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Metalanalyse   

Fozzy se change mais ne change pas


« Beaucoup d’artistes disent ça, mais c’est vraiment la meilleure chose que nous ayons faite, cet album pousse à son paroxysme tout ce que Fozzy fait de mieux, à savoir du heavy avec des refrains très mélodiques et des harmonies » annonce le chanteur Chris Jericho parlant du nouvel album Sin And Bones. Déclaration par laquelle Jericho prend le soin de se démarquer de l’enthousiasme à chaud de ce genre d’affirmation. Ce nouvel album est pour lui le meilleur, pas tant pour la qualité des chansons que pour la manière dont il couvre tous les aspects de la musique de Fozzy.

En cela, Sin And Bones est effectivement une carte de visite représentative de ce que Fozzy représente aujourd’hui, excluant cependant toute trace du passé parodique du groupe. En cela, il est dans la droite lignée de son prédécesseur Chasing The Grail, lui aussi assez varié, ce qui mesure de ce fait l’effet que peut produire Sin And Bones.

L’album est diversifié, mais reste cohérent. Fozzy passe de titres de Heavy/power moderne aux riffs groovy à des mid-tempos lourds, des titres rapides et même agressifs, des power-ballades et clôture son disque par un titre épique de plus de 10 minutes. Essentiellement dans un registre mélodique, Chris Jericho se permet de temps à autre de pousser des hurlements sur les titres qui en ont besoin. Un mot rapide sur le duo entre lui et M.Shadows (Avenged Sevenfold) sur le titre « Sandpaper », duo cohérent car les timbres vocaux des deux hommes se ressemblent.

Une couleur sombre a été subtilement insérée de part et d’autre du disque, sans le rendre moins énergique que ses prédécesseurs. Sur les titres rentre-dedans comme les accalmies. Les power-ballades sont froides, par moments soutenues par des arpèges aigres, des lignes de claviers et un jeu de caisse claire pouvant rappeler certaines marches militaires (« A Passed Life »). Le percutant « Blood Happens » est, à ce titre, difficile à appréhender et contient des parties hurlées et des rythmiques obsessives tantôt intenses tantôt lentes. De la même manière, l’aspect épique que Fozzy avait laissé entrevoir sur son précédent album avec le titre « Wormwood » saupoudre l’ensemble de Sin And Bones. Le témoignage le plus évident de cette démarche est le titre final « Storm The Beaches », introduit par une ligne de clavier imitant le son d’une boîte à musique, ligne sur laquelle Chris Jericho s’improvise conteur, à la manière d’un narrateur de film de Heroic-Fantasy. Le titre s’intensifie subitement, propose des rythmiques enlevées, avant d’être brutalement interrompu par une accalmie orchestrale, toujours avec cette caisse claire et ces orchestrations donnant à ce pont une dimension d’hymne militaire. La bataille reprend, le morceau s’énerve à nouveau avant d’être conclu de la manière dont il a commencé, puis par le bruit de douces vagues allant et venant sur une plage. La dimension épique est présente sur d’autres titres d’une manière plus discrète, comme sur « Dark Passenger », tout en progression et incluant lui aussi quelques claviers.

Diversité et cohérence vont donc de pair. La dimension épique et sombre s’exprime plus ou moins visiblement de part et d’autre de l’album et à l’inverse, la démarche musicale accrocheuse de Fozzy s’exprime même dans ses titres les plus complexes. Sin And Bones reste lumineux avec des refrains particulièrement mélodiques et positifs tels que l’introductif « Spider In My Mouth » ou le très hard « She’s My Addiction », dont le refrain est facilement mémorisable.

Ce compromis trouve sa source dans la manière dont le groupe écrit. Chris Jericho confie à Total Rock que l’origine des titres vient d’une idée lyrique de base, à savoir un simple titre de chanson fourni par Jericho au guitariste Rich Ward qui compose ensuite en fonction de ce que ces quelques mots lui inspirent : « [Le côté plus sombre n’a rien de personnel], j’écris par titres de chansons. […] Quand j’écris des paroles, je les transmets à Rich Ward et il écrit des riffs et des chansons sur ce que cela lui inspire. » Cette approche plus sombre ayant été initiée uniquement par les paroles écrites par Chris Jericho et pas par une envie purement musicale, il est somme toute assez logique que l’évolution musicale de Fozzy sur ce disque ne soit pas si spectaculaire. Le groove et l’énergie de Rich Ward ont simplement été colorés par le feeling lyrique du moment de Jericho.

Un feeling plus sombre qui, comme dit plus haut, ne trouve pas sa source dans une quelconque expérience personnelle difficile, mais une simple idée qui « sonnait bien ». Ne pas voir dans Fozzy une expérience introspective : Fozzy est un groupe qui prend du plaisir à faire « quelque chose de cool », comme le titre de l’album, qui est né d’un dérapage linguistique non intentionnel d’un Rich Ward affamé qui, au lieu de dire « I’m all skin and bones », a dit « I’m all sin and bones ». Tout comme le morceau « Spider In My Mouth », dont le titre n’a pas d’autre explication que la suivante : « Je trouvais que c’était le titre de chanson le plus classe qui soit ».

Avec un maquillage légèrement différent, qui ne s’explique par aucune autre raison que l’envie du moment, Fozzy reste, dans le fond, le même.

Sin And Bones : Sortie le 15 août 2012 via Century Media Records



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