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Live Report   

Eisbrecher au Garage : le feu sous la glace


Il y a des groupes qui envoient le pâté. C’est un fait. Il y a des groupes qui se cachent derrière le show. Non pas qu’ils soient mauvais, loin de là, mais la musique s’estompe au profit du visuel. Et il y a Eisbrecher. Cinq albums, dix ans d’existence, des dizaines et des dizaines de concerts… à travers l’Allemagne, surtout. Car en bon groupe local, Eisbrecher peine à s’exporter. Pourquoi aller voir ailleurs, quand votre Mère Patrie vous réserve un accueil chaleureux ? Parce que les voisins en ont marre de se déplacer, tiens !

La seconde partie du Höllentour d’Eisbrecher, tournée promotionnelle pour l’album Die Hölle Muss Warten, fait étape ce soir au Garage de Saarbrücken. Radio Metal avait croisé la route de ce groupe hors-norme à l’Amphi Fest de Cologne, et nous avions été conquis par la puissance de ses compositions, la distinction et la finesse du groupe sur scène, et surtout la prestance infinie de son leader, Alexx Wesselsky. Un groupe qui tient ses promesses, vous allez le constater…

Artistes : EisbrecherSchöngeist
Date : 2 septembre 2012
Salle : Garage
Lieu : Saarbrücken (Allemagne)

C’est le groupe Schöngeist qui ouvre le spectacle. Malgré une prestation plutôt énergique, les morceaux de ce groupe restent assez mollassons… Dommage car, vraiment, ils occupent la scène brillamment et chauffent ce public qui n’attend que de se prendre une vague glaciale dans sa frimousse à peine baignée de sueur. Et à peine le temps de finir une bière (glacée, elle aussi) et de constater que le fan-club Eisbrecher France est toujours fidèle au poste (premier rang, au milieu !), qu’une voix sympathique mais synthétique annonce la sentence : « Meine Damen un Herren, heute Abend, deutsches Rock ! » (Mesdames et messieurs, ce soir, du rock allemand !).

Leistung : unwahrscheinlich / Puissance : invraisemblable

Gare à la vague bleue ! Eisbrecher n’a pas besoin de se cacher derrière des effets.

Ils arrivent donc sur scène, avec classe… Une vague bleue traverse la salle et les premières notes résonnent. Après avoir salué son public comme il se doit, le rouleau compresseur Eisbrecher renvoie ses concurrents jouer dans un bac à sable bien froid… ‘Exzess Express’, ‘Willkommen Im Nichts’ et ‘Verrückt’ constituent un bloc, une intro sans temps mort ni concession. Un début de concert très heavy qui se poursuit avec le titre ‘Antikörper’, très trèèèèèès lourd. Diable, pour un brise-glace, c’est un brise-glace.

Chaque morceau est entrecoupé de petits monologues d’Alexx, qui raffole de ce contact avec l’audience. Amusant, charmeur, buvant de belles lampées de whisky ou faisant le pitre ; le public (féminin surtout) ne s’y trompe pas : rares sont les groupes actuels qui ont un rapport aussi fusionnel avec leur public. Petite pause « réhydratation », et on rebalance les watts. La très rythmique ‘Amok’, traitée façon Tambours Du Bronx avec quatre fûts métalliques en guise de percussions met vraiment le feu dans le Garage.

Alexx Wesselsky (Eisbrecher) : une carrure de brise-glace.

Alexx est un charmeur, ça on le sait. Colosse chauve de près de deux mètres à la voix grave, tantôt crooner, tantôt hurleur, parfois drôle, parfois enragé, il aime par-dessus tout faire montre de ses talents vocaux. Accompagné de Jürgen Planger à la guitare acoustique, ils nous proposent un pot-pourri de Schlagermusik (un subtil concept allemand entre la variété et le nanard musical), comprenant un tube romantique allemand, ‘Tränen Lügen Nicht’ et l’inénarrable ‘Ti Amo’ de Toto Cutugno… Prestation qui recueille l’adhésion immédiate de la salle, partagée entre la crédibilité d’Alexx en chanteur de soupe romantique et le ridicule absolu et jubilatoire d’être à un concert de metal indus allemand pour entendre ‘Ti Amo’ !

