« Nous sommes d’humeur joyeuse ! » nous disent Tom S. Englund et Johan Niemann, respectivement chanteur-guitariste-leader et bassiste d’Evergrey, avant de débuter notre entretien qui suit. Alors qu’est-ce que cela doit être lorsqu’ils sont d’humeur morose ! A parler de « maladie », de « stress », de « lutte intérieure », de perte d’« espoir ou de volonté et d’inspiration pour faire quoi que ce soit, excepté rester assis dans un canapé », de « santé mentale au bord de la rupture »… On ne peut pas dire que la joie soit dans ces mots qui décrivent le contenu introspectif de l’oeuvre d’Evergrey et en particulier son nouvel album Hymns For The Broken.
Mais c’est un peu les charrier que de ne retenir que ça de notre échange et de leurs personnalités pleines de sympathie, notamment lorsqu’ils racontent les retrouvailles avec le batteur Jonas Ekdahl et le guitariste Henrik Danhage, l’espoir que celles-ci ont suscité, la force retrouvée du groupe et aussi l’expérience qu’a constitué le fait de tourner un clip vidéo du haut d’une structure de plusieurs centaines de mètres, en particulier lorsque l’on souffre de vertige… Sans compter l’expérience relatée d’un concert de Sting qui prêtera sans doute à débat.
« Je ne comprenais pas ça dix ans en arrière. Je ne comprenais pas que j’étais en train d’écrire à propos de moi. »
Radio Metal : Nous savons que Hannes Van Dahl a quitté le groupe pour rejoindre Sabaton à plein temps. Mais les raisons pour le départ de Marcus Jidell restent encore floues. Nous lui avions même parlé en novembre dernier, et il semblait attendre de travailler sur le prochain album d’Evergrey… Que s’est-il donc passé avec lui ?
Tom S. Englund (chant-guitare) : En toute franchise, nous ne savons pas vraiment ! Il est arrivé un moment où il n’a pas voulu réserver son vol pour aller à un endroit où nous devions nous rendre. Il devait faire la réservation lui-même et il ne pouvait pas le faire, il ne pouvait pas y aller. Alors il n’est pas venu. Et nous nous sommes dits que c’était fini. [Rires] Pour moi, ça m’a donné l’impression qu’il voulait quitter le groupe. Je ne sais pas.
Il nous avait d’ailleurs parlé de son amour pour l’improvisation alors qu’ « Evergrey est très structuré. » Il nous a même parlé de son espoir de trouver le moyen d’improviser davantage, tout en gardant le style d’écriture d’Evergrey. Donc, est-ce que ceci aurait aussi pu être source de désaccord ?
Je ne sais pas. Je veux dire que nous n’avons écrit qu’un album avec lui, donc… Je ne l’ai pas entendu parler de ça, en fait.
Apparemment, il n’y a pas longtemps, Evergrey était presque mort, tu étais sur le point de tout arrêter. Peux-tu nous en dire plus ?
Comme tu l’as dit, lorsque Hannes a eu une offre de Sabaton. Il m’a appelé et il était dévasté, car nous étions les meilleurs amis et il ne voulait pas nous quitter. Mais je lui ai dit : « Bien sûr, tu dois le faire. Tu as 23 ans et tu dois tourner à travers le monde comme nous l’avons fait pendant vingt ans. » Nous pensions à l’époque que c’était une meilleure opportunité pour lui, pour avancer et faire quelque chose, car il voulait pouvoir jouer chaque jour. Donc de manière à être juste avec lui, il était préférable de lui dire qu’il devait le faire. Nous avions deux concerts de planifiés et Hannes ne pouvais pas les honorer, car il avait lui-même des concerts avec Sabaton, et Markus ne voulait pas acheter ses billets d’avion, il ne restait donc que moi, Rikard et Johan. Nous nous sommes dits : « Que diable pouvons nous bien faire ?! » Il fallait que nous honorions ces concerts car nous y étions obligés contractuellement. Nous avons donc fait appel à Henrik et Jonas. Ils sont intervenus en tant que musiciens de session. Après que nous ayons fait ceci, nous avions le sentiment que : « Ok, peut-être est-ce le moment d’arrêter Evergrey. » Car, tu sais, nous ne voulions pas faire les démarches pour rechercher un autre batteur et un autre guitariste. Ça commençait à devenir vraiment pathétique. Mais, à côté de ça, nous avons eu un bon feeling avec les anciens gars dans le groupe, donc après un long moment de réflexions et considérations mutuelles, et par respect pour Evergrey, nous avons conclu que nous devions essayer cette option pour un autre tour de piste.
