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Metalanalyse   

Discret mais solide, Hacride passe l’épreuve du feu


Quatre ans après la sortie du magistral Lazarus, Hacride revient. Changé mais fidèle à son essence. Enfant soumis aux aléas de la vie du groupe et bien sûr à ses recherches musicales, Back To Where You’ve Never Been est une sorte de trompe-l’œil sonore, un album qui agrège plusieurs perspectives. C’est une ligne issue de Lazarus qui bifurque. Des repères-clés qui disparaissent. Mais le tableau d’ensemble, lui, continue de faire sens. Écouter ce nouvel album d’Hacride c’est donc bien, quelque part, être de retour là où vous n’êtes jamais allés.

Back To Where You’ve Never Been ne prend pas la suite de Lazarus. Exit les velléités progressives des morceaux longs et complexes qui ravissaient les amateurs de « To Walk Among Them » : Back To Where You’ve Never Been soigne des morceaux directs, à l’agressivité brute, au format relativement plus court. Hacride se détourne de cette face progressive qu’il avait approchée, à peine entamée peut-être. Pourtant attentionné envers ses mélodies, en quête d’atmosphères et d’émotions, Hacride aurait pu se plaire à développer un peu plus en se plongeant dans des compositions encore plus complexes et étalées.

Non moins mélodique, non moins riche, avec Back To Where You’ve Never Been, Hacride répond de manière différente à ces préoccupations. En se détournant des étendues progressives, le groupe peut continuer à cultiver cette agressivité râblée qui les caractérise. Cette énergie qui se ramasse sous les hurlements de « Overcome », qui gonfle et mature sous les riffs ronronnant de « Edification Of The Fall ». Cette énergie qui se module sur les plages électronisées et immersives de « To Numb The Pain », qui explose sur la vague massive de « Synesthesia ». Qui rentre en frénésie absolue sur le final de « Ghosts Of The Modern World ».

Car écouter un album d’Hacride, c’est s’offrir une expérience intense. Back To Where You’ve Never Been est un opus aussi riche et aussi vivant que Lazarus ou Amoeba. Hacride continue d’être attentif à l’équilibre et aux respirations de sa musique quitte à surprendre, frustrer ses auditeurs. Il fallait imposer ces vingt secondes de quasi-silence pour succéder à la course folle de « Ghosts Of The Modern World » et préparer dans de bonnes conditions l’arrivée du morceau final de Back To Where You’ve Never Been. Il fallait recentrer l’auditeur pour qu’il puisse rentrer doucement et pleinement dans l’atmosphère mélodique et émotionnelle de « Requiem For A Lullaby ». Pour qu’il vive à nouveau, en partant du degré zéro du silence, la montée en puissance qui conclue magistralement chacun des albums d’Hacride. Et après « On The Threshold Of Death » sur Amoeba, après « My Ennemy » sur Lazarus, « Requiem For A Lullaby » termine à son tour Back To Where You’ve Never Been de manière inattendue, peut-être plus brutalement encore que ses prédécesseurs.

Il y a une rupture, évidente, entre Back To Where You’ve Never Been et la discographie passée d’Hacride : le départ d’une moitié du line-up du groupe, sur lequel est longuement revenu Adrien Grousset (guitare) en mars dernier. Un basculement qui s’entend, forcément, et d’autant plus lorsqu’il touche à l’identité vocale d’un groupe. Car autant Florent Marcadet arbore la double casquette de batteur de Klone et d’Hacride pour remplacer Olivier Laffond sans que cela fasse sourciller ou presque – ces deux groupes partageant le même écosystème au sein de la Klonosphere -, autant le départ de Samuel Bourreau et l’arrivée de son successeur Luis Roux au chant font se lever quelques têtes. Les hurlements plus aigus de Luis Roux, son chant clair un peu rauque prennent aisément la relève. Hacride a su trouver un digne successeur, capable d’encaisser l’intensité des compositions du groupe et d’y apporter sa propre énergie. La prestation de Luis Roux reste dans la continuité de ce qui pouvait s’entendre auparavant chez Hacride et ne bouscule ainsi pas trop l’empreinte vocale du groupe.

Mais un élément s’ajoute au tableau : Samuel Bourreau composait ses propres lignes de chant, écrivait ses textes. Et, fait intéressant et même surprenant, Sam a même enregistré ses parties sur Back To Where You’ve Never Been. Mais son départ s’étant définitivement confirmé, Luis Roux est venu enregistrer le chant une seconde fois : un travail étalé sur trois mois pendant lequel Luis a réécrit, remodelé toute la partie chant – à quelques exceptions près – pour l’adapter à sa voix. Un résultat qu’Adrien Grousset qualifiait en entretien de « radicalement différent ». Néanmoins, il est difficile de ne pas remarquer certaines ressemblances parfois frappantes, dont la portée véritable ne sera peut-être jamais connue tant il peut être délicat de délimiter les influences et les responsabilités de chacun dans l’élaboration du son d’Hacride . Le chant sur Back To Where You’ve Never Been porte la marque d’une recherche mélodique, d’un équilibre non conventionnel entre les parties hurlées et chantées qui rappelle cette démarche dont Sam faisait la description dans un entretien chez Les Eternels en avril 2009 à la sortie de Lazarus.

Aussi, malgré les efforts du groupe pour intégrer les nouveaux membres à ce nouvel opus d’Hacride dès sa production, certains fantômes rôdent encore dans les corridors sonores de cette quatrième œuvre. La soudaineté de l’annonce, ou plutôt de la découverte des fans de ce changement de line-up à la publication d’une photo du groupe sur sa page Facebook, sans autre explication, quelques semaines avant le retour dans les bacs, y joue sans aucun doute un certain rôle. Back To Where You’ve Never Been est à ce titre un album de transition.

A ce titre seulement. Adrien Grousset, toujours aux commandes derrière les compositions d’Hacride, Franck Hueso toujours aux manettes pour contrôler la production, Back To Where You’ve Never Been est un album qui ne triche pas sur son image de marque sans en être pour autant prisonnier. Lazarus cherchait expressément des sonorités chaudes et organiques. Back To Where You’ve Never Been trouve un son plus froid, plus métallique dès le début de « Introversion ». Et surtout les incursions électroniques se font plus pressantes sur l’ensemble de l’album, non seulement sur les instrumentaux « Synesthesia » et « To Numb The Pain » mais aussi sur les arrangements de « Edification Of The Fall ».

Avec Back To Where You’ve Never Been, Hacride continue sur sa voie naturelle : celle de musiciens qui se consacrent à leur musique pour la faire évoluer sans se répéter. Quels qu’en soient les obstacles.

Album Back To Where You’ve Never Been, sortie le 22 avril 2013 via Indie Recordings



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