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Live Report   

Ghost a tout


Ghost est un groupe fascinant, peut-être même le groupe le plus fascinant de la scène metal actuelle. Grâce à ses compositions aux accents pop 70’s distillées dans une prod moderne, les Suédois parviennent à fédérer des fidèles de plus en plus nombreux à tomber sous le charme de Papa Emeritus III et ses goules. Cachés derrière leurs masques, les membres de Ghost cultivent une image mystérieuse qui leur est propre, qui les distinguent très clairement des autres groupes du genre et qui participe à entretenir le buzz autour de lui. Fort de cette identité marquée, la tournée française du combo qui se tenait en novembre/décembre de l’année dernière était particulièrement attendue par ses fans tout heureux de pouvoir savourer en salle, et dans de très belles lumières, les nouveaux morceaux présents sur le magistral troisième album du groupe, Meliora, sorti en août dernier chez Spinefarm Records. Un disque qui a réussi à attirer de nouveaux prêcheurs pros-Ghost prêts à distiller la bonne parole suédoise et qui aura également convaincu bon nombre de médias grâce sa richesse et son indéniable talent.

« If you have Ghosts, you have everything » dit non sans humour le groupe lorsqu’il chante les parole de la reprise de Roky Erickson « If You Have Ghosts ». Ainsi pour s’assurer que ses performances scéniques étaient à la hauteur de ses albums studios, notre équipe a assisté à deux concerts du groupe donnés au Radiant de Caluire le 24 novembre et à La Cigale de Paris le 7 décembre. Deux concerts intéressants à comparer d’autant plus qu’ils ont été différents sur certains points.

Artistes : GhostDead Soul
Dates : 24 novembre et 7 décembre 2015
Salles : Radiant et Cigale
Ville : Caluire et Paris

L’élégance de Dead Soul (Lyon)

Dead Soul avait pour mission de précéder la messe suédoise sur l’ensemble des dates de sa tournée européenne. Un rôle fort bien assuré par ce groupe qui propose une musique élégante dont les mélodies accrochent fort aisément les esgourdes si les touches électro (voire drum’n’bass parfois) ne vous dérangent pas. Sur scène Dead Soul ne propose ni batteur ni bassiste, les trois membres du trio (tous habillés en noir) se chargeant uniquement des guitares, de la programmation et du chant. Le frontman du combo, lunettes de soleil (noires) et chapeau (noir) sur la tête, assure ses parties avec efficacité sur une musique qui sait se faire rentre-dedans grâce aux riffs tranchants mais dont la dimension parfois presque trip-hop de certains titres a pour conséquence un certain statisme des musiciens.

Dead Soul nécessite en live une certaine mise en condition pour s’imprégner de son univers mis en valeur par de jolies lumières rouges ou bleues. Mais une fois cet écueil franchi, se dégage du set une belle délicatesse à tendance mélodique qui sera appréciée à sa juste valeur par le public lyonnais et surtout parisien qui, à l’instar de Ghost, réservera un accueil encore plus fervent au deux groupes de la soirée. « Cette date de Paris était la plus attendue de la tournée » dira d’ailleurs le chanteur de Dead Soul. Le son proposé par les Suédois aura par contre été meilleur sur la date lyonnaise.

Papa montre le chemin (Lyon)

Lors du concert donné par Ghost au Radiant, Papa Emeritus communiquait beaucoup avec le public. Notre frontman, troisième du nom, a la tchatche et aime taquiner son audience avec des blagues ou discours un peu potaches qui contrastent d’ailleurs avec l’image hyper travaillée que véhicule le groupe. Car visiblement ce dernier souhaite aussi que l’on interprète sa démarche artistique avec du recul en n’oubliant pas qu’elle est aussi de l’ordre du folklore et ne doit ainsi pas être pris au premier degré. Comme si les membres de Ghost disaient en quelque sorte à leur public « Ok les mecs il y a un travail derrière tout ça mais malgré tout sachez qu’on est normaux, plutôt cool et qu’on ne se prend pas la tête ! ». A ce titre les goules ont l’habitude de retirer leurs masques après les interviews en face à face car si Ghost joue avec son image(rie), avec les symboles qu’il utilise, ses membres le font en toute décontraction sans être obnubilé par le fait de préserver leurs visages à tous prix.

Il y a donc beaucoup de second degré dans l’approche de Ghost, l’objectif étant de relativiser le premier degré mastoque et orchestré de son apparence qui marque les esprits. Exactement à l’instar de groupes comme Rammstein, Tool ou d’autres dont le concept initial imposant – le caractère martial de la musique et son show basé sur le feu pour le premier ; l’aspect tortueux et complexe des compositions du second souligné notamment en live par des vidéos perchées – est contrebalancé par un humour dont le côté parfois primaire, grinçant ou décalé peut surprendre. Cette nuance dans l’action soulignant ainsi l’ambivalence de la personnalité profonde. A Lyon, Papa Emeritus III dissertera ainsi longuement sur les thématiques sexuelles ou liées à l’argent avec beaucoup d’humour tout en évoquant, un peu plus sérieusement, l’importance de savourer la vie et de se retrouver.