Tu as été cité affirmant que « le retour des gars a sauvé Evergrey. » Le fait qu’ils faisaient déjà partie de la famille Evergrey était-il décisif ?
Ouais, comme je l’ai dit, je n’aurais jamais été chercher d’autres musiciens. Tu aurais pu m’envoyer n’importe quel batteur au monde, je n’aurais accepté personne d’autre en dehors de Jonas et de Henrik, car autrement, autant créer un autre groupe. Donc ouais, c’était très décisif et extrêmement important pour que nous continuions.
Les deux avaient quitté le groupe en 2010 parce que vous n’appréciiez plus le fait d’être ensemble dans un groupe et pour préserver votre amitié. Qu’est-ce qui a donc changé pour que ces problèmes se règlent ? Qu’est-ce qui empêcherait qu’une situation similaire se reproduise ?
Je me suis posé avec Jonas et je lui ai dit tout ce que je ressentais à propos de comment il était durant les dix années que nous avons passé à jouer ensemble. Absolument tout. Et il en a fait de même. C’est une discussion qui a duré quatre heures, et c’était très dur d’entendre certaines vérités me concernant, et de même pour lui. Mais ça a fait un putain de bien et ça nous a soulagé. Et nous avons fait la même chose moi et Henrik. Nous ne sommes pas en train de dire que nous n’aurons plus jamais de problèmes. Mais nous avons aussi quatre ans de plus, ça veut dire quatre années à devenir plus intelligents et plus matures, et, avec un peu de chance, nous nous respecterons davantage les uns les autres. Aussi, il faut savoir qu’on ne se rend compte qu’après coup de ce à quoi on a dit au revoir. Nous nous manquions en tant qu’amis et musiciens. Pour nous, c’est incroyable de pouvoir jouer à nouveau ensemble. C’est quelque chose de presque surréaliste.
Johan, tu as rejoint le groupe lorsqu’ils l’ont quitté, comment t’es-tu donc senti avec eux ?
Johan Niemann (basse) : Ouais, j’étais très excité. Bien sûr, je n’avais jamais joué ni avec l’un, ni avec l’autre avant ça mais je connaissais Henrik d’une tournée que nous avons faite ensemble avec des groupes différents. J’étais donc très excité à l’idée de jouer avec Henrik, car j’aime vraiment son jeu de guitare. Et ce sont des mecs super drôles, tu sais ! Il y a une bonne atmosphère en ce moment dans le groupe, c’est très positif. Nous nous amusons énormément et nous sommes très excités à l’idée de partir jouer en soutien de cet album.
Comment leur retour a-t-il impacté le nouvel album et la musique ?
Ça a immensément impacté le nouvel album.
Tom : A cent pour cent.
Johan : Pas seulement en tant que musiciens, mais aussi en tant que compositeurs. Jonas a écrit beaucoup de choses et Henrik a également contribué. Il ont pour sûr mis leur patte sur tout l’ensemble.
Tom : Non seulement ça, mais aussi lorsque nous avons décidé des onze chansons que nous devions faire, moi, Johan et Jonas avons joué chaque parcelle de chaque transition de chaque chanson, et nous nous sommes posés pour chaque chanson et avons tout passé en revue, nous avons débattu sur tout, depuis le son jusqu’aux suites d’accords, l’ambiance des chansons en général, etc. C’est donc à cent pour cent le résultat d’un travail de groupe, et c’est bien la première fois qu’une telle chose s’est produite dans l’histoire d’Evergrey.
