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Chronique Focus   

Dream Theater – A View From The Top Of The World


« On adore simplement jouer de nos instruments ». John Petrucci résume ainsi le programme du quinzième opus de Dream Theater intitulé A View From The Top Of The World. Comme si l’accueil mitigé de l’entreprise pharaonique The Astonishing (2016) avait laissé des traces et que la complexité alliée à la débauche de moyens ne payait pas toujours. Distance Over Time (2019) avait pour vocation de retrouver une forme de confort où le riffing devenait la principale préoccupation. A View From The Top Of The World a « profité » de la pandémie et du Dream Theater HQ fraîchement construit pour ne pas laisser une quelconque pression de temps entacher l’écriture, s’inspirant par ailleurs de Distance Over Time et de la tournée anniversaire de Scenes From A Memory. L’occasion de retrouver le fameux équilibre heavy/prog qui a fait la renommée du groupe. Reste à voir si A View From The Top Of The World respecte les traditionnelles présentations d’un nouveau chapitre dans la discographie de Dream Theater : « repousser les frontières », « redéfinir les limites », « explorer de nouveaux territoires »…

« The Alien » démontre la volonté du groupe de donner immédiatement le ton pour le reste de l’album. Le riffing chaloupé a pour vocation de tout de suite rassurer l’auditeur quant au désir de Dream Theater d’en découdre. Ce dernier prend toutefois le temps de ciseler des leads mélodiques grandeur nature que John Petrucci se charge d’interpréter avec une certaine majesté. « The Alien » respecte à la lettre le cahier des charges du groupe où chaque musicien profite d’une plage pour briller et se laisser aller à un florilège de notes (avec pas loin de quatre minutes de solos de guitare et clavier). Comme si Dream Theater avait besoin d’apposer au plus vite son label. « Answering The Call » durcit le ton lorsque le groupe développe ses passages les plus athlétiques. Il obéit lui aussi à cette alternance entre riffing groovy, parfois frontaux sans jamais vraiment s’assumer, et accroches mélodiques qui se multiplient sans cesse. L’alchimie entre Jordan Rudess et John Petrucci n’a plus réellement besoin d’être présentée, tout comme la faculté de John Myung à fluidifier les structures en dépit d’un Mike Mangini pas toujours très inventif, malgré sa dextérité et un goût certain pour les équivalences. Il y a pourtant les prémices d’une audace encore camouflée, à l’instar des percussions tribales en conclusion martiale d’« Answering The Call ». Surtout Dream Theater a toujours cette faculté à proposer des orchestrations cinématographiques, à l’instar de « Sleeping Giant » et de ses extrapolations qui passent par une musique de saloon. Une partition de Dream Theater reste a priori suffisamment mouvementée pour nous maintenir éveillés.

C’est tristement l’enjeu d’A View From The Top Of The World. Si certains resteront à nouveau ébahis devant la fulgurance technique qui rime avec Dream Theater et la tiennent pour argument principal de sa qualité, d’autres regretteront une musique qui peine à laisser une empreinte. Peu importe les artifices déployés, à l’arrivée du cinquième titre qu’est « Transcending Time », le constat est implacable : Dream Theater ne transpire pas. Les compositions pèchent par manque d’identité justement parce que Dream Theater respecte trop son propre archétype. Il faut attendre « Awaken The Master » et son travail à la guitare huit-cordes pour retrouver de l’ingéniosité. La recette est pourtant exactement la même, elle se trouve simplement magnifiée par des sonorités différentes liées à l’accordage. Celui-ci amène par extension un riffing massif qui jouit d’une nouvelle crédibilité et qui force John Myung à donner davantage de corps à ses lignes de basse par endroits. Un Dream Theater captivant qui s’affadit néanmoins au long de l’épopée de vingt minutes qu’est « A View From The Top Of The World ». La conclusion de l’album est un enchevêtrement de structures qui se violentent pour s’agréger et ne profitent que trop peu des plages de grâce où James LaBrie apporte une réelle plus-value.

Dream Theater ne donne jamais dans la médiocrité. Impossible de prétendre qu’A View From The Top Of The World est une réalisation qui ne respecte pas les standards du groupe. C’est tout l’inverse : il est standardisé par excellence à tel point qu’il en devient trop souvent inexpressif. Dream Theater a perdu son sens du mémorable, ce que ses élucubrations les plus sophistiquées ne contrebalancent pas. A View From The Top Of The World prend la hauteur d’un homme certain de ses qualités et peu enclin à se brusquer. L’aventure certes, mais en pantoufles.

Clip vidéo de la chanson « Invisible Monster » :

Clip vidéo de la chanson « The Alien » :

Album A View From The Top Of The World, sortie le 22 octobre 2021 via Inside Out Music. Disponible à l’achat ici



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  • l’excellent album précédent « distance over time »semblait plus heavy mais aussi plus accessible dès la 1ère écoute.
    A view from the top of the world est un condensé moins facile d’accès par ses nuances et technicité dans la lignée de liquid tension experiment, mais bien jouissif après plusieurs écoutes.
    La qualité de l’album me semble venir de l’alchimie parfaite de tous les musiciens avec un batteur qui s’exprime au mieux depuis son arrivée à DT pour ne pas à avoir (que) la dominance de Petrucci (bien que ses solis sont toujours un exemple dans l’album…)
    J’ai aussi apprécié l’idée de présenter un titre long (20mn)qui me fait penser au concept »illumination theorie » fait de variantes rythmiques,symbole du progressif .DT toujours créatif et modèle sinon leader du genre

  • Rédiger une critique du dernier Dream theater n’est pas simple pour plusieurs raisons :
    Tout d’abord en raison de la longueur des titres : rester concentré pendant 10 minutes d’affilée sur un même morceau ( voire 20 pour le dernier !) demande un effort certain, l’absence de respiration entre deux titres de 4 à 5 minutes exige une attention particulière pour bien appréhender chaque titre…
    Ensuite bien accepter chaque intro de 2 minutes minimum pour accéder au corps de la chanson : et lorsque LaBrie entame sa mélodie,je la trouve généralement moins harmonieuse que le phrasé musical de Petrucci ou l’aria de Rudess ( un comble !)
    Enfin, même si je suis admiratif ( comment ne pas l’être ?) du talent et de la technicité hors-norme des musicos,il me manque un peu de feeling, de fragilité,de chaleur peut être ( mais c’est du métal prog,donc plus froid me direz vous !)
    En résumé, j’ai préféré les morceaux plus courts sans faire l’impasse sur le somptueux final de 20 minutes avec les réserves émises précédemment… à titre de comparaison Distance over time avec ses morceaux plus compacts m’avait réconcilié avec le genre…Malgré tout, comme le fait remarquer Thibaud, c’est bien un bébé de Dream theater,il ressemble à ses parents et à ses grands frères, impossible de le renier mais ne faisons pas trop la fine bouche (ou la sourde oreille ?) ça reste un cran ou deux au dessus de la moyenne de la production métal du moment….

    • J’aime autant le roquefort que tes commentaires !

    • En Aveyron ya aussi le laguiole, moins connu que le Roquefort, mais qui est excellent aussi…

    • Avec le taureau sur la place ! Magnifique ! Et l’abeille en début de lame sur le meilleur couteau pour découper l’Aubrac sans oublier l’aligot !

    • Je vois que j’ai affaire à un spécialiste, ça fait plaisir ! Même en Aveyron on aime le métal,y compris celui des lames de Laguiole !!

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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