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FortaRock XL : le monde du metal en une journée


A trois petites heures de route de Lille se tenait un événement metal à l’affiche plus fournie en une seule journée que certaines programmations de plusieurs jours : le FortaRock, devenu FortaRock XL, avait lieu pour la cinquième fois en la jolie ville de Nijmegen aux Pays-Bas. Et pourtant, le nombre de ressortissants français y était incroyablement limité, à croire que passer deux frontières effraie nos concitoyens. Alors qu’il y a avait de quoi faire au Goffert Park ce samedi, car à l’affiche, ce sont dix-huit poids lourds de la scène metal internationale qui se présentent, du plus pointu au plus populaire, d’Amenra à Rammstein, en passant par Opeth, Mastodon, Amon Amarth, Finntroll ou Volbeat. Une scène diversifiée internationalement et stylistiquement avec pour défi pour les organisateurs d’imposer le FortaRock comme un bastion du metal en Europe. Le tout condensé en une journée.

Cette cinquième édition a vu les programmateurs s’approprier un nouveau site : l’immense Goffertpark, un lieu qui a dans le passé accueilli des événements internationaux comme le Dynamo Open Air, l’Ozzfest ou le Sonisphere, et qui se montre comme le cadre idéal pour un festival péri-urbain, dans un cadre boisé et accessible. Le FortaRock, pour schématiser, c’est le Rock Am Ring (c’est la même société d’exploitation) en une seule journée, concentrée sur le metal et à deux pas du centre-ville. Une organisation millimétrée: des parkings intelligemment distillés dans la ville, des accès simples et aérés, un système d’achats à l’intérieur du site bien rôdé, et une organisation des concerts maîtrisée en tous points, sur trois scènes dont une couverte, une Main Stage et une scène extérieure intermédiaire. L’Allemagne est toute proche et ça se sent, tant au niveau de l’organisation carrée qu’au niveau du public, venu en masse de Germanie, mais également des groupes, puisque trois ressortissants allemands (Kreator, Heaven Shall Burn, Rammstein) étaient présents pour deux Hollandais (Delain et Textures).

Événement : FortaRock XL
Date : 1er juin 2013
Lieu : Goffertpark, à Nijmegen (Pays-Bas)

Cinquante mille personnes, à vue de nez.

Et ça commence fort pour les 50 000 spectateurs de cette journée plutôt grise mais qui sera épargnée par la pluie, ce qui permettra au festival de se dérouler dans d’excellentes conditions climatiques. Le public est venu nombreux très tôt dans la journée pour apprécier Amenra et son sludge dantesque ouvrir les débats. Et une évidence s’impose d’entrée : le son dans la Monster Energy Stage est massif et bien réglé. Cela se vérifiera tout au long de la journée, la qualité sonore dans l’immense tente étant supérieure à celle des concerts extérieurs, à l’exception de Rammstein. Amenra séduit immédiatement le public hollandais, même si certains d’entre eux sont surpris par la violence du propos des Belges.

Un repas vite avalé, et il est temps de rejoindre les maîtres norvégiens d’Enslaved. Immensément populaires dans leur pays, l’accueil n’est pas timoré de la part du public du Fortarock qui lui réserve un sort accordé aux plus grands. Et Enslaved ne déçoit pas et est prêt à en découdre avec une sélection de morceaux de toutes les époques qui couvrent leurs vingt années de carrière, dont un très bien reçu par le public du petit dernier, RIITIIR. En live, le death progressif du groupe rappelle Opeth, avec une présence sur scène plus imposante et une énergie massive. Un set réussi en tout point, célébré comme il se doit, mais évidemment bien trop court. A revoir, en concert intégral.

Plusieurs concerts ayant lieu en même temps, il faut parfois faire des choix cornéliens pour suivre les groupes tout au long de la journée. On rate donc malheureusement le djent des anglais d’Hacktivist pour passer à un autre djent ou mathcore : celui de Textures, qui remplace les Five Finger Death Punch initialement prévus mais qui ont annulé leur venue pour des raisons logistiques. C’est donc la surprise pour le public de retrouver les Hollandais sur la Main Stage, un incroyable privilège pour eux qui les ravit visiblement et les émerveille au plus haut point : ce n’est pas tous les jours que ceux-ci foulent les planches d’une Main Stage devant des dizaines de milliers de personnes ! L’accueil est quand même mitigé, à l’image de la qualité des compositions de Textures, qui peinent à conserver leur régularité. Beaucoup d’originalité dans les breaks et dans les riffs, mais des passages mélodiques mal maîtrisés qui arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe.

Airbourne, fidèle à sa nature.

