Alors qu’ils ont investi les studios en février pour enregistrer leur treizième album, successeur de l’éponyme sorti il y a deux ans, Dream Theater profite de l’été pour venir en Europe, dont une date dans le magnifique cadre du Théâtre Antique d’Arles, accompagné, ni plus ni moins, que des excellents Myrath, et leur metal progressif oriental, et d’Anathema qu’on ne présente plus. Un package exceptionnel, dans un lieu exceptionnel, à voir dans quelques jours, le lundi 20 juillet, pour une date qui, rappelons-le, intervient dans le cadre de la tournée anniversaire des trente ans du groupe. En attendant, nous en avons profité pour brièvement nous entretenir avec le claviériste Jordan Rudess au téléphone, afin de faire le point sur l’état d’esprit du groupe aujourd’hui, après deux albums, comme il le déclare lui-même, à réévaluer et renouer avec l’essence de Dream Theater.
Le musicien explicite son sentiment : « J’ai l’impression que certains albums vers la fin de l’ère Portnoy commençaient à être un peu forcés vis-à-vis du style. Je sais que moi-même, en tant que compositeur, je n’avais pas l’impression que la musique que nous écrivions était vraiment naturelle, comme elle le paraît effectivement de nos jours. Je pense que lorsque nous avons rejoint Roadrunner Records, initialement, certaines personnes pensaient que peut-être nous devrions essayer d’être plus heavy, il y avait comme un appel à changer notre son, alors que ces dernières années, nous avons dit : ‘Vous savez quoi ? Nous sonnes qui nous sommes, nous faisons la musique que nous faisons, et ça restera fidèle à Dream Theater.’ Ca a donc plus de sens. […] Je pense que ce qui s’est passé au cours de ces dernières années, c’est que nous avons pris position en restant naturels et honnêtes avec nous-mêmes, permettant à notre musique de se faire sans forcer d’autres influences à y entrer. C’est plus comme ceci que nous voyons les choses et c’est ce que nous ressentons. Lorsqu’on parle de revenir à ce qu’on appelle ‘le vrai Dream Theater’, ça veut dire : soyons nous-mêmes et laissons la musique sortir toute seule de nous, en étant les êtres humains et musiciens que nous sommes vraiment. » Et effectivement, la fine équipe de Dream Theater, depuis cinq ans n’a de cesse de clamer son bonheur quant à la situation et la dynamique de groupe actuelles. Depuis lors le combo semble avoir enclenché « son mode de croisière », s’attelant rigoureusement, à une cadence quasi métronomique, à délivrer un album tous les deux ans, systématiquement ponctués de DVDs lives. « J’aime ça ! » s’exclame-t-il au sujet de ce rythme. « Je trouve ça super. Nous adorons faire de la musique. Si nous nous contentions de rester posés chez nous, nous finirions par nous ennuyer. Et puis nous apprécions de travailler ensemble. Et puis, en dehors de ça, c’est notre business. Peut-être qu’un jour nous pourrons prendre quelques années de pause, mais là tout de suite, nous sommes un groupe au travail et nous aimons ce que nous faisons, et c’est un peu comme ça que nous faisons marcher notre business. »
Malgré tout, avec un rythme aussi soutenu, et à tant se préoccuper de sonner comme Dream Theater, alors que fut un temps le groupe était connu pour se pousser à emprunter des directions très marquées et différentes voire imprévisibles, n’a-t-il pas peur que Dream Theater ne finisse par devenir trop prévisible ? « Ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe vraiment, » répond-t-il sans ménagement. Mais alors, comment parviennent-ils encore aujourd’hui, après trente ans de musique, à se trouver de nouveaux défis, eux qui sont considérés comme la fine fleur des musiciens metal, capables de tout avec une aisance désarçonnante ? « C’est ce que nous faisons : nous jouons de la musique, nous étudions la musique, nous nous y consacrons tous totalement, » explique-t-il. « Nous ne nous en lassons jamais, nous adorons ça et nous essayons toujours d’apprendre de nouvelles choses, à essayer de rester au top de notre forme. Si tu nous vois avant ou même après un concert, tu nous verras en train de nous entraîner sur nos instruments. C’est un peu comme ça que nous faisons ! » Il poursuit en appuyant l’importance d’apprendre de nouvelles choses lorsque l’on est musicien, de faire de nouvelles expériences musicales qui peuvent ensuite, éventuellement, rejaillir dans les œuvres. Il nous parle notamment d’une expérience particulière à laquelle le groupe s’était donné aux tous premiers stades de la conception de l’album qui deviendra en 2002 Six Degrees Of Inner Turbulence, quand bien même cette expérience n’aura pas eu une influence directe et prépondérante sur la direction finale de l’album : « J’avais un ami qui était professeur de musique ethnique et un ami très, très talentueux. Il y a des années, je l’avais invité à passer un peu de temps avec nous pour nous montrer certaines de ses intéressantes techniques et compétences, simplement pour nous ouvrir à d’autres choses. En fait, c’était vraiment cool. Nous avons tous apprécié. Et nous en avons retiré quelques idées. Ça aide toujours de faire ce genre de choses. C’était un super truc à faire pour nous à l’époque. C’est une bonne chose à faire pour n’importe qui en tant que musicien pour constamment apprendre de nouvelles choses. » Il prend aussi exemple sur le dernier album en