Tu as déclaré que tu ne t’étais jamais « senti aussi proche de la musique » que tu l’es de Hymns For The Broken. Qu’est-ce qui te donne ce sentiment ? Comment l’expliques-tu ?
Eh bien, parce que l’histoire parle de moi, de ma transition durant les six dernières années et de la « maladie », pour ainsi dire, qui m’a atteint et du fait d’essayer de sortir du stress qui m’a amené au stade où il n’y avait plus d’espoir ou de volonté et d’inspiration pour faire quoi que ce soit, excepté rester assis dans un canapé.
Mais Glorious Burden parlait également de toi…
Chaque album est un peu à mon sujet. [Ricane] Je me rends compte qu’au cours de ces dernières années, j’écrivais sur la base d’un dialogue interne, si tu veux, mais j’y ajoutais aussi une fiction, comme pour In Search Of Truth et autre, pour faire en sorte que ça ne parle pas directement de moi. Mais je veux dire que cette histoire peut aussi se transposer à toutes sortes de circonstances à travers le monde aujourd’hui, comme ce qui se passe en Syrie ou en Ukraine. Je pense que dans n’importe quel pays ou situation où tu te retrouves malchanceux, tu peux trouver de la force, un soulagement ou un réconfort dans ces chansons.
Mais qu’est-ce qui fait la différence cette fois-ci ? Qu’est-ce qui te rapproches plus encore de cette musique par rapport aux albums précédents ?
Cette fois-ci ma santé mentale était vraiment au bord de la rupture. Je suppose que c’est… Je pense que je veux m’échapper, vraiment. Et c’est aussi souvent de quoi parlent les chansons. Tu as ce mécanisme psychologique en toi qui te dit que tu dois t’enfuir. Pour les personnes qui sont très stressées, comme je l’ai été, ce mécanisme fonctionne à plein régime, en permanence. Tu ressens donc le fait de ne jamais pouvoir te poser et te relaxer ou apprécier quoi que ce soit, vraiment. Après quelques années, seize dans mon cas, ça finit par déborder !
« Je pense qu’il est nécessaire d’échouer et d’être déçu pour pouvoir, par contraste, apprécier d’autres choses. »
Comme tu l’as dit, tes albums sont toujours très intimes, donc comment les autres se sentent par rapport à ça ? Comment toi, Johan, tu te sens à jouer ces chansons qui sont très personnelles pour Tom ?
Johan : Ouais elles sont très personnelles pour Tom, évidemment, mais c’est écrit d’une telle manière que ça devient un thème assez universel, cette lutte intérieure ou le fait d’essayer de sortir la tête de l’eau. Je pense que la plupart des gens peuvent se retrouver dans ces thèmes. Et toute cette analogie avec la guerre et le champ de bataille, tu peux l’appliquer à n’importe quoi, à une guerre physique autant que mentale.
Des chansons comme « A New Dawn », « Wake A Change » ou « The Aftermath » renvoient toutes à une idée de changement. Est-ce un thème général pour l’album ? Est-ce quelque chose que tu ressens actuellement, Tom ?
Tom : La première chanson est « King Of Errors », ça parle donc, en quelque sorte, de se rendre compte que tu traverses la vie en essayant de te dépeindre comme étant aussi bon que possible, mais au fond de ton être, il y a énormément de doutes et une sensation d’insécurité, et donc un désir ardent de trouver une nouvelle manière de vivre ou une nouvelle identité s’éveille. Tu sais, ce désir de voir apparaître une nouvelle aurore (NDT : « A New Dawn »), en l’occurrence. Et lorsque tu t’es rendu compte de ça, tu cherches à aller quelque part, il est temps pour réveiller un changement (NDT : « Wake A Change »). Donc oui, la thématique conceptuelle, c’est cette chose qui évolue de façon continue à travers toute cette transition, depuis le point de départ où tu as une identité qui ne te satisfait pas ou où tu te retrouves dans une certaine position dans le monde, vivant des choses auxquelles tu ne veux plus avoir à faire, tu ne sais pas quoi faire, tu sais juste que tu veux quitter cette situation. Bien sûr, ensuite tu traverses différentes batailles en toi. Tu en gagnes, tu en perds. Tu fais tomber certaines limites et barrières. Tu goûtes à une nouvelle liberté, comme dans « Black Undertow », mais ensuite, cette liberté t’effraie tellement que ça te donne la sensation d’être tiré vers le bas. L’histoire se poursuit donc et « The Grand Collapse » est là où la véritable rupture se produit, mais c’est aussi une renaissance pour atteindre quelque chose de nouveau.
