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Interview   

DOWN : ENTRETIEN AVEC KIRK WINDSTEIN


Down : ce sont des riffs bien gras qui nous viennent de la Nouvelle-Orléans. Le groupe de Sludge est composé de musiciens incontournables de la scène Metal à savoir Phil Anselmo, Pepper Keenan, Rex Brown, Jimmy Bower et Kirk Windstein. Kirk est le guitariste du groupe et le leader de Crowbar. Il a accepté de rencontrer l’équipe de Radio Metal avant le concert de Down à Lyon, le 19 avril dernier. Savourez bien cet entretien où le musicien revient sur « Over The Under », le dernier Down, et évoque pour RM l’Ouragan Katrina, son amour de Black Sabbath ou encore les dérives passées de Phil Anselmo.

Radio Metal : La sortie d’un album de Down est toujours un événement dans la communauté métal. Comment « Over The Under » a-t-il été accueilli ?

Kirk Windstein : Les chroniques ont été bonnes et les fans ont semblé aussi apprécier. Les concerts ont été super aussi avec les nouvelles chansons qui passent très bien en live. Donc oui, il a été bien accueilli.

« A Bustle In Your Hedgerow » a été enregistré dans une grange. N’avez-vous pas voulu réitérer cette expérience avec « Over The Under » ?

Non. On a enregistré « A Bustle In Your Hedgerow » en vingt-huit jours, alors que là ça nous a pris un an avec les démos, l’écriture et la réécriture. Je suis vraiment content de « A Bustle In Your Hedgerow », c’était une expérience complètement folle. On vivait ensemble dans cette grange, on partageait tous le même espace pendant un mois, on écrivait 24h/24. On se réveillait tôt. Après que la batterie soit faite, Pepper faisait ses guitares, puis je faisais les miennes. Rex faisait la basse et Phil ajoutait ses voix, d’une heure à six heures du matin. Puis on revenait à huit heures. J’étais fou, nerveusement. Cette fois on a pris notre temps, on a fait des démos. Ça a pris tellement de temps pour que l’on revienne ensemble, que ce soit un vrai groupe, que l’on n’a pas voulu précipiter les choses.


« Chez nous, en Nouvelle-Orléans, il y a un feeling, un côté ancien. […] avec beaucoup de caractère et d’histoire. C’est plus européen que le reste des Etats-Unis.»
Sur « Over The Under », certaines chansons sont inspirées par l’ouragan Katrina. Comment avez-vous vécu cette catastrophe et ses contrecoups ?

On a utilisé les chansons comme une thérapie. « Over The Under » signifie par-dessus les choses négatives comme l’ouragan, la mort de Dimebag, le décès de ma mère pendant l’enregistrement de l’album. Pendant un an et demi il y a eu beaucoup de mauvaises choses qui se sont passées. Et on s’est dit allons de l’avant, passons au-dessus de ça et soyons positifs. On est vivant ! Il y a eu 9 ouragans et aucun de nous n’a été accidenté ou a subi trop de dégâts dans sa propriété, donc on a été chanceux. On essaye d’avoir une attitude positive et d’aller droit devant. Sans regarder derrière.

Comment est la Nouvelle-Orléans aujourd’hui ? Est-ce toujours une « Dying whore » (NDLR : une pute mourante, en référence au titre de « Bustle In Your Hedgerow »)

Ha ! Une pute mourante ?! Elle l’a toujours été ! Les parties qui craignaient par le passé craignent toujours autant et d’autres endroits qui n’étaient pas si mal sont devenus bien. Mais pour les lieux qui ont été dévastés, et bien il ne reste plus rien. Par la suite on a détruit ce qui restait et petit à petit on s’est mis à reconstruire de nouvelles maisons et des immeubles…Bref on essaye de se remettre.

Vous semblez très attachés à vos racines du sud des Etats-Unis. D’après toi, qu’y a-t-il de si bon là-bas ?

L’hospitalité, la nourriture est fantastique. C’est différent des autres villes aux Etats-Unis. Il y a un feeling, un côté ancien. Ce sont les dernières villes aux Etats-Unis où il y a encore des restaurants et des commerces tenus par des familles. Dans la plupart des autres villes ce sont des grandes entreprises, des grosses chaînes. Tu peux être à Houston ou à Kansas City et il y a les mêmes choses, les mêmes restaurants, les mêmes magasins. Tout est pareil, il n’y a pas d’identité. Il y a beaucoup de caractère et d’histoire chez nous. C’est plus européen en quelques sortes. La communauté, surtout après l’ouragan, est petite, mais très forte. Tout le monde aide les autres, il y a beaucoup d’entraide entre les gens. C’est un endroit agréable.


