Dans le monde du metal comme ailleurs, 2016 a eu son lot de révélations et de buzz. Parmi eux, un inconnu iconoclaste s’est attiré des louanges à peu près unanimes avec un mélange pour le moins improbable où la part belle était donnée aux spirituals des esclaves aux Etats-Unis et au black metal : Manuel Gagneux, aux manettes de son projet Zeal And Ardor. Au programme : une sorte de fiction historique où les esclaves se seraient élevés contre la religion de leurs maîtres comme certains jeunes Norvégiens au tournant des années 1990… Deux ans plus tard et après une montée en puissance dont la rapidité a surpris même le premier concerné, le moment est venu pour Gagneux de transformer l’essai. C’est la tâche qui incombe à Stranger Fruit, qui succède à un Devil Is Fine retentissant. Si on y retrouve l’efficacité diabolique du premier disque, Stranger Fruit est plus long, plus intense, plus riche ; bref, ce qui avait émergé d’un défi sur un thread 4chan a véritablement pris vie, et la plaisanterie a suffisamment duré pour être désormais bien plus qu’un gimmick.
C’est de tout cela que nous avons discuté avec un Manuel Gagneux affable, chaleureux et humble, qui savoure chaque instant de ce succès inespéré mais ne semble pas décidé à se reposer sur ses lauriers pour autant. Quelque part entre une volonté de continuer à travailler comme à son habitude et la nécessité d’avancer et d’approfondir son travail, il trace sa route, et le feu de Zeal And Ardor ne semble pas près de s’éteindre…
« Je crois que la scène metal est toujours assoiffée de nouveauté. À mon avis, c’est pour ça que des choses comme Babymetal ou Ghost – ou, dans un genre complètement différent, Gojira – génèrent tant d’attention : ils font quelque chose de nouveau. »
Radio Metal : La genèse de Devil Is Fine est presque légendaire. En quoi le fait que ce projet particulier parmi les tiens ait eu un tel succès a influencé ta manière de travailler sur ce nouvel album ? Est-ce que ça t’a mis la pression ou est-ce que ça a été au contraire stimulant ?
Manuel Gagneux : Dans un premier temps, j’ai ressenti de la pression, mais je me suis dit que ce qui avait fait que le premier album avait aussi bien marché était que je n’avais pas du tout pensé au public qui le recevrait. J’ai donc essayé de ne pas trop y penser et de continuer à faire de la musique comme à mon habitude.
Le projet a commencé comme une expérimentation assez ludique. Maintenant que c’est devenu plus sérieux, comment a évolué ta vision des choses, de la musique et du concept ?
Elle a évolué, mais comme le concept a été gravé dans la roche dès le premier disque, je me suis contenté de l’approfondir. Même si ça a commencé comme une blague et que j’ai une approche très ludique de la composition, le produit final est quelque chose de très sérieux. Encore une fois, j’ai avant tout fait comme d’habitude.
Est-ce qu’à un moment, tu as craint que les choses deviennent trop sérieuses et donc de perdre ce qui t’avait intéressé là-dedans à l’origine ?
Je crois que ça ne m’a jamais trop inquiété. Si ça devait arriver, je crois que j’aurais juste à arrêter ce projet et commencer autre chose. Je pense que l’auditeur l’entend lorsque quelque chose est forcé ou manufacturé parce qu’on t’a demandé de le faire. Il faut qu’il y ait de la liberté dans le processus.
Comme tout a commencé sur 4chan où des gens te demandaient de mélanger certain styles, est-ce que tu as continué de tenir compte des suggestions des gens, de tes fans notamment, sur les réseaux sociaux par exemple ?
Oui, à vrai dire, j’essaie toujours de m’amuser un peu à combiner les suggestions les plus étranges. Ça arrive encore parfois, mais hélas je n’ai plus vraiment le temps de le faire, maintenant – enfin, c’est plutôt une bonne chose d’ailleurs [rires]… Car j’ai la chance de pouvoir faire des choses formidables à la place, comme tourner etc., donc je suis très heureux comme ça !