Il y avait une chanson sur The Glorious Burden qui s’intitulait « Wrong » et qui était à propos de toi qui avait tort de penser pendant tant d’années que tu avais raison… Il semble donc y avoir un lien avec la chanson « King Of Errors »…
Absolument ! Il y a beaucoup de chansons, si tu regardes même plus loin dans l’histoire d’Evergrey, qui sont similaires, comme « Faith Restored » par exemple. Mais, je veux dire que chaque chanson parle de ça : « Solitude Within », rien que le titre de notre second album… Mais je ne comprenais pas ça dix ans en arrière. Je ne comprenais pas que j’étais en train d’écrire à propos de moi. C’était un peu comme un journal intime thérapeutique.
Et puisque tu écris si souvent à propos de tes erreurs et du fait d’avoir tord, dirais-tu que tu n’apprends jamais ?
Absolument ! Je pense que tu ne deviendras jamais une personne accomplie qui connaît et maîtrise tout. Je crois que c’est ce que nous recherchons en permanence mais c’est une tâche impossible à assouvir. D’un autre côté, je ne pense pas non plus que cela soit nécessaire. Je pense qu’il est nécessaire d’échouer et d’être déçu pour pouvoir, par contraste, apprécier d’autres choses.
La musique d’Evergrey semble toujours déchirée entre la clarté et l’obscurité, la rage et la mélancolie. Es-tu toi-même toujours déchiré par ces sentiments ?
Oui. Réponse courte : oui !
Votre musique a souvent parlé des épreuves humaines. A quel point as-tu toi-même vécu cette lutte dans ta vie, en dehors du groupe ?
Lorsque tu es jeune et que tu grandis, c’est là où se mettent en place les réactions internes que tu auras pour le reste de ta vie. Donc oui, j’ai traversé des épreuves personnelles… Mais je ne suis pas en train de dire que j’ai traversé plus d’épreuves personnelles que l’homme moyen, mais j’ai eu mon lot de merdes qui m’ont affecté profondément durant ma vie et qui continue, en quelque sorte, à activer des fonctions et mécanismes en moi, et ce sera toujours là, tu sais. J’écris à propos de ça aussi pour parler aux gens… Il y a tellement de personnes dans le monde aujourd’hui qui se sentent comme des merdes, qui se sentent comme moi parfois. Peut-être que mon but dans la vie – le but de tout le monde dans le vie, est de partager nos histoires de manière à ce que d’autres gens, peut-être, se débarrassent de leur fardeau, ou au moins sachent que d’autres ont vécu la même expérience.
Vous avez réalisé un clip vidéo pour la chanson « King Of Errors » où vous jouez tout en haut d’une structure dans le port de Göteborg. N’était-ce pas effrayant de jouer tout là-haut ?
Tom et Johan ensemble : Oui ! [Rires]
Johan : C’était extrêmement effrayant de se retrouver là-haut ! J’ai une phobie des hauteurs, c’était une expérience très intense. Ça a pris un moment pour ne serait-ce qu’être capable de respirer normalement là en haut. Mais quand bien même, de temps en temps j’étais là [avec une voix effrayée] : « Oh ! Nom de Dieu ! Nous allons tous mourir ! » [Rires] Ouais, c’était vraiment effrayant.