« Down est un vrai groupe. Nous faisons tous d’autres choses, j’ai d’autres projets pour m’amuser, mais Down est notre gagne pain, notre carrière, notre vrai groupe. »
Après la mort de Dimebag, il s’est passé un long moment pendant lequel Phil Anselmo est resté dans le silence jusqu’au jour où il a annoncé l’enregistrement du nouvel album de Down. Est-ce que cet album est une manière de terminer ce deuil ?

Je pense que oui. Il fait de la musique, c’est un grand musicien, un grand compositeur, un grand parolier et il devait revenir pour faire de la musique parce que c’est ce qu’il fait le mieux. Oui, je pense que cet album est une thérapie pour se remettre dans la bonne direction. Entre la première fois où il est revenu sur scène depuis la mort de Dime, il s’est passé deux ans et demi. Quand Down est revenu sur scène, c’était à Hambourg en été 2006 et ce fut un grand pas pour lui. Nous sommes plus sûrs de nous maintenant, après une centaine de concerts. Maintenant Phil est de retour dans le groove !

Tout le monde pensait qu’il n’y aurait pas de troisième album. Que s’est-il passé?

Et bien je pense que nous étions à un point particulier dans nos vies, nos carrières…On parle souvent de ça, d’être dans un groupe, de vieillir avec. On est tous plus vieux maintenant. Dans quelques mois on aura tous dans le groupe plus de 40 ans. On est plus des gamins. Je joue toujours dans Crowbar, j’ai monté Kingdom Of Sorrow et ces trucs sont pour le fun maintenant. Phil a un paquet de projets, Jimmy a toujours Eyehategod. Down est notre vrai groupe, c’est notre carrière. On a décidé de revenir ensemble, et pour de bon. On a encore beaucoup de dates à faire sur cette tournée. On est en avril et on a des dates de planifiées jusqu’en octobre. On veut revenir en Europe probablement en novembre et décembre pour terminer à Noël. Et revenir faire les grosses villes. Les fans européens sont géniaux et nous souhaitons vraiment nous concentrer sur l’Europe pour les concerts.

Est-ce que Down est aujourd’hui un vrai groupe ou encore un projet parallèle ?

C’est totalement un vrai groupe. On fait toujours d’autres choses, j’apprécie ces autres choses et je les fais sérieusement. Mais ces choses sont là pour m’amuser, alors que Down est notre gagne pain, notre carrière, notre vrai groupe.

Les sorties d’album de Down sont très espacées. Doit-on attendre encore longtemps pour entendre un nouvel album de Down ?

Je ne pense pas, plus maintenant. On a prévu de tourner beaucoup. Nous voulons faire l’Amérique du sud, on va aller au Japon en octobre. On va retourner en Australie, revenir en Europe, il y a les Etats-Unis aussi. Down va faire 6 concerts en stade avec Metallica cet été. Donc oui, on est à fond dans Down, mais on va quand même prendre une petite pause et ça ne sera pas aussi long qu’avant. Ce n’est pas comme si Phil retournait dans Pantera, Pepper dans C.O.C. et moi dans Crowbar à plein temps. Après que nous ayons fait cette pause, et bien il sera temps de se retrouver ensemble. Et on verra ce qui se passe…

Comment était la tournée avec Heaven & Hell ?

En fait on en a fait deux : la tournée canadienne qui a été vraiment bien et la tournée australienne et un concert en nouvelle Zélande. C’était un rêve qui devenait réalité, c’était incroyable. En Australie, on ne voyageait pas en bus mais on prenait l’avion avec des vols commerciaux. Du coup tout le monde se retrouvait dans le même avion et volait tous les jours avec Black Sabbath ! On voyait les mecs, on buvait des coups ensemble : voir Dio au bar de l’aéroport, au bar de l’hôtel…A la fin c’est presque devenu nos potes quoi…C’était un sacré voyage !


« La voix de Dio a toujours la même puissance et sonne magistralement toutes les nuits […] Je pense qu’Ozzy à un peu trop abusé de drogues en passant toutes ces années à faire la fête. »
Que penses-tu de la reformation de Black Sabbath avec Dio ?

J’adore ! J’ai toujours aimé Dio. Je ne veux pas manquer de respect à Ozzy, mais Dio a une voix vraiment incroyable. Ozzy, c’est…(NDLR : il cherche ses mots…). Je pense juste que la voix de Dio, à ce point de leur carrière, a toujours la puissance, sonne magistralement toutes les nuits. Et Ozzy est un peu plus faible. Je suppose qu’Ozzy a un peu trop abusé de drogues en passant toutes ces années à faire la fête. Il n’est pas aussi en forme que Dio. J’ai toujours été un fan de Dio. L’album Heaven and Hell de Black Sabbath est probablement dans mon top 3 des albums de Black Sabb’. Je pense que c’est une bonne chose qu’ils aient encore Dio avec eux parce qu’il est plus en forme et il peut tourner constamment. Il est toujours aussi bon, tous les soirs. Ozzy ne le fait plus trop. Il n’a plus rien à faire. Il a de l’argent et tout, il n’a plus rien à prouver. Il EST Ozzy. Alors que Dio est toujours dedans et ça marche mieux.