date, où l’un des défis que s’était imposé le groupe, réputé pour ses morceaux à tiroirs, était de s’essayer à écrire des chansons plus courtes et concises : « C’était l’un de nos buts avec le dernier album de faire des chansons plus courtes, et c’est ce que nous avons fait et je pense que nous l’avons bien fait. Ecrire des chansons plus courtes est un challenge différent, si tu veux. Ce n’est pas difficile à faire, ce n’est juste pas nécessairement quelque chose que nous visons à chaque fois. Comme, pour ma part, je suis un musicien avec une formation classique et habituellement, je réfléchis à la musique en des termes plus vastes, à développer des idées, à voir comment les parties s’assemblent, comment les motifs évoluent avec le temps… Tu sais, écrire des chansons peut être super amusant ! » Et il est clair qu’au bout du compte, ils n’ont pu s’empêcher de finir l’album sur une pièce épique de plus de vingt minutes avec l’imposante « Illumination Theory »…
Ce qui nous mène naturellement à lui demander des nouvelles du prochain album, qui est semble-t-il bien avancé. Mais Dream Theater ayant toujours pris un malin plaisir à entretenir le mystère autour de ses albums, Jordan Rudess ne nous offre finalement que peu d’éléments à nous mettre sous la dent : « Il n’y a pas beaucoup à dire parce que rien n’est vraiment public, sauf le fait que ça sortira début 2016, que John Petrucci le produit comme les albums précédents et que nous avons travaillé très dur en studio au cours d’un processus très appréciable. Jusqu’ici tout va bien ! Nous sommes fiers de ce que nous sommes en train de créer et j’ai hâte de pouvoir partager plus d’informations lorsque nous approcherons de la fin. »
Pour finir nous évoquons sa récente rencontre avec son ancien acolyte Mike Portnoy à l’occasion du concert de Haken le 30 avril dernier à New York. Il explique : « Il s’est mis derrière la batterie avec eux et moi je suis monté sur scène pour un petit solo avec mon iPad, mais nous n’étions pas sur scène ensemble, en fait. Nous sommes montés sur scène à des moments différents. Je suis venu voir Haken et le fils de Mike jouait en première partie avec son groupe Next To None, donc nous étions tous les deux à la salle et ils nous ont invités à différents moments à monter et jouer avec eux. » Et donc comment s’est passée la rencontre backstage ? « Bien ! Nous sommes amis ! » dit-il, sans s’épancher d’avantage, mais confirmant toutefois une rencontre amicale qui était déjà survenue au NAMM show de janvier, en Californie. Après cinq ans depuis le départ quelque peu douloureux de Portnoy, de l’eau semble bel et bien avoir coulé sous les ponts. Alors, une chance de revoir Portnoy derrière les fûts avec Dream Theater pour fêter trente années de metal progressif ? Les fans pourront toujours croiser les doigts…
Interview réalisée par téléphone le 9 juillet 2015 par Philippe Sliwa.
Retranscription, traduction et texte : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Dream Theater : www.dreamtheater.net.
« J’ai l’impression que certains albums vers la fin de l’ère Portnoy commençaient à être un peu forcés vis-à-vis du style. »
Amen.
« Les fans pourront toujours croiser les doigts… »
Non merci. Pas si c’est pour remettre LaBrie et Myung au placard sur les compos. Pas si c’est pour se retaper ses histoires d’ex Alcoolique Anonyme.
une grande réussite le live d’Arles ?? on a pas du voir le même concert…
1h30 de show a peine et une set list plus que douteuse.
Il y a bien eu quelques bon moments mais on est resté sur notre faim.
Et puis 1 seul rappel d’une titre plus que dispensable.
Par contre pas de soucis la dessus , Mike Mangini a cartonné,
bref DT m’avait habitué à largement meilleur en live.
Ps : merci a la sécurité et à l’orga de nous avoir fait rentré quand le show de Myrath était quasi fini , 1 seul titre a ce mettre sous la dent alors qu’on poirautait depuis 2 h dehors.
t a loupé 1/2 heure au top de ce groupe qui a eu un gros succès contrairement au groupe suivant soporifique voir ennuyant par moment: le fait de mettre 2 groupes en 1 ère partie allège surement le timing de DT d’autant que Myrath méritait de jouer beaucoup plus longtemps!pour le choix des titres de DT c’est toujours le dilemne: leurs meilleurs titres durent plus de 15 mn chacun et en concert ne jouer qu’ 1h30 amène à les écarter en grande partie…
je viens de voir le concert de DT à Arles le 20 juillet:une grande réussite dans un cadre exceptionnel et en accord avec ce style de musique.
J’adore Portnoy mais le show qu’a délivré MANGINI a été impressionnant et son « soit disant comportement assez froid » disparu au profit d’une joie communicative et même d’un humour que je ne connaissais pas
Intéressant. Mais avec le recul, je ne sais pas si je voudrais voir Portnoy revenir derrière les futs maintenant. Même pour un anniversaire…
Voir un batteur faire la gueule pendant tous le concert comme Mangini n’est pas forcément très plaisant, Portnoy avait la patate sur scène …
Mangini faire la gueule je n irai pas jusque la mais c’est vrai que Portnoy etait un show man …… Et mangini n’est pas la pour faire du Portnoy
Oh mais ça n’engage que moi. Portnoy a une sacré pêche, c’est sur, et c’était vraiment cool de le voir. Mais l’alchimie avec Mangini est excellente et j’aimerais vraiment pas que ça foute le camp…