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Chronique Focus   

Disturbed – Divisive


Disturbed a toujours évité les clivages. Le groupe originaire de Chicago a réalisé un effort continu de fédération de courants musicaux comme le metal inspiré du néo et le rock FM porté par l’efficacité de ses refrains. Mis à part les puristes qui voient d’un mauvais œil toute tentative de succès commercial, Disturbed ne s’aliène personne. Au contraire, le groupe peut se targuer aujourd’hui d’avoir vendu plus de dix-sept millions d’albums dans le monde. Rien que ça. Alors qu’on le veuille ou non, Disturbed est l’une des grosses machines contemporaines et Divisive doit s’appréhender comme un petit évènement. Parallèlement à leur démarche musicale, Divisive se nourrit des thèmes autour des luttes grégaires et pour Disturbed, seul l’effort collectif et la musique permettent de transcender le jeu stérile des conflits « tribaux et partisans ». A la différence d’Evolution (2018) avec lequel il avait divisé son propos entre électrique et acoustique, autant qu’il avait divisé les fans, Disturbed ne va pas s’accorder avec son sujet : il respecte à la lettre son cahier des charges pour revenir à ses fondamentaux, certain de la bonne appréhension de sa formule.

L’album a été conçu en 2021 à Nashville avec l’aide du producteur Drew Fulk (Lily Peep, Highly Suspect). Disturbed s’est enfermé et a cherché à faire du groove heavy l’élément principal de son propos. En résulte une production aux moyens conséquents – très lisse, diront certains – qui fait paradoxalement la renommée de Disturbed par une approche stéréotypée. Les guitares sont cliniques, les basses ont des effets coups de poing et la voix de David Draiman est placée sur un piédestal. « Hey You », et son introduction « mutée », nous renvoie aux artifices du début des années 2000 avant de laisser son riff principal s’exprimer. Disturbed met effectivement l’accent sur des rythmiques plombées extrêmement faciles à saisir, uniquement pour permettre un enchaînement fluide avec un refrain à faire rugir de plaisir le MTV d’antan. « Bad Man » se donne des allures plus antipathiques mais respecte la même doctrine : les composantes de la musique de Disturbed sont avant tout là pour mettre les refrains sur un piédestal. Si Disturbed a déclaré que « quatre-vingt-dix pour cent de l’opus serait agressif et dix pour cent plus doux », ceux qui appréciaient chez le groupe les efforts de gonflette devront les chercher dans la manière d’alourdir les rythmiques. C’est le cas de « Divisive » justement qui puise son énergie dans une rythmique syncopée, presque sautillante par endroits. Le biceps et la fonte oui, pas les crocs.

Les premières secondes d’« Unstoppable » pourraient contredire le propos. L’irruption d’une rythmique plus dansante, quasi façon « eurodance », pour le refrain vient très vite nuancer l’énergie déployée par des riffs plus cavaliers. Si certains se délecteront de ce dévouement aux accroches grandeur nature, d’autres déploreront un enchaînement plus malheureux. Le succès de Disturbed est dû à son intransigeance, chaque titre est extrêmement prévisible : « Love To Hate » tente de chauffer les nuques avant d’en revenir à quelques envolées mélancoliques téléphonées par David Draiman. Ce dernier est irréprochable sur l’emploi de son timbre : c’est la répétition des phrasés qui peut perturber et donner une impression de copier-coller avec ces « Hey You » répétés à outrance, tout comme ces « Unstoppable ». L’art de faire du titre un objet aisément identifiable, malgré de nombreux effets de recyclage (le riff d’introduction de « Part Of Me » fait écho à celui d’« Unstoppable »). « Feeding The Fire » voit en revanche le chanteur emprunter des chemins plus nuancés et ne pas se montrer sans cesse à cent pour cent en termes d’intensité. L’occasion d’apprécier quelques vibratos bienvenus et de préparer le terrain pour le premier guest de la carrière de Disturbed : une ballade en duo avec Ann Wilson. Sur ce plan, Disturbed ne déçoit pas et délivre exactement ce qu’on peut imaginer. Des phrasés langoureux prolongés, des arpèges de guitare mélancoliques et une caisse claire d’éléphant tout juste mesurée dans sa réverb’. Disturbed va jusqu’à jouer le jeu du solo à l’ancienne et des vocalises en « oh oh » à chanter en chœur à la fin. Des clichés qui se devaient d’être réalisés tant l’inverse aurait été frustrant.

Disturbed se montre droit dans ses bottes avec une prise de risque minimale voire inexistante. Rien dans sa musique ne surprend et tout se joue sur cette union des musiciens lors des refrains portés par le charisme de David Draiman. Disturbed semble se moquer du mémorable et de la surprise pour se concentrer sur le glucose et les grooves testostéronés. Divisive est littéralement un chapitre de plus dans le grand livre Disturbed. La vraie question est : pourquoi vouloir un autre dénouement ?

Lyric vidéo de la chanson « Divisive » :

Lyric vidéo de la chanson « Unstoppable » :

Clip vidéo de la chanson « Hey You » :

Album Divisive, sortie le 18 novembre 2022 via Warner Music. Disponible à l’achat ici



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  • David Draiman est un excellent chanteur, rien à redire là-dessus. Pour le reste, c’est du réchauffé à la FFDP. Vu qu’une seule fois en live, et je dois bien avouer que je m’étais bien emmerder.

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    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
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    Depeche Mode @ Lyon
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