La suite du show n’est pas du tout expédiée, et des morceaux à succès comme ‘Engel’, ‘Prototyp’ ou le tout premier single d’Eisbrecher, ‘Schwarze Wittwe’, achèvent de transporter le public dans un monde glacial, où la musique est une raison de vivre et où le hasard n’a pas sa place. Noel Pix (à la guitare) et ses collègues, s’ils n’ont pas le charisme « envahissant » du chanteur, investissent la scène très naturellement et s’éclatent à produire une musique parfois martiale, souvent violente et toujours léchée. Des compos claires, des rythmes imparables et un léger saupoudrage électronique font de la musique d’Eisbrecher quelque chose d’immédiatement reconnaissable, sans pour autant être redondant ou casse-noisettes.

Noel Pix, l’autre patron sur la banquise

Alexx enfile son désormais célèbre gilet vert de peau et son chapeau tyrolien, et entame une « performance » (il n’y a pas d’autre mot !) de Jodl – vous savez, cette tradition suisse de chant… très folklorique – qui laisse le public médusé. Pas très longtemps, d’ailleurs, car tout le monde entre en transe dès les premières notes de la juste énorme ‘This Is Deutsch’, ponctuée de jets de confettis et de gaz en tous genres. Fin de la séance ; la banquise est prête à se rompre.

En guise de rappels, Eisbrecher nous livre trois morceaux impeccables en tout point, dont la traditionnelle reprise de Megaherz (l’ancien groupe d’Alexx et Noel) ‘Miststück’, qui, pour le coup, a été réenregistrée et dont le clip circule actuellement sur la Toile (voir ci-dessous). Détail amusant, le groupe s’amuse à changer très souvent de rythmique pendant ce morceau, et lui donne un groove très hip-hop qui permet à Alexx de délivrer une dernière performance vocale. Il insère un ou deux couplets d’un morceau au phrasé hip-hop de manière aléatoire… ainsi on a pu par le passé entendre ‘Nigger’ de Clawfinger, ‘Born Dead’ de Body Count ou, comme ce soir, ‘Nookie’ de Limp Bizkit (entre nous : une preuve accablante de plus pour Spaceman, qui aime Eisbrecher et refuse toujours de diffuser Limp Bizkit sur Radio Metal – ce qui lui vaut d’être rejeté de beaucoup de ses collègues).

Le set se conclut sur la magistrale ‘Die Hölle Muss Warten’, extraite du dernier album en date (éponyme) et le groupe viendra saluer une dernière fois le public, trempé, heureux, des étoiles plein les yeux. Et comme chez Eisbrecher, on n’est jamais bien loin de la limite entre humour et charme, c’est tout naturellement qu’on les voit lancer des roses aux membres féminins du public pendant qu’on entend ‘Total Eclipse Of The Heart’ de Bonnie Tyler. Infatigables, incorrigibles, cabotins, mais juste parfaits. Eisbrecher porte bien son nom ; le groupe et sa musique mettent le feu aux salles qu’ils traversent, et brise la glace avec un public qui ne demande qu’à en prendre plein les portugaises.

Besonderheit : unsinkbar / Particularité : insubmersible.

Setlist d’Eisbrecher :

Exzess Express
Willkommen Im Nichts
Verrückt
Antikörper
Leider
Herz Aus Eis
Amok
Schlager (Tränen Lügen Nicht – Ti Amo)
Engel
Prototyp
Vergissmeinnicht
Schwartze Wittwe
Heilig
Jodl
This Is Deutsch

Premier rappel :
Ohne Dich
Miststück (Megaherz cover)

Second rappel :
Die Hölle Muss Warten

Photos : Le Duc

Radio Metal remercie Stephan J.



Laisser un commentaire

  • le concert c`est super etoi j´aim le concerts

    [Reply]

  • Et oui toujours au premier rang !
    Et je tiens à remercier mes chers voisins allemands qui n’ont pas trouvé l’entrée de la salle et qu’i m’ont laissé le choix pour ma place !

    Merci amis !

    Super revue…encore, encore, encore !

    Mais c’est toujours trop court !

    [Reply]

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