Après la sortie de l’album, le projet est devenu une entité live. En quoi le fait de jouer ces chansons en live avec d’autres musiciens a influencé Stranger Fruit ?
Ça ne s’est pas mal passé, les personnes qui ont rejoint le groupe étaient des amis ou des gens que je connaissais depuis des années ; je leur faisais pleinement confiance pour transformer le projet en une expérience live. C’est la première chose. La seconde, c’est que j’avais déjà écrit à peu près soixante pour cent des chansons du nouvel album avant que nous commencions à jouer en live, donc… Peut-être que ça m’a influencé de manière inconsciente, mais globalement, je travaille toujours de la même manière.
Apparemment, votre batteur notamment joue aussi dans des groupes de metal. Est-ce que ça a été une source d’inspiration pour toi, notamment pour les parties metal de ta musique ?
Notre batteur, c’est Marco van Allmen. Je pense que le vrai changement que ça m’a apporté, c’est que comme il est très bon, j’ai pu programmer des parties de batterie complètement dingues : c’est un vrai robot, il peut tout jouer ! C’est très libérateur.
Tu composes donc toujours tout tout seul ?
Oui, c’est ça.
Tu disais que tu avais déjà écrit la plupart des chansons avant de commencer à tourner. Ça fait donc longtemps que le disque est prêt ?
Oui, ça fait déjà à peu près un an ! Bien évidemment, les chansons ont changé puisque nous les avons jouées en live et que le public nous a fait des retours ; nous avons pu voir les parties qui fonctionnaient et celles qui ne fonctionnaient pas, et donc adapter les chansons en conséquence. Je crois que le public m’a aidé à écrire l’album, lui aussi [rires] !
Certaines des chansons que vous avez joué en live n’apparaissent sur aucun album pour le moment (« We Never Fall » ou « Cut Me » par exemple). Est-ce que tu penses les sortir plus tard ?
Peut-être que nous les sortirons plus tard, mais l’idée, c’est surtout de faire un album live où il y aurait vraiment toutes les chansons. Peut-être que nous ferons ça cette année aussi. Nous verrons bien !
« Je crois que ce que j’aime dans le metal, c’est qu’il y a quelque chose de très émotionnel dans cette musique, aucun compromis dans le message, c’est toujours très gros, très bruyant. [Ça peut] être une sorte de vent dans ton dos qui te pousse en avant. »
Est-ce que tu vois désormais Zeal And Ardor comme une expérience live plus que simplement quelqu’un qui compose dans son coin ?
Oui, absolument. Maintenant que nous avons joué tant de fois, j’ai découvert que c’était un élément à part entière du projet, peut-être même plus important que son autre moitié la dimension studio. Quand tu as enregistré ta chanson, la relation que tu avais avec elle s’arrête. Mais si tu la joues en live plusieurs fois par semaine, alors elle reste en vie. La dimension live est extrêmement importante pour moi et le projet désormais.
Tu as déjà pas mal de concerts de prévus, dont certains avec des surprises. Qu’est-ce que tu peux nous en dire, sans trop en dévoiler ?
C’est surtout une question de longueur. Ça promet d’être intéressant…
Tu as tourné avec des groupes très différents, dans des festivals très variés. Est-ce que tu t’es senti dans ton élément à chaque fois ?
Non pas du tout, il y a quelques fois où ça a un peu été la douche froide. C’est très intéressant quand tu dois jouer devant un public qui n’est pas forcément habitué à écouter de la musique un peu bizarre, il faut vraiment le conquérir, gagner son attention. Ça t’empêche de devenir arrogant, et tu dois vraiment faire attention à ce que tu fais…
Ça affecte ta manière d’envisager les sets ?
Nous pouvons faire des changements mineurs, oui, mais en fait nous essayons surtout de rester le plus nous-mêmes possible, et d’emporter leur adhésion grâce à notre performance plutôt que nous adapter à eux.
