé faiblir durant les 35 minutes de leur show. Une voix d’une justesse remarquable, alternant passage calme et mélodique en voix clair, à du chant saturés sur des rythmes plus saccadés, le tout transmettant une émotion puissante, à la fois douce et terriblement sombre. Pour ce qui est de la musique, le tout est brillant et bien interprété avec des ambiances mélancoliques savamment utilisées. La setlist est quant à elle essentiellement composée de titres de leur dernier album sorti en 2015, The Congregation, puisque ce disque est représenté par cinq titres sur six ce soir. Le seul point négatif du set fut les lumières sur scène : aucun projecteur ni rien en façade, donc tout le concert s’est déroulé sans jamais vraiment voir le visage ou les expressions des musiciens.
Le public saluera la performance du groupe malgré le manque de communication de la part des musiciens (qui ceci dit va assez bien avec leur style). Ce soir Leprous a enthousiasmé ses disciples et converti les novices.
Setlist :
01. Foe
02. Third Law
03. The Price
04. The Flood
05. Rewind
06. Slave
Arrive ensuite le tour de Between The Buried And Me, groupe de prog formé en 2001 en Caroline du Nord. Commençons par les points positifs qui ont marqués leur prestation : on a devant nos yeux d’excellents musiciens qui jouent très carré. L’écueil est que cette musique éminemment riche peut être considérée comme difficile d’accès pour un(e) non initié(e). En effet, elle est tellement technique qu’il peut sans doute paraître délicat pour l’auditeur qui n’a jamais entendu le groupe avant ce show d’être captivé au premier abord. Tout ceci n’enlève bien sûr rien à leur talent évident qui a fait leur réputation dans leur domaine. Car en écoutant BTBAM avec une oreille avertie, on ne peut que savourer ce pêle-mêle sonore.
En revanche, le manque total de communication avec le public – certains musiciens semblaient préférer regarder leurs pieds que le public – aura contribué au ressenti d’avoir en face de soi un set propre bien exécuté mais qui manquait cruellement de chaleur.
Setlist :
01. Fossil Genera – A Feed from Cloud Mountain
02. The Coma Machine
03. Lay Your Ghosts to Rest
04. Bloom
05. Option Oblivion
06. Life In Velvet
On ne fera pas l’affront de rappeler le parcours musical de ce génie multi-instrumentiste, reconnu pour son perfectionnisme et sa créativité. Mais à ce talent de compositeur hors pair, il faut bien ajouter que Devin Townsend possède réellement un capital sympathie hors du commun mêlé à une voix enivrante, bref un artiste qu’on aime aussi voir sur scène pour son côté jovial et ses performances non dénuées d’humour : impossible d’assister à l’un de ses concerts sans longuement solliciter ses zygomatiques.
Il est 21H un peu passé maintenant et la foule devient de plus en plus compacte près de la scène. Un bref coup d’œil en arrière pour voir qu’il n’y a plus un espace de libre dans la salle lorsque Devin Townsend s’apprête à monter sur scène. Le premier titre en ouverture « Rejoice » issu de Z² – Sky Blue, dont la seconde partie, Z² – Dark Matters, met à l’honneur sa créature Ziltoid, un extraterrestre venu attaquer la Terre pour piller ses réserves de café, et c’est donc tout naturellement que Devin commence le concert en prenant la marionnette de l’alien brandie par un fan au premier rang pour l’accompagner sur scène durant toute la chanson. Le ton est donné, son humour légendaire est bel et bien au rendez-vous ce soir.
Les titres s’enchaînent à une allure folle et les boutades aussi. Ces qualités en matière de communication avec le public ne sont plus à démontrer. Son autre grand atout et pas des moindres, c’est bien sa voix si mélodieuse est captivante quoi qu’il décide d’en faire : chant clair, saturé ou façon speaker US de vieille série B. C’est toujours un régal de l’écouter en live pour sa justesse durant les quatorze titres qui composent sa setlist. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a été repéré très jeune par Steve Vai, qui l’a voulu comme chanteur alors qu’il avait à peine dix-neuf ans. Musicalement, ses musiciens assurent (on n’a pas entendu le moindre raté de la soirée), même si certains on pu râler sur l’omniprésence de sample de clavier et peut-être le son de basse en début de concert.
Au milieu du set, Devin interprète le titre « Suicide » puis demande au public si tout va bien, ce à quoi tous répondent affirmativement en chœur. C’est alors qu’il fait remarquer que nous sommes un dimanche soir, que c’est un jour pluvieux et froid et que là il vient de chanter une chanson sur le suicide, puis ajoute, « Mais qu’est ce qui ne tourne pas rond chez vous ?! » provoquant l’hilarité générale dans la foule. S’ensuit directement après les hits parmi les plus connus, « Supercrush! », « March Of The Poozers » et « Kingdom » qui feront mouche illico, et mettront en joie tous les fans présents dans la salle mais sonnant aussi la quasi fin du set.
C’est donc le moment du rappel, mais Devin dit de ne pas s’inquiéter car il va revenir dans deux minutes quoi qu’il en soit, provoquant encore quelques rires au passage. L’artiste revient donc comme promis au bout de quelques minutes, juste le temps de prendre sa guitare acoustique pour interpréter en solo sur scène le titre « Ih-Ah! » Il demande même à l’assistance de chanter les « Ih-Ah » avec lui sous peine d’avoir l’air vraiment ridicule s’il ne l’aide pas. S’ensuit encore des fous rires sur ce titre scellant ainsi cette communication exceptionnelle qu’il arrive à instaurer entre lui et son public.
Encore un dernier titre et c’est le moment de se dire au revoir, mais avec un grand sourire. Devin est le genre d’artiste qui fait que, même lorsque le concert est fini, on en ressort empli de gaieté et apaisé, comme s’il nous transmettait au passage toutes ses bonnes ondes positives. La setlist est un medley de ses divers projets solo qu’il a pu former sous différentes appellations et au final seulement trois titres sont issus de Transcendence son dernier album sorti en 2016. Mais au bout de plus de vingt ans de carrière, 1h35 de show c’est un peu court pour parcourir l’ensemble de son œuvre.
Setlist :
01. Rejoice
02. Night
03. Stormbending
04. Failure
05. Hyperdrive
06. Where We Belong
07. Planet Of The Apes
08. Ziltoid Goes Home
09. Suicide
10. Supercrush!
11. March Of The Poozers
12. Kingdom
Rappels :
13. Ih-Ah! (en acoustique, Devin seul)
14. Higher
Photos : Aline Meyer à Paris le 31/01/2017.