Sur cette tournée, il n’y a pas de première partie. À la place vous projetez sur un écran un documentaire sur Down. D’où vous vient cette idée et quel en est le but ?

On a essayé de penser à quel groupe on pourrait emmener en tournée avec nous et on a pas vraiment trouvé un groupe avec qui ça marcherait bien. On a pensé que c’était une soirée avec Down et le documentaire que nous montrons avant le show comporte des vidéos, des passages live, des grands groupes que peu de monde a pu voir avant, des groupes avec lesquels on a grandi, bref nos influences. Pour nous ça marche bien. L’autre soir, on a joué pour un festival à Tilburg, deux groupes jouaient avant nous, puis trente à quarante minutes se sont passées avant que Down n’entre en scène. Tout est différent quand le groupe avant nous s’arrête et que 30 minutes s’écoulent pour installer le matériel. Tu vois, les gens vont prendre une bière ou pisser, reviennent, s’assoient et on arrive. Avec l’écran géant, c’est différent. On en a beaucoup parlé et maintenant ça marche bien.

Vous allez tourner avec Metallica, qu’attendez-vous de ces concerts?

Beaucoup de gens ! Metallica est le plus gros groupe du monde, avec U2, et ils ont beaucoup de fans. On est vraiment impatient parce qu’on a grandi avec Metallica, on a vénéré leurs albums. Avoir le plaisir de rencontrer les gars et de s’attendre à d’énormes concerts, ça va être une sacrée expérience.

A un moment, Phil a critiqué Metallica en disant qu’ils jouaient de la musique pour gays. A-t-il changé d’avis ?

Oui, il s’est excusé. Phil a dit beaucoup de choses dans le passé qu’il aurait probablement dû ne pas dire. S’il choisit de ne pas apprécier certains morceaux du nouveau Metallica, ça lui appartient. Je n’irai pas personnellement sur scène ou dans les médias pour les descendre. Est-ce que je préfère Master Of Puppets ? Bien sûr ! J’espère que le nouveau sera un peu plus old school mais j’aime bien Load et j’adore le Black Album. Il est fantastique. Ce n’est pas parce qu’ils ne jouent plus de trash qu’ils ne sont plus bons à rien. Et je trouve ça bien qu’ils ne fassent pas toujours la même chose. J’ai une grosse attente pour le prochain disque. Notre gars s’est excusé, sinon on aurait jamais pu avoir ces dates ! Phil est à un autre niveau maintenant. Il est dans une phase positive et n’est plus dans le négatif avec ses problèmes de drogue. Dans tout ce qu’il entreprend maintenant il est beaucoup plus positif. On n’entendra plus ce genre de critique.


« Phil a dit beaucoup de choses dans le passé qu’il aurait probablement dû ne pas dire. »
Peux-tu nous dire quelques mots à propos de ton projet parallèle Kingdom Of Sorrow ?

Ca pue ! Non…C’est une idée avec Jamey et des amis, on discutait de faire un truc ensemble. Ça devait être en avril ou mai 2005. Il m’a rappelé pour me proposer de démarrer ce nouveau groupe et on a composé la plupart des chansons en 2005. Puis on s’est revu l’année dernière pour finir quelques guitares, quelques voix et enfin on a mixé le tout. Nous sommes contents du son. On a essayé aussi de faire quelques concerts. 9 entre les concerts de Down et le moment où je suis revenu à la maison. Kingdom Of Sorrow va faire 6 concerts avec Type O Negative aux Etats-Unis, ce qui devrait être fun. Puis Jamey va retourner dans Hatebreed. La chose bien avec les projets parallèles est qu’il n’y a pas de pression, pas d’attente. On fait le musique pour nous-mêmes. On apprécie de travailler ensemble et c’est bien ainsi parce qu’il n’y a pas de pression. C’est juste du fun.

Et pour finir, des nouvelles du côté de chez Crowbar ?

J’ai 5 chansons de prêtes. Quand Down fera une pause, on fera un album et des concerts. Ça ne va pas s’arrêter et j’ai toujours les mêmes gars depuis quatre ans. C’est un bon line up et beaucoup d’amusement. Il y a un peu plus de pression que dans Kingdom of Sorrow parce qu’on est un vrai groupe. Mais bon, ce n’est plus mon groupe principal comme ça a pu l’être à un moment de ma carrière. C’est juste de bons concerts, distrayants, j’adore sortir avec les gars du groupe. On passe du bon temps et c’est tout ce qu’il y a à faire.

Entretien réalisé le 19 avril 2008 à Lyon (France)

Vidéo réalisée par Claude.

Site Internet DOWN : www.down-nola.com



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