Ghost fait vibrer (Paris)

Cependant il est évident qu’avec ce groupe la forme revêt une importance fondamentale. Et cela se traduit même avant le concert où les techniciens viennent par exemple délicatement enlever les toiles noires du combo présentes sur scène dans le cadre d’un cérémonial rodé où les deux personnes concernées marchent en parallèle. On en revient au second degré et à l’ochestration des choses évoquées ci-dessus qui suscitent le sourire. Ghost est un groupe qui aime le cérémonial sous toutes ses formes ; distribution d’encens, fumée très importante, apparition de deux nonnes, choisies après un casting lancé sur Internet qui distribuent vin et hosties aux premiers rangs, gestuelle de Papa Emeritus III hyper travaillée…

Mais nous le disions, Papa Emeritus III a souvent beaucoup de choses à dire en live. Cependant si à Lyon il aura beaucoup tenu le micro (évoquant par exemple le fait que le groupe s’y produisait pour la première fois), le fait est qu’à Paris il n’aura pas eu le temps de faire ses longs discours décalés. La raison principale étant dû au fait que le concert donné par Ghost à Paris était tellement attendu (il était complet depuis des mois), et le public était tellement déchaîné ce soir-là, que Papa avait moins la possibilité de divertir avec ses discours. Il n’est pas plus mal, d’ailleurs, que le groupe sache adapter sa manière d’agir selon les audiences qu’il a en face de lui. En a résulté un show incroyable où la foule s’est lâchée comme jamais en sautant à l’unisson dans une Cigale où le plancher tremblait littéralement sous nos pieds… ce qui faisaient bouger même ceux qui n’auraient pas voulu être en mouvement ! Trois semaines après l’ignominie du Bataclan, le public parisien a hurlé son ode à la vie, au live, à Ghost et à la musique. Levant constamment le poing à l’unisson et chantant les paroles du groupe, le public de La Cigale aura joué un grand rôle dans cette fête.

Ce concert de Ghost fut une totale communion.

Ces majestueux Ghost ont tout (Paris)

Sur ces deux concerts, le son proposé (notamment la basse) aura en tout cas marqué les esprits tout comme le dynamisme des Goules plus à l’aise pour bouger avec leur nouvelle tenue. Il serait bien difficile de comptabiliser tous les moments géniaux de ces deux concerts ! Mais si nous avions l’énumération facile nous dirions que le refrain de « From The Pinnacle To The Pit » et la rupture qui va avec prennent toute leur ampleur en live ; que « He Is » est un tube pop si fédérateur qu’il aurait clairement sa place sur les radios musicales françaises ; qu’assister à un concert de Ghost au premier rang c’est entendre les chaussures du groupe claquer sur la scène tellement les musiciens tapent fort dessus ; que voir Ghost sur scène est un régal aussi visuel que musical à tel point qu’on a même parfois l’impression d’entendre des bandes sonores plutôt que le son d’un groupe live tellement le rendu est parfait ; que ses versions acoustiques sont somptueuses ; que la technique des musiciens est impressionnante ; que ces derniers se font incroyablement plaisir et qu’à Paris même s’ils étaient cachés derrière leurs masques on pouvait tout de même constater qu’ils étaient enchantés par l’accueil des fans de par le nombre de regards échangés entre eux bien plus importants qu’à Lyon où l’audience était d’a peu près mille personnes (sûrement la faute de Deathcrusher Tour, avec Carcass and co’, qui avait lieu au Transbordeur pendant que Gamma Ray se produisait au Ninkasi Kao).

Ghost est de nouveau en pleine tournée française en ce moment donc si vous êtes prêt à recevoir une gifle papale vous savez où aller !

Setlist Lyon :

Spirit
From The Pinnacle To The Pit
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera Ad Inferi
Majesty
Body And Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
Jigolo Har Megiddo (version acoustique)
Ghuleh/Zombie Queen
If You Have Ghosts
Rappel :
Monstrance Clock

Setlist Paris :

Spirit
From The Pinnacle To The Pit
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera Ad Inferi
Body And Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
Jigolo Har Megiddo (version acoustique)
Ghuleh/Zombie Queen
If You Have Ghosts
Rappel :
Monstrance Clock

Live report : Amaury Blanc (@AmauryBlancRM).
Photos : Nicolas Gricourt et Claudia Mollard.

