Entombed A.D. est, pour rappel, constitué des anciens membres d’Entombed que sont LG Petrov, Victor Brandt, Nico Elgstrand et Olle Dahlstedt. Le groupe a d’ailleurs été rejoint par le guitariste brésilien Guilherme Miranda afin de produire leur troisième opus trois ans après Dead Dawn (2016) intitulé Bowels Of Earth. Le dessein est simple : poursuivre l’œuvre d’Entombed d’avant la scission avec le guitariste Alex Hellid (détenteur du nom) et créer un death metal sans aucun artifice, fort de ce son typique qui a généré toute une scène au début des années 90. Entombed A.D. a trouvé sa voie et ne cherche désormais qu’à la mettre en valeur, sans complexes ou interrogations superflues.
L’enregistrement de Bowels Of Earth répond à cette forme de quiétude des Suédois. Une fois la batterie enregistrée dans un studio, le groupe s’est contenté de travailler les guitares dans un petit local avec du matériel d’enregistrement qui selon eux ne méritait même pas le qualificatif de « studio ». Ajoutez la supervision du célèbre producteur Jacob Helmer (Rammstein) et vous obtenez la patte sonore de Bowels Of Earth : un son au grain old-school sans manque de puissance, des guitares granuleuses et crues avec suffisamment d’impact pour ne pas faire passer Entombed A.D. pour des vétérans en décrépitude. Bowels Of Earth suit ainsi volontairement la trajectoire de Dead Dawn en améliorant ce qui pouvait l’être. « Torrent Remains » est une entrée en matière brutale, l’un des titres qui a conservé le plus de gimmicks du death metal classique (avec le plutôt thrash « Elimination ») : les leads de guitare ininterrompus et dissonants et une batterie martelée sans pause. Il ne faut néanmoins pas y percevoir l’essence de Bowels Of Earth, qui manifeste les influences rock/sludge et le sens du groove propre aux musiciens. Le break de « Hell Is My Home » répond justement à ces derniers avec une rythmique binaire qui tranche radicalement avec l’entrain rustre initial du morceau.
C’est sur ce plan que Bowels Of Earth révèle ses atouts. On sait déjà qu’Entombed A.D. excelle lorsqu’il s’agit d’honorer les codes du death metal. Toute la pertinence de sa musique intervient lorsque ces derniers décident de les tordre à dessein et d’injecter d’autres influences. La chanson-titre prend des allures épiques avec une intro lugubre au piano et un accent mis sur la mélodie et sur un long passage heavy où s’enchaînent les leads. Entombed A.D. retrouve même une de ses grandes influences en se payant le luxe de se faire émule de Motörhead pendant le temps de « Bourbon Nightmare », où LG Petrov reprend le phrasé légendaire de Lemmy. Bowels Of Earth procure un sentiment d’accomplissement, l’idée étrange qu’Entombed A.D. est arrivé au niveau de sa précédente incarnation avec cette efficacité retrouvée sur ses itérations les plus rock. « Through The Eyes Of The Gods », et ses guitares presque sourdes par endroits, est un véritable saut dans le passé, un retour à l’ère Wolverine Blues (1993). « To Eternal Night » et ses accents doom (mention spéciale au growl rauque et agonisant de LG Petrov se muant en Kirk Windstein de Crowbar) clôturent l’opus d’une main de maître, preuve d’une dynamique maîtrisée de bout en bout.
Bowels Of Earth s’appuie sur les deux efforts précédents d’Entombed A.D. et on ne peut que rejoindre les dires du groupe lorsqu’il prétend avoir enfin trouvé sa zone de confort tant sur le plan créatif que technique. Bowels Of Earth a l’agressivité qui pouvait parfois manquer à ses prédécesseurs et ne souffre pas d’une monotonie liée à une répétition des mêmes sempiternels codes. Entombed A.D. fait ce qu’il veut avec aisance, se permet de jouer avec les registres sans perdre ce qui fait sa puissance. Aussi inattendu que ça puisse paraître, Bowels Of Earth est presque rafraîchissant.
Clip vidéo de la chanson « Elimination » :
Clip vidéo de la chanson « Torment Remains » :
Chanson « Fit For A King » :
Album Bowels Of Earth, sorti le 30 août 2019 via Century Media. Disponible à l’achat ici