Tom : C’était horrible. Horrible ! C’est haut de plusieurs centaines de mètres et les barrières autour de nous étaient très basses et nous étions là : « Wow ! » J’en ai la chair de poule rien que d’y penser !
Comment êtes-vous montés avec tout le matériel ?
Nous avons pris l’avion… Non, il y avait un ascenseur dans l’un des piliers [rires]. Mais il était très petit, et du coup, l’une des grosses caisses ne rentrait pas ! [Éclate de rire] Un malheureux type a donc dû la transporter à pied !
Le visionnage de la vidéo donne une sensation de vertige. Est-ce un sentiment que l’on peut relier à ce dont tu parles dans la chanson ou dans l’album ?
Je pense que la seule métaphore que j’ai pour le fait d’être là-haut, c’est que nous sommes sur les hauteurs du monde, d’une certaine manière, nous sommes des rois, les rois des erreurs… [NDT : « King Of Errors »] En fait nous avions déjà envisagé de faire une vidéo tout là-haut il y a huit ans, pour l’album Monday Morning, je crois, ou bien était-ce Torn, je ne m’en souviens plus. Mais nous n’avions pas obtenu l’autorisation. Nous avons obtenu l’autorisation aujourd’hui, le timing était donc parfait.
« J’ai été voir un concert de Sting il y a à peu près un an, et il a joué la chanson « Fragile » et il l’a joué dans une putain de version bossa nova ! [Rires] Je voulais grimper là-haut et lui arracher sa putain de tête à ce con ! »
L’album met en évidence un grand travail d’arrangement et de nouveaux sons de clavier, presque industriels comme dans « Barricade », et on peut entendre des enfants chanter sur « The Fire ». Vous êtes-vous particulièrement concentrés sur les arrangements et le fait d’essayer d’avoir des sons nouveaux et frais ?
Je pense que chaque chanson réclame quelque chose. Ce n’est pas comme si nous décidions en avance : « Ok, cette chanson aura un chœur d’enfants ou un son hélicoptère ou peu importe. » Nous prêtons attention à chacune des chansons… C’est comme les solos de guitare, tu sais. Il n’y aura pas de solo de guitare s’il n’y en a pas la place. Mais nous étions très méticuleux sur les détails. J’estime que c’est ce qui fait un grand album : les détails.
Apparemment vous recherchiez plus de spontanéité cette fois-ci. Avez-vous ressenti un besoin de changement dans la confection des chansons ?
Johan : Je ne sais pas, nous voulions marquer quelques différences, au moins. Par exemple, nous voulions enregistrer la batterie et la basse live dans le studio. Donc ceci pourrait bien être l’une des choses qui ont apporté un côté spontané qui ne se produit que lorsque l’on joue ensemble, au lieu de rester assis et de remplacer tout ce que tu as fait. Donc, oui, ça rajoute évidemment beaucoup d’énergie à l’album.
J’ai mentionné l’improvisation un peu plus tôt. Quel est en fait votre relation avec l’improvisation ? Y a-t-il de la place pour ceci dans Evergrey ?
Tom : Dans le processus d’écriture, évidemment. Autrement, comment ferions-nous pour arriver à quelque chose ? [Rires]
Johan : Pour ce qui est du fait de jouer les chansons lorsqu’elles ont été écrites et enregistrées, lorsque je vais voir un groupe que j’adore, je veux entendre les chansons telles qu’elles ont été écrites et enregistrées. Lorsque je vais voir Iron Maiden, je veux entendre les solos d’Adrian Smith tels qu’ils sont sur les albums. Mais ça c’est moi, à titre personnel.
Tom : J’ai été voir un concert de Sting il y a à peu près un an, et il a joué la chanson « Fragile » et il l’a joué dans une putain de version bossa nova ! [Rires] Je voulais grimper là-haut et lui arracher sa putain de tête à ce con ! Tu ne joues pas cette putain de chanson dans une version bossa nova ! Ou alors tu aurais dû la composer comme ça !
