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Chronique Focus   

Downfall Of Gaïa – Silhouettes Of Disgust


Au matin d’un hiver froid, sous la brume grisâtre d’une pluie s’écrasant sur le goudron craquelé d’une route de campagne déserte, le vent se lève. Un vent ravageur, une tornade exceptionnelle qui emporte tout sur son passage. Une bourrasque qui se transforme en tempête et qui cisèle les airs à feu et à sang. À l’origine de ce chaos se trouve le nouvel opus de Downfall Of Gaïa. Une fois de plus, les Allemands ouvrent d’immenses crevasses desquelles surgit l’éruption explosive qu’est Silhouettes Of Disgust, et confirment encore que la rage qu’ils contiennent est intarissable.

C’est par cette entrée aux percussions vives et fracassantes de « Existence Of Awe » que cet album démarre, accompagné d’un tremolo picking qui emprunte au black metal sa frénésie et son ton insidieux et alarmiste. L’un des traits communs à tous les titres de cet album n’est autre que cette sensation d’urgence, ce sentiment d’être constamment sur le qui-vive, qu’un rythme pressant et en constante progression façonne. L’auditeur se voit comme dévaler une pente dont le dénivelé négatif ne fait que s’accroître à mesure que le mur au bout du chemin se rapproche. Le titre « Final Vows » offre particulièrement cette image d’une chute infinie, martelée de tous côtés avec une rythmique cadencée sur l’élan de brutalité que l’introduction du morceau impulse.

À cette fougue torrentielle peut être additionné l’esprit malmené et torturé qui plane au-dessus de l’œuvre et qui, par un chant enraillé au growl profond et à la texture tantôt grasse et tantôt rocailleuse, ajoute à l’édifice de la violence en construction son ornement final. « Bodies As Driftwood » permet d’explorer les différents terrains que la voix survole, passant d’un hurlement franc et vif, ancré au réel, en un arrière-plan lointain, à l’intensité réduite, doublé d’un léger écho mais non moins saisissant et dont le titre « Unredeemable » s’acquitte également.

L’effusion d’agressivité que répand l’album se voit tout de même pondérée et complétée de légères caresses et de lentes élévations apportées par un chant féminin que « Eyes Of Burning Skies » et « The Existence Of Awe » mettent particulièrement en avant pour offrir des moments d’accalmie inattendus et bienvenus. Alors, l’auditeur défiant la cime des arbres se retrouve à hauteur des épais nuages qui le couvaient et vole en leur sein pendant ces brefs instants de répit. La tendresse qu’apportent les arpèges de « While Bloodsprings Become Rivers » et la luminosité des nappes sonores de « The Whir Of Flies » sont d’autres éléments qui participent à la richesse de cet opus, auquel l’enchevêtrement de ces moments de rage et de douceur apporte un équilibre certain.

Au demeurant très brut et expéditif – l’album dure un peu moins de quarante-cinq minutes –, Silhouettes Of Disgust contient en réalité un panel de couleurs et d’expressions variées qui n’a pas simplement pour but de surprendre l’auditeur mais davantage de le bousculer. La hargne qu’exprime le groupe est communicative et s’insère dans une continuité qui ne déroge pas à l’impétuosité habituelle de Downfall Of Gaïa. Pourtant, l’ambivalence des tempos et des mélodies démontre que le groupe sait pertinemment se renouveler. Sous des allures de punk-hardcore, de sludge ou encore de post-black metal, une aura voyageuse et délicate permet l’ouverture et l’accessibilité nécessaires pour se laisser transporter dans ce magma bouillonnant.

Chanson « Existence Of Awe » :

Clip vidéo de la chanson « Bodies As Driftwood » :

Album Silhouettes Of Disgust, sorti le 17 mars 2023 via Metal Blade Records. Disponible à l’achat ici



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