Retour dans la tente pour suivre les émois des Allemands d’Heaven Shall Burn, et là le climat n’est plus du tout le même : le public adore, sûrement dû à la forte proportion de leurs compatriotes parmi la foule, connaît bien sûr les chansons par cœur, les plus jeunes s’éclatent et découvrent pour certains d’entre eux les titres du dernier album sorti en mai, Veto. C’est rapide, violent, ça cogne haut et fort sans mièvrerie mélodique inutile. Une belle surprise.

Pas de surprise en revanche du côté des Suédois d’Entombed qui évoluent sur la Jägermeister Stage : c’est classique mais plutôt réussi, ça groove sévère, malgré l’embonpoint certain du chanteur, et sa façon de growler pépère est assez amusante. Très rock et quasi dansant, le public apprécie la prestation.

Pas d’étonnement non plus, et finalement peu d’entrain du public pour le show d’Airbourne sur la Main Stage : leur son ultra-acédécien fait bouger quelques têtes et remuer quelques popotins, mais sans manifestation extatique. Un événement plutôt comique fera sourire tout le monde : en montant sur le toit de la scène comme à son habitude avec sa guitare pour faire un solo à plusieurs dizaines de mètres de hauteur (ce qui doit ravir les assureurs du show), le guitariste, en redescendant, s’est amusé à shooter d’un bon coup de pied le panneau interdisant les slams. Une initiative saluée par tout le public, même si le panneau sera ré-installé pour le concert suivant. Il n’y aura effectivement que peu de slams pendant la journée, mais le public hollandais n’en est de toute façon que peu friand.

Finntroll remporte la palme du show le plus festif.

Il est l’heure d’aller se régaler du festin sonore annoncé que représente Mastodon dans la Monster Energy Stage couverte. Et l’arrivée des Américains comble les attentes : le son est pachydermique, Brent Hinds et ses potes plutôt statiques s’appliquent néanmoins à tout bien réaliser et c’est forcément avec délectation que le public apprécie un set comprenant trois morceaux de The Hunter, accompagné des classiques du groupe comme « Sleeping Giant ». Malheureusement, il nous faut quitter avant la fin une audience quasi-hypnotisée par ce set pour retrouver un public dans un tout autre état : un sacré foutoir s’aperçoit au loin à l’autre bout du site devant la Jägermeister Stage, voyant une foule danser, hurler et lever les poings. La fête qui a lieu et nous a fait quitter Mastodon, c’est Finntroll et son folk metal allumé, qui met le public dans tous ses états. Ça danse, ça chante, ça sourit, et surtout ça chante (en finnois, s’il vous plaît) les hymnes à base de Hummpa (sorte de polka finlandaise) du groupe. Il y a plusieurs extraits de l’acclamé Blodsvept, sorti cette année, et le seul regret est que le son du clavier pourtant essentiel au potentiel dansant de Finntroll ait été mis un peu en arrière du reste. Mais le concert de Finntroll restera sans conteste l’un des moments les plus festifs et joyeux de la journée.

Pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent concernant Motörhead sur la Main Stage: qui a vu Lemmy et ses deux acolytes au moins une fois dans sa vie sait ce qui s’est passé sur scène. Lemmy n’en gagne pas vocalement, et le set de Motörhead est du vu et revu, qui fonctionne auprès de certains et en fatigue franchement d’autres. Alors on file une nouvelle fois sous la tente voir les Suédois d’Amon Amarth et leur show de vikings assoiffés de bière et de victoire scénique : celle-ci est acquise d’avance grâce à une audience venue en nombre les voir, preuve d’un grand attachement du public nordique à ce groupe, très populaire dans tous les pays du Nord et de l’Est. Et le show ne déçoit pas : la voix est toujours aussi terrifiante, les riffs épiques saisissent toujours autant. La recette est la même depuis les débuts et se répète d’albums en albums, mais l’équipage Amon Amarth a une mentalité exemplaire sur scène et un enthousiasme qui fait plaisir à voir, salué comme il se doit par l’audience.

Volbeat sera-t-il plus chaud pour la suite des festivals estivaux ?

