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Metalanalyse   

Drowning Pool résiste et retrouve ses marques


Peu connu dans notre vieille contrée européenne, très populaire outre-atlantique, Drowning Pool est avant toute chose une bande de trois musiciens irréductibles qui ont usé plus de chanteurs en une quinzaine d’années que n’importe quel autre groupe en activité.

Quatre chanteurs se sont ainsi succédés depuis 1997 pour des raisons bien différentes : la mort inexpliquée de Dave Williams lors d’une tournée en pleine gloire, les traditionnelles divergences de point de vue musicales qui ont eu raison de Jason Jones ou Ryan McCombs qui a préféré retourner au heavy rock grungy de Soil.

Si les trois acolytes de Drowning Pool ont un mérite, c’est bien celui d’avoir duré aussi longtemps en ayant changé si souvent de frontman. Aujourd’hui, Drowning Pool voit l’arrivée de Jasen Moreno, un chanteur qui offre la possibilité au combo de renouer avec ses origines teintées néo metal.

Drowning Pool est typiquement le groupe que les auditeurs des radios rock américaines entendent à longueur de journée. Suffisamment violent pour donner une image rebelle, assez soft pour être glissé dans la chaîne Hi-fi de la villa des parents sur la Côte Ouest pendant le Spring Break. Drowning Pool c’est l’Amérique cool dans toute sa splendeur. La forte culture rock aux États-Unis a donc en partie servi à ça : porter sur les ondes radiophoniques de nombreux groupes de cet acabit. Chaque pays a sa musique populaire que les jeunes s’approprient : chez les Américains, c’est entre autres ce mélange de heavy rock et de nu metal. Bien produit, irréprochable d’un point de vue technique, des refrains accrocheurs bien sûr, des couplets plus agressifs, une batterie qui lance suffisamment la double pédale pour un headbang efficace… Voilà la recette qui fonctionne et fait immédiatement son effet. Ce qui engendre évidemment une dose non-négligeable d’hymnes au potentiel radiophonique : « One Finger And A Fist », à chanter bien sûr le poing levé, (avec le troisième doigt pour les plus courageux), « Saturday Night » pour des soirées arrosées bien accompagnées ou un « Life Of Misery » un brin moralisateur montrant la voie à suivre pour avoir une vie qui vaut la peine d’être vécue.

Dave Wiliams, décédé en 2002, avait fait connaître le groupe essentiellement grâce à un single, « Bodies », qui avait fait un carton, au point de servir de générique pour la célèbre émission de catch US Hardcore, Extreme Championship Wrestling. Dans ce sens, Jason Jones avait lui aussi eu son heure de gloire, puisque le titre « Rise Up », présent sur l’album Desensitized sorti en 2004 était devenu lui aussi un hymne du catch américain, devenant le générique d’une émission encore plus populaire, la WWE SmackDown, que l’on peut également suivre sur certaines chaînes en Europe. Si cela prête un peu les Européens à sourire, on ne rigole pas aux États-Unis avec ça, c’est un pan tout entier de la culture américaine qui apparaît ici : le divertissement sportif. C’est quand même là que Adam Jones (Tool) a demandé sa petite amie en mariage… Plus sérieusement, Ryan McCombs, avec ses intonations parfois proches d’un Layne Staley, avait permis à Drowning Pool de se doter de connotations un peu plus grungy – particulièrement sur Full Circle. Un chanteur dont la personnalité et le talent avaient peut-être phagocyté une part de l’identité de Drowning Pool. Jasen Moreno, lui, offre un retour en arrière vers la période phare (commercialement) du groupe, entre groove quasi rappé caractéristique et vocalises plus heavy, des possibilités de cris pour faire des backing puissants sur les refrains et une forte capacité à la mélodie, bien sûr. Musicalement, même si Drowning Pool conserve ses riffs heavy, il retrouve quelques rythmiques plus « jumpy » et des effets sonores plus typiquement assimilables à la scène nu metal.

Au-delà de l’aspect stéréotypé que peut représenter ce Resilience, on ne peut retirer au combo américain de vraies dispositions d’écriture et de composition mettant en avant une efficacité redoutable et une façon de présenter le metal d’une manière facilement assimilable. « Understand » et son rapprochement possible avec Linkin Park, la traditionnelle ballade des albums rock « In Memory Of » dédiée au défunt Dave Wiliams, le plus thrash et sombre « Low Crawl »… tous sont des exemples de portes d’entrée au groupe et à leur univers musical, puisqu’ils puisent un peu à droite et à gauche dans les sous genres du metal, y compris avec quelques réminiscences de grunge qui refont surface de manière épisodique (« Low Crawl » et « Anytime Anyplace » dans lesquels on peut brièvement entendre l’influence d’Alice In Chains). En ce sens Resilience présente une sorte de résumé, peut-être un peu générique, des années 90. Et Moreno se fond à merveille dans ce contexte.

Comme l’a récemment confié à une radio américaine le bassiste Stevie Benton, Drowning Pool pense avoir enfin trouvé la perle rare en la personne de Jasen Moreno, avec qui ils auraient déjà une quinzaine de titres supplémentaires prêts à être enregistrés pour un album à venir. L’occasion peut-être de cesser enfin, comme il l’évoque, d’ « essayer de recapturer » les sensations qu’ils avaient avec leur premier chanteur Dave Wiliams, dont cet album fête malheureusement le triste dixième anniversaire de sa disparition.

Album Resilience, sortie le 2 avril 2013 chez Eleven Seven Music



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  • Et en tout cas oui, c’est peut être le chanteur qui leur rend le mieux hommage depuis Dave Williams. Mais maintenant, il leur sera impossible de se détacher de ce fameux chant, de cette voix si unique qui a fait leur gloire… Après, du moment qu’il reste sur les routes et en studio pour écrire, on s’y fait !

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