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Live Report   

FFF : victoire en match retour


Deuxième date de leur première tournée française en quatorze ans. On a déjà souligné avant le début de cette tournée son caractère événementiel : le come-back de FFF sur les planches signe le retour d’un des meilleurs combos de fusion que le rock bruyant à la française ait jamais engendré, et donc la renaissance de certains hits du rock hexagonal des 90’s en live. Une aubaine pour tout ceux qui pensaient les avoir découverts trop tard, après leur séparation en 2000. Une chance pour tous les amateurs de groove en général.

Au lendemain d’un premier round à Rennes, la Fédération Française de Fonck vient mouiller le maillot à Clermont-Ferrand pour sa date la plus méridionale de ce tour de France, rôdant encore un show et une setlist qui ne laissera que peu de doute. Deux heures après le coup d’envoi, on n’espèrera qu’une chose : qu’ils multiplient les étapes sur tout le territoire.

Artistes : FFFZed Is Dead
Date : 15 mars 2014
Salle : Coopérative de Mai
Ville : Clermont-Ferrand

Zed Is Dead : des applaudissements mérités.

Mais d’abord c’est Zed Is Dead (référence tarantinesque, ceux qui ont tout de suite pensé faucille et marteau peuvent retourner en queue de file) qui a la charge des échauffements en première partie sur la scène de la Coop’ de Mai. Et pour ouvrir cette soirée de roche en fusion, il s’est trouvé sur les bords du Puy de Dôme, en plein centre de la France, encore un jeune groupe pour se lancer dans un crossover rap-metal qu’on pensait assez atteint de désamour pour ne plus faire germer de jeunes pousses dans cette décennie. Aussi vite arrivée que la surprise de cette découverte : le constat d’être face à quelque chose d’assez classique dans ce style. Si le groove est maîtrisé, il n’est pas réinventé et on jurerait que le groupe a démarré en tant que cover-band de Rage Against The Machine et n’a pas encore entièrement digéré ses influences tant il les retranscrit à grands traits. Cela se sent principalement dans le chant de Quentin, dont le flow est parfait – sauf quand il en vient à parodier (sans doute inconsciemment) l’accent d’un rappeur noir américain en début de « My Empire » – bien que flottant dans l’ombre d’un Zack De La Rocha (est-ce qu’il chante « Bullet In The Head » dans leurs propres textes, là ?!).

Les zicos s’amusent, ils ont dû voir ailleurs d’autres groupes où guitaristes et bassiste jouent autour du batteur, tournés les uns vers les autres, montrant leur plaisir de jouer ensemble, mais c’est une chose à garder la plupart du temps pour la salle de répet’ car en dehors du frontman, le combo n’en parait que moins tourné vers le public. Public qui ne manque néanmoins pas de les récompenser de quelques applaudissements mérités entre chaque titre, à adresser tout particulièrement à leur guitariste qui sort le groupe du simple crossover avec des solos étalant l’éventail de gammes blues dévoilant des racines plus profondes et capte l’attention et la curiosité. En somme, une très bonne ouverture de soirée, couronnée pour le premier rang par la distribution de CD promo gratis pour mieux les connaître au-delà de ses trente minutes de présentation.

Marco Prince : toujours bien vivant !

« Est-ce que vous êtes vivants ? » est la question traditionnellement posée par Marco Prince. A priori (et à en croire le blog du groupe), le public clermontois n’aura pas été celui qui avait la ligne de vie ou celle de l’électrocardiogramme la plus vibrante durant cette tournée. A croire que c’est en bonne partie la curiosité qui en a poussé beaucoup à vérifier si ça valait vraiment le coup de se déplacer pour un come-back aussi inattendu avant d’exploser de joie ou se laisser tout simplement aller (un seul slam de toute la soirée, pratiqué par Marco lui-même, c’est dire !). Pourtant, on ne peut nier que FFF a mis le paquet depuis le départ. Quand les premiers riffs de « Le Pire et le Meilleur » accompagnent la montée sur scène de Marco, Yarol, Krichou et Niktus, dans la tête ça fait : « Pas possible ? Ils ne peuvent pas commencer par celle-là ?! » Et pourtant si ! Le groupe a choisi de placer en intro l’un de ses titres majeurs issu de son éponyme, immédiatement enchaîné par un « Silver Groover » et un « Mauvais Garçon »… Mais que va-t-il leur rester pour la fin ?!

Et FFF n’y va pas à l’économie : son album de 1996 est une inépuisable mine de tubes qui vont être étalés pendant une bonne partie de la soirée. Après un démarrage particulièrement énergique, avec notamment un Niktus, lançant bouteilles d’eau dans le public, et surtout maniant toujours sa basse Vigier, comme au bon vieux temps, comme s’il avait les pieds posés sur une ligne électrique, avec cette attitude scénique sauvage, le regard ahuri, le cheveux indomptable mais toujours le doigté sûr pour faire jaillir la puissance de la fonck, et surtout de la sueur, beaucoup de sueur, mais aussi un Marco qui aura tôt fait de tomber le haut à force de jumper comme un Masaï… ou un jeune punk, il est temps pour un peu de douceur. Mais là encore cela rime avec chaleur. D’abord avec « Morphée », puis « Act-Up » (encore deux titres issus de leur éponyme), le chanteur, le corps luisant, ondule, se caresse et glisse sa langue dans les oreilles du public.

