Ghost fait escale à l’Accor Arena avec son metal sucré, ses ambitions de gros spectacle et son nouvel album Impera sorti le 11 mars dernier. Une des premières grosses affiches metal parisiennes depuis plus de deux ans qui peut se tenir avec la levée des restrictions sanitaires. Il n’y a pas si longtemps Gojira reportait sa date…
Troisième jour du week-end de Pâques, beau soleil sur la capitale, les indicateurs sont plutôt au vert pour une belle soirée. Et le plus important, le public est là ! Sans pass sanitaire, sans masque et avec beaucoup d’envie comme on pourra le constater avec ses réactions enthousiastes tout au long du concert. Mais avant de vérifier si Ghost a tout d’un grand, profitons du doo-wop satanique des Américains de Twin Temple et du doom psychédélique des Anglais de Uncle Acid And The Deadbeats.
Artistes : Ghost – Uncle Acid And The Deadbeats – Twin Temple
Date : 18 avril 2022
Salle : Accor Arena
Ville : Paris [75]
Trois titres imparables dans la discographie de Ghost lancent la fête face à une arène bien pleine. Vue des gradins, la fosse a fière allure. L’entrée en matière captive immédiatement un auditoire prêt à être conquis. Le son est correct, l’entame énergique avec un Tobias qui s’impose en meneur de revue et des goules sans nom qui font partie intégrante du spectacle. Quel dynamisme ! Et quelle scène ! Au fond, des vitraux papaux. Devant, une avancée. Sur les côtés, des plateformes surélevées. Avancée et plateformes que les musiciens n’auront de cesse d’exploiter pour une variété de tableaux appréciable. Autre fait remarquable en ce début de concert, Tobias est mobile, dynamique et proche de son public. Proche aussi de ses musiciens. On sentira tout au long du concert une connivence, une proximité entre tous les acteurs présents sur scène. Par ailleurs, le chanteur communiquera régulièrement avec les spectateurs.
Vous le sentez ? Beaucoup d’ingrédients sont là pour une belle soirée. Tuons le suspense tout de suite, Ghost a délivré une prestation d’une grande qualité, orchestrée précisément, presque chorégraphiée tout en gardant une belle décontraction. Un exemple ? Le jeu entre les guitaristes, chacun sur une plateforme avant « Cirice » : les deux se chamaillent gentiment quand l’un place un solo que l’autre semble trouver un peu trop long. Pour lui répondre, il s’embrouille sur son instrument et finit par placer un peu de Marseillaise.
Ghost a offert un spectacle digne d’une tête d’affiche de grands festivals. Ceux qui ont eu cette pensée pendant ce concert parisien avaient la bonne intuition. En effet, Tobias annoncera en fin de concert sa venue à Clisson. Restons à Paris dans l’immédiat avec le chanteur qui prend des nouvelles du public, dit son bonheur d’être là, au printemps, avec l’amour qui est dans l’air. Et de lancer « Hunter’s Moon » qui rencontre un gros succès. A vrai dire, quel titre joué ce soir n’aura pas réjoui un public motivé en diable ? « Ritual » ? Certainement pas au vu des applaudissements qui accueillent spontanément le riff d’introduction de ce titre bien lourd. Nous évoquions une certaine décontraction dans la prestation : nouvelle preuve avec les guitaristes qui s’amusent à nouveau quand l’un deux reste coincé dans une espèce de larsen.
« Call Me Little Sunshine » qui suit voit Tobias arriver en pape ; le public applaudit à l’invitation du groupe dans une belle démonstration de connexion entre la scène et la salle. « Year Zero » continue la fête avec des fumées qui nappent le sol et des rais de lumière qui parcourent la foule en une pluie rouge. Ils sont beaux tous ces bras levés, elle est belle cette fosse. Elles sont belles ces flammes qui parachèvent les effets scéniques déployés ce soir et dont la chaleur se sent même haut dans les gradins.
D’ailleurs, arrêtons-nous sur l’habillage scénique de la soirée. De toute beauté. Des rais de lumière de toutes les couleurs, à profusion, des gerbes de fumée, des flammes, des gerbes de confettis, quelques explosions. Il y en a beaucoup sans être indigeste. C’est bien dosé et festif ! Un bel exemple est « Danse Macabre » avec ses rais multicolores, jaune, bleu, rouge, vert, violet. C’est frais et gai. Ce titre réussira même l’exploit de faire lever les gradins. Certes sur la fin mais quand même, la prouesse est à souligner. Que dire de « He Is » avec cet éclairage magnifique sur le public et cette salle qui scintille des nombreuses torches allumées sur les téléphones ? Féérique ! Le groupe aligne les passages forts comme sur « Miasma » et le retour de Papa Nihil, ranimé à coups d’électrochocs et qui s’empare du saxo, esquissant même quelques pas de danse avec les guitaristes. Ou encore la reprise d’« Enter Sandman » de Metallica.
Mais la fin approche, Tobias explique que le groupe jouera encore trois morceaux. Le public n’est pas content. Tobias le taquine en disant : « Ok, seulement deux alors. » Il en profite pour saluer les groupes de première partie, remercier tous les gens qui ont travaillé à cette soirée, sans oublier les hommes de la sécurité, et noter le courage des spectateurs d’être venus, de se retrouver proches les uns des autres. « Danse Macabre », accueilli avec enthousiasme par le public – nous avons évoqué ce titre un peu plus haut – et « Square Hammer », paré de magnifiques rayons de lumière blancs, concluent une soirée splendide. Les musiciens prolongent la fête en restant sur scène un petit moment, au contact des fans, distribuant des médiators. Sympa de terminer sur ce moment de calme et de partage.
Eh, non ! Ne partez pas tout de suite, le Clergé a une annonce à faire ! En effet, une vidéo montre Tobias dans les coulisses. Celui-ci montre un papier sur lequel est indiqué que Ghost sera tête d’affiche le 18 juin au Hellfest 2022. Asseyant ainsi définitivement son statut de grosse cylindrée. Après une heure cinquante de prestation généreuse, d’un spectacle complet, sons et lumières à gogo, de titres imparables, avec un public motivé, que conclure ? Que cela fait du bien de pouvoir revivre de telles soirées !
Setlist Ghost :
Kaisarion
Rats
From the Pinnacle to the Pit
Mary on a Cross
Devil Church
Cirice
Hunter’s Moon
Faith
Spillways
Ritual
Call Me Little Sunshine
Helvetesfönster
Year Zero
Spöksonat
He Is
Miasma
Mummy Dust
Kiss the Go-Goat
Enter Sandman (Reprise Metallica)
Dance Macabre
Square Hammer
Très bel article, et sublime concert, l’attente du public a été récompensée.
Cependant à aucun moment je n’ai vu Tobia sur scène, seulement Papa Emeritus IV… Quelle dommage d’enlever cette part de magie dans la plupart des aticles que je vois. Bien que l’anonymat soit levé depuis longtemps, j’apprécie quand les personnages sont distincts de leur créateur. Enfin je chipote, l’article n’en reste pas moins excellent.
Je confirme! superbe soirée