Johan : Ouais… [Rires]
Tom : Bordel de Dieu… Tu ne peux pas t’ennuyer au point d’avoir besoin d’altérer les chansons de cette manière, je trouve. Car tu dois toujours avoir en tête que les chansons ont un impact important sur les gens, ça fait remonter des souvenirs et des sentiments aux gens. Donc si tu ne les fait pas comme… Je veux dire que dans le fait de jouer en concert, si tu es un bon groupe de live, tu auras de toute façon des moments d’improvisations qui seront dans le périmètre de la chanson.
Les chansons sont plus longues et paraissent plus épiques que celles des albums précédents, particulièrement les deux dernières chansons, est-ce un résultat direct de ce processus ? D’où provient ce côté épique ?
Ouais, tu soulèves un bon point. La seule chose que nous ayons décidé pour cet album, c’est de ne pas essayer de réduire les choses pour en faire des chansons de quatre minutes pour pouvoir les passer à la radio. Le premier clip vidéo fait sept minutes et vingt secondes, et c’est la toute première fois où nous avons eu un tel succès en une semaine ! Peut-être donc que les gens sont plus d’humeur pour l’étrangeté, la spontanéité et le côté épique désormais… Je ne sais pas. Pour notre part, nous l’étions et le sommes toujours. Nous avons simplement écrit la musique et lorsque nous avions le sentiment qu’il était temps de terminer la chanson, nous terminions la chanson.
Cela veut-il dire que vous avez déjà raccourcis des chansons par le passé dans l’optique de les faire jouer en radio ?
Tu essaies toujours de modifier les choses de manière à… Bon, l’un des plus gros avantages si tu as des chansons plus courtes, c’est lorsque tu te retrouves en première partie : tu peux jouer huit chansons de quatre minutes alors que tu ne peux pas jouer cinq chansons de sept minutes. Donc, lorsque nous avons écrit Recreation Day, nous avions décidé que nous devions composer pour le live. Idem pour Monday Morning Apocalypse : « Essayons d’écrire en vu des concerts. » Cette fois-ci nous avons dit : « Rien à foutre ! Voyons ce que nous pouvons faire et ensuite nous prendrons en considération l’environnement live lorsque ce sera le moment pour ça. »
C’est marrant parce qu’en écoutant l’album, lorsque « The Grand Collapse » s’est terminé, j’ai pensé que c’était la fin de l’album. Et donc « The Aftermath » donnait presque l’impression d’une seconde fin. Est-ce le sentiment que vous vouliez transmettre ?
On voulait transmettre une très longue fin avec « The Grand Collapse » car c’est une chanson très intense, et aussi du point de vue des paroles, c’est l’écroulement total de l’esprit : c’est là où tu te rends compte que toutes tes pensées se contredisent et que ce que tu es aujourd’hui se contredit avec le passé. Donc oui, nous voulions avoir une longue fin qui donnait l’impression d’être la fin de l’album. Mais ensuite nous avons voulu avoir « The Aftermath », car je pense qu’elle donne de l’espoir. Ce n’est pas un grand rayon de soleil, ce n’est pas genre des enfants joyeux qui courent partout, mais elle amène de l’espoir, je suppose.
Je ne me souviens pas avoir entendu sa femme Carina chanter sur cet album…
Elle est sur les pistes additionnelles de l’édition limitée !
Ah, ok, les version piano des chansons ?
Oui !
C’était en fait ma question suivante : vous avez donc ces versions au piano sur l’édition limitée, et je sais que vous aviez fait une tournée acoustique à l’époque de Recreation Day. Avez-vous donc déjà songé à faire tout un album acoustique ?
Oui ! Tellement de fois ! Tellement, tellement de fois et je pense que ça se concrétisera d’ici deux ans.
Interview téléphonique réalisée le 24 août 2014 par Spaceman.
Retranscription, traduction et introduction : Spaceman.
Site internet officiel d’Evergrey : Evergrey.net
L’album d’avant c’est Glorious Collision
vous confondez avec un album d’Iced Earth – The Glorious Burden –
sinon super ITW 😉