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Chronique Focus   

Fvnerals – Let The Earth Be Silent


Le nom « Fvnerals » peut prêter à confusion. Pour mener à bien une cérémonie funéraire, il faut du personnel et une audience ; dans l’œuvre du duo belgo-suédois, il serait bien difficile de réunir le monde nécessaire, ou même de trouver une forme de vie notoire. Le projet est né en Angleterre de la collision entre la chanteuse-bassiste Tiffany Ström et le guitariste Syd Scarlet, comme deux particules donnant le jour à une énergie destructrice. Passés par l’Écosse, la Belgique et enfin l’Allemagne, ces ténébreux lurons invitent sur cet album Thomas Vaccargiu pour s’occuper des fûts et autres outils percussifs. Avec deux albums et autant d’EP au compteur, le groupe nous livre le troisième volet de leur aventure, Let The Earth Be Silent. Leur style, toujours difficile à caractériser, mêle la lenteur du funeral doom et du drone, sur laquelle se greffent des embruns ambiants, diverses nappes éthérées et un soupçon d’électronique.

Objectif affiché : donner une représentation sonore au vide, aux « profondeurs de l’abysse ». Pas pour rendre les ténèbres plus avenantes, non – elles sont croquées avec fidélité, et n’en deviennent que plus pesantes. Let The Earth Be Silent est pessimiste et ne s’en cache pas : l’humanité pousse de nombreuses formes de vie vers l’extinction, et par là même prépare le théâtre de sa propre disparition funeste. Ce caractère postapocalyptique est en outre renforcé par le choix des titres, plutôt évocateurs. Les artistes s’octroient là un canevas idéal pour faire fleurir leurs influences dark ambient. Les longs « drones » de guitares semblent nous traîner à travers les siècles et ouvrir des portes sur des mondes inconnus. Cette ambiguïté temporelle et la rugosité occasionnelle rappellent des projets comme Menace Ruine, malgré des sonorités bien distinctes. Quelques rais d’une lumière laiteuse percent néanmoins les fumerolles : la lourdeur post-metal trouve un contrepoids dans la voix shoegaze voire mystique de Tiffany (« Ashen Era »).

Le spectre sonore, tantôt clairsemé, enfle parfois soudainement, rempli presque jusqu’à l’écœurement, mais ce n’est là qu’un trait assumé d’une approche en de nombreux points radicale. Les couches s’étalent et se superposent, quitte à étouffer. La fragilité des disques précédents est sommairement invitée à s’effacer pour laisser entrer une obscurité écrasante. Les accords, répétitifs ou lancinants, épais comme du mazout, scellent notre sort, avec peu d’égards pour nos protestations. Let the Earth Be Silent, plus expérimental et instinctif, voit Fvnerals se poser moins de questions sur l’appréciabilité du résultat. Leur rejeton mérite ainsi souvent le qualificatif d’« hostile », bien qu’il ne soit pas foncièrement agressif. « For Horror Eats The Light » n’hésite toutefois pas à brandir des sifflements et grincements pour mieux asseoir cette terreur environnante, tandis que les incantations d’« Annihilation » paraissent élaborées pour invoquer des forces à même de nous anéantir un peu davantage. « Yearning » nous propose d’observer l’errance d’âmes en peine. Ce titre laisse périodiquement l’auditeur en suspens entre des accords trapus ; on se sent alors soudainement et étrangement démuni. Une insignifiance et une impuissance, qui, couplées avec un certain « retour aux sources » du vivant, font écho à la pochette du disque. Une fois son entreprise de décomposition achevée, l’album, repu, ne trouvant plus la moindre stèle à raser, nous concède un semblant de sérénité (« Barren »).

Let The Earth Be Silent ne sévit certes que durant quarante minutes, mais il ne lui en fallait pas davantage pour mener à bien son objectif. Ce choix judicieux rend l’œuvre moins intimidante, et évitera de décourager les spectateurs susceptibles de réclamer une seconde lecture. L’album est à l’image d’un site d’exploration urbaine vaste, qui, bien que son état de déliquescence soit particulièrement avancé, conserve des traces d’une richesse enfouie, et n’est pas hermétique à une étude plus poussée. À condition d’éprouver un minimum de sensibilité pour cette dévastation, cela va sans dire.

Chanson « Yearning » :

Clip vidéo de la chanson « Ashen Era » :

Clip vidéo de la chanson « For Horror Eats The Light » :

Album Let The Earth Be Silent, sorti le 3 février 2023 via Prophecy Productions. Disponible à l’achat ici



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