La production de Stranger Fruit est bien plus pleine, plus grosse cette fois-ci : et pour cause, le disque a été produit par Kurt Ballou [Converge]. Comment est-ce que tu as décidé de travailler avec lui ?
J’étais pas mal préoccupé par le son de la batterie, donc j’ai cherché un son de batterie qui me plaisait vraiment. J’ai pensé à celui de l’album Kvelertak que je trouve excellent, et j’ai regardé qui avait fait la production : c’était Kurt Ballou. Nous nous sommes rencontrés de manière absolument pas romantique : je lui ai envoyé un mail, et il m’a répondu qu’il était d’accord, c’est tout [rires].
Comment s’est passé votre collaboration ?
Il s’est occupé du mixage, c’est tout. C’est Zebo Adam et moi-même qui nous sommes occupé de l’enregistrement, à Vienne. Après, nous le lui avons envoyé, puis nous avons échangé des retours. Voilà comment nous nous y sommes pris. Il n’a pas été impliqué dans le processus créatif du tout.
Devil Is Fine a été très rapidement coopté en quelque sorte par la scène metal. Qu’est-ce que tu en as pensé ? Et pourquoi à ton avis c’est cette scène qui a réagi à ta musique le plus rapidement, quand bien même sa variété fait qu’elle aurait pu parler à beaucoup d’autres ?
Je ne sais pas du tout ! Je crois que la scène metal est toujours assoiffée de nouveauté. À mon avis, c’est pour ça que des choses comme Babymetal ou Ghost – ou, dans un genre complètement différent, Gojira – génèrent tant d’attention : ils font quelque chose de nouveau. Les gens sont attirés par ça.
Stranger Fruit est plus metal que l’album précédent. Est-ce que c’est un choix délibéré ? Est-ce que c’est dû à ton succès dans la scène metal, qui peut-être du coup a pu nourrir ta créativité ?
Oui, c’est un peu tout ça. Nous avons beaucoup joué live, et en jouant plus, tu apprends à jouer un peu plus fort, et je suis sûr que ça m’a influencé. Je crois aussi que la production tout simplement a beaucoup à voir là-dedans : Kurt Ballou au mixage, ça rendrait n’importe quoi metal, que tu le veuilles ou non [rires]. Ça a été un facteur très important.
Qu’est-ce qui te plaît dans le metal, et comment aimes-tu l’utiliser ?
Je crois que ce que j’aime dans le metal, c’est qu’il y a quelque chose de très émotionnel dans cette musique, aucun compromis dans le message, c’est toujours très gros, très bruyant. À partir de ce moment-là, ça peut soit fonctionner contre toi ou être une sorte de vent dans ton dos qui te pousse en avant.
« La plupart des chansons peuvent être lues à la fois comme des histoires d’esclaves mais aussi comme des choses qui peuvent se dérouler de nos jours, et je crois que le simple fait qu’il ne soit pas toujours évident de trancher entre les deux en dit long. »
Dans ta manière de toujours rester frais et novateur, d’une certaine manière, tu es très conforme aux principes de base du metal, notamment du black metal, qui s’est toujours voulu non-conformiste, iconoclaste, et donc pas conservateur – peut-être même plus que pas mal de groupes « trve » actuels, d’ailleurs… Qu’est-ce que tu en penses ?
Oui, je crois que c’est l’un des paradoxes du black metal : à l’origine, c’était de l’expression pure et sans compromis, de l’expérimentation, et maintenant il y a tant de règles sur ce qu’il faut faire et ne pas faire que ça pourrait remplir un livre entier [rires] ! Philosophiquement, ça ne semble pas black metal du tout. Donc d’une certaine manière, oui, c’est vrai, mais d’une autre… Non, quand même pas [rires].
Entre les deux albums, est-ce que tu as approfondi ton idée, ton approche dans ta manière de mélanger black metal et spirituals ?
