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Chronique   

Extreme – Six


Suivre Extreme est une épreuve de patience. Depuis la création du groupe emmené par le virtuose de la six-cordes Nuno Bettencourt en 1985, ce dernier n’a réalisé « que » six opus. Treize années ont séparé Waiting For The Punchlines (1995) et Saudades de Rock (2008) et c’est au terme de quinze années d’attente que leur dernier effort, Six, voit le jour. Des durées qui s’expliquent en partie par l’emploi du temps des membres, la rançon inévitable lorsqu’on est guitariste pour Rihanna. Surtout, Extreme sait se faire désirer mais aussi surprendre. Il ne réalise jamais vraiment le même opus et met un point d’honneur à naviguer entre différents styles. Six ne fait pas exception à la règle et promet quelques grands écarts, avec en prime le rappel que la guitare peut encore faire rêver.

Six peut aisément évoquer la place de l’album dans la discographie ou encore la vénération pour la six-cordes. Extreme n’a pas vocation à complètement délaisser ses racines les plus anciennes. Il reste un groupe de hard rock au lexique parfaitement identifiable, n’hésitant pas à honorer les poncifs du genre. Les premières secondes du riffing de « Rise » qui introduisent l’effort peuvent rassurer l’auditeur : le cahier des charges sera rempli. Extreme démontre en outre son aisance à très vite atterrir sur des accents pop fédérateurs à l’efficacité extrême. « Rise » est ainsi mémorable pour au moins deux raisons : un refrain redoutable porté par un Gary Cherone confortable et le solo de Nuno qui rappelle les grandes heures de Van Halen et un fondamental bienvenu. Le solo doit épouser le soutien des musiciens et non les enterrer temporairement. « #Rebel » s’articule autour d’un riff plus souple et reste dans les carcans d’un rock groovy inspiré des eighties avec à nouveau quelques phrasés de Nuno qui n’ont d’autre vocation que d’apporter de la dynamique. « Banshee » entérine cette volonté de proposer une facette d’Extreme empreinte de nostalgie. Le titre épouse une rythmique sautillante et des sonorités d’il y a quarante ans. « Small Town Beautifyl » joue la carte de l’acoustique sans grande prétention (carte qu’on retrouvera plus loin, plus épurée et intimiste encore, sur « Hurricane »), tandis que « Other Side Of The Rainbow » s’adonne à l’exercice de la power-ballade légère à coups d’arpèges téléphonés, avec une certaine réussite. Le cliché traverse finalement les âges pour une bonne raison.

Extreme semble avoir structuré son propos en deux parties. Une première qui cherche à mettre en confiance l’auditeur qui retrouvera les atouts principaux de la formation et une seconde placée sous l’égide de la polyvalence. Après un « The Mask » emporté par un basse-batterie en shuffle plein de rebonds, « Thicker Than Blood » s’amuse de sonorités issues de la programmation, jusqu’à laisser Nuno dérouler sur un groove industriel. « X Out » accentue l’utilisation des éléments électroniques pour élaborer une atmosphère prenante, quitte à carrément supplanter les instruments traditionnels. Le groupe parvient de nouveau à tirer son épingle du jeu par un refrain semi-murmuré entêtant. Les sons et nappes de synthétiseur construisent à eux seuls la mélodie avant d’être tranchés dans le vif par les prouesses de showman de Nuno. « Save Me » voit même ce dernier sous-accorder son arme principale, histoire d’embrasser certains codes du grunge à la Alice In Chains et du heavy rock contemporain. Le contraste est par ailleurs violent lorsque le reggae de « Beautiful Girls » survient. Six ose et pense à littéralement tout le monde. « Here’s To The Losers », titre répondant au « We’re The Champions » de Queen, vient réconforter les habitués de l’échec par une ballade rock à chanter en chœur au second degré à peine dissimulé. Extreme fait ce qu’il veut avec la souplesse qui est sienne.

Si Extreme a désormais plus de trente ans de carrière, il ne cherche pas à honorer un prétendu cachet « authentique » qui sentirait la poussière. Au contraire, son ADN a toujours été une hybridation des genres et Six fait partie de ses plus beaux amalgames. Surtout, on ne peut s’empêcher de retrouver un affect perdu pour la guitare comme véritable star. Pas en raison de démonstrations outrancières où l’effet impressionne autant qu’il s’oublie. Plutôt parce qu’une fois les morceaux appréhendés, on anticipe l’arrivée du lead qui élève tout le reste. Une rareté aujourd’hui.

Clip vidéo de la chanson « Other Side Of The Rainbow » :

Clip vidéo de la chanson « Banshee » :

Clip vidéo de la chanson « #Rebel » :

Clip vidéo de la chanson « Rise » :

Album Six, sortie le 9 juin 2023 via earMusic. Disponible à l’achat ici



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  • Punaise ce nouvel album d’Etreme est une pure merveille,qui mérite une attention particulière. Nuno le guitar héro digne héritier d’Eddie van Halen. excellent album.

  • J’ai beaucoup de respect pour la carrière d’Extreme et leur immense talent mais on va pas se mentir, si ce disque sortait sous un autre nom il serait globalement passé inaperçu..

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
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