FFF : ça joue !

Et le reste du groupe pendant ce temps ? Si, comme souvent, le batteur, par sa position, est toujours celui qu’on remarque le moins, difficile de manquer le grand sourire qui illumine constamment Christian Monthieux, alias Krichou, qui semble autant se réjouir de leur complicité retrouvée, des jeux de ses collègues devant lui que du rendu fidèle au souvenir de leur musique. Même quand tout ce petit monde se plante par deux fois, deux faux départs (le premier dès le second titre) qui montre, plus qu’un groupe qui aurait manqué d’un peu plus de préparation, une bande de gars qui monte sur scène pour s’amuser, pas pour se prendre la tête et faire passer un bon moment à son public. Et bien sûr, il y a Yarol Poupaud. Si, en termes de spectacle, le guitariste en donne surtout pour le carré de public situé devant lui, il démontre néanmoins à toutes les oreilles son talent : ce n’est pas pour rien qu’il travaille avec Johnny Halliday, l’idole des (plus très) jeunes ne s’entourant que des meilleurs. Et tout comme ses collègues, plus que dans l’interprétation irréprochable de leurs titres phares, il exprime tout ce talent dans des jams et impros qui, presque imperceptiblement, ponctuent ce concert, plus visiblement pendant le medley Blast Culture (leur premier opus) « New Funk Generation / Marco » s’étirant jusqu’à son petit frère Free For Fever et le titre « Positive », et plus tard par cette touche hendrixienne, plaçant un peu de « Third Stone From The Sun » du maître dans « Stone To The Bone ».

Enfin, n’oublions surtout pas le reste de FFF autour du noyau dur : Igor aux claviers qui électrise un peu plus les compos du quatuor et Adélaïde et Sherlock aux trombones – un groupe de funk peut-il se passer de cuivres ? – mais aussi en qualité de choristes, voire de premiers jumpers, ces trois musiciens étant les premiers atteints par le groove et l’effet bondissant du groupe. Un effet qui se propage de plus en plus à mesure que la soirée avance : les articulations se détendent et Marco n’a pas trop à se faire prier pour obtenir que le public (au moins le cœur de celui-ci) saute comme un seul homme ou chante avec lui.

Clermont-Ferrand n’aura pas connu, comme certaines autres villes plus tard dans cette tournée, l’honneur de goûter à de nouvelles compos du groupe sur scène mais la setlist n’aura quand même manqué de rien, sauf peut-être de l’album Vierge, grand absent dans le choix des titres interprétés ce soir, ou encore la reprise de « Requiem Pour Un Con », qui n’aurait pas dénoté dans cette Coop’ de Mai, rue Serge Gainsbourg. Mais de quoi se plaint-on ? Pourquoi pas aussi réclamer l’interprétation complète de l’album FFF… Ce sont d’ailleurs deux morceaux de celui-ci qui, alors qu’on se croirait en bout de course, à force de montée en plaisir, viennent encore mettre le feu : « Niggalize It » et « Barbès » pour finir. On croirait un choix de morceaux de rappels, c’est pas possible, ils vont finir sans rappel ? Pourquoi pas ? Ça sert à quoi les rappels ? Un concert, ça peut être une performance non-stop, un grand road-trip à fond à l’heure et il ne faut pas attendre les rappels pour profiter à fond des grands hits d’un groupe. Il faut se gaver de tout ce qui passe. Alors autant vivre ça comme le bout de la route, avec cette fin de setlist aussi irrésistible qu’excitante, à tel point que même s’il ne devait plus rien y avoir après on hurle « Encore ! » rien que pour le plaisir… et si le groupe revient, on prend. Vous avez du rab ? On va trouver de la place.

Krichou au centre des attentions.

Et justement, on croirait presque à un cadeau bonus quand Krichou monte seul sur scène avec son djembé chantant – et faisant chanter le public avec lui – le créole « Maman Krié ». Il est rejoint sur scène par le reste de la bande (Yarol avec maracas, Niktus dans une combinaison intégrale, sorte de grenouillère couleur teddy bear, capuche zippée devant le visage) mais le membre le plus en retrait devient ainsi le centre d’attention dans cette fête entre copains, où résonnera ensuite le « King Of Party », et qui ne va pas s’arrêter à ce seul prolongement. Car il restait au moins un tube à sortir de leur manche : « AC2N », puis encore une petite jam tissée sur le titre « Free For Fever » pour achever en beauté deux heures de fonck libres et enfiévrées ! Aucun doute que ce come-back est, pour l’heure, une réussite (on attend un album désormais pour transformer l’essai, puis de les retrouver dans les festivals d’été un peu partout en France) prouvant au moins à quel point le rock français avait manqué d’un groupe aussi talentueux – tout particulièrement dans ce style – que FFF pendant ces quatorze dernières années.

Setlist de FFF :

Le Pire et le Meilleur
Silver Groover
Mauvais Garçon
Morphée
Act-Up
Des Illusions
La Camisole
Medley (New Funk Generation, Marco, Positive)
Stone To The Bone
Knock You Down
Niggalize It
Barbès

Rappel :
Mama Krié
King of Party
AC2N
Free For Fever

Photos : Spaceman



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