Oui. Je ne pense pas avoir encore découvert la formule parfaite, j’ai toujours l’impression que c’est une expérience. J’ai essayé d’y incorporer des éléments plus variés comme des passages plus soul ou du thrash pour que les choses restent intéressantes.
Comment travailles-tu les dynamiques entre tous les styles que tu utilises ?
En tâtonnant, en faisant des expériences. Quatre-vingt-dix pour cent des choses que j’ai essayées ne m’ont pas paru bien. En gros, je créé une collision entre deux éléments, et ensuite je vois si ça fonctionne [rires]. Il n’y a rien de magique là-dedans !
Stranger Fruit est de manière assez flagrante une allusion à « Strange Fruit » de Billie Holiday. Quelle influence cette chanson a-t-elle eu sur l’album ?
En effet, c’est une référence à cette chanson. Je voulais étendre cette idée de « strange fruit » au climat politique actuel je crois, parce que s’il n’y a plus de ségrégation ou d’apartheid, il y une autre sorte d’injustice, et si les fruits ne pendent plus des arbres désormais, ils sont étendus, morts, avec des impacts de balles dans leur corps. Je crois que c’est cette idée-là que je voulais suggérer.
C’est intéressant parce que quand bien même la démarche d’associer une certaine histoire (la période de l’esclavage aux États-Unis) avec un certain style musical (le black metal) peut presque avoir une charge politique en soi, tu t’en défendais à l’époque de Devil Is Fine. Ton point de vue sur la question a évolué ?
Le premier album n’était pas chargé politiquement du tout, mais il m’a semblé que sur ce second, ç’aurait été vraiment désinvolte de ma part de ne pas faire allusion du tout à ce qu’il se passe en ce moment. C’est pour cela que j’ai décidé de le faire. La plupart des chansons peuvent être lues à la fois comme des histoires d’esclaves mais aussi comme des choses qui peuvent se dérouler de nos jours, et je crois que le simple fait qu’il ne soit pas toujours évident de trancher entre les deux en dit long. C’est ça qui m’a semblé intéressant.
Les deux premiers clips que vous avez sortis semblent aussi assez narratifs, et racontent une même histoire. Est-ce que c’est la même que celle qu’on trouve dans les chansons ?
Pour moi, tout cela est cohérent, mais ce n’est pas vraiment une histoire narrative pour autant, plutôt des séries d’images et de phrases. Le souci avec les clips c’est que nous en avions prévu plus, mais il se trouve qu’ils nous coûtent vraiment très cher à réaliser [rires], donc il va falloir que nous fassions attention à notre budget pour terminer l’histoire. Mais je ne veux pas faire de spoiler pour le moment, si ça ne t’embête pas.
Les titres et les paroles des chansons de Stranger Fruit évoquent beaucoup de traditions ésotériques, du tarot à l’alchimie, et la religion yoruba par exemple. Qu’est-ce qui t’inspire dans toutes ces choses ?
Je crois que ce qui me fascine dans l’occultisme, c’est que c’est comme un véritable univers parallèle. C’est comme la fiction, tu peux complètement t’y immerger voire t’y perdre. Il y a beaucoup de sagesse ésotérique dans l’album qui se traduit très bien par le paradoxe de ces styles qui se confrontent, je trouve. Tout ça me fascine, je ne saurais pas dire pourquoi.
« Je crois que le credo de l’album, c’est ça : aller un peu plus loin dans les extrêmes, que ce soit du côté de la pop ou du metal, des hurlements ou des passages plus doux. »
Tu travailles la musique et ensuite y ajoute le concept, les références etc., ou est-ce qu’à l’inverse c’est le concept qui inspire la musique ?
Ça dépend de la chanson. J’aime bien varier, partir d’un élément musical, des paroles ou même d’un rythme et puis ensuite travailler à partir de ça. Il n’y a pas de processus figé, tout se fait de manière assez naturelle.