A voir également :

Galerie photos Ghost à Lyon.
Galerie photos Ghost à Paris.
Galerie photos Dead Soul à Lyon.



Laisser un commentaire

  • « Ghost est un groupe fascinant, peut-être même le groupe le plus fascinant de la scène metal actuelle. »

    Eh ben, faut oser la sortir, celle-là. Voilà, on fout trois masques et tout le monde oublie qu’on joue en fait de la mauvaise pop sans âme.

    Dommage pour tous les crétins qui se crèvent à faire de la bonne musique.

    [Reply]

    Monodrones

    Voilà, encore le bel exemple du gros con qui sait distinguer la bonne musique de la mauvaise. Fais nous une liste maintenant, on aura l’air moins stupides si on nous interroge.
    Réduire Ghost aux masques, faut vraiment pas connaître le groupe et être aussi borné que tous les blaireaux qui leur crachent à la gueule.

    « de la mauvaise pop sans âme »

    Je n’ai pas limité aux masques, justement.

    Amaury Blanc

    Pour le jugement sur ce qu’est le bonne musique moi je préfère me fier à Lee Dorian (Cathedral, With The Dead) qui a découvert le groupe sans connaître son imagerie et en est tombé tombé amoureux ! 😉

    On parle de musique, c’est pas une science exacte. Mais réellement penser que Ghost fait de la merde, il faut le faire quand même !!

    « de la mauvaise pop sans âme »
    J’ai pas parlé de « merde ». Seulement ça me fait un peu mal au c… oeur de voir le monde du metal prosterné devant ce groupe qui n’a strictement rien d’intéressant.

    Amoth

    Je comprends pas tes arguments…

    « pop »
    –> euh nan la voix du chanteur et les mélodies du groupe sont typés pop mais ce n’en est pas à franchement parler. Ça reste du heavy metal.
    Pour les avoir vus en live, ils ont un son bien plus heavy que sur leurs albums.

    « sans âme »
    –> tu as lu « pop », tu en as conclu « sans âme » … bravo !
    On est loin de la pop formatée de Lady Gaga, Miley Cyrus & cie.

    Enfin « mauvais » et « n’a strictement rien d’intéressant »
    –> Les musiciens de Ghost sont des artistes talentueux et leurs compositions reflètent leur talent.

    Oui, Ghost est se qui se fait de mieux actuellement dans le metal.
    Et j’espère qu’ils iront loin.

    « tu as lu « pop », tu en as conclu « sans âme »  »

    Ben non. J’ai écouté, j’ai cherché et je n’ai pas trouvé d’âme. Pour moi, c’est le niveau zéro et ça ne marche que parce que… ben je ne sais même pas. Un effet de mode à la con de plus.

    « Oui, Ghost est se qui se fait de mieux actuellement dans le metal. » Mouahahahahahaaa, putain mais sérieusement 😀

    Mr Claude

    Ghost, je ne suis pas objectif sur le cas, la spirale infernale m’a aspiré depuis le 1er Opus.
    Spaceman m’avait conseillé d’écouter ça, et je ne connaissais pas leur imagerie à l’époque.
    Un peu comme Lee Dorian, j’ai été fasciné par la qualité des compositions.
    Je les ai vu au Hellfest sous la petite scène il y a 5 ans, à la barrière, et là, en clôture de set tombe « Here Comes The Sun ». Au 7eme ciel que j’étais.

    Je n’ai pas peur d’affirmer que Meliora est de la trempe d’un Black Album. Tout y est, compo, prod’, mélodie, groove, puissance, intelligence…la dimension comique en plus.

    J’irai même jusqu’à affirmer que ce sont les Beatles du métal. Mais bon, je ne suis pas objectif…

    « la dimension comique en plus »

    Ah, là nous sommes d’accord. Enfin 😀

  • Pour les avoir vus (et découverts) cette semaine à Reims, je dois avouer que j’ai été impressionné par tout l’aspect scénique travaillé, même en m’y attendant.

    Et c’est un véritable plaisir de regarder autant Papa que ses Goules sur la scène. Effectivement, le leader est plutôt loquace, ce qui donne un plus au concert et un aspect plus humain.
    Le passage en acoustique ou les 3 Goules étaient assises renforçait cet aspect intimiste.

    Papa ne manquait d’ailleurs pas non plus de mettre l’accent sur les Goules en se penchant sur l’un d’entre eux et le désignant pour que le public suive et applaudisse.
    Je retournerai les voir avec plaisir si j’en ai l’occasion lors d’une future tournée !

    Et comme l’avait dit Amaury sur twitter, le merch du groupe est cher (30 à 40€ le T-shirt), point sympathique au masque de Goule ou à la lithographie dédicacée qui sont des objets sortants du lot.

    [Reply]

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