On se restaure et on se lance dans le sprint final de la soirée, initié par Volbeat, le groupe « bankable » par excellence de 2013. A voir le nombre de T-shirts à l’effigie de celui-ci dans le public, il est clair que l’attente est immense face aux Danois. Et le suspense retombe quasi-immédiatement car la mayonnaise ne prend pas. Pourtant, le public connaît très bien les chansons et les paroles, les conditions sont réunies pour un concert grandiose. Mais Michael Poulsen est bien trop concentré sur son chant (très bien réalisé) et sa guitare (irréprochable) pour communier musicalement avec son public. Rob Caggiano, l’ex-Anthrax qui a rejoint le groupe pour l’accouchement du petit dernier n’a pas encore trouvé sa place sur scène et donne l’impression de s’ennuyer, d’improviser des cocottes sur les anciens morceaux et s’éclater un peu sur les nouveaux auquel il a participé. Mais l’ensemble est plutôt triste, la connexion ne se fait pas vraiment avec un public quasi-apathique, peu servi par un son pas assez massif pour emporter une Main Stage. Si cela suffit pour un album, il en faut plus sur scène. Une déception modérée, mais déception tout de même, tellement on en attend de ce groupe qui a tant fait parler de lui cette année et qui est l’une des grandes promesses du rock européen.

On court donc se réfugier auprès de Mikael Akerfeldt et ses sbires d’Opeth, aux plutôt rares apparitions en festival, sûrement en raison de leur progressif sophistiqué qui ne convient que peu à une ambiance de festival et qu’ils ne peuvent que partiellement exprimer en peu de temps. Par conséquent : seulement six titres pour moins d’une heure de set, mais six titres réalisés d’une main de maître techniquement, tirés d’époques très différentes du groupe. Le concert débute avec le très psychédélique « The Devil’s Orchard » du dernier un peu controversé Heritage, avant d’enchaîner par d’épiques versions des très longs mais jouissifs « Ghost Of Perdition », « Heir Apparent » ou un « Delivrance » d’anthologie d’une quinzaine de minutes, qu’Akerfeldt avait précédemment lui-même raillé pour sa longueur. Et une fois n’est pas coutume, le frontman s’est longuement exprimé entre les morceaux, preuve peut-être d’une volonté de communiquer un peu plus désormais avec son public. Sublime mais frustrant par sa durée, le moment passé avec Opeth a été bien trop court.

Rammstein : le boss de fin ! (source photo : page Facebook du groupe)

Il reste donc à Rammstein de parachever l’œuvre d’une journée intense en émotions les plus diverses. Et les Teutons ne se priveront pas. Un nouveau set avec pas mal de renouvellement, déjà largement décrit lors de leur récent passage à Lyon, des nouvelles scénographies qui ravissent au plus haut point un public en extase. La forte proportion d’Allemands dans le public, couplé à la très bonne connaissance de la langue germanique des Hollandais, donne une saveur toute particulière au fait d’assister à un concert de Rammstein dans ce festival à la frontière allemande : les paroles sont quasiment toutes maîtrisées et chantées avec entrain par le public, une singulière différence avec la France ou on fredonne beaucoup les airs avec des réminiscences des cours d’allemand du collège et du lycée. Mais l’accueil est toujours exceptionnel pour la bande à Till qui ne déçoit que rarement. Les moyens déployés sont exceptionnels, le show sans relâche et la narration du concert construite subtilement, bien que certaines des nouvelles mises en scène soient tout sauf subtiles… L’heure et demi de show passe à vitesse Grand V, achevée dans une grande émotion avec un « Mein Herz Brennt » chanté seulement accompagné par Flake au piano et un ultime… déchargement d’énergie avec le fédérateur « Pussy » pour se rendre compte que Rammstein est décidément le poids lourd européen de la prestation scénique, quel que soit le territoire où ils s’expriment.

Une programmation metal de rêve condensée dans une journée très riche, un spectre large des courants du genre, ainsi qu’un temps clément et un public très nombreux auront fait de cette version XL du FortaRock un immense succès. Et il ne faut décidément avoir aucune crainte à voyager un peu pour se repaître de ce festin dantesque d’émotions en tout genre. Le FortaRock est bien à consommer sans modération dans les années à venir, si l’affiche et les conditions restent à ce niveau.

Source photos : page Facebook du FortaRock



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  • Personnellement j’y étais et j’ai trouvé l’organisation assez moyenne et un public hollandais/allemand on ne peut plus mou (une bien meilleure ambiance en France ou en Belgique). Le son de la Main Stage était dégueu sauf pour Rammstein (LE concert du jour) et la petite scène perchée sur sa petit bute était extrêmement mal fichue. Enfin, 50 000 personnes c’était beaucoup plus que ce qu’aurait du accueillir le Goffert park !!!

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  • Contrairement à ce qui est indiqué dans l’article, Finntroll, bien que finlandais, contient uniquement des textes en langue suédoise.

    [Reply]

  • Audrey Horne n’était pas sur l’affiche du festival?

    [Reply]

    seb

    Si, ils y étaient 😉 (ils ont mis quelques photos sur leur Facebook du reste)

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