Tu as déclaré : « Ces chansons ont délibérément été conçues pour se répondre autant musicalement qu’au niveau des paroles. » Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Je crois qu’il y a une sorte d’intrigue tout au long de Stranger Fruit, et pour moi c’était très important qu’on puisse écouter l’album d’une traite sans avoir les oreilles qui saignent. J’ai donc arrangé les chansons dans un ordre le plus digeste possible. En ce qui concerne les paroles, je ne veux pas en dire trop mais il y a des éléments récurrents qui se font écho de façon intéressante…
Certaines chansons semblent être des interludes. C’est intentionnel ?
Oui, et ce pour deux raisons : d’abord, parce qu’après une chanson ou un passage plus doux, un passage agressif aura plus d’effet, et ensuite pour faire que l’album soit écoutable en une seule fois. Un interlude après trois chansons agressives, ça fait des vacances à tes oreilles. Ensuite, tu es près à te faire malmener à nouveau [rires].
Stranger Fruits est toujours composé de chansons courtes mais il est presque deux fois plus long que Devil Is Fine. Pourquoi ?
Il était important à mes yeux de surpasser le premier album : tout d’abord que Stanger Fruit soit plus long, que le mixage soit meilleur, et que les instruments soient mieux joués. En ce qui me concerne, j’écris des chansons courtes parce qu’une fois que j’ai dit ce que j’avais à dire, je n’ai aucune raison de la prolonger. Peut-être que ce n’est qu’un alibi, je ne sais pas. Personnellement, je trouve que ce format de chansons courtes est plus intéressant.
Elles ont le format de chansons pop : courtes, accrocheuses, avec des refrains entraînants, etc. Est-ce que c’est comme ça que tu vois Zeal And Ardor, finalement, bien que ce soit un projet souvent qualifié d’avant-gardiste ou d’expérimental ? Après tout, avec tes autres projets comme Birdmask, c’est plutôt de la pop que tu joues…
Oui, je ne peux pas nier que j’aime beaucoup la pop et que c’est de là que je viens, tu as tout à fait raison. Peut-être que c’est pour ça que j’écris des chansons courtes en effet. Je n’y ai jamais vraiment activement réfléchi, c’est juste ce qui me semble bien spontanément. Ce n’est pas comme si le label me disait : « Tu ne peux pas faire des chansons trop longues parce qu’il faut qu’elles puissent passer à la radio », parce que je ne crois pas que beaucoup de radios les passeraient de toute façon [rires].
On parle beaucoup de tes compositions, mais tu es aussi un chanteur impressionnant : sur cet album notamment, tu développes un spectre très large qui va de moments très soul à des hurlements metal vraiment intenses. Est-ce que c’est quelque chose que tu as travaillé en particulier ?
Oui, je crois… Avec tous ces concerts, j’ai pu expérimenter pas mal de techniques vocales – d’ailleurs, je m’excuse auprès du public qui a dû assister à ça [rires] –, j’ai pu explorer mes limites et des choses plus ou moins extrêmes. Je crois que le credo de l’album, c’est ça : aller un peu plus loin dans les extrêmes, que ce soit du côté de la pop ou du metal, des hurlements ou des passages plus doux. Je voulais avoir un spectre très large.
Pour finir, est-ce que ça pourrait être pertinent de prendre le titre de l’album de manière très littérale, comme parlant de fruits bizarres par opposition à des fruits normaux et donc comme une sorte d’ode à l’étrangeté ?
Euh… Je n’y ai jamais réfléchi de manière aussi littérale [rires], mais c’est plutôt bien vu ! Le pouvoir aux tordus, aux gens étranges ! Nous sommes les bananes bizarres [rires] !
Interview réalisée par téléphone le 3 mai 2018 par Chloé Perrin.
Transcription & traduction : Chloé Perrin.
Photos : Mehdi Benkler (1) & Matthias Willi (2, 4 & 5)
Site officiel de Zeal And Ardor : www.zealandardor.com.
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