The Cold, le dernier album de Flotsam And Jetsam, faisait partie du top 50 de 2010. Le groupe était de retour avec un power/thrash toujours aussi unique avec cette part de complexité et ces atmosphères froides, tantôt inquiétantes tantôt mélancoliques. Et rarement le terme « Cold », pourtant générique et usé à tout-va, aura aussi bien collé à la musique d’un groupe. Car c’est bien de la mélancolie que nous inspire cet album. Cet état de mal être latent, que l’on ne ressent pas en permanence, qui parfois s’atténue nous donnant de fausses illusions, mais qui est bien toujours présent. Une sournoise agonie qui nous tue à petit feu, parfois sans que l’on en ait conscience, puisqu’elle ne nous handicape pas dans notre vie quotidienne. Elle se fait à nous et devient une partie de nous, générant l’illusion que « ça ne va pas si mal ».
Musicalement, The Cold illustre très bien cet état d’esprit. L’album est percutant, contient sa dose de riffs et de virtuosité, de morceaux rapides et de mid tempo solennels – bref, un bon album de thrash – mais est saupoudré par ci par là, par le biais d’un interlude, d’une phrase assassine, d’un refrain, de presque imperceptibles appels au secours. Le désespoir dans la voix d’Eric Knutson, plus particulièrement dans le présent morceau, est si poignant qu’il ne peut qu’être réel.
Ce titre est celui où la tristesse reprend le dessus. Celui où l’illusion se rompt, où la vérité éclate : « je vais mal ». « Better Off Dead » (rien à voir avec le titre de Bad Religion), c’est ce genre de morceau que l’on écrit lorsque la goutte d’eau déborde du vase et que tous les pans de notre vie semblent s’effondrer simultanément. Bref, au moment où l’on est prêt à faire une connerie. C’est le paroxysme et donc le tournant de cette longue descente aux enfers : il est temps de prendre une décision. Do or Die. « Better Off Dead », ultime appel au secours, est le morceau typique que l’on écrit à la place d’envisager le pire, pour se sauver.