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Hell ain't a bad place to be    Tribune   

Dropkick Murphys : Boston ain’t a bad place to be


Bienvenue à bord d’Hell Ain’t A Bad Place To Be, la rubrique qui vous fait voyager aux quatre coins du globe pour découvrir le lieu fétiche d’un artiste de la scène. Au programme, pour inaugurer la rubrique, Ken Casey, bassiste, chanteur et fondateur de Dropkick Murphys, nous embarque à Boston, dans l’Etat américain du Massachusetts. Sa ville de naissance et de cœur sent fort le punk rock, l’Irlande, le baseball… Mais pas que.

Note : Article paru initialement dans le numéro 12 (novembre / décembre / janvier) du magazine Radio Metal. Celui-ci est toujours disponible en commande dans notre shop.

« Boston est une drôle de ville. Elle est suffisamment grosse pour que l’on soit fier d’habiter l’une des plus grandes villes d’Amérique, mais à la fois, c’est un tout petit milieu très soudé. Tout le monde se connaît. En l’occurrence, quand j’allais au lycée catholique, c’était avec des gosses venant des quatre coins de la ville, on connaissait tout le monde dans tous les quartiers et, surtout dans la communauté irlandaise, tout le monde avait de grandes familles avec plein d’enfants. On se sentait tellement unis et liés les uns aux autres que peu de gens quittaient la ville, et quand c’était le cas, ils emportaient avec eux cette fierté d’être originaires de Boston. Les Bostoniens ont tendance à rester à Boston, mais quand ils déménagent dans d’autres parties du pays, quelle est la première chose qu’ils font ? Ils se rassemblent. On peut aller à Los Angeles, en Californie, et qu’est-ce qu’ils ont là-bas ? Un bar bostonien où les Bostoniens traînent ensemble au lieu de se mêler aux gens de Los Angeles. C’est étrange. Boston est l’une des rares villes comme ça. Je pense aussi qu’on a toujours eu une certaine rage héritée du passé, car les gens de la classe ouvrière qui sont arrivés à Boston, surtout mes ancêtres venus d’Irlande, ont vraiment dû se battre pour être acceptés dans cette communauté. Il y a donc cette fierté d’avoir mérité une place dans la communauté.

C’est une grande ville étudiante et une portion de celle-ci est très instruite, tout en étant en proximité directe avec cette communauté très soudée issue de la classe ouvrière, et les deux coexistent. Il n’y a pas un qui n’aime pas l’autre. Tous les étudiants ne viennent pas forcément d’ailleurs, mais les grandes universités, comme la Boston University ou le Boston College, ont un afflux de gens en provenance non seulement d’autres parties du pays, mais aussi d’autres parties du monde. Ça a donc donné une dimension internationale à la ville, en plus de nous, les gens qui ont vécu ici toute leur vie. Et quand je parle de la classe ouvrière, je veux dire que Boston était et est toujours une ville syndiquée importante et de nombreuses familles ayant émigré d’Irlande en Amérique ont pu trouver du travail syndiqué qui payait bien, ce qui leur a permis d’envoyer leurs enfants à l’école catholique, par exemple. Il se trouve que je suis allé à l’université durant la pandémie, mais moi et la plupart de mes amis, après le lycée, nous ne sommes pas allés à l’université, nous sommes directement allés travailler, mais maintenant, mes enfants vont à l’université, donc c’est différent. Bref, il y a cette coexistence sympa entre les deux communautés, entre cette mentalité genre « je suis né ici et je vais mourir ici » et cette culture extérieure arrivant avec tous les étudiants, et ça crée un mélange vraiment unique.

On retrouve d’ailleurs beaucoup ça dans la scène musicale. On a eu plein de super groupes à Boston formés par des musiciens qui n’étaient pas d’ici mais qui sont venus pour l’université, comme les Pixies ou les Lemonheads. Et à côté de ça, on a des groupes abrasifs originaires d’ici, comme nous. Selon moi, si Boston est devenu un tel vivier pour les musiques électriques, c’est parce que nous soutenons beaucoup les nôtres. Quand un groupe est bon, la communauté le soutient, et puis ça a toujours été une grande ville rock n’ roll, avec plein de salles où jouer. On ne peut pas développer une communauté de fans s’il n’y a nulle part où jouer. Nous avons toujours eu une super histoire de clubs punk rock et autres où les groupes pouvaient faire leurs premiers pas, à l’image de New York qui était aussi beaucoup comme ça. Il est clair que les groupes de Boston ont ce côté hargneux, « va te faire foutre », « on va faire comme ça et pas autrement ». Avec les années, ils sont probablement – ce n’est pas toujours le cas – moins enclins à accepter que les élites musicales leur disent quoi faire. On a probablement tendance à faire davantage notre propre truc, en tout cas, Dropkick Murphys et pas mal d’autres groupes que nous aimons sont comme ça. Des groupes comme Aerosmith et Boston sont issus d’une autre époque, mais même eux, même s’ils voyageaient et étaient bien installés dans l’industrie du rock avec de grosses maisons de disques, faisaient les choses à leur manière. D’ailleurs, une super histoire au sujet d’Aerosmith : avant même de jouer dans les clubs, ils ont commencé à faire des concerts en faisant la tournée des lycées où ils jouaient dans les gymnases. C’est ainsi qu’ils se sont constitués une jeune communauté de fans. Je trouvais que c’était une manière vraiment cool de percer pour un groupe. Le club le plus célèbre de Boston s’appelait The Rat et c’était un peu notre version du CBGB à New York. The Rat existait depuis tellement longtemps que ma mère a bu son premier verre d’alcool là-bas quand elle était gamine, grâce à une fausse carte d’identité. Elle avait seize ans quand elle allait au Rat ! Elle est septuagénaire aujourd’hui. Boston est aussi tellement passionné par le sport qu’une grande partie de nos vies tournent autour du soutien à nos équipes – les Bruins et les Red Sox –, c’est presque une question de vie ou de mort.

Ceci étant dit, Boston a un peu changé avec le temps. Il y a eu pas mal d’embourgeoisement, mais quand je voyage, j’ai l’impression que c’est le cas partout dans le monde. Il y a du bon et du mauvais à ça. C’est-à-dire que la ville s’est beaucoup améliorée, elle est probablement plus sûre et agréable qu’elle ne l’était, mais à la fois, plein de gens n’ont plus les moyens de vivre dans le quartier où ils ont grandi et doivent s’éloigner à l’extérieur de la ville pour trouver des logements abordables. Avant, les gens de la ville voulaient pouvoir vivre en dehors de celle-ci, alors que maintenant, c’est l’inverse, ils aimeraient pouvoir encore y vivre, mais ils sont obligés d’habiter à l’extérieur. Malgré tout, on peut toujours parler d’un sentiment de communauté. On est fier de la façon dont on est né, de l’endroit où on est allé à l’école, du coin de rue où on traînait étant adolescent, en étant proche de sa famille et des amis avec qui on a grandi. Et cette fierté rejaillit sur la ville tout entière. »



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