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Chronique Focus   

Evergrey – A Heartless Portrait (The Orphean Testament)


Après la période agitée de 2010 à 2014, Evergrey semble plus revivifié que jamais : après sa trilogie d’albums ayant rythmé les années 2014 à 2019, il n’aura laissé qu’un an s’écouler depuis le très bon Escape Of The Phoenix, sorti en février de l’année dernière. Le groupe saisit la période d’inactivité scénique due à la pandémie comme une occasion inédite de se relancer immédiatement dans l’écriture et la signature avec une nouvelle maison de disques, Napalm Records, acte l’ouverture d’un nouveau chapitre placé sous le signe d’une créativité prolifique.

Preuve en est ce treizième album qui présente une tonalité propre, malgré son écriture dans la foulée de celle d’Escape Of The Phoenix. Le côté direct de ce dernier ne semble pas histoire ancienne tandis que la première minute de « Save Us » entre dans le vif du sujet par des saccades de riffs acérés et un chant lead et un chœur offensifs, mais la voix de Tom S. Englund rappelle bientôt toute sa force poignante sur un refrain déjà d’anthologie. Suivant une cadence uptempo, les harmonies vocales et des claviers cristallins y opèrent une poignante montée émotionnelle. Les impeccables parties de guitare – dont un intéressant dialogue de soli entre Tom S. Englund et Henrik Danhage – profitent d’une production aussi précise que puissante qui magnifie cette exaltante entrée en matière. « Midwinter Calls » poursuit dans la même direction en ajoutant à la double pédale toujours en action et au chant aiguisé d’Englund des chœurs aux accents fédérateurs. L’album s’ouvre ainsi sur deux morceaux directs et déterminés qui bénéficient d’un apport inédit et original, celui de centaines de fans qui ont prêté leur voix – par le biais d’une captation individuelle sur le premier et de celle d’un public live sur le deuxième. Habilement utilisés, ces enregistrements amplifient à merveille l’intensité des deux compositions.

Il faut attendre « Ominous » pour retrouver un Evergrey plus prog. L’infinie sensibilité vocale de Tom S. Englund (troublée par quelques effets robotiques), un solo de guitare stratosphérique et la technicité tout en breaks du jeu de Jonas Ekdahl le propulsent dans de captivantes dimensions. Comme toujours chez Evergrey, sensibilités musicale et textuelle vont de pair, et c’est son expérience intime et douloureuse que le chanteur expose, d’enfant harcelé et d’adulte qui continue à en subir les effets. La thématique de l’individu rejeté ou naturellement solitaire parce qu’intrinsèquement différent se poursuit dans « Call Out The Dark », développée sous un autre angle, celui du refuge que constituent les ténèbres pour un tel individu. Rien de plus adéquat qu’une vibrante pièce de power metal mélodique comme Evergrey en a le secret pour porter haut l’orgueilleuse singularité des écorchés vifs. Le morceau éponyme « The Orphean Testament », par son entremêlement de styles, rappelle que les Suédois ont toujours tiré de différents registres la substance sombre et intense de leur identité musicale. Vif et mordant dans sa première partie, porté par des riffs incisifs, une section rythmique carrée et de rudes lignes de chant, il s’alourdit peu à peu pour verser dans une teneur quasi doom, sans renoncer à déployer, par des soli entrelacés de synthé et de guitare, d’amples mouvements dramatiques.

Un des plus beaux morceaux de l’album, « The Great Unwashed » offre un de ces grands moments, dont Evergrey détient toujours la science, d’un metal progressif mais énergique, accrocheur mais subtil, puissant mais délicatement ciselé, imprégné de mélancolie et pourtant stimulant. « Blindfolded », morceau très musculeux, au riffing massif, agrémenté de soli démonstratifs qui ne comptent pas parmi les plus convaincants que le groupe ait produits, constitue peut-être le seul temps plus faible de l’album. Celui-ci s’achève sur la ballade douce-amère « Wildfires » – et son solo de basse fretless final – dans laquelle, aussi sincère dans son interprétation que dans ses textes, Tom S. Englund s’affirme une nouvelle fois comme un fin analyste de la psyché humaine, de ses propres égarements et de ceux de notre époque.

Disque après disque, le nom d’Evergrey est peu à peu devenu une garantie de bel ouvrage, le label qualité du power metal progressif et mélodique, et ce treizième opus ne fait pas exception, surpassant même en inventivité et en subtilité son prédécesseur, qui fut le plus grand succès commercial des Suédois à ce jour.

Clip vidéo de la chanson « Blindfolded » :

Clip vidéo de la chanson « Midwinter Calls » :

Clip vidéo de la chanson « Save Us » :

Album A Heartless Portrait (The Orphean Testament), sortie le 20 mai 2022 via Napalm Records. Disponible à l’achat ici



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