Fozzy, c’est du sérieux. Ça n’a pas toujours été le cas : à une époque ce n’était qu’un groupe de reprises dont les musiciens se présentaient sous de faux noms et s’inventaient une histoire. Mais aujourd’hui, le seul héritage de ce passé potache reste un patronyme loufoque et un état d’esprit fun. Que de chemin parcouru, donc, jusqu’à ce Do You Wanna Start A War qui s’apprête à voir le jour. L’ascension du groupe est telle aujourd’hui que le guitariste Rich Ward a dû mettre de côté, par manque de temps, son groupe historique de rap metal Stuck Mojo – et quelque part, c’est à s’en mordre les doigts, mais l’homme doit bûcher en tant que performeur, compositeur et producteur de la bande. Et c’est sans doute la raison pour laquelle plus Fozzy avance, plus les liens se resserrent entre les fibres musicales des deux groupes. Chasing The Grail (Fozzy, 2010) avait par exemple hérité d’une partie de la diversité et la créativité de The Great Revival (Stuck Mojo, 2008) – une chanson comme « Revival » était d’ailleurs originellement prévue pour ce dernier. Et si Sin And Bones (2012) était mu par une volonté de faire un album avant tout très metal – le groupe en parlait comme son Black Album -, le naturel est cette année revenu au galop.
Pas de volonté d’orientation spécifique avec Do You Wanna Start A War. L’objectif : s’ouvrir pour proposer un recueil de chansons à la fois variées, efficaces, créatives et attrayantes. Une formalité pour le duo Rich Ward / Chris Jericho qui mène de ses deux têtes le bateau Fozzy, une seconde nature même lorsque l’on connaît les travaux passés du talentueux guitariste et sa productivité. Et ça commence sans détour avec la chanson éponyme entraînante au possible, une parfaite ouverture qui claque immédiatement un sourire béat sur le visage de l’auditeur : du riffs heavy/grunge, du groove, quelques effets synthétiques et un refrain qui explose en tête. Mais ce n’est rien encore à côté du single « Lights Go Out » qui, avec ses guitares monumentales, ce son moderne (dont quelques touches électro-indus) et son refrain punchy porté par le chant nasillard de Jericho, ressemblerait à un single oublié des sessions de Scream ou Black Rain d’Ozzy Osbourne – amusant, soit dit en passant, lorsque l’on sait que c’est sous le patronyme idiot Fozzy Osbourne que la formation a débutée. Fozzy, décidément, veut marquer les esprits et ce ne sont pas un « Unstoppable » chanté par la puissante et énergique Christine Cook – que l’on entend déjà brièvement sur le titre d’ouverture et que ceux qui ont suivi la carrière de Ward auront sans doute reconnu – ou le contrasté, entre couplets introspectifs et refrains façon arena rock, « SOS » qui contrediront le constat. Tout du long de ce Do You Wanna Start A War, Fozzy parvient à allier avec facilité concision, inventivité et diversité : un pont ambient/bruitiste sur le heavy « Bad Tatoo », du metal burné avec « Brides Of Fire », une petite gourmandise glam avec « Tonight » dans laquelle Michael Starr (Steel Panther) en invité nage comme un poisson dans l’eau, des tonalités doom/sludge sur « Scarecrow » qui prennent en sandwich de joyeux refrains pop, un solo de basse bien grasse sur « Witchery » pour clôturer l’opus, etc.
Sur ce Do You Wanna Start A War Fozzy se balade, varie les plaisirs et, c’est une évidence, s’amusent comme des fous. Un album plus ouvert que Sin And Bones ne l’était, sans toutefois chercher à forcer les choses, mais aussi plus sucré que Chasing The Grail. Même s’il apporte son lot de mélodies un peu formatées US (comme la ballade « Died With You ») que certains lui reprocheront, la patte reconnaissable de Fozzy et sa science du riff infectieux n’ont en rien déserté les lieux. La recette est redoutable et il est à parier qu’elle fera encore gagner des points au combo.
Ci-dessous les lyric-vidéos des titres « One Crazed Anarchist » et « Lights Go Out » :
Album Do You Wanna Start A War, sortie le 22